Peu importe combien l'on s'éloigne, l'on revient toujours à la source [pv Joachin <33]

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oraline était de nature à affirmer qu'elle s'était faite toute seule, qu'elle n'avait besoin d'absolument personne, qu'elle était parfaitement capable de se débrouiller par ses propres moyens et qu'elle n'avait jamais dépendu de qui que ce soit pour avancer dans la vie. C'était en partie vrai, certes, au sens où elle avait très vite été autonome, qu'elle s'était bien souvent mise dans la galère et sortie de la galère toute seule... mais quand même. Ce n'était pas l'exacte vérité non plus. Elle n'avait pas toujours été seule, et c'était parce qu'elle n'avait pas toujours été seule qu'elle avait pu si bien s'en sortir par la suite. Elle avait eu Joachin. Et elle le savait, peu de vampires pouvaient se targuer d'avoir eu, dès les débuts de leur transformation, un mentor sur lequel se reposer, quelqu'un pour leur apprendre les bases de leur nature. Non, eux avaient dû se débrouiller seuls, pas elle. Oui, elle avait eu Joachin. Et elle était heureuse de l'avoir eu. Sauf qu'elle n'avait plus réellement su assumer en avoir été heureuse.

Elle en avait voulu à Joachin, terriblement voulu. Et c'était toujours le cas d'ailleurs. Il l'avait prévu de ses parents, il avait détruit sa vie, il avait fait d'elle un véritable monstre. Et pourtant, pourtant, quoi qu'elle fasse, quoi qu'elle décide, elle en revenait toujours à la même chose, au bout du compte. Elle avait besoin de lui. Elle ne serait jamais arrivée là où elle en était sans son soutien, elle lui devait tout. Il avait été son repère, son pilier, pendant très longtemps. Alors forcément, quand elle se sentait perdue, submergée par un trop-plein d'émotions quasiment ingérable, elle était soulagée de pouvoir compter sur lui. Alors c'était ainsi, elle avait beau s'être promis de le haïr toujours. Elle ne pouvait que vouloir le revoir.

Elle lui avait laissé un message à sa nouvelle adresse, et espérait, à présent, qu'il se rendrait bien au rendez-vous. Elle avait besoin de le voir, tant pis pour sa fierté, entamée déjà bien assez au fil des différentes conversations qu'elle avait eues depuis qu'elle savait la vérité. Elle l'attendait, avec une certaine appréhension. Elle n'avait pas la moindre idée de ce qu'il penserait de la situation. Qu'allait-il dire en la découvrant si "âgée" d'apparence ? Qu'allait-il penser quand il apprendrait que Scott s'était transformé pour elle, tuant son père au passage ? Elle appréhendait, mais elle avait besoin de son soutien, de ses conseils, alors son orgueil mal placé pouvait bien se faire voir.

Elle était en avance et l'attente lui sembla interminable, mais finalement, Joachin fit son entrée. Coraline parvint à lui décocher un très pâle sourire.

-Salut. Merci d'être venu.

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oraline, dans le fond, estimait effectivement qu'il était normal que Joachin réponde présent au rendez-vous, mais pour tout dire, elle ne présumait plus réellement de rien après tout ce qui s'était passé, après tout ce qu'elle avait découvert au sujet de celui qu'elle avait si longtemps considéré comme un père de coeur. C'était ainsi, elle ne savait tout simplement plus quoi penser de lui, et donc à quoi s'attendre de sa part. Mais quoi qu'il en soit, il était là, et pour tout dire, ça la soulageait. Elle avait vraiment besoin de parler, c'était devenu indispensable, à ce stade, et elle était soulagée qu'il soit présent. Même si elle ne savait pas réellement comment les choses allaient réellement se dérouler. Elle ne savait pas exactement quoi dire ni par quoi commencer, mais Joachin lui facilita grandement la tâche en lui disant qu'elle n'avait pas besoin de se présenter à lui sous cette forme. Cette "forme", donc l'apparence qu'elle avait actuellement.

C'était stupide, mais cette réplique blessa un peu la jeune femme, comme si Joachin aurait préféré, dans le fond, qu'elle garde une apparence qui ne lui correspondait pourtant pas, peut-être parce qu'il était plus facile ainsi de la considérer comme une gamine, comme sa gamine. Elle surinterprétait trop, sans doute, mais c'était plus fort qu'elle. C'était un sujet vraiment sensible pour elle, et elle sentait d'avance qu'en dépit de leurs efforts respectifs, ils allaient avoir quelques difficultés à trouver un réel terrain d'entente.

