Il n'y a rien de mieux que de se vider l'esprit (Sven)

Lena avait le sentiment que ça faisait une éternité au final qu’elle n’avait pas pris la peine de vraiment chasser. Chasser dans un sens bien différent de ceux qui se rendait dans la forêt pour tuer quelqu’un, une créature, un animal. Non, quand Lena chassait, elle cherchait surtout une personne pour passer la nuit en sa compagnie. Bien des personnes diront que la sirène n’avait pas du tout un bon comportement, qu’elle devrait sans doute se poser un peu et arrêter d’enchainer les conquêtes comme elle le faisait en cet instant. Mais elle s’ne foutait, elle n’en avait que faire de ce que les gens pouvaient bien penser d’elle. Elle vivait la vie qu’elle voulait vivre, sans se poser plus de question que cela. En même temps, à quoi bon ? Lena ne serait pas heureuse si elle cherchait à vivre comme tout le monde, à vivre auprès d’une seule personne, à fonder une famille. Ce n’était pas son truc et en même temps, cela se comprenait avec sa nature. Lena était une sirène, si les sirènes étaient capables d’envouter les autres, c’était qu’elles n’avaient donc aucune raison de se retenir. Et en tout cas, Lena de son côté ne cherchait pas un seul instant à se retenir.

Ce fut donc tout naturellement, ce soir-là, qu’elle se rendit à la taverne dans le but de trouver une personne avec qui passer la soirée. Ce soir, elle avait envie d’un peu de nouveauté. Parce qu’elle savait très bien que certaine personne pouvait venir avec elle, lui faire passer une bonne soirée, parce qu’elle avait déjà eu l’occasion de le tester. Elle savait aussi que parfois, elle n’avait même pas besoin d’utiliser sa séduction magique et de se contenter de son charme naturel afin de terminer sa soirée en charmante compagnie. Mais ce soir, elle avait envie de nouveauté, elle avait envie de faire la connaissance de quelqu’un d’autre, de sang neuf. Et donc, quand elle arriva dans la taverne, son premier réflexe fut de tourner son regard vers la salle, ne se préoccupant pas vraiment des regards qui se tournait vers elle. Elle se dirigea un instant au comptoir pour commander un verre d’alcool avant de tourner de nouveau ses yeux vers l’assemblé. Et son regard se posa sur un jeune homme, dans un coin de la taverne, devant un verre d’alcool. Elle ne savait pas vraiment ce qu’il lui arrivait, mais en même temps il avait l’air triste. Ou alors elle se trompait, parce qu’elle avait toujours adoré s’approcher de personne triste, jouer avec des personnes tristes. Elle avait trouvé sa proie du soir. Lena s’approcha donc de lui, venant s’installer juste à côté de sa table.

« Salut. » Dit-elle dans un sourire, avant de venir s’installer directement en face de l’inconnu, sans savoir s’il accepterait ou pas. En même temps, Lena n’accepterait pas le moindre refus de l’homme. « Ça n’a pas l’air d’aller. » Ce n’était pas forcément une bonne manière d’entrer en matière, mais elle faisait comme ça.

Lena devait bien avouer qu’elle appréciait la répartie de son interlocuteur – l’homme devant qui elle s’installa sans aucune once de pudeur – quand ce dernier affirma qu’elle était observatrice. C’était sans nulle doute particulièrement ironique, puisque dans tous les cas, il était évident qu’on ne pouvait pas passer à côté du fait que l’homme allait mal. La sirène ne savait rien de cette personne, elle ne connaissait pas son histoire, sa vie, ce qu’il était réellement, mais en même temps elle n’avait même pas envie de le savoir. Ce n’était pas quelque chose qui l’intéressait, bien au contraire. La sirène cherchait simplement à s’amuser, à passer une bonne soirée en « bonne » compagnie… donc elle n’avait aucune envie de connaître plus sa vie. Juste de quoi s’amuser un peu et lui changer les idées, peut-être, mais pas plus non. Elle sourit donc à la remarque de l’homme, le trouvant amusant. Avant que ce dernier n’affirme qu’il n’avait aucune envie d’en parler. Sans doute qu’il devait penser qu’elle allait le questionner, pour savoir pourquoi il n’allait pas bien… et au fond il n’avait peut-être pas tort. Parce que si Lena n’était pas adepte de la causette, elle ne pouvait pas nier qu’elle était quand même un minimum curieuse. Elle avait envie de savoir ce qui arrivait à cet homme, juste pour s’en servir afin d’envoyer dans son lit. Ou dans un autre lit, ou même dans tout autre endroit pour faire ce qu’elle avait envie de faire… peu lui importait.

