Le sentiment de culpabilité est un aiguillon puissant. [pv Léo :33]

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éa avait cru que dès l'instant où Léo poserait sur elle le regard qu'elle posait sur lui depuis bien longtemps, rien ne saurait plus jamais la rendre malheureuse. Force lui était de constater que ce n'était pas le cas. Oh, elle savourait la moindre seconde qu'elle passait avec son petit ami, et entendre ce dernier lui affirmer qu'il l'aimait, savoir qu'il le pensait, c'était un cadeau incroyable... mais force lui était de constater qu'elle n'était pas complètement heureuse. Parce que ses parents étaient morts, parce qu'elle craignait pour la vie de ses proches, parce qu'en dépit de l'amour profond qu'elle et Léo se portaient, il restait entre eux des désaccords qui n'avaient rien d'anodins et qui ne sauraient sans doute pas totalement s'oublier sur le long terme. Notamment son implication auprès du groupe qui cherchait à arrêter Dean Appers... Déa aimerait bien faire abstraction, mais ça n'avait rien de simple... C'était d'autant moins simple, d'ailleurs, depuis que son rédacteur en chef lui avait demandé de rédiger un article sur la disparition du couple Baker, peu de temps après leur mariage. Le destin avait vraiment le don de vous la mettre à l'envers constamment. Bien sûr, pour son rédacteur en chef, ce n'était rien. C'était triste à dire, mais c'était la routine, chez eux. Les disparitions étaient quelque chose de fréquent, et en conséquence, elles n'étaient jamais qu'évoquées et on attendait d'elle la rédaction de quelques lignes seulement, pas d'un article de fond. Malgré tout, il est évident qu'elle se serait bien épargné l'exercice, car il n'avait vraiment rien de simple pour elle.

Les Baker avaient disparu, et Déa ne craignait que trop de comprendre pourquoi. Elle gardait en mémoire la difficile conversation qu'elle et son petit ami avaient partagée concernant le marché qu'il avait passé avec Dean Appers. Déa avait espéré que Léo ne se serait pas engagé sur cette voie, de toute évidence, elle avait eu tort. Elle n'arrivait pas à le blâmer, pas alors qu'il avait peut-être sauvé sa propre vie, ce faisant, mais c'était difficile à admettre pour elle. Elle savait qu'il fallait qu'ils en parlent, mais elle n'avait pas encore eu le courage d'aborder le sujet avec lui. A la place elle avait choisi une méthode un peu plus... lâche. Elle avait laissé un mot dans le salon à Léo pour lui apprendre qu'elle allait se baigner (ce qui était dans ses habitudes et lui faisait beaucoup de bien également), et sur cette même table, en évidence, l'ébauche de l'article qu'elle devait écrire. Elle lui laissait le choix d'en parler. S'il devait ne rien dire, elle n'insisterait pas, mais elle espérait bien qu'il se livrerait à elle. En attendant, elle s'apprêtait à plonger dans le lac (encore très froid en ce début de printemps), sans avoir remarqué la silhouette qui s'avançait derrière elle.

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éa partait toujours du même endroit chaque fois qu'elle décidait d'aller se baigner. Un endroit isolé, protéger par des arbres, qui lui permettait de plonger dans l'eau et de se transformer sans attirer l'attention. Malgré tout, par précaution, elle n'oubliait pas de porter un maillot de bain, malgré tout... juste au cas où, même si ce dernier ne lui était plus vraiment utile une fois dans l'eau... Et visiblement, elle avait bien fait, puisqu'elle fut rapidement rejointe. Bon, en soi, ça ne la dérangeait pas que Léo la voit nue (autant dire que ce ne serait pas la première fois, bien loin de là), mais il y avait des circonstances et des occasions pour cela... et celle-ci n'en aurait pas été une. Bref... la sirène allait donc reporter sa plongée (même si elle se les caillait un peu, pour la peine). Elle interrompit son geste, enroula une serviette autour de sa taille, et se tourna vers le jeune homme, un sourire aux lèvres. Elle était heureuse que Léo soit venu la trouver, qu'il ait choisi de ne pas fuir la conversation. Pour elle, c'était la preuve qu'il tenait à se confier à elle, et elle comptait bien lui en donner l'opportunité, sans jugements, juste être présente pour lui, un point c'est tout. La jeune femme se rapprocha donc de lui, enroula ses bras autour de son cou et déposa ses lèvres sur les siennes. C'était une manière de lui faire comprendre que même si elle savait ce qu'il avait fait, elle ne comptait pas lui faire de reproches. Elle avait juste envie de parler avec lui, et il semblait que la réciproque soient entièrement vrai.

-Hey, dit-elle dans un fin sourire avant de venir déposer ses lèvres sur les siennes avec tendresse. Elle espérait qu'elle ne lui en voudrait pas pour son entrée en matière un peu brusque, pour son procédé pas forcément très malin (elle pourrait comprendre qu'il lui reproche d'avoir laissé traîner son papier plutôt que de lui parler directement, mais en même temps, elle avait voulu lui laisser la possibilité de se dérober s'il le décidait). Elle voulait seulement être présente pour lui, et sans doute qu'elle était un peu maladroite. Mais s'il était là, c'était peut-être qu'il ne lui en voulait pas, pas vrai ? Tu viens te baigner avec moi ? proposa-t-elle, tout sourire.