-Cette "forme", répliqua-t-elle alors, c'est qui je suis vraiment, que ça te plaise ou non. Bon, elle prenait vraiment trop facilement la mouche, et sûrement pour rien, mais tant pis, au moins elle mettait les choses au clair. Potion ou pas, c'était qui elle était vraiment, une adulte, une femme. Pas une enfant qui se comporterait de façon non conforme à son âge. Et de toute façon, je ne l'ai pas décidé. T'es pas au courant ? C'est arrivé à tout un tas de vampires, ces derniers temps... et à tout un tas de créatures, aussi. Nos pouvoirs déconnent.

Elle examina Joachin. Il faut croire qu'il avait été épargné. Encore que la différence physique ne se remarquerait pas forcément, dans le fond, mais il y avait tout le reste également. Dans tous les cas, s'il n'était au courant de rien, eh bien elle allait donc le mettre à la page. C'était un sujet qu'elle avait voulu aborder avec lui dans tous les cas, donc ce n'était pas plus mal qu'ils commencent par là. C'était plus simple de parler de ça que d'aborder tout de suite le sujet de Scott, de sa transformation, et de la mort de son père. Bien sûr, elle comptait en parler aussi... mais chaque chose en son temps, disons.

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oachin n'était, semble-t-il, pas au courant. Ce qui n'était peut-être pas plus mal d'un côté, car même si Coraline avait du mal à ne pas se réjouir de cette situation, elle reconnaissait tout de même que, pour la plupart, elle n'avait absolument rien d'idéale, bien au contraire. Les vampires les plus âgés pourraient même bien en accuser des séquelles définitives. Mais si Joachin n'avait rien remarqué, c'était peut-être que lui-même n'avait pas de problème ? Ou pas, car il précisa qu'il avait tout de même remarqué certains changements chez lui, il avait seulement décidé de ne pas s'en soucier. La jeune femme avait envie de blâmer son indolence, malheureusement, elle savait pour quelles raisons Joachin avait pu s'imaginer que ce qui lui arrivait peut-être était sans lien avec ce que d'autres avaient subi. Il était le cobaye volontaire du Sorcier...

Coraline désapprouvait sérieusement cela, d'ailleurs, mais elle ne pouvait pas vraiment se permettre de discuter. Joachin mettait sa santé et sa vie en danger par amour, malheureusement, on ne pouvait pas dire qu'elle-même ait réellement eu une autre sorte de comportement de son côté concernant la potion que lui confectionnait Julian et qui la consumait à petit feu. Être amoureux d'un humain quand on était un vampire, c'était définitivement une mauvaise idée, mais ni l'un ni l'autre ne pouvaient se donner de leçons sur le sujet, pour le coup... Encore que Coraline si, maintenant, puisque l'homme qu'elle aimait n'avait plus grand-chose d'humain... Et elle aurait largement préféré, pourtant.

-J'en sais rien, admit Coraline qui ne pouvait pas se prononcer exactement sur la situation. Qui que soit celui ou celle qui avait organisé tout cela (et tous les deux savaient très bien dans quelle direction regarder, en l'occurrence - en même temps, ce n'était pas difficile, c'était le Sorcier, c'était toujours le Sorcier), il n'avait pas affiché ses intentions sur la place publique. J'ai rien remarqué chez moi à part ma différence d'apparence. Et d'autres vampires ont eu la même chose, mais je sais aussi que certains loups-garous se sont transformés en dehors des nuits de pleine lune, que des sirènes ont été révélées sans aucune goutte d'eau...

Ils étaient devenues des cibles faciles pour les chasseurs, plus exposées que jamais, mais si Coraline faisait aisément le lien avec Appers, elle n'envisageait pas le lien que cela pouvait également avoir avec les Hellsing. Très égoïstement, et malgré tous les soucis que cela causait à de nombreux autres, elle n'avait pas envie que cette situation se résolve. A l'inverse de la potion, elle n'était pas rendue mal par ce "sort" qu'on avait jeté aux siens. En fait, elle se sentait mieux qu'elle ne l'avait jamais été, pour tout dire.

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roblématique, c'était le mot, en effet. Si on jaugeait la situation dans son ensemble, on pouvait effectivement admettre qu'elle était assez catastrophique, surtout si aucune solution ne devait être trouvée à cela rapidement. Cela voudrait dire que les créatures se retrouvaient exposées, et donc une cible facile pour les chasseurs. Elle devrait sans doute être plus inquiète, elle le reconnaissait. Mais la vérité, c'était qu'elle était égoïste, et même si elle devrait s'inquiéter du sort de ses congénères, sa seule pensée allait à sa situation. Il faudrait sans doute trouver une solution rapidement, mais elle ne serait pas de ceux qui se pencheraient sur la question. Elle avait ce dont elle avait toujours rêvé depuis le jour où elle avait été transformée.

