Le vrai rancunier est celui qui ne pardonne jamais le mal qu'il a fait. (Ambre)

C

a lui faisait vraiment, vraiment très bizarre, de vivre dans une maison où Edward n’habitait plus. Elle avait vraiment le sentiment qu’il manquait quelque chose. D’autant plus que la demeure des Baker était passée de l’agitation la plus totale, quand Jane vivait avec eux, au calme le plus plat, quand ils avaient déserté. Certes, la maison était un peu plus ordonnée, et elle n’avait plus à supporter Hardwick (enfin, ex-Hardwick, même si elle n’aimait pas ça), mais pour tout dire, même elle finissait par lui manquer quand c’était vraiment compliqué de vivre dans une demeure déserte, tout à fait déserte. Elle avait encore certains vieux réflexes, quand elle passait à côté de la chambre d’Edward, elle voulait l’interpeller, des fois, elle râlait contre lui alors qu’il n’était pas là… Bref. C’était étrange, ce silence, ce vide. Bien sûr, Preston était encore là, oui, mais il était tant et si bien investi dans son travail qu’il était présent sans vraiment l’être. Ambre savait très bien s’occuper toute seule, certes, mais ça lui manquait, vraiment beaucoup trop. C’était une nouvelle étape de franchie pour les Baker, et elle ne lui plaisait pas. Elle avait songé à tirer le meilleur parti de cette situation, en déménageant ses affaires dans la chambre d’Edward, qui était considérablement plus grande que la sienne, mais non, elle n’avait pas envie de toucher à cet espace. Quand elle n’y touchait pas, elle se disait qu’il pourrait encore revenir. Sauf que c’était mal barré… et encore plus dernièrement, malheureusement. Plus le temps passait, plus elle avait le sentiment que le fossé se creusait entre eux.

Edward lui avait promis de venir très souvent, et dans un premier temps, ça avait été le cas. Il venait très régulièrement (d’autant plus qu’il travaillait avec Preston, ce qui arrangeait les choses), et il lui donnait ainsi moins d’occasions de lui manquer, ce qui lui allait particulièrement bien au passage. Mais là… ça faisait vraiment un bon moment qu’elle ne l’avait pas vu.. Durant les premiers jours, elle s’était sentie en colère contre lui. Ça y est, maintenant qu’il roucoulait avec sa femme, il n’avait plus besoin de sa petite sœur ? Elle était blessée, et par orgueil (ah, la fierté des Baker)... eh bien, elle n’était pas allé le voir pour lui donner son point de vue. Jusqu’à ce que les jours se changent en semaine… et là, elle avait vraiment commencé à s’inquiéter. En rentrant de l’école, Ambre allait toujours chez Edward (et Jane, bon) dans l’espoir de le trouver, mais à chaque fois, elle trouvait porte close. Et pour la peine, elle se sentait terriblement angoissée. Quand on disparaissait en notre terre, c’était jamais bon signe, loin s’en faut, même. Elle avait espéré, en entendant frapper à la porte, qu’Edward se trouve de l’autre côté… mais non. Non, c’était Gwenn… la dernière personne qu’elle avait envie de voir, maintenant. En même temps, la raison de sa venue les concernait toutes les deux.

-Non, se résigna-t-elle à répondre, malgré le fait qu’elle détestait devoir parler de ça avec elle. J’ai pas revu Ed depuis des jours.

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A

mbre n'avait pas la moindre envie d'entendre ce que Gwenn déclara alors et qu'elle avait véritablement craint d'entendre, mais elle parla bel et bien, et ces mots étaient tout aussi alarmants qu'elle l'avait appréhendé. Elle n'avait pas vu Jane depuis tout aussi longtemps qu'elle-même n'avait pas vu son frère. Bref, ils avaient disparu, c'était aussi simple que cela. Elle n'avait pas envie d'y croire, encore moins de l'accepter, mais il allait falloir se confronter à la terrible réalité. Quand quelqu'un disparaissait, il était rare qu'ils reviennent. Certes, Jane avait déjà su faire exception par le passé. Mais justement, ils n'allaient quand même pas réchapper deux fois à un sort dont on n'est pas supporté réchapper la première fois, déjà... Bon, il valait mieux qu'elle se montre optimiste, il était sans doute trop tôt pour se laisser seulement dominer par des scénarios catastrophe de grande ampleur, mais ele sentait l'angoisse la gagner avec de plus en plus de force, irrépressible, irrésistible. Si elle devait perdre Edward, comme elle avait perdu ses parents avant lui, elle n'était pas sûre de s'en remettre. Et que dire de Preston. A trois, même s'ils se disputaient tout le temps, même si Edward avait déménagé, ils avaient su trouver leur équilibre, sans lui... Eh bien... non, elle refusait d'imaginer les choses sans lui. Elle allait comprendre ce qui lui était arrivé et elle allait le sortir de là (et sortir Jane de là aussi, puisque l'un n'allait malheureusement pas sans l'autre et qu'il fallait bien qu'elle fasse avec, que ça lui plaise ou non).

