Donner son corps à la science [pv Julian :3]

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lectre se savait jouer à un jeu dangereux. En même temps, les jeux qui ne savaient pas l'être avaient le don de l'ennuyer profondément. Cela avait été pour le moins risqué que d'aller s'opposer directement à Julian Enjolras, de confronter son opinion à la sienne pour savoir ce qui se tramait dans les grottes, cela l'avait tout autant été d'accompagner le jeune homme dans ces grottes en question... mais elle ne regrettait pas, et serait entièrement forte de ses choix et de ses opinions, si l'homme n'avait su semer le doute en elle. Oh, elle ne pouvait approuver les techniques tortionnaires du Sorcier, mais l'objectif qu'ils cherchaient à atteindre avait quelque chose d'incroyablement fascinant. Elle ne pouvait être certaine que cela aboutirait un jour... mais s'ils parvenaient à une telle prouesse, ne pas avoir participé à cette évolution majeure serait pour elle un gâchis total. Finalement, elle ne savait trop si elle avait fait mine d'épouser l'opinion du Sorcier pour en découvrir toutes les manigances en jouant les infiltrés, ou si elle n'était pas en train de se laisser prendre au jeu. Elle choisissait d'attendre. Après tout, elle n'avait aucun engagement à tenir envers elle-même... La seule chose qui la dérangeait un peu, c'était de ne pas en parler à Dareios, mais elle se voyait mal évoquer le sujet avec son frère tant qu'elle ne saurait pas elle-même ce qu'elle comptait faire de ce rôle qu'elle avait décidé de jouer, et qui pour le moment ne manquait pas de l'amuser au plus haut point. Tant qu'elle s'amusait, c'était le principal, non ? Croquer la vie à pleine dent, c'était une de ses philosophies de vie, après tout.

Elle y verrait peut-être plus clair ce soir-là, puisqu'Enjolras, qui devait manifestement devenir une sorte de mentor pour elle dans cette entreprise à laquelle elle adhérait peut-être... ou pas, lui avait donné rendez-vous dans l'une des ruelles sombres du village à une heure ou la plupart de ses habitants dormaient à poings fermés. Ce n'était pas vraiment des rues où il faisait bon se promener à cette heure, mais le danger ne faisait pas outre mesure peur à Electre, d'autant que, toute sorcière qu'elle était, avec l'expérience qu'elle se traînait derrière elle, elle avait appris à se défendre. Elle attendait donc, adossée à un mur, que Julian vienne au rendez-vous qu'il lui avait lui-même fixé. Allez savoir ce qu'il lui voulait exactement, mais elle était dans tous les cas plutôt curieuse de le découvrir, sans doute trop, pour quelqu'un qui s'était targué de mépriser profondément les actions du Sorcier il n'y a pas si longtemps, elle était même arrivée en avance pour la peine, chose très rare chez elle, qui était plutôt une adepte des retards, "pour faire bonne mesure". Finalement, il arriva à son tour. Un sourire en coin s'étira sur ses lèvres.

-Tu voulais me voir ?

Question purement rhétorique, cela va sans dire. Elle avait prononcé ces mots avant tout pour signaler sa présence à son interlocuteur, dans l'obscurité de la nuit épaisse tombée sur le village depuis plusieurs heures, déjà.