Son apparence était celle qu'elle devrait être. Elle se sentait bien dans son peau, bien dans son corps, et désirable aux yeux de l'homme qu'elle aimait, sans avoir besoin d'artifice, de se gaver d'une potion qui la tuait à petit feu. Forcément qu'elle n'avait pas envie que ça change, forcément qu'elle était heureuse comme ça. Evidemment qu'elle avait envie que ça dure et ne cesse jamais. Et quelque part, elle en voulait à Joachin de se montrer directement alarmiste et de s'interroger sur les situations possibles. C'était une réaction raisonnable, mais est-ce qu'il ne pourrait pas simplement se réjouir ? Après tout, cette situation l'arrangeait, lui aussi, vis-à-vis de sa femme... Bon, rien ne leur garantissait qu'il n'y ait pas au bout du compte des effets secondaires indésirables, et elle y avait pensé, mais... Mais non, elle n'arrivait pas à penser de la sorte. Elle, elle avait envie de se contenter d'être heureuse, rien d'autre. Le bonheur était une denrée si rare dans cette situation.

-Je ne sais pas, répondit ne nouvelle fois Coraline.

Elle ne disait pas, elle aimerait bien savoir. De la sorte, elle pourrait décider de quoi faire face à cette situation déroutante, et peut-être même s'assurer que sa situation n'évoluerait pas dans le mauvais sens. Mais elle n'avait pas l'ombre de la moindre piste, quand bien même elle gardait ses suspicions, et qui n'étaient clairement pas des moindres.

-Mais j'ai mes suspicions. Je suppose que tu penses à la même personne que moi...

Forcément, ses pensées se tournaient directement vers le sorcier, et vu les accointances de Joachin avec lui ces derniers temps, lui aussi avait forcément dû se le dire. Quelles étaient ses motivations, ça elle n'en savait bien évidemment rien, mais c'était une autre affaire. Ce qui était seulement certain, c'est qu'il était celui qui avait les capacités, avec sa clique (à laquelle elle faisait indirectement partie), de faire ce genre de chose. Il était même possible que les deux buveurs de sang y aient contribué indirectement.

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eu importe ce qu'avaient été les intentions de Dean Appers, la jeune femme était à peu près convaincu que ce dernier était bel et bien derrière tout ça, qu'il était à tenir pour responsable de ce qui lui arrivait, de ce qui leur arrivait. C'est qu'il fallait savoir faire montre de compétences magiques considérables pour parvenir à un tel résultat, et quand des événements semblables se produisaient en notre terre, c'était bien souvent vers les grottes qu'il fallait se tourner. Il était bien possible, au demeurant, qu'il n'y ait pas vraiment d'explication à chercher, et que le sorcier ait simplement voulu faire joujou avec un nouveau sortilège, mener une expérience à grande échelle. Pour le fréquenter plus qu'il ne le faudrait pour le bien de n'importe qui en travaillant pour lui, Coraline avait déjà remarqué que le processus importait parfois plus à Appers que le résultat en lui-même. Elle ne serait pas franchement surprise d'entendre que cette fois ne faisait pas exception à la règle.

Elle non plus, il est vrai, n'avait entendu aucun sorcier parler de cette situation, mais c'était à ses yeux d'autant plus suspect. Elle était convaincue du fait que s'ils n'avaient rien à voir là-dedans, ils s'en alarmeraient davantage, parce qu'ils auraient à coeur de comprendre ce qui s'était passé, et surtout qui se cachait derrière tout cela. A la place, ils poursuivaient le cours de leurs existences comme si de rien n'était, sans sembler être, au demeurant, touchés eux-mêmes par les événements. Là encore, ce semblait hautement suspect. Un mal qui aurait touché toutes les créatures sans exception en dehors des sorciers ? C'était tout de même vraiment, vraiment suspect. Enfin, trouver un responsable n'était pas pour autant ce qui allait vraiment les aider en la circonstance. En ce monde, il fallait apprendre à s'aider soi-même avant tout. Ce pouvait paraître égoïste, mais l'expérience avait bien souvent prouvé à Coraline qu'il n'y avait rien d'absurde à observer les choses de cette manière.