-Sans blague, répliqua-t-elle, acerbe malgré elle quand Gwenn déduisit qu'il avait dû leur arriver quelque chose. Oui, c'était la conclusion la plus logique, et il fallait bien que l'une des deux la formule, mais le fait que ce soit Gwenn... ça lui mettait encore plus les nerfs en pelote. Ce n'était clairement pas en sa compagnie qu'elle avait envie de gérer ce problème, si tant est qu'il soit gérable. Et donc, ajouta-t-elle. T'as une idée de ce qui a pu se passer ? Hardwick t'as dit quelque chose ?

Oui, Jane avait beau être une Baker à présent, et porter par conséquent le même nom qu'elle, Ambre était incapable ou bien très rarement et en faisant beaucoup d'efforts - qu'elle ne se sentait pas capable de fournir à l'heure actuelle - de l'appeler par son prénom. Bref, ce n'était pas la question. Peut-être que Gwenn avait su ou entendu quelque chose ? Ca en ferait une sur deux dans ce cas, parce que la jeune fille, de son côté, ne savait absolument rien. Edward n'avait rien dit, rien fait, rien sous-entendu, ou en tout cas elle n'avait rien remarqué.

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E

ntre les deux, le moins que l'on puisse dire était que le dialogue n'avait rien d'aisé. Sans surprise, au fond, car il était plus qu'évident que leurs contentieux n'allaient pas s'évaporer en un claquement de doigts. Même si cela vaudrait clairement mieux au vu de la situation, car elles ne se facilitaient clairement pas la tâche mutuellement, toutes deux soit agressives, soit sur la défensive. Quand Gwenn affirma que si Jane lui avait dit quelque chose, elle ne serait pas là, Ambre le prit très mal, même si c'était en vérité logique. Si une conversation passée avec Edward pouvait lui avoir donné l'ombre d'un indice concernant la localisation de son frère et de sa... beuh... femme, elle ne se serait pas précipitée à la porte de Gwenn pour le lui dire. Ce qui ne l'empêchait pas de considérer qu'il aurait été très mal avisé de a part de Gwenn de lui dissimuler le moindre indice si l'un d'eux pouvait les conduire à leurs proches. Mais dans tous les cas, la question ne se posait effectivement pas. Gwenn n'avait rien, pas l'ombre d'un piste ou d'un indice qui pourrait les éclairer, et donc elle devait faire face à l'angoissant constat qui voulait qu'elles soient loin, très loin de pouvoir ou savoir retrouver les personnes qui leur étaient chères, dont l'une n'avait déjà eu que trop tendance à disparaître dans tous les cas (à tous les coups, si Edward avait disparu, c'était de la faute de Jane, Ambre y mettrait sa main à couper. Cette fille était véritablement un poison pour son frère).

-OK, répondit Ambre qui prenait sur elle pour rassembler ses esprits et ne pas attaquer directement son interlocutrice. Qu'elles le veuillent ou non, elles étaient dans le même bateau. Autant l'admettre directement plutôt que de se voiler éternellement la face, ce qui au passage ne ferait pas le moindre sens. La vie d'Eward (et de Jane, bon, il fallait bien les mettre dans le même panier) méritait bien quelques efforts et autres concessions. Tu l'as cherchée où, pour l'instant ?

Elle semblait au même stade qu'elle, c'est à dire qu'elle admettait seulement maintenant que quelque chose de grave s'était passé et qu'il fallait agir en conséquence, chercher partout où ça pouvait bien être possible... L'ennui, pour Ambre, c'est que même si elle se considérait comme étant sacrément débrouillarde, elle ne savait pas si elle pourrait faire grand-chose. Elle comptait bien faire tout son possible, et surtout mettre Preston sur le coup, qui saurait mieux qu'elle quoi faire (même si son premier mot d'ordre serait sans doute de l'empêcher de sortir, elle le sentait venir). Dans tous les cas, il fallait qu'elles soient rapides et efficaces.

