Ne pas rester les bras croisés [pv Julian :3 & Electre]

P

erséphone avait décidé de ne pas informer Julian quant à l’adresse où elle avait décidé de se rendre pour échapper à l’ire du Sorcier. Non pas qu’elle n’ait pas confiance en lui, au contraire, même, à l’heure où elle commençait à douter, en cherchant à la protéger comme il l’avait fait quitte à entrer en contradiction totale avec son allégeance envers son mentor, il avait gagné sa pleine confiance, mais elle ne savait pas de quels moyens de pression était capable Dean Appers, et dans le doute, il valait mieux pour tout le monde qu’elle soit la seule au courant de sa planque. Julian, d’ailleurs n’avait jamais cherché à en savoir davantage, ce dont elle lui avait été infiniment reconnaissante. Chez Penny et Andrew, la vie suivait son cours, elle savait qu’elle était de trop parmi ce jeune couple qui attendait la venue imminente de leur enfant et qu’elle ne devrait pas en abuser non plus, mais comme la situation ne s’améliorait pas, elle n’avait pas d’autre choix, et faisait au moins de son mieux pour se montrer la plus discrète possible vis-à-vis de ses hébergeurs, essayant de se faire remarquer le moins possible, même si certaines fois étaient moins évidentes que d’autre, surtout à l’heure où ses hormones la travaillaient beaucoup et où l’appréhension de son accouchement ne la rendait pas toujours très agréable. Quoi qu’il en soit, en dépit des circonstances, elle et son cousin se trouvaient toujours une plage pour se voir, en toute discrétion, au sein de la forêt, près de l’endroit même où il lui avait enseigné à reconnaître les plantes utiles ou non aux potions à concocter, art dans lequel elle s’était perfectionnée grâce à lui. Ils se voyaient généralement pour faire le point, parfois pour lui communiquer de nouvelles méthodes, car il n’oubliait pas d’être un mentor pour elle en dépit des circonstances.

Alors qu’il lui avait proposé de la retrouver à l’endroit habituel, elle n’avait pas soupçonné que cette rencontre serait différente de toutes les autres. Elle avait donc quitté la demeure d’Andrew et Penny avec toute la discrétion possible, dissimulée sous sa cape d’hiver, la main, par réflexe, posée sur son ventre qui à ce jour ne faisait plus du tout illusion quant à l’état avancé de sa grossesse. Elle n’avait fort heureusement fait aucune mauvaise rencontre et avait pu se rendre jusqu’à la forêt sans attirer l’attention de qui que ce soit. Sur place, Julian l’attendait bel et bien, mais il n’était pas seul, il se trouvait en compagnie d’une jeune sorcière que la jeune femme connaissait un peu, mais sans plus. Elle savait qu’elle travaillait pour le sorcier aussi et qu’elle s’appelait Electre, ça s’arrêtait à peu près là, si bien qu’elle se demandait très franchement ce qu’elle pouvait bien faire là. Elle était un peu déçue, à vrai dire, elle espérait retrouver son cousin, mais là, elle ne savait pas ce qui l’attendait, et ça ne lui plaisait pas.

-Qu’est-ce qui se passe ? demanda-t-elle alors, peu confiante.

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E

lectre ne connaissait pas bien la cousine de Julian, mais elle s'était déjà fait es idées préconçues à son sujet par l'entremise de ce qu'elle avait vu d'elle dans les grottes, des propos de son petit ami et de ceux de son meilleur ami. Elle était une jeune fille pure et innocente, qui n'avait aucune idée de ce qu'était la vraie vie, de ses vicissitudes, et débordait de naïveté et de niaiseries, ce qui avait le don de révulser totalement la jeune sorcière. Mais bon, plus nombreux ils seraient, plus ils auraient de chances de sortir Edward de là (Jane, c'était accessoire, c'est juste qu'elle faisait partie du package, alors ils n'avaient pas le choix), même si elle avait de bonnes raisons d'en vouloir au jeune homme (il l'avait quand même trompée, s'était marié dans son dos et l'avait mise en cloque avant de retourner avec sa maîtresse), elle était justement suffisamment pure et naïve pour ne pas souhaiter le pire à son ex petite amie. Sans oublier qu'il était le père de son enfant, ce qui avait forcément son importance. Alors même si elle pensait qu'elles étaient aux antipodes et n'étaient pas faites pour s'entendre, elle était convaincue que la jeune femme leur serait d'une aide précieuse pour élaborer un plan digne de ce nom, efficace et sans failles.