Bon, ils avaient à parler, pas forcément à faire trempette (même si les deux n'avaient rien d'incompatible, ceci dit), mais elle ne voulait toujours pas être celle qui amorcerait directement la conversation. Elle préférait largement qu'il s'en charge. Ne serait-ce que parce qu'il saurait mieux qu'elle sur quoi il se sentait capable de se confier, ce qu'il n'était pas encore prêt à lui dire... Il savait ce qu'elle pensait de la situation, elle considérait que c'était à lui de parler de ce qu'il ressentait.

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éa se doutait que Léo refuserait sa proposition, pas parce qu'il avait une relation au lac un peu particulière (elle espérait l'en avoir guéri, tout du moins, mais elle se trompait peut-être), mais parce qu'il était là pour parler avec elle, et que l'eau n'était pas forcément le milieu le plus propice à cela. Ce ne serait pas pour déranger la jeune femme, en soi, vraiment pas, même, mais elle comprenait qu'ils seraient mieux sur la terre ferme, les pieds bien ancrés au sol, pour discuter de tout cela. En plus, quand on n'était pas aussi habitué qu'elle, l'eau était quand même sacrément froide... Bref, à la place, donc, Léo retira sa veste pour la déposer sur ses épaules. Déa esquissa un fin sourire en réponse et en guise de remerciement. Ce n'était pas de refus, effectivement, même si c'est Léo qui risquait d'avoir peur pour la peine. Enfin, dans tous les cas, elle appréciait le geste ne serait-ce que parce qu'il témoignait de toute la considération dont il savait faire preuve à son égard, et à ce titre, il était si parfait... En fait, il était parfait à de nombreux égards... même si ce qu'il avait fait ne faisait certainement pas de lui un homme parfait aux yeux de la société... ni forcément à ceux de Déa... Il est vrai qu'elle aurait préféré qu'il refuse le marché de Dean Appers, mais non, ce n'était pas pour autant qu'elle comptait accabler son petit ami de reproches, bien au contraire, même. Ce fut à son tour de faire "non" de la tête avant de répondre.

-Je sais pourquoi tu l'as fait, répondit-elle en passant doucement une main dans ses cheveux. Alors non, je ne t'en veux pas.

Il avait refusé de subir à nouveau un traumatisme terrible qui aurait bien pu avoir raison de lui. Grâce à son marché, qui sait, Déa avait l'opportunité de l'avoir là, sous ses yeux, alors qu'elle l'aurait peut-être perdu pour toujours. Les menaces étaient toujours présentes : Hélio, et même les sorcier, qui ne respecterait peut-être pas sa part du marché, mais en attendant, il était là. Son attitude n'était pas forcément "respectable", mais elle était humaine, et elle était convaincue que son petit ami souffrait déjà de bien assez de remords pour ne pas avoir à y ajouter encore ses reproches.

-Et toi ? demanda-t-elle doucement, le regard planté dans le sien, le ton plus sérieux que jamais. Tu t'en veux ?

Elle en était convaincue, elle le connaissait trop bien pour croire le contraire. Avec ce qu'il avait vécu, avec ce qu'il avait fait, il était impossible qu'il soit serein, et c'est pour cette raison qu'elle avait voulu lui parler. Afin de lui faire comprendre qu'elle l'aimait malgré tout, afin de recueillir ses confidences, ses craintes et ses regrets.

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éo baissa les yeux, et Déa sut aussitôt qu'elle avait effectivement vu juste : il culpabilisait bel et bien. En même temps, elle aurait été bien envisagé que le contraire puisse être vrai, à moins que Léo ne se mente à lui-même dans les plus grandes largeurs... ce qui aurait pu être possible. Au fond, elle ne savait pas si elle devait être heureuse ou non. Quelque part oui, bien sûr, car elle aurait eu le sentiment de ne vraiment pas connaître l'homme dont elle était tombée amoureuse si ce dernier devait lui apprendre être capable de si peu de scrupules, et en même temps... eh bien, elle n'avait évidemment jamais voulu qu'il soit malheureux, et ces remords qui le rongeaient plus qu'il n'était encore capable de le reconnaître, sans doute, n'arrangeaient absolument rien... Elle espérait être capable de le soulager de sa peine, mais en même temps, elle considérait que les solutions miraculeuses n'existaient pas, c'était bien le problème. Mais pouvoir parler de ses doutes, de ses appréhensions, de ses remords, c'était d'ores et déjà une étape, et elle lui en accordait l'opportunité... Qu'il choisit apparemment de saisir puisqu'il lui en dit davantage.

Il lui apprit le fait que Perséphone était venu le voir parce qu'elle s'inquiétait du sort des myrihandes. De la part de la jeune sorcière, elle n'