Il est temps de faire de nouvelles expériences (Persy)

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erséphone afficha un fin sourire en réponse à son interlocuteur. Dans des circonstances telles que celle-ci, elle ne pouvait qu'avoir conscience de tout ce qui les différenciait tous les deux. Certes, cela sautait aux yeux, quelque part, et n'échapperait sans doute pas à grand-monde, mais elle trouvait cela d'autant plus flagrant, à la vérité. Pour Julian, avoir confiance en soi, c'était sa nature. Elle était convaincue du fait qu'il n'avait jamais douté, ne serait-ce qu'une seule fois, de son talent et de ses compétences.

Par conséquent, quand il se retrouvait face à elle, qui doutait depuis sa plus tendre enfance (en partie parce qu'on ne pouvait pas dire que ses parents l'avaient aidée à faire autrement), il devait être difficile d'admettre qu'il puisse être un mécanisme complexe que de gagner en assurance. L'un dans l'autre, ce n'était pas si grave quoi qu'il en soit. En dépit de leurs très nombreuses divergences, ils finissaient toujours par se retrouver faute de se comprendre, et leur entente presqu'inexplicable n'était pas feinte... ça, c'était l'une des rares choses dont la jeune femme était entièrement sûre : son cousin ne perdrait pas autant de temps avec elle s'il ne s'intéressait pas sincèrement à son cas, s'il ne se faisait pas ne serait-ce qu'un minimum de soucis pour elle.

Alors oui, même si elle avait envie d'avoir confiance en elle, ce ne pouvait pas être un moteur suffisant à ses yeux : parce qu'il y avait tout le reste. Le monde extérieur, qui l'angoissait et la bouffait, et elle considérait qu'elle s'améliorait de jour en jour. Elle y arriverait, elle finissait par le croire, mais chez elle, le progrès ne pourrait pas être certain et immédiat. Elle avait besoin de procéder par étapes, plus ou moins fondatrices, plus ou moins lentes. Elle avait déjà franchi plusieurs paliers, plus ou moins importants, ces dernières années, ces derniers mois. Elle se doutait que ce n'était pas assez, mais elle ne renonçait pas à surprendre son cousin un jour. Et s'il devait être l'une de ses motivations, où était le mal, après tout ?

-Alors bientôt, nous en aurons pour quatre, répondit-elle avec un soupçon d'assurance qui prouvait tout de même bien qu'elle progressait, quand Julian lui fit remarquer qu'il avait suffisamment de confiance pour eux deux. C'était une certitude, mais même si elle le faisait beaucoup, Persy aimerait un jour ne plus avoir besoin de se reposer sur son cousin. Cela prendrait le temps qu'il faudrait, mais elle finissait par se dire que c'était possible, au passage. Si ce n'était pas de la triche, on créerait une potion ou un sortilège pour ça, ça irait plus vite. Quoi qu'il me semble qu'il existe un sort comme celui-là, mais je crois que son effet s'estompe assez vite...

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erséphone eut la confirmation de ce qu'elle pensait en effet : les potions qui avaient pour effet de booster la confiance en soi avaient toujours un effet très limité, et il ne lui servirait à rien de se laisser pousser un orgueil pendant une petite heure pour voir toute son estime de soi retomber à plat soixante minutes plus tard. Se connaissant, ce genre de procédé serait même capable de la mettre plus bas que terre. Si vraiment elle avait besoin d'en passer par ce genre de stratagème, c'était qu'elle était absolument incapable de s'en sortir par ses propres moyens. La pilule aurait franchement du mal à passer si ça devait être le cas. Alors non, clairement, elle passait son tour, et sans la moindre hésitation. De toute manière, si Julian ne lui avait pas suggéré quoi que ce soit de tel, elle devinait sans mal que ce n'était absolument pas une solution qu'il avait envie de lui suggérer et qu'il avait suffisamment confiance en elle pour ne pas en arriver là.

Car oui, ça, elle le sentait, c'était un fait : il avait confiance en elle. Elle partait de loin, de très loin, même, et elle ne doutait en rien du fait qu'elle devait l'exaspérer à plus d'un titre en certaines occasions, mais malgré tout, il était toujours là, à ses côtés, et il n'avait de cesse que de la pousser dans ses retranchement. Rien ne l'obligeait à le faire, il devait clairement avoir d'autres chats à fouetter, mais il répondait malgré tout présent quand il était question de l'aider et de la soutenir. Pour elle, c'était précieux, et c'était typiquement le genre d'attitude qui pouvait la pousser à se dépasser comme il se doit.