« Je ne suis pas réellement du genre causante tu sais. » Dit-elle alors, dans un sourire, ne s’embêtant pas à vouvoyer son interlocuteur. Pour ce qu’elle avait à faire, elle n’avait aucun besoin de le vouvoyer en même temps, bien au contraire. Même si, bien sûr, l’homme n’aurait peut-être pas envie d’en arriver là… mais elle n’avait pas spécialement l’intention de lui laisser le choix non plus. L’avantage d’être une sirène. « Par contre, on dit de moi que j’ai un très fort potentiel pour réparer les cœurs brisés. » C’était un mensonge, bien sûr. « C’est ton petit cœur qui te fait souffrir ? Parce que si c’est ça, je sais exactement comment le guérir. »

Elle n’y allait pas réellement de main morte et sans doute que son interlocuteur n’allait pas vraiment apprécier ce qu’elle était en train de lui dire, mais ça lui était égale. Elle ne se préoccupait pas réellement de ce que son interlocuteur allait pouvoir penser de ses propos, parce que la seule chose qui l’intéressait vraiment, c’était la manière dont les choses allaient se terminer. Et elle savait parfaitement comment ça allait se passer. Si jamais l’inconnu (parce qu’elle ne connaissait toujours pas son nom… mais en fait, elle n’avait pas besoin de le connaître) prenait mal ses propos et avait envie de se débarrasser d’elle, elle allait utiliser ses pouvoir sur lui. Comme elle savait si bien le faire, parce qu’elle était une sirène après tout et que séduire les hommes et femmes, c’était comme respirer pour elle.

Lena afficha un sourire quand le jeune homme sous ses yeux lui répondit rapidement qu’il n’avait pas envie que son cœur soit réparé. Bon, la jeune femme se doutait que ce dernier voyait très clair dans son jeu et qu’elle lui proposait un coup d’un soir, que ça ne lui plaisait pas, mais cela ne l’empêchait pas de s’amuser pour autant. Après tout, elle n’allait pas prendre ombrage simplement parce qu’elle se faisait rembarrer par un charmant jeune homme. Cela serait très mal la connaître surtout que la jeune femme avait plus d’un tour dans son sac, elle savait comment le faire tomber sous son charme. Bon, ce n’était pas forcément très sérieux de sa part, et ça n’avait rien de glorieux, mais Lena n’en avait que faire. Elle était née sirène, elle n’allait pas refuser sa nature simplement parce qu’elle aurait un peu de sens moral. À quoi bon ? Elle avait la possibilité de jouer avec les sentiments de ses interlocuteurs, donc elle le faisait. Et sans ménagement. Elle n’allait pas en plus se retenir, cela ne servirait à rien. Elle vivait la vie qu’elle aimait vivre tout simplement. Le jeune homme lui demanda alors si elle était capable d’effacer les souvenirs ou de ramener les morts, visiblement Lena avait vraiment vu juste sur sa peine de cœur. Enfin, elle avait compris que l’homme avait eu un chagrin d’amour, pas qu’il avait perdu la femme qu’il aimait sans doute. Soit, bah écoutez, ça ne changerait rien à ce qu’elle avait prévu. Quoi ce jeune homme souffrait parce que sa copine était morte et ce n’était vraiment pas moral de sa part de se servir de cela pour s’amuser, de se jouer de lui, de profiter de lui… tant pis, elle le ferait quand même. Elle n’en avait que faire de ce qu’il pouvait bien penser au fond. Des hommes tristes, heureux, mariés, célibataires, tant qu’ils (ou elles en fait) lui plaisaient, c’était le seul point important. L’homme but rapidement son verre, commandant un autre et même en demandant un pour elle. La qualifiant de charmante voisine. Le sourire de Lena se fit plus grand. Peut-être qu’elle n’allait pas avoir besoin de son pouvoir finalement ?

« C’est très gentil à toi. » Dit-elle alors toujours avec son sourire séducteur. « Je ne peux pas ramener les morts, non et je ne suis pas sûre que ça soit une bonne chose de toute façon. » Parce que les morts qui n’étaient pas morts… bah c’était des vampires. « Par contre je suis réellement capable d’apaiser tes maux, de calmer ton cœur. De te permettre d’oublier. »

Dit-elle alors, dans un nouveau sourire. Elle ne se cachait pas du fait qu’elle avait certaine capacité. Le jeune homme ne la prendrait peut-être pas au sérieux de toute façon. Et si c’était le cas, qu’il se braquait ou autre, ça ne changerait rien au fait qu’elle allait quand même pouvoir le manipuler avec ses pouvoirs. Même si ça ne se faisait pas.