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B

on, au fond, la réponse de Gwenn était assez rassurante. Si elle n'avait cherché Jane (et donc Edward aussi) qu'ici, par voie de conséquence, ça voulait dire qu'il leur restait encore beaucoup d'endroits où chercher... Au fond, c'était logique, cette maison, c'était l'endroit cohérent où aller les trouver s'ils n'étaient pas là. Mais donc, ils étaient absents, ils n'étaient nulle part, et la question se posait plus que jamais, à présent. Où étaient-ils passés ? La dernière fois que Jane avait disparu (si elle pouvait rester en place, celle-là), ça avait été pour finir entre les mains des Hellsing. Alors ce n'était vraiment pas pour la rassurer. Enfin, il ne fallait pas partir défaitistes, pas toute de suite, elles avaient encore beaucoup de pistes à explorer. Elles, oui, parce que Ambre voyait bien que c'était une chose qu'il allait lui falloir faire de concert avec son interlocutrice. Oh, elle ne l'aimait toujours pas, et si ça n'avait été que pour sauver Jane, elle l'aurait envoyé paître sans scrupules, mais il était question de son frère. Déjà qu'elle se plaignait de ne plus le voir assez depuis qu'il avait déménagé, elle ne supporterait pas de ne plus le voir du tout. Et puis, elle se doutait que c'étaient le genre de concessions, le genre d'efforts que lui n'hésiterait pas à faire si la situation était inversée, si la jeune femme était aux prises avec va savoir quel entité déterminée à la faire disparaître... Ce qui avait failli être le cas, une fois, d'ailleurs. Grâce à la personne qui se trouvait face à elle, justement. Enfin, ce n'était pas le moment de réveiller de vieilles rancoeurs. Elles pourraient toujours y revenir plus tard, quand elles seraient sures que son frère et sa meilleure amie étaient en bonne santé et en sécurité. Surtout que oui, Gwenn avait effectivement raison, entièrement raison, même, ils pouvaient être n'importe où. Ce qui n'arrangeait de toute évidence pas leurs affaires.

-Non, c'est quoi ce sorcier ?

Elle ne connaissait rien de ce sorcier des grottes ni de sa réputation, elle avait eu la chance de passer à côté, et elle se le serait bien épargnée... Mais bon, elle serait bien informée, ainsi, et ça c'était une excellente chose... Même si elle n'allait pas pour autant apprécier ce que Gwenn allait avoir à lui apprendre. Mais est-ce qu'il fallait bien s'alarmer si vite ? Est-ce qu'il ne serait pas confortable d'envisager des options un peu moins... dramatiques ? Oui, bien sûr, ce serait plus confortable, mais ce n'est pas ainsi que les choses doivent fonctionner, et il valait mieux envisager le pire pour accéder au meilleur... Il fallait juste espérer que Gwenn se trompe, à présent. Mais elle avait raison, malheureusement.

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A

mbre n'avait pas envie d'écouter son interlocutrice. Elle lui tenait encore et toujours une immense rancoeur qui n'avait pas la moindre chance de disparaître, tout au contraire, et elle préférait se méfier par dessus tout de ses conseils... Mais elle ne pouvait négliger le fait qu'elle puisse véritablement la renseigner sur ce qui était arrivé à son frère. Elle était démunie face à cette situation... et Gwenn tenait sincèrement à Jane, ça, Ambre le savait et ne pouvait pas le nier... onc son aide devait être sincère, et elle avait au moins des pistes que Ambre n'aurait pas été capable de trouver par elle-même. Alors oui, elle prenait la peine d'entendre ce qu'elle avait à dire, et ce qu'elle avait à dire était alarmant et positivement terrifiant. Il y avait un sorcier dans les grottes, un sorcier qui s'amusait à faire des expériences morbides sur des cobayes qu'il capturait ici et là... et s'il avait mis la main sur le couple Baker, alors peut-être qu'ils ne s'en sortiraient pas indemnes... Elle sentit un vent de panique envahir son être tout entier à cet pensée. Son corps fut saisi d'un gigantesque frisson et elle se sentit pâlir et trembler, poche e la crise d'angoisse. S'il devait arriver quoi que ce soit d'aussi horrible à Edward, elle ne s'en remettrait pas... et maintenant, il fallait qu'elle envisage que ce soit vraiment le cas. Gwenn avait beau dire qu'il était très possible qu'il n'en soit rien, Ambre savait être lucide quand il le fallait. Pourquoi la lycane prendrait-elle la peine de lui parler de tout cela si elle n'avait pas quelque part le sentiment que cette piste était la plus plausible à suivre ? C'est que les "chances" pour que cette option soit la bonne ne devaient pas être des moindres.