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a question d'Electre appelait effectivement une réponse comme celle que lui fit Julian, et la jeune femme ne pouvait pas vraiment, par conséquent, de la lui avoir faite. Il est certain qu'elle voyait mal son interlocuteur lui demander de le rejoindre dans l'un des coins les plus sombres du village sans raison spécifique. Sa question, par ailleurs, n'était pas tant posée pour savoir s'il voulait bel et bien la voir, que pour savoir ce qu'il lui voulait exactement... chose qu'il devait lui apprendre très rapidement... Quoiqu'elle ne s'était clairement pas attendu à ce qu'il lui dit alors. S'amuser ? Vraiment ? Sur le principe, Electre était tout à fait d'accord, elle n'était jamais la dernière quand il était question de s'"amuser" (même si elle avait sa manière bien à elle de le faire - en partant à la chasse aux loups-garous avec son frère, par exemple), mais de la part de Julian, elle ne s'était pas attendue à une telle proposition. Elle s'était plutôt attendue à ce qu'il lui confie une mission quelconque pour le Sorcier (même si elle affirmait toujours pour elle-même qu'elle était là en espionne et non pas en fervente sujette de l'autre mégalomane)... À moins que, justement, ce soit de cela qu'il s'agisse, mais que cette mission ait matière à être distrayante ? Dans tous les cas, Julian avait su piquer la curiosité d'Electre, et elle avait plutôt hâte, en définitive, de savoir où il voulait en venir exactement. Par ailleurs, il avait intérêt à être à la hauteur de ce qu'il lui garantissait d'amusement, car Electre était plus prompte à s'ennuyer et se lasser que n'importe qui d'autre pour s'amuser. Il lui fallait du frisson et de l'inattendu. Nul doute que, de ce point de vue là, elle allait être servie. Les bras croisés, un regard malicieux sur le visage et un fin sourire aux lèvres, Electre adressa donc ces mots à son interlocuteur, non sans une once de défi dans la voix.

-Nous amuser, vraiment ? Je doute que nous ayons la même manière de nous distraire, Julian. Bien évidemment, elle prononçait ces mots pour mieux provoquer le jeune homme, le mettant, quelque part, au défi, de la surprendre autant si ce n'est plus que ce que son propos était déjà parvenu à faire. Mais voyons toujours... répondit-elle, se permettant de jouer les difficiles, et ne demandant, en même temps, qu'à être surprise. Qu'est-ce que tu me proposes ?

Et elle espérait bien qu'il n'avait pas fait tant de mystère pour trois fois rien. Il l'avait quand même traîné ici au beau milieu de la nuit, apparemment sous le seul prétexte de s'"amuser", il fallait que l'amusement en question en vale très clairement la chandelle. Elle n'en doutait pas, Julian avait quelque chose de très spécifique à l'esprit, et elle avait grand hâte de savoir de quoi il pouvait bien s'agir. On ne pouvait en tous cas pas dire qu'il n'avait pas su attiser sa curiosité, puisqu'elle était clairement plus que curieuse de découvrir la suite des événements, en espérant qu'elle y trouverait tout le piment nécessaire à une soirée réussie.

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ue Julian ait dans l'intention de s'amuser était déjà une information qu'Electre devait assimiler, qu'il souhaite le faire en sa compagnie en était une autre, et qui lui paraissait bien plus obscure. Pourquoi elle ? On ne pouvait pas franchement dire qu'ils se soient jamais entendus comme larrons en foire, tous les deux, c'était même plutôt l'inverse. Avant qu'elle ne décide de rejoindre les rangs du sorcier (et encore, elle arrivait toujours à se convaincre qu'elle ne le faisait que par intérêt personnel et qu'elle dupait tous ses "collègues"), ils passaient leur temps à s'envoyer sur les roses. Quelque chose avait-il vraiment changé ? Forcément, elle était contrainte d'imaginer que quelque chose lui échappait, ou qu'il se jouait d'elle. D'un autre côté, elle était bien trop curieuse pour ne pas chercher à en savoir plus sans l'interroger directement sur ses intentions et sur ce qu'il avait en tête... Non, ils n'avaient techniquement pas la même manière de s'amuser, mais à la vérité, ils étaient plus proches de caractère que ce qu'Electre acceptait d'admettre. Ils pourraient tout de même trouver un terrain d'entente. Elle était bien trop curieuse et trop aventureuse pour se contenter de chercher à savoir la fin plutôt que les moyens. S'amuser en causant du tort à d'autres. C'est sûr, il l'avait bien cernée... Mais qu'est-ce que cela voulait dire ? Qu'il comptait sur elle pour malmener quelqu'un et qu'il avait utilisé cette voie détournée pour le lui faire comprendre ? Pour l'heure, elle ne voyait que cela. Elle était bien loin de s'imaginer ce qu'étaient ses réelles intentions. En même temps, s'il avait annoncé les intentions en question de but en blanc, la jeune femme n'y aurait bien évidemment pas cru de toute manière.