Quand la demoiselle débarqua (ça faisait bizarre de lui voir un ventre aussi rond. Pour le coup, impossible d'ignorer que la demoiselle était un cloque... dans quelle mouise elle s'était mise, franchement), ce fut Julian qui attaqua d'office en lui apprenant la situation sans prendre de gants. En même temps, ils n'avaient pas le temps de faire dans la dentelle, ils devaient élaborer un plan d'action, et le plus vite possible... Aux yeux d'Electre, ça traînait beaucoup trop, et même si elle savait que son meilleur ami était toujours vivant, elle avait vraiment peur de l'état dans lequel elle allait le retrouver. Il lui expliqua donc tout de la situation, sous le regard ahurie de sa cousine.

-Pourquoi tu me dis tout ça ? demanda-t-elle, l'ombre d'une défiance dans la voix.
-A ton avis ? Pour les sortir de là ! Bon sang, t'as pas inventé la poudre, toi, hein !

Bon, d'accord, Electre abusait totalement. Elle savait d'où venait la défiance de Julian, elle devait se demander en quoi le sort des myrihandes l'intéressait tout à coup. Certes, il les avait aidés à se séparer à l'époque, mais ça n'avait pas le moins du monde été par altruisme ou considération envers eux... Et au fond, Electre se disait que, sans son intervention à elle, il n'aurait rien fait. Parce qu'il n'aurait pas osé défier le sorcier, parce qu'il osait défendre et protéger ceux à qui il tenait. Tout simplement.

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J

ane et Edward avaient été enlevés par le Sorcier des grottes, forcément, Perséphone ne pouvait que s'imaginer le pire quant à ce qui allait leur arriver. Elle gardait un souvenir douloureux du sort qu'ils avaient réservé à cette buveuse de sang prétendument volontaire pour servir de cobaye. Elle ne pouvait tolérer que la même chose arrive à son ex petit ami. Elle devrait peut-être s'en moquer, elle devrait peut-être décider que ce n'était plus son problème, mais ce n'était clairement pas le cas : Edward Baker était le père de son enfant et aussi (et surtout), il était l'homme qu'elle aimait encore beaucoup trop en dépit de tout ce qu'il lui avait fait subir, en dépit de tout le mal qu'il lui avait fait (et il lui en avait fait énormément). Il était évident qu'elle voulait le sauver (et donc sauver Jane dans la foulée, parce qu'elle n'avait pas le choix), mais elle ne comprenait pas l'intérêt que Julian trouvait à tout cela. Après tout, il ne lui avait jamais caché l'indifférence la plus totale que lui inspiraient les myrihandes de feu. Pourtant, il lui en parlait... Et au passage, qu'est-ce qu'Electre venait faire là-dedans ? En tout cas, elle semblait là pour la prendre pour une abrutie. La forme de sa réponse ne lui plut pas du tout, mais elle choisit de se concentrer sur le fond. Ils avaient l'intention de sortir les myrihandes de là. Persy se sentait soulagée de l'apprendre. Seule, dans son état, elle n'était vraiment pas certaine qu'elle serait arrivée à quoi que ce soit - même si elle aurait essayé, d'autant plus que le Sorcier l'avait prise pour cible. A trois, avec deux sorciers compétents à ses côtés, elle avait bon espoir qu'ils tirent bel et bien Edward (et Jane, bon...) de ce mauvais pas.

-Merci, répondit Perséphone dans un fin sourire quand Julian affirma que s'il n'en avait rien à faire en soi de ces deux-là (et elle n'était pas sans le savoir), il le faisait pour eux.

Décidément, dernièrement, Julian n'avait de cesse de lui prouver qu'il tenait sans doute bien plus à elle qu'elle ne l'aurait soupçonné. Il l'avait prise sous son aile après sa grossesse, il l'avait avertie quand Appers en avait eu après elle, et maintenant, il acceptait de l'aider à sauver Edward. Bon, elle comprenait aussi qu'Electre avait son propre rôle à jouer dans l'affaire mais elle n'avait pas outre mesure envie de se concentrer là-dessus pour le moment. Ils n'avaient pas vraiment de temps à perdre, il faut dire.

-Comment on s'y prend, alors ?