Sans grande surprise, le Sven n’avait visiblement pas envie de croire que Lena puisse réellement apaiser ses maux. Il lui demanda si c’était à grand renfort de marteau, tapant sur son crâne, sans doute pour terminer une bonne fois pour toute avec son existence. La remarque amusa la sirène, qui ne prenait pas du tout ombrage des doutes du jeune homme à ce sujet et qui ne prenait pas spécialement ombrage non plus du fait qu’il puisse douter de es capacités. Après tout, elle avait bien compris que le jeune homme n’allait pas bien, ce qui la poussait encore plus à vouloir obtenir de lui ce qu’il lui refusait pour le moment (pour le moment, évidemment, parce que Lena n’avait pas l’intention de le laisser s’en aller sans passer à la casserole). La jeune femme ne dit rien, donc, se contentant simplement de l’observer alors qu’il en faisait de même. Avait-il compris qu’elle était une sirène ? Peut-être, en même temps on ne pouvait pas dire que Lena se cachait réellement. Elle n’avait aucune raison de se cacher, elle cherchait simplement à obtenir quelque chose de Sven. Et s’il continuait de refuser, elle utiliserait ses atouts, qu’il soit au courant ou non de sa nature.

Visiblement, l’homme n’avait donc pas spécialement envie qu’elle l’aide – mais elle n’allait pas lui laisser le choix donc – et commanda à la serveuse une bouteille, affirmant qu’il ne savait pas si la méthode de Lena serait efficace, donc qu’ils allaient se contenter de l’alcool. Ce n’était pas réellement au goût de la jeune femme. Non pas que cela la dérange qu’il boive de l’alcool, mais si le jeune homme était bien trop bourré, il n’allait pas être utile du tout. Pour le moment ça allait et quelques verres de plus n’allaient pas lui faire du mal, mais tout de même, il ne fallait pas dépasser certaine limite. La jeune serveuse apporta donc la bouteille et Lena prit le parti de servir le jeune homme, avant de tourner son regard vers la serveuse.

« Laisse nous tranquille mon chou. » Dit-elle alors, se servant de ses pouvoirs pour que la jeune femme ait envie de lui faire plaisir en s’en allant, ce qui marcha bien. « Je ne dis pas que l’alcool n’est pas utile. » Reprit-elle alors en servant généreusement le verre de son interlocuteur. « Mais ça ne sera pas suffisant. » Elle posa la bouteille sur la table, releva son regard vers celui de Sven pour le plonger dans le sien. « Laisse-moi t’aider. » Dit-elle alors dans un sourire, sans se retenir d’utiliser ses pouvoirs. La jeune femme pourrait tenter de terminer de le séduire en profitant de l’alcool qu’il allait continuer de boire, mais elle se rendait bien compte que ça allait quand même être un exercice assez difficile. En même temps, au vu de ce que Sven était en train de traverser c’était normal. Est-ce qu’elle culpabilisait de manipuler un jeune homme sans défense ? Non, elle le faisait toujours. Est-ce qu’elle culpabilisait de manipuler un homme brisé, qui risquait de l’être peut-être encore plus le lendemain ? Non, aucun scrupule, c’était dans sa nature. « J’ai envie qu’on s’amuse un peu tous les deux. Tu as envie de t’amuer avec moi ? »

Lena ne put s’empêcher d’afficher un grand sourire, alors qu’elle entendit Sven reprendre la parole en affirmant qu’on ne pouvait rien refuser à une femme comme elle. Elle adorait entendre ce genre de propos, quand bien même elle savait que c’était factice. Comment ne pourrait-elle pas le savoir en même temps, alors qu’elle utilisait ses pouvoirs ? Par moment, la jeune femme pourrait peut-être ne pas apprécier le fait qu’elle était souvent dans l’obligation d’utiliser ses pouvoirs pour attirer les hommes et les femmes dans son lit. Sauf que ce n’était pas quelque chose qui la dérangeait en soit finalement. Parce que c’était dans sa nature tout simplement et qu’il n’y avait aucune raison qu’elle ait honte de ses capacités, de ce qu’elle était capable. À quoi bon en avoir honte ? Elle était née comme cela, c’était bien qu’elle devait s’en servir non ? Oui, alors elle le faisait. Et même si c’était avec un jeune homme comme Sven qui semblait malheureux comme la pierre, qui cherchait à noyer son chagrin dans l’alcool. Après tout, s’il cherchait à noyer son chagrin c’était bien qu’il méritait un peu de faire une pause dans son malheur ? Et c’était bien plus saint de se laisser entraîner dans les plaisirs charnels avec une sirène que de boire de l’alcool, encore et encore.