-Si t'as envie que je te débarrasse de quelqu'un, il suffisait de me le dire, Julian. répliqua-t-elle dans un fin sourire. Inutile de prétendre avoir la moindre envie de t'amuser avec moi. Elle se rapprocha de lui, son sourire amusé aux lèvres, une lueur malicieuse dans le regard. Même si je ne comprends toujours pas pourquoi tu as demandé à me voir en particulier. fit-elle en s'avançant de quelques pas, soutenant toujours son regard. À moins que tu ne saches plus te passer de moi... C'était, bien sûr, une plaisanterie, mais le sous-entendu était manifeste. Alors dis moi, à qui veux-tu causer du tort et comment ?

Ce n'était pas parce qu'elle avait le sentiment qu'il ne lui disait pas tout, qu'il avait une autre intention derrière la tête que celle qu'elle lui exposait, qu'elle n'allait pas marcher pour autant. Si elle avait bel et bien l'occasion pour sa part de s'amuser et de prendre du bon temps, peu lui importait de servir d'autres intentions que celles qui étaient autrement soutenues, elle, elle voulait tout simplement y trouver un bénéfice personnel, et elle gageait que ce ne serait pas bien difficile. Causer du tort à autrui sans aucun scrupule et, de surcroit, y prendre du plaisir, c'était bien son genre, il faut le reconnaître.

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uand Julian affirmait à Electre qu’elle venait de le démasquer, la jeune femme ne pensait bien sûr pas un seul instant qu’il faisait référence à la réflexion qu’elle lui avait faite quand il parlait du fait qu’il ne pouvait plus se passer d’elle (ou alors seulement parce qu’il avait décidé de faire preuve d’une ironie qui ne pouvait être que manifeste). Julian et Electre n’avaient, au départ, rien pour se plaire et pour s’entendre. Ou en tout cas, Electre savait parfaitement s’en convaincre, d’une part parce que, de toute manière, bien des corps savaient l’attirer, mais une seule âme savait la contenter, et c’était celle de son frère, et d’autre part parce qu’Electre voulait encore se croire réfractaire à tout ce dont se rendaient coupable le Sorcier et ses sbires, quitte à faire preuve de mauvaise foi. Non, ce que la sorcière croyait davantage, c’est qu’elle l’avait effectivement démasquée en comprenant qu’il ne lui avait donné rendez-vous que pour qu’elle l’aide à se débarrasser d’un quelconque gêneur, histoire de juger de ses compétences, certainement, et de faire le rapport détaillé de ses exploits à Dean Appers. Soit. Un crime gratuit de derrière les fagots, si cela pouvait lui permettre d’obtenir la confiance du sorcier, cela ne dérangeait en rien la jeune femme, qui avait très jeune goûtée au sang, en n’en avait jamais déprécié la saveur par la suite… Alors elle marchait, à fond, même. Julian avait effectivement dégoté un excellent moyen de la distraire, et elle n’avait en rien l’intention de se débiner. Sa soirée promettait d’être bien morne autrement, de toute manière.

-D’accord, je marche, approuva-t-elle, une lueur malicieuse dans le regard. Dis m’en plus, il s’appelle comment, ce type ? Qu’est-ce qu’il a fait pour mériter de crever ? S’il fallait vraiment une raison, au pire, Electre n’en avait pas vraiment besoin, quoi que cela lui permettrait peut-être de préparer à cet humain un châtiment adapté à son crime. Electre adorait les assassinats personnalisés, c’était tout de même bien plus distrayant. Tu veux seulement que je lui fasse mal, ou bien j’exécute ? C’est un futur cobaye ? On récupère ses membres après l’avoir refroidi ?