Elle espérait que les deux sorciers aient déjà un plan à l'esprit, car ce n'était pas tout que de décider de les sauver, il fallait également y parvenir. Et ce ne serait pas simple.

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U

ne esquisse de sourire se déposa irrésistiblement sur les lèvres d'Electre quand elle entendit Julian affirmer que si, en soi, il n'avait que faire du sort des myrihandes du feu, il agissait pour eux. Elle le savait, mais c'était une chose qu'elle appréciait d'entendre malgré tout. Elle appréciait sincèrement de compter à ce point pour Julian, suffisamment pour qu'il prenne des risques contre un mentor qu'il avait trop longtemps mis sur un piédestal. Bon, il agissait aussi pour sa cousine, mais elle préférait faire abstraction de ce qu'elle considérait être un pur détail, réellement. Ce qui comptait, c'est que Julian, quelque part, s'était un peu, disons, humanisé. Bon, n'exagérons rien non plus, il n'était pas du tout au point d'être devenu altruiste ou empreint d'une profonde considération, il s'agirait de ne pas en rajouter, mais il avait tout de même un peu changé, des changements qui avaient du bon, et Electre aimait à se dire qu'elle y était un peu pour quelque chose. Un peu beaucoup, même. Enfin, ce n'était de toute façon pas le moment de penser à tout cela. Il fallait qu'ils peaufinent leurs plans pour aller plus loin, pour tirer rapidement Edward et Jane de là. Visiblement, Perséphone était du même avis, puisqu'après avoir remercié Julian (gourde), elle leur demanda s'ils avaient un plan, s'ils savaient de quelle manière ils allaient s'y prendre. Oui, heureusement qu'ils en avaient un, de plan, car la jeune sorcière avait dans l'intuition que s'il avait fallu compter sur la cousine de Julian, pour cela, ils ne seraient pas allés très loin. Bon, elle était très mauvaise, en l'occurrence. Mais elle n'y pouvait rien, elle trouvait vraiment cette fille fadasse. Comment pouvait-elle réellement partager le même sang que Julian ? Ce n'était pas la question, le jeune homme expliqua ce qu'ils avaient à l'esprit, de quelle façon ils escomptaient organiser l'évasion des deux myrihandes pour être mis hors de cause le moment venu.

-Et ce quelqu'un, c'est moi, pas vrai ? répondit Perséphone.

Elle n'avait pas l'air spécialement sereine à cette perspective - ce qui était logique en même temps, elle ne pouvait être sereine à cette idée à moins d'être complètement suicidaire. Ce quelqu'un, oui, c'était bel et bien elle, enfin, aux yeux d'Electre, il fallait que ce soit elle, parce que c'était le plus logique. Et puis, même si la pensée lui déplaisait, la sorcière était convaincue du fait qu'elle ne refuserait pas quoi qu'il en soit.

-Bravo, quelles capacités de déduction ! railla Electre, qui avait définitivement du mal à ne pas se montrer cynique quand elle se trouvait en présence de Perséphone. En même temps, elle le cherchait, avait-elle envie de penser, par tout ce qu'elle dégageait.

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erséphone n'était peut-être pas la sorcière la plus intelligente et la plus débrouillarde de notre terre, mais elle était bien loin d'être la plus bête non plus. En même temps, il ne fallait pas être un génie ultra-diplomé pour comprendre le rôle que ses deux interlocuteurs tenaient à ce qu'elle tienne dans l'opération. Si elle demandait confirmation, c'était seulement dans le but de faire progresser la conversation, ce qui n'empêcha pas Electre de prononcer une pique bien sentie à laquelle la jeune femme préféra ne pas répliquer. La situation était critique, la vie d'Edward (et de Jane, certes), était en jeu, ils devaient parer au plus pressé... et effectivement, leur plan était ce qu'ils avaient de plus potentiellement efficace en réserve. Leur faire parvenir une potion en douce qui favoriserai leur évasion pendant que les deux autres feraient diversion... C'était un plan très risqué, mais au moins c'était quelque chose, et ça, dans les circonstances actuelles, ce n'était pas rien. La jeune femme n'était pas sereine du tout à l'idée de retourner dans les grottes, surtout à l'heure où Dean Appers l'avait dans le collimateur et ne ferait d'elle (et de son futur bébé, surtout) qu'une bouchée s'il mettait la main sur elle. Mais justement, c'était pour son futur enfant, qu'elle tenait à agir (pas seulement, ceci dit... elle le faisait aussi parce qu'elle avait peur de perdre son ex pour toujours, mais il était hors de question qu'elle le reconnaisse), pour qu'il puisse connaître son père, pour qu'elle n'ait pas le sentiment de n'avoir rien fait du tout. Julian tenta de la rassurer, de lui faire comprendre qu'ils n'avaient pas d'autre choix. Ce n'était pas nécessaire du tout. La jeune femme ne se voyait pas rester les bras croisés, et il valait mieux que ce soit elle qui aille libérer les prisonniers plutôt que Julian et Electre. Bref, ils étaient d'accord, de fait.