-Je ne suis pas sûr de vouloir perdre mon temps à gérer l'ego des personnes dont on aurait boosté la confiance, répondit Perséphone dans un fin sourire quand Julian suggéra que c'était bien le genre de potions qu'ils pourraient préparer tout de même, mais dans le but seulement de la vendre au plus offrant.

Même si Perséphone était soucieuse de gonfler son estime d'elle-même, elle n'estimait pas que ce devait obligatoirement se faire au mépris de sa morale, et même si elle ne préférait pas aborder les choses sous cet angle, le fait est qu'elle serait bien incapable de se lancer dans la vente de quelque drogue que ce soit, même pour se remplir les poches. Oui, ça lui ferait du bien, parce que niveau finances, elle était clairement à sec, et ça ne risquait pas de s'arranger dans l'avenir, mais non, c'était évidemment impossible, catégoriquement. non.

-Et oui, je vaux mieux que ça quand même, ajouta-t-elle avec un fin sourire.

Et même si ces mots étaient formulés avec humour, le simple fait qu'elle les prononce en disait long sur ce qu'était devenu son état d'esprit à l'heure actuelle.

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erséphone esquissa un fin sourire. Quand elle entendait Julian s'exprimer comme il le faisait, elle se disait que finalement, il y avait déjà ici deux égos compliqués à gérer, et que s'occuper de ces derniers était déjà entièrement suffisant. En tout cas, elle ne pensait pas complètement comme son cousin. Elle avait envie de croire que leur valeur ne dépendait pas que de la magie qu'il y avait en eux, c'est vrai, en revanche, elle était loin d'avoir l'ambition de Julian. Être au "sommet", comme il le disait, ne l'intéressait pas. D'ailleurs, qu'est-ce qeu aç voulait dire, exactement, être au sommet ? Et au sommet de quoi, exactement ? Va savoir.

En ce qui la concernait, elle avait juste envie d'être une version d'elle-même dont elle n'ait aucun besoin d'avoir honte ou dont elle puisse être un minimum fier. Elle ne considérait pas qu'avoir une bonne estime d'elle-même dépendait du fait d'écraser les autres au passage, mais elle ne se voyait pas avoir ce genre de débat avec Julian, ici et maintenant. Cela n'aurait par ailleurs qu'un moindre intérêt. Dans tous les cas, ça lui faisait du bien d'entendre Julian l'encourager comme il le faisait, et elle n'avait pas spécialement envie qu'il arrête de le faire.

-Je vais avoir besoin de moyens pour vivre, oui, répondit Perséphone.

Parce que c'était la vérité. Tout le monde avait besoin de moyens pour vivre, et elle d'autant plus qu'elle ne devrait pas gérer qu'elle-même. Elle avait longtemps dépendu des autres de ce point de vue (encore que longtemps était un grand mot, elle restait une adolescente, quelque part, donc au fond, c'était plutôt logique) : de ses parents, d'Edward, de Julian... Elle devait et voulait se débrouiller par ses propres moyens. En ce sens, ce n'était sans doute pas une mauvaise idée, en effet, de disposer de ses compétences, mais elle avait le sentiment que ce serait une démarche malhonnête, et qui lui ressemblait trop peu. Elle avait forcément d'autres options, elle était convaincue qu'elle était capable de se trouver un travail honnête, et qui en vaille véritablement la peine, dont elle puisse se sentir fière, en fait. Car pour ce qui était de booster son propre égo, elle avait besoin de vivre en fonction de ses propres valeurs. Et à ce titre, il n'y avait pas mille façons de fare.

-Je garde l'idée dans un coin de ma tête, mais je m'en sortirais de cette manière ou d'une autre, je ne m'inquiète pas pour ça.

En fait si, elle s'inquiétait pour cela, mais elle voulait se montrer plus forte qu'elle ne l'était en réalité. C'était sa manière de garder le contrôle de sa propre situation, et de s'en sortir, si elle le pouvait.

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erséphone afficha un sourire quand son cousin assura qu'il aimait l'entendre parler de cette manière. De sa part, c'était vraiment quelque chose de précieux. Elle avait l'opinion de Julian en grande estime. Certes, elle savait qu'il y avait dans la vie, les actes et le tempérament du jeune homme de nombreuses zones d'ombre qu'il valait mieux ne pas se hasarder à trop détailler, mais en attendant, il restait malgré tout quelqu'un qu'elle estimait. Parce qu'il était un grand sorcier, qu'il avait de grands pouvoirs, et surtout, qu'il lui avait prouvé qu'il tenait à elle et qu'il avait envie de la soutenir. Il ne pouvait pas être malintentionné. Même quand il parlait du fait que quand on rendait service aux autres, on vous le rendait, elle pensait être une exception, elle estimait vraiment que Julian avait voulu l'aider pour son bien à elle. Peut-être que ça avait flatté son ego, c'est vrai, parce qu'il avait le sentiment de la façonner de toute pièce. Mais en même temps, il n'aurait eu aucune autre raison de l'accueillir sous son toit quand, enceinte, elle n'avait plus nulle part où aller. Elle lui devait beaucoup, et par conséquent, elle était plus qu'heureuse, réellement, de pouvoir compter sur lui, quoi qu'il en soit.