En tout cas, Lena adorait entendre ces propos sortir de la bouche du jeune homme, parce qu’elle savait parfaitement qu’il était entièrement sous son pouvoir et que forcément, elle adorait ça. Elle avait l’intention de profiter un maximum de la présence du jeune homme, de profiter un maximum de lui tout simplement et le plus longtemps possible. Pourquoi pas pendant toute la nuit ? Il n’y avait rien qui la retenait de le faire après tout ? Elle n’avait aucune obligation et elle décidait que Sven n’en avait pas non plus. Elle se mordilla la lèvre, continuant de sourire, ne quittant pas du regard le visage du jeune homme sous ses yeux. Elle aimait bien ce côté torturé qu’il avait. Même si ce n’était pas joyeux pour lui, clairement, qu’il semblait aller très mal, elle ça lui convenait à merveille.

« Comme tu le dis, on ne peut rien me refuser. » Dit-il en approchant son visage de celui de son interlocuteur, approchant notamment ses lèvres des siennes. « Et je n’ai aucune envie que tu me refuses quoi que ce soit d’ailleurs. »

Et puisqu’elle n’avait pas envie qu’il le fasse, il ne pourrait pas le faire. C’était ça qui était magique. Encore une fois, une autre personne pourrait avoir des scrupules, mais définitivement ça ne servait à rien de vivre si c’était pour s’ennuyer avec des scrupules. Même si Lena se rendrait bien vite compte bientôt que ses agissements allaient lui attirer quelques ennuis. Mais pour l’heure, elle n’en savait rien et elle avait juste envie de profiter de Sven. Alors, elle brisa enfin l’espace entre leurs lèvres pour l’embrasser avec passion.

Lena était satisfaite, vraiment, elle aimait quand elle parvenait à son but et qu’elle parvenait à mettre quelqu’un dans son « lit ». C’était toujours agréable quand l’une de ses victimes se faisait bien prendre dans sa toile. En même temps, Lena n’avait pas spécialement de doute à avoir, puisqu’elle utilisait ses pouvoirs et que quand elle le faisait, il n’y avait aucune raison que sa proie lui résiste. Sven ne lui résistait pas en tout cas, c’était évident et ses lèvres contre les siennes étaient vraiment agréable. Lena avait eu énormément d’amant dans sa vie et elle avait bien l’intention d’en avoir encore beaucoup, mais elle devait bien reconnaître que le fé embrassait déjà très bien. Elle espérait qu’ils allaient pouvoir aller bien plus loin, il n’y avait aucune raison que ça n’arrive pas d’ailleurs, parce qu’elle avait envie de connaître tous les talents du jeune homme.

En tout cas, Sven ne manqua pas de prolonger le baiser qu’elle lui avait offert et il ne manqua pas de l’attirer à lui. Lena aimait cette initiative, il était évident qu’ils allaient partager quelque chose ensemble qu’elle allait adorer. En tout cas, elle n’avait aucune raison de ne pas adorer, elle adorait toujours ces parties de jambes en l’air. Et clairement, ils allaient avoir cette partie de jambe en l’air.

« Les regards des autres ne me dérange pas. » Dit-elle doucement, son souffle touchant les lèvres du jeune homme, parce qu’elle n’avait aucune envie d’écarter son visage de celui du fé. Même si l’homme ne manqua pas de venir glisser ses lèvres dans son cou, ce qui eut le don de faire parcourir un long frisson dans le corps de la sirène. Il était doué, vraiment, vraiment doué. Il n’y avait pas à dire, la jeune femme avait hâte de pouvoir aller bien plus loin avec sa proie. « Très bien… on va chez toi, ou on va chez moi ? »

Lena n’avait pas spécialement de préférence, ça lui convenait très bien de se rendre chez lui ou chez elle. Il y avait de nombreuses personnes qui avaient pu se rendre dans sa maison, qui avait partagé sa couche. Elle n’avait aucune idée d’où vivait le jeune homme, s’il vivait seul. Il savait qu’elle venait de perdre quelqu’un, mais ça ne voulait pas dire qu’il ne vivait pas avec quelqu’un.

Dans tous les cas, les deux futurs amants allaient bel et bien devoir se rendre quelque part, puisqu’ils n’allaient pas se contenter de rester dans la taverne. Ils allaient bel et bien devoir se rendre quelque part.