-D'accord, répondit-elle dans un léger sourire, qui était là plus pour se donner du courage qu'autre chose, en réalité, car elle avait vraiment trop peur, peur de ne pas réussir, peur de sceller leurs destins à tous. Leur rôle allait être crucial, et ça lui faisait vraiment peur. Je vais le faire, ajouta-t-elle d'un ton déterminé. Quand est-ce qu'on y va ?

Elle aurait bien envie de se rendre tout de suite aux grottes, mais évidemment, ce n'était pas bien stratégique, et il fallait faire preuve d'encore un peu trop de patience. Mais dans tous les cas, la jeune femme était décidée, déterminée. Elle n'allait dormir que d'un oeil cette nuit, mais dans tous les cas, elle tenait à s'accrocher à l'espoir que demain, à la même heure, Edward serait peut-être sauvé.

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eureusement que Julian se montrait conciliant et capable de mettre de l'eau dans son vin (c'était assez bizarre de le voir comme ça, d'ailleurs), pour convaincre Perséphone de tenir le rôle qu'ils attendaient d'elle et lui assurer que tout se passerait bien et sans anicroche (même s'ils ne pouvaient avoir aucune certitude à ce sujet), parce que s'il fallait compter sur Electre, ils auraient sans doute perdu du temps pour rien, alors qu'elle était pourtant la première à considérer que le temps leur manquait terriblement et qu'il fallait qu'ils fassent vite, aussi vite que possible. La cousine de Julian ne fut ceci dit pas bien difficile à convaincre. Forcément, la pauvre fille était encore folle amoureuse d'Edward, et pour couronner le tout, elle attendait leur moutard, l'air de rien, ça faisait pas mal d'argument en leur faveur. Bref, puisque c'était réglé et que tout le monde semblait s'être mis d'accord, il était donc plus que temps de passer aux choses sérieuses et de se mettre à l'ouvrage. il fallait impérativement qu'ils fassent vite, chaque minute qui passait rapprochait un peu plus les myrihandes du feu de leur dernière minute (si celle-ci n'était pas déjà arrivée) alors, vraiment, oui, il fallait qu'ils se grouillent et qu'ils mettent les bouchées doubles. Mais avant ça, préparer la potion, et même si celle-ci ne devrait pas leur prendre trop de temps à concocter, le temps de mitonner tout ça et de la laisser reposer, ils étaient bons pour attendre jusqu'au lendemain. Ce n'était pas si grave en soi, au contraire, même, c'était déjà une bonne chose compte tenu des circonstances. Mais le temps allait paraître long à Electre avant cela, elle en était plus que convaincue.

-Si c'est faisable, on va le faire, assura Electre, qui refusait de voir l'échéance être retardée.

Non, il fallait vraiment qu'ils se bougent, aussi vite que possible, et donc, elle décida d'initier le mouvement sans demander l'avis de personne. En même temps, ils étaient tous du même avis, qu'elle sache. Elle commença donc à rassembler les ingrédients qui allaient leur être nécessaires en espérant qu'il ne leur en manque aucun (mais la potion en question était assez classique, elle se faisait avec des ingrédients qu'ils avaient généralement toujours en réserve, donc ça devrait parfaitement aller). Et elle se mit à l'ouvrage. Perséphone suivit le mouvement sans se faire prier, et Electre devait reconnaître qu'elle mettait du coeur à l'ouvrage. Tant mieux, ce serait bien plus simple de cette manière, et s'ils pouvaient faire dans la simplicité, clairement, ce serait tout bénéfice pour eux tous.

-A nous trois on devrait bien réussir à faire ça en deux temps trois mouvements, pas vrai ? Oui, c'était même sûr.

Elle n'attendait de réponse de personne, juste de l'action. Parce que vraiment, il fallait qu'ils charbonnent.

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