Elle prononçait ces questions sans même réfléchir à la rapidité de son débit de parole, ou à la cohérence entre les différents mots qu’elle prononçait. Elle sentait l’excitation la saisir, et tout ce qu’elle voulait, dorénavant, c’était faire couler le sang. Même faire simplement souffrir lui irait tout à fait, elle avait juste besoin de ce frisson, cette plaisante exaltation qui lui permettait de pimenter un peu plus une existence qu’elle ne vivait jamais que de la sorte. Portée par son instinct, ses pulsions, ses envies, indifférente aux conséquences, puisqu’elle leur avait toujours trouvé jusqu’alors, et depuis qu’elle et son frère s’étaient extirpés des griffes des lycans, une résolution qui tenait de la pure et simple insolence. Et elle ne s’en cachait pas le moins du monde, bien au contraire. Elle avait trop grand plaisir à ce mode de vie qui, jusque là, ne l’avait jamais trahie.

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l était très certainement contradictoire de la part d'Electre de déplorer les actions du sorcier et d'éprouver en même temps un tel enthousiasme à l'idée de semer la mort et la violence. Mais le fait est que la mort et la violence n'étaient pas ce qui dérangeait la jeune femme. Elle tolérait toutes les méthodes et toutes les formes de torture, mais il y avait une chose qui l'insupportait, et qui suffisait à justifier ses réticences, même si ces réticences en question n'avaient pas tardé à s'affadir quelque peu depuis qu'elle avait rajouté ce petit groupe : la séquestration. Pour l'avoir subie, c'était tout bonnement une méthode qu'elle ne pouvait pas encadrer, même si, dans le cadre des expériences des sorciers, c'était un "mal" nécessaire. Qu'importe, on ne lui demandait rien de la sorte, pour l'heure. Pas le moins du monde. On ne lui demandait que de s'amuser, et elle allait se plier aux suggestions de Julian avec enthousiasme. Plus ça allait, plus elle devait reconnaître que la compagnie de Julian était loin d'être si désagréable que ça. Pour tout dire, elle appréciait même de passer du temps en sa compagnie, et ce temps semblait promettre d'être extrêmement bien mis à contribution. C'était du sang, que lui promettait Julian, et cela lui convenait à ravir. Electre avait développé un certain goût de la violence sitôt qu'elle avait dû s'en servir pour protéger sa vie. La jeune femme avait dû se battre, rendre les coups qu'on lui avait donnée, et dorénavant, la perspective d'engendrer la souffrance la faisait sourire. Elle approuva donc dans un sourire, une étincelle de malice dans le regard, quand Julian suggéra d'aller trouver leur victime. Voilà qui lui allait parfaitement. Une fois devant la porte, elle adressa un regard emprunt de facétie.

-Planque-toi et admire l'artiste. affirma-t-elle, pleine d'assurance avant d'ébourriffer ses cheveux au maximum, d'arracher la manche de sa chemin et d'humidifier son regard. Elle était prête. Alors, elle martela sans réserve à la porte. Ouvrez-moi, je vous en supplie, ouvrez-moi ! affirma-t-elle d'un irrésistible ton larmoyant.

Apparemment, l'homme mordit à l'hameçon, il ouvrit en urgence, quand il la fit rentrer, elle adressa un regard en arrière à Julian accompagné d'un clin d'oeil, avant de retrouver son attitude de pauvre jeune fille désespérée. Elle lui expliqua qu'on l'avait entraînée jusqu'aux grottes, qu'elle en avait réchappé de justesse, et qu'elle cherchait un lieu sûr où se protéger. Electre attendit quelques minutes d'être sûr que l'homme avait baissé sa garde pour, ensuite, fondre sur lui et serrer ses doigts autour de sa gorge.

-Julian ! Si tu veux assister au spectacle, c'est maintenant ! dit-elle suffisamment fort pour que l'homme l'entende.

Sa victime se débattait, et la jeune femme pourrait bien lâcher prise, mais elle tenait bon, propulsant l'homme au sol, à califourchon sur lui, enfonçant ses ongles dans sa gorge.