-Je préfère tout de même qu'on ne me soit pas redevable, ni être redevable envers qui que ce soit, dit-elle avec la plus grande honnêteté.

Elle était honnête dans son discours. Elle n'avait plus envie de dépendre de qui que ce soit, pas même de son cousin. Elle n'avait pas non plus envie que l'on dépende d'elle. Elle ne tenait définitivement pas à s'en sortir par ses propres moyens, et si cela devait se faire aux dépens des autres, elle aurait le sentiment de ne pas avoir vraiment réussi. Elle voulait s'en sortir, elle voulait se prouver à elle-même et prouver aux autres qu'elle était capable d'agir en adulte, même si elle n'était pas tout à fait une adulte encore... Elle voulait tout se devoir à elle-même. Pouvoir se regarder dans la glace et se dire qu'elle avait fait les bons choix, et, plus important encore, qu'elle était une bonne mère qui serait véritablement capable de garantir le meilleur des avenirs à Samuel, la prunelle de ses yeux.

-Oui, c'est sûr et certain, répondit-elle quand Julian affirma qu'il était convaincu qu'elle s'en sortirait par ses propres moyens. Et t'y seras pas pour rien.

Si elle finissait par s'en sortir par ses propres moyens, il était assez évident qu'elle le devrait à son cousin. Il avait tenu un rôle primordial pour elle ces derniers mois. Elle ne savait pas où elle en serait sans lui, et elle estimait normal de lui témoigner sa reconnaissance.

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erséphone afficha un sourire amusé quand son cousin admit qu'il y serait "peut-être bien" pour quelque chose si elle réussissait à s'en sortir par ses propres moyens et à devenir une sorcière réellement accomplie. Pour elle, sa réponse tenait de la fausse modestie, ni plus ni moins. La jeune femme refusait, il est vrai, de reconnaître les travers les plus problématiques de son cousin et d'admettre à quel point il était mauvais et dangereux, en revanche, elle n'était pas non plus naïve au point de ne pas avoir parfaitement cerné certains point de sa personnalité. En l'occurrence, elle savait pertinemment que Julian avait la plus haute estime de lui-même. Chose qu'elle ne lui reprocherait pas forcément. Il avait bien raison de se croire important et talentueux, puisqu'il l'était.

Perséphone avait globalement toujours eu tendance à se raccrocher à des personnes à l'égo terriblement surdimensionné. Cordelia, Julian, Edward... ils répondaient tous à cette caractéristique (et Owen constituait un changement à peine croyable... mais d'autant plus agréable). Elle ne dirait pas que ce genre de personnalité lui faisait du bien à tout instant, en revanche, il était certain que, tous, à leur manière, l'aidaient ou l'avaient aidée à s'affirmer. Non, elle ne pensait pas vraiment qu'un jour, elle aurait la fierté mal placée d'un Edward ou d'un Julian, en revanche, elle apprenait à se faire confiance et à croire en elle-même. Elle revenait de loin, pour elle, c'était déjà immense.

-Tu sais, t'as le droit de le dire, que tu fais tout ça parce que tu m'aimes bien, s'amusa Perséphone quand Julian affirma qu'elle devait la gratuité de service au fait qu'ils avaient du sang en commun.

C'était bien évidemment vrai, mais Perséphone était à peu près sûr que Julian n'en ferait pas autant avec ses parents, par exemple, preuve, par conséquent, qu'il y avait deux poids de mesures, ce qui lui allait très bien, au passage. Parce qu'elle aussi aimait beaucoup son cousin, et elle ne savait définitivement pas ce qu'elle serait devenue sans lui dernièrement. Il en avait fait énormément pour elle. Par certains aspects, on pouvait même dire sans exagération qu'il lui avait sauvé la vie, et ça ça valait tout l'or du monde à ses yeux.

-Je pense que je vais rentrer, il commence à se faire tard, décida-t-elle alors. Encore merci, pour tout.

Oui, il était grand temps qu'elle rentre, mais elle n'oubliait pas les conseils de son cousin et tout ce qu'il lui apportait. Cette conversation était aussi l'occasion de se dire ce genre de choses qu'ils ne se disaient clairement pas si souvent que cela, loin s'en faut. Même s'il y avait quand même des mots qu'elle ne s'attendait pas à entendre de sa part à aucun moment.

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