Dean Appers - LE sorcier

L'on sut rapidement, et ce dès la naissance du sorcier, que quelque chose n'allait pas, chez lui, non pas qu'il n'ait pas le bon poids ou la bonne taille, mais quelque chose ne collait pas. Quand il naquit, il ne pleura pas... Plus tard, il ne devait pas pleurer non plus, ni rire d'ailleurs, à peine sourire, tout juste grimacer... L'on ne peut pas dire que Dean fut un enfant sociable, ni un adulte sociable... Les rares fois où ses parents se risquèrent à mener leur fils chez un "camarade", il leur était retourné rapidement par les parents du dit camarade pour mauvais comportement. Fallait-il en déduire que cet enfant était "diminué" ? Non, certainement pas, non, il était même précoce et particulièrement intelligent. Il apprit très rapidement à lire et à écrire, et monopolisa alors la bibliothèque familiale de ses parents, avide d'en savoir et d'en apprendre toujours plus. C'est un fait, la compagnie des livres le satisfaisait plus que celle des hommes. Il s'avérait, en fait, qu'il n'y avait pas que mentalement, que Dean Appers était quelqu'un de ...particulier. L'on diagnostiqua très jeune au garçon une maladie de peau, qui rendait fatale toute éventuelle exposition trop longue au soleil. Ses parents s'en désespéraient, tous sorciers qu'ils étaient, aucune des potions qu'ils espéraient le voir guérir n'étaient efficaces le concernant. Dean, lui, se satisfaisait très bien de cette situation, asocial et misantrope, avoir une bonne raison de demeurer cloitré chez lui le convenait tout à fait. Dean mena donc une enfance et une adolescence solitaires. Son temps chez les Appers, il l'occupa à lire le plus grand nombre d'ouvrages possibles... et quand la lecture de ces derniers ne lui suffit plus pour assouvir sa curiosité, alors il décida de mener ses propres expériences. Ce furent tout d'abord des expériences anodines, Dean commandait à ses parents un certain nombre de pantes et autres ingrédients, et testait potions et sortilèges à l'abri de la cave parentale. Ses parents n'y virent pas de malice, après tout, il fallait bien que leur enfant s'occupe. Ils commencèrent à s'alarmer quand ils le découvrirent mener des expériences sur le chat des voisins... Ils ignoraient qu'ils étaient un parmi de nombreux autres. Ils le réprimandèrent, crurent que c'était fini, mais chaque expérience était plus dangereuse que la précédente. L'une d'elle tua ses parents... et incendia sa maison.

En pleine nuit, à la lumière de sa maison en flamme, Dean, alors âgé de 17 ans, prit la fuite à travers la forêt : courut, courut, et au lever du jour, afin de se protéger du soleil, s'enferma dans une grotte... Encore aujourd'hui, il y vit... Et il n'a rien perdu de ses lubies, bien au contraire. Dean, du haut de ses soixante-dix ans, se considère comme le plus grand artiste que notre terre ait jamais portée. Là où les autres de son espèce se contente d'appliquer, lui, il invente, il crée, il sublime... et aussi, et surtout, il expérimente, n'hésitant pas à se servir des cobayes de toutes espèces, sans aucune distinction, et sans aucun scrupule. Au fil des ans, il s'est trouvé des assistants près à servir sa cause, d'autres qu'il obligea à le servir sous la menace ou sous l'effet d'un sortilège, il s'est créé son propre empire dans les tréfonds de sa grotte, et nulle n'a intérêt à vouloir l'en déloger.

Dean est un homme intelligent. S'il l'avait voulu (en bref, s'il avait su se montrer plus ouvert ou sociable et avait voulu accorder sa confiance dans le genre humain), il aurait pu obtenir une place parmi les plus haute dans la société, mais il préfère de loin sa place actuelle. Il ne se sent pas à l'aise en société, ni n'apprécie vraiment le concept de société, d'ailleurs, profondément solitaire et asocial, il ne s'adresse à autrui que s'il a l'assurance qu'autrui saura lui être utile. Curieux de nature et très observateur, ce sont ces deux points de son caractère avant tous les autres qui justifient ce besoin de tout expliquer, et cette nécessité d'inventer sans cesse, encore et encore.

Dean est quelqu'un d'extrêmement méticuleux, tout ce qu'il fait, il s'engage à le faire avec la plus chirurgicale des précisions, il ne se donne pas le droit à l'erreur, et c'est pourquoi, dans tout ce qu'il planifie, il se montre extrêmement scrupuleux, c'est que pour mener à bien ses plans, il sait se montrer grand stratège, et faire preuve d'un machiavélisme sans pareil. Sans scrupules, il ne connaît pas le mot compassion, toutes les méthodes sont bonnes pour parvenir à ses fins, et qu'importe s'il faut sacrifier une ou deux âmes humaines.