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homme cessait progressivement de se débattre, Electre ne lâchait pas prise, alors que la pression de ses doigts sur sa gorge était de plus en plus forte. Il poussa ce râle caractéristique, celui que la sorcière aimait attendre, quand ses victimes lâchaient leur dernier souffle. Il était mort. Raide mort. Ses yeux vides fixaient le plafond, blancs et vitreux. Il avait l'air si pathétique, ses yeux suppliants levés au ciel... Ceux qui savaient mourir dignement étaient si rares. Electre se releva, elle avait un peu de chair coincée sous ses ongles longs, mais elle s'en moquait bien, alors qu'elle dégageait derrière ses oreilles les cheveux qui l'empêchaient d'observer complètement son oeuvre, et se redressait. Elle se retourna, un sourire en coin sur les lèvres, quand Julian la complimenta, la qualifiant de "furie", avant d'ajouter qu'il valait mieux qu'il laisse ses mains loin de lui. Pour elle, c'était un véritable compliment. Qu'on la traite de furie ne la dérangeait guère, ça faisait partie de son caractère. Elle était sauvage, indomptable, et ça lui convenait parfaitement bien. Tout comme elle aimait qu'on la voit et l'envisage ainsi. Elle avait vécu parmi les bêtes (les loups-garous n'étaient rien d'autre que cela, à ses yeux), et elle s'était adopté à leur manière de faire, à cet état de nature qui lui allait, au final, comme un gant. Elle se rapprocha de Julian, ne laissant entre eux que quelques centimètres, le toisant depuis ses grands yeux sombres.

-Tu aurais tort. répondit-elle, son sourire ne se détachant toujours pas de ses lèvres. Je suis très habile de mes mains, tu sais. Elle posa ces dites mains sur le torse de Julian. Ceux qui ne sont pas morts n'ont jamais eu de raisons de s'en plaindre. Elle se mordilla légèrement la lèvre inférieure.

Elle ne savait pas à quel jeu elle jouait exactement, mais elle n'en avait que faire, en définitive. Réfléchir était un premier pas vers les tourments de l'âme, et elle préférait de loin agir à l'instinct, et profiter de ce que lui prodiguait chaque moment. Euphorisée par le crime qu'elle venait tout juste de commettre, Electre n'avait pas la moindre envie de s'arrêter en si bon chemin. La présence de Julian, qui jusqu'ici l'incommodait plutôt, lui était un peu moins désagréable à chaque minute qui passait, et à dire vrai, il naissait dans son esprit une façon très précise de poursuivre les festivités. C'est que, si l'on omettait ses allégeances douteuses (et encore fallait-il qu'Electre soit véritablement au fait de ce qu'était sa propre allégeance), il était un homme séduisant, et il devait lui reconnaître que, au final, leurs façons de s'amuser tous les deux n'étaient peut-être pas si différentes que ça. Oui, elle avait une idée précise en tête. Et elle était d'avis que Julian n'aurait pas à s'en plaindre. Comme elle l'avait dit elle-même, jusqu'ici, personne ne s'en était jamais plaint.

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n acceptant le rendez-vous que lui avait fixé Julian, Electre ne s'attendait certainement pas à ce que les choses se déroulent ainsi. Elle s'était imaginée, plutôt, qu'ils allaient s'échanger quelques mots désagréables, peut-être accomplir une mission quelconque chez le sorcier, et qu'elle serait rentrée bien tôt chez elle. Mais voilà, à présent, qu'elle se surprenait à vouloir que cette soirée se prolonge aussi longtemps que possible. Electre avait sa fierté, mais elle savait tout de même reconnaître ses torts quand cela lui permettait de faire ce qu'elle appréciait le mieux, à savoir profiter pleinement de chaque plaisir que pouvait lui prodiguer l'existence. Julian se révélait à ses yeux sous un autre jour, et ce jour-là n'était pas déplaisant du tout. Electre ne supportait certes pas Enjolras jusqu'à il y a peu, mais elle devait reconnaître qu'elle l'avait toujours trouvé à son goût, à présent, elle voulait véritablement goûter, et ses avances n'étaient pas feintes. Après tout, pourquoi se complaire dans une image tenace et des préjugés ? C'était la première fois qu'ils passaient autant de temps ensemble à une occasion qui leur permettre de découvrir qu'il y avait peut-être moins de divergences entre eux qu'ils avaient bien voulu le croire. Elle était encore envahie de ce transport qui lui prenait chaque fois qu'elle ôtait une vie, et elle savait très bien comment l'utiliser au meilleur dessein possible. Et il lui semblait que son interlocuteur ne soit pas complètement contre cette proposition faite à mi-mot. Ses mots et son regard le lui indiquaient déjà très clairement, mais si cela n'avait pas suffi, son baiser, lui, aurait largement fait l'affaire, et Electre le lui rendit avec tout autant de langueur que celle qu'il lui avait accordé, se laissant sans protester plaquée contre le mur derrière elle. C'est ainsi qu'elle aimait l'acte : sauvage, incontrôlé, sans tendresse ni douceur inutile.