-Tu sais, j'ai moins à craindre des Hellsing sous cette apparence qu'avant, remarqua-t-elle avec pragmatisme.

Ce qui était vrai à plus d'un titre. Si elle avait déjà croisé le chemin de chasseurs et s'en était sortie, elle ne passait pas inaperçue, elle, la gamine immortelle qui vivait dans la forêt. Mais sous son apparence adulte, elle pouvait aisément se fondre dans la masse, en fin de compte. Et aussi, ses compétences physiques en étaient amplifiés. Sous son apparence adolescente, elle savait se défendre, mais là d'autant mieux, en vérité. Alors pour elle, ce n'était qu'un avantage de plus à retirer de cette situation.

-Mais oui, je suis prudente, je l'ai toujours été. Et toi ? Tu es prudent ?

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la réponse que Joachin lui donnait sur le ton de l'évidence, Coraline ne pouvait pas croire. Elle était convaincue du fait que le buveur de sang n'était pas du tout prudent. Elle avait envie de faire quelque chose, de l'avertir, de le protéger, mais ce n'était pas son rôle. Elle n'avait pas ce pouvoir sur lui, et puisqu'elle-même n'en était pas capable de son côté, comment pourrait-elle attendre une telle chose de sa part ? Ce ne pouvait pas fonctionner comme ça, tout simplement. Alors elle ne pouvait que se contenter de cette promesse qu'elle estimait creuse, et dans laquelle elle ne réussissait pas à croire, ne serait-ce qu'un seul instant.

Coraline baissa les yeux quand Joachin reprit la parole en lui demandant si elle avait demandé à le voir pour cette seule raison. Il avait bien compris qu'elle ne se serait sans doute pas embarrassée d'un tel rendez-vous s'il n'y avait pas autre chose, pas alors qu'elle avait laissé leurs relations se dégrader terriblement, poussée par le besoin impérieux de le rejeter, elle qui lui en voulait toujours. Bien sûr, ces histoires de transformations involontaires et de pouvoirs en déclin faisaient partie du problème et des raisons pour lesquelles elle avait voulu le voir, pour en parler, parce que ça la travaillait, et aussi parce qu'elle se disait que Joachin avait peut-être été touché aussi, même si pour sa part, il ne s'en rendait manifestement pas compte... ou bien il n'était effectivement pas touché, tout simplement.

Oui, ça faisait partie du problème, mais non, ce n'était pas le seul problème. De loin pas. Il y avait également autre chose... Beaucoup trop d'autres choses, en réalité, et c'était ce trop-plein qui l'avait poussée à se tourner vers lui faute de savoir à qui d'autre s'adresser, et aussi et surtout parce qu'elle ne pensait pas que qui que ce soit d'autre serait capable de l'entendre, de la comprendre, de la conseiller comme son père de coeur (qui le restait en dépit de tout, y compris de tout ce qu'elle lui reprochait). Elle prit une grande inspiration et daigna relever les yeux quand elle répondit.

-Non, il y a autre chose... Elle ne savait pas trop comment en parler. Tout devenait compliqué quand elle devait parler d'elle-même, et plus encore quand elle devait parler d'elle-même en sa présence, mais elle ne pouvait pas reculer. Scott... Scott est devenu un vampire, il a demandé à l'un de nous de le transformer. Pour moi. Et... Je voulais pas qu'il le fasse, je lui avais dit de surtout pas faire ça. Elle marqua une pause. Son père est mort, maintenant, et c'est ma faute, je sais que c'est ma faute...

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oraline aurait peut-être, en d'autres circonstances, refusé l'étreinte de celui qui, en dépit de tout ce qu'elle voulait affirmer à corps et à cri, restait son père de coeur. Elle avait beau y faire, elle lui gardait une certaine rancoeur, et elle ne pouvait pas, ne pourrait jamais passer outre ce qu'il avait fait, et ce qu'il avait fait d'elle. Mais au moment où il la prit dans ses bras, elle fut bien incapable de s'en tenir à ses résolutions et de juste décider de se détacher. Ce fut même tout l'inverse, en réalité : elle resserra cette étreinte.