-Et qu'est-ce qu'on peut faire ? demanda-t-elle, la voix affreusement tremblante, paniquée à l'idée de ne pas retrouver son frère en un morceau.

C'était bien beau ces histoires de sorciers, mais que pouvaient-elles bien faire, elles, contre cet homme puissant que personne n'avait réussi à arrêter avant cela ? Ambre n'était qu'une gamine, au bout du compte, et elle n'avait personne vers qui se tourner. D'accord, il y avait Preston, mais elle gageait que si elle lui parlait de ces histoires de sorciers, et il ne la croirait pas... ou pas au point de faire quelque chose. En dépit de tout ce que son frère lui avait appris, il était encore beaucoup trop rationnel pour cela. Et si elle lui disait que son frère avait disparu avec sa femme, il lui dirait juste qu'ils reviendraient aussi vite qu'ils étaient partis. En bref, ce n'était pas gagné. Du tout.

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A

mbre ne savait pas trop si son interlocutrice cherchait à la rassurer ou à la faire flipper encore davantage. A l'heure actuelle, difficile de distinguer l'un de l'autre parce que cette conversation avait éveillé de telles angoisses en elle que même si Gwenn lui affirmait maintenant être sûre à cent pour cent qu'ils allaient s'en sortir, elle ne le croirait tout simplement pas (il faut dire que ce serait carrément contradictoire avec ses propos précédents et on entendait tant de sales histoires en notre terre qu'il était tout simplement impossible de passer outre. Ambre n'arrivait pas, donc, à se sentir rassurée sous prétexte qu'un groupe d'individus cherche à arrêter le Sorcier. Certes, quelque part, ce n'était peut-être pas si mal au sens où elles n'étaient pas toutes seules toutes les deux, mais en même temps, si le Sorcier sévissait encore à l'heure actuelle, c'est bien que ce groupe ne devait pas être bien efficace ou bien, tout simplement, qu'il ne faisait pas le poids. Dans un cas comme dans l'autre, rien pour la réconforter. Elle était vraiment en train d'imaginer le pire pour son frère, et c'était tout bonnement insoutenable. Elle espérait vraiment, sincèrement, que lui et sa fichue femme se contentaient de jouer aux cons et s'étaient contentés de s'isoler volontairement (elle en voudrait à mort à son frère quand même mais ça), parce que là, elle avait les nerfs en pelote, elle se sentait mal, c'était épouvantable.

-Comme si je t'avais attendue pour ça..., grommela Ambre avec tout de même une bonne dose de mauvaise foi, car s'il est vrai qu'elle l'avait cherchait où elle pensait avoir le plus de chances de le trouver, elle était loin d'avoir sillonné toute notre terre à la recherche de son frère et de son âme soeur débile. Elles n'avaient rien de mieux à faire, de toute façon, il allait falloir qu'elles commencent par là faute de mieux. Donc bon... Dans un soupir assez agacé, il faut bien le dire, elle ajouta. Je vais faire tout le tour du village et du lac, tu te charges de la forêt ?

Hors de question qu'elles fassent copine-copine non plus et Ambre préférait cherchait son frère en solitaire. Elle la supportait, là, pour cause de situation d'urgence, mais il n'allait pas trop falloir lui en demander non plus. Et elles iraient plus vite en se séparant. Ceci dit, c'est sûr, cen 'est pas sans raison qu'elle choisissait de laisser la forêt à Gwenn, si c'était pour recroiser des individus de son... espèce, autant dire que c'était totalement inenvisageable, et absolument hors de question. Elle, elle serait dans son milieu naturel, et au pire, s'il lui arrivait des crosses, Ambre ne pleurerait pas sur son sort.

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