Sans lâcher les lèvres de Julian, qu'elle mordillait quand sa langue ne jouait pas avec la sienne, elle glissa ses mains depuis son torse jusqu'à son pantalon, glissant sous ce dernier pour venir flatter la partie la plus sensible de l'anatomie de Julian. Il avait bien envie de voir ce dont elle était capable, eh bien elle allait le lui montrer, et elle était certaine d'y trouver plus que son compte, dans l'affaire : elle l'avait dit elle-même, elle était habile de ses mains, et elle comptait bien le prouver à son interlocuteur, son ennemi... son amant ? Il pouvait bien changer de statut selon les jours et les heures, oui, il le pouvait bien, c'était ça, justement, qui était amusant. Le prévisible avait la fadeur du quotidien, elle l'exécrait, elle préférait de très loin ce revirement de situation, et éprouver l'effet qu'elle savait faire à son interlocuteur tandis que ses doigts effectivement experts (elle avait eu plus d'une occasion de s'exercer, il faut dire) accéléraient leur mouvement.

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es caresses ne laissaient visiblement pas Julian insensible, à la grande satisfaction d'Electre, qui accélérait un peu plus le mouvement de ces dernière à mesure que Julian lui-même parcourait son corps de ses mains, aussi experte que les siennes. Elle se laissa déshabiller sans rechigner, débarrassant avec le même empressement Julian de ses vêtement. Elle intensifiait autant que possible se caresse, toujours avec cette même sorte de brutalité qu'ils avaient en commun, une bestialité qui convenait à des ébats qui n'avaient pas la moindre raison d'être sages. Elle savoura au possible le contact de ses lèvres contre ses seins, les yeux fermés, la tête penchée en arrière, ne ménageant pas ses gémissements. Elle n'en voyait pas du tout l'intérêt, il faut le dire. Electre s'abandonnait toujours à ses instincts, sans barrière et sans filtre, elle n'allait certainement pas prétendre prendre moins de plaisir sous le prétexte de se conformer à une norme. Elle vivait chaque sensation à fond, et elle les laissait s'exprimer de la même manière. Elle se laissa complètement faire quand le jeune homme l'entraîna au sol, toujours sans la moindre délicatesse, réalisant ce qu'elle-même était empressée de faire, d'obtenir enfin. Ni l'un ni l'autre ne comptaient se laisser aller à une frustration quelconque et inutile, et ils l'exprimaient plus que clairement à présent que leurs cors étaient unis, et que leurs bassins avaient entamé un mouvement parfaitement synchrone de va-et-vient.

Electre qui, il faut bien le dire, aimait à prendre le dessus, inversa à mi-chemin la situation, inversant les rôles, se positionnant au-dessus de lui, accélérant le mouvement sans le lâcher une instant des yeux, sans retenir un seul instant la moindre expression verbale du plaisir qu'il savait lui procurer. Ses mains parcourant le torse de Julian, ses ongles se plantant régulièrement dans sa chair, comme pour canaliser un plaisir qu'elle fit alors exploser ensuite, quand, à l'apogée de son plaisir, elle ne pouvait tout simplement plus se retenir. Décidément, Julian avait plus d'un talent insoupçonné. Et celui-ci était plus agréable à découvrir et à explorer encore que tous les autres. Elle se redressa finalement, dans un sourire mutin, et enfila ses vêtements répartis çà-et-là sur le sol, tout en s'habillant (sans aucune pudeur pour son corps précédemment nu), elle adressa un regard à Julian qui en disait long sur ce que pourrait bien devenir la tenue de leurs relations dans les temps à venir.