Elle ne pouvait que le reconnaître, elle avait besoin de la présence réconfortante de Joachin, et même si ça devait être faux, que ça ne pouvait qu'être faux, elle voulait l'entendre la rassurer, lui dire qu'elle n'était responsable de rien et que les choses allaient s'arranger. Elle ne pouvait pas réellement le croire, pas à ce stade, mais elle avait tout de même besoin qu'il fasse ça pour elle. Qu'il joue ce rôle qu'elle ne lui avait pas laissé tenir pour lui depuis beaucoup trop longtemps. Tant pis si ça faisait d'elle quelqu'un de faible, tant pis si elle devait se le reprocher ensuite : pour le moment elle se sentait seule, perdue, désoeuvrée, et elle avait plus que jamais besoin de la présence et de la douceur de celui qui restait à son écoute quoi qu'elle fasse et ce même si elle ne le méritait pas forcément, même si elle ne s'en était pas montrée digne à plus d'une reprise.

Les mots qu'il lui adressait, elle n'y croyait pas une seule seconde. Non, elle était bien convaincue d'être responsable autant de la transformation de Scott que de la mort du père de ce dernier, et personne ne lui ferait penser différemment. Elle était absolument certaine d'avoir, en revenant dans la vie de Scott, gâché celle-ci. Mais elle pouvait se décharger d'un peu de cette culpabilité dans les bras de celui qu'elle considérait comme un père, et c'est ce qu'elle faisait. Elle relâchait la pression, purement et simplement, et en témoignaient les larmes qui coulaient le long de ses joues et qu'elle était bien incapable de calmer. Elle se sentait au plus mal, et elle avait le sentiment de redevenir une enfant, à ainsi pleurer dans les bras de Joachin, avec le sentiment qu'elle allait se dessécher tant les larmes coulaient en abondance.

-C'est faux, tu sais bien que c'est faux, répondit-elle entre deux sanglots. Tout serait plus simple pour lui s'il ne m'avait pas rencontrée, tout aurait été simple pour tout le monde si j'étais morte cette nuit-là.

Elle devenait mélodramatique, à l'évidence, et elle regretterait d'avoir prononcé ces mots, mais en cet instant, elle le pensait.

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oraline poussa un large soupir. Elle avait conscience d'avoir parlé beaucoup trop vite. Cela n'avait pas été son but, mais elle l'avait fait quand même. Elle avait déchargé sa rage, sa tristesse, sa haine, sur son interlocuteur qui n'avait pourtant absolument rien demandé de son côté. Enfin, ce n'était pas comme s'il était blanc comme neige bien sûr, mais il avait suffisamment payé de sa culpabilité le prix de ses erreurs, et par ailleurs, même si Coraline lui avait fait beaucoup de reproches, elle n'avait pas envie de se disputer, là, tout de suite, elle avait juste envie de se rassurer, elle avait besoin de soutien dans une période délicate. Bon, il fallait le reconnaître, elle avait une bien étrange manière de réclamer ce soutien, mais elle n'avait jamais été très subtile, il faut bien le dire, et jamais très maline non plus. En s'appitoyant sur son sort, elle rejetait indirectement la faute sur son interlocuteur, mais le but n'était pas de jouer à qui avait le plus de tort - à ce jeu, ils seraient tous les deux perdants, c'était une évidence des plus absolues. Ils avaient tous les deux des torts, ni l'un ni l'autre n'étaient blancs comme neige - c'était ainsi, c'était un fait, et au plus tôt ils l'auraient accepté, au mieux ce serait.

-On devrait peut-être arrêter de chercher un coupable, non ? Parce que dans ce cas, autant dire au type qui t'a mordu que tout est de sa faute.

Elle esquissa un sourire. Elle essayait d'être un peu plus légère, mais elle ne pouvait pas faire illusion, pas après avoir affiché aussi ostensiblement son sentiment de culpabilité. Devenir vampire, c'était peut-être toujours ça, on ne transmettait pas seulement une malédiction à l'autre, on lui transmettait également un sentiment de culpabilité intense, le genre qui vous restait chevillé au corps pour de bon. Ce n'était pas heureux, mais c'était malheureusement un fait, et il n'y avait probablement rien à faire pour lutter contre cet ô combien déplaisant sentiment qui n'avait définitivement rien d'agréable, et frôlait plutôt l'insoutenable.

-De toute façon, on ne peut rien changer à ce qui s'est passé, il faut juste qu'on réussisse... je sais pas, à faire avec.

Sauf qu'au moment où elle prononçait ces mots, elle réalisait à quel point cela lui semblait franchement impossible. Pas que ce soit tout à fait vrai, mais elle avait tout de même du mal à croire que ça puisse être aussi simple. En fait, il était assez évident que ça ne pouvait pas être aussi simple. C'était, nécessairement, improbablement compliqué. Faire avec, c'était presque impossible, mais ils n'avaient probablement pas le choix dans tous les cas, il fallait faire avec les circonstances.

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