-Eh bien c'était... inattendu. dit-elle d'un ton qui exprimait combien elle appréciait, justement, l'inattendu. Il faudra qu'on remette ça, à l'occasion. ajouta-t-elle dans un clin d'oeil.

Et le pire, c'est qu'elle le pensait. Sans investissement émotionnel aucun, bien sûr, son coeur n'appartenait qu'à une personne et à une seule, elle dissociait complètement sexe et sentiments, pour elle, l'un n'avait aucun rapport avec l'autre. Comme toujours, elle avait seulement envie de passer du bon temps, et pour ce qui était de lui faire passer du bon temps, on pouvait dire que Julian avait été excellent.

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omme quoi, il ne fallait jamais rester campé sur ses positions et s'arrêter sur sa première impression quand il s'agissait de juger une personne. C'était une leçon qu'Electre avait appris plus d'une fois, mais dans ce cas précis, les enjeux pourraient bien être un peu différents, elle qui, pourtant, détestait la notion même d'enjeux... C'est que, si elle trouvait Julian séduisant et que, manifestement, ils s'entendaient très bien sur le plan horizontal, admettre qu'elle appréciait de passer du bon temps avec lui, c'était reconnaître qu'il ne fallait pas qu'elle s'arrête sur ses préjugés d'autrefois. Et ça ne concernait pas seulement Enjolras, ça concernait également les actions du Sorcier en règle général. Elle le sentait bien, qu'elle se laissait petit à petit amadouer par les opportunités que lui offraient toutes ces réserves, par toutes les expériences qu'elle pourrait bien faire. Elle se laissait prendre à son propre jeu, et en se laissant séduire par Julian (physiquement, entendons-nous bien), elle était peut-être en train de franchir une limite dangereuse, qui ne tolèrerait pas de retour en arrière. Était-ce bien grave ? Pas tant que cela, non, même si elle agissait à l'inverse du seul principe qu'elle se soit jamais fixé (comme quoi, les principes, c'était vraiment de la merde dans tous les cas). C'était dans son tempérament, après tout, que de se laisser porter par la situation, de saisir les opportunités qui se présentaient à elle sans réfléchir et sans se soucier une seule seconde des conséquences. C'était même un art dans lequel elle avait fini par passer maîtresse... Alors elle n'avait pas l'intention non plus de se prendre la tête, ce serait mal la connaître. Si ses choix devaient être source de difficulté dans les temps à venir, alors elle aviserait à ce moment-là. Dans le cas contraire, eh bien... elle continuerait d'en profiter comme maintenant. Ce qui est certain, c'est que si l'occasion se présentait de nouveau de passer un moment comme celui-ci avec Julian, elle n'allait certainement pas s'en priver. Et Julian semblait du même avis. Quoi qu'il puisse avoir une autre idée derrière la tête, une autre idée qui pourrait lui coûter cher... Si Julian ne perdait pas son temps. Car, quand bien même Electre l'ignorait et ne s'était jamais intéressée au sujet, elle était physiologiquement incapable de porter un enfant.

-Si tu n'as plus besoin de moi, je vais te laisser. dit-elle toujours avec le même sourire mutin aux lèvres, tout en adressant un léger clin d'oeil à son interlocuteur. En effet, ils avaient fait ici tout ce qu'ils avaient à faire, même plus que cela, il était sûrement temps de prendre congé l'un de l'autre. N'hésite pas à me contacter, si tu as une autre mission du genre à me confier. Elle s'approcha de Julian et déposa sur ses lèvres un baiser gourmand qui, une fois encore, n'engageait à rien du tout, était juste une façon de conclure agréablement cet "entretien". Ou autre chose... ajouta-t-elle d'un ton qui ne manquait pas de sous-entendus.

Et, sans rien ajouter de plus, elle décida de prendre congé de son interlocuteur. Leurs chemins se croiseraient très rapidement de nouveau, c'était une certitude, et si toutes les fois suivantes devaient ressembler à celle-ci, alors elle n'aurait jamais le sentiment de perdre son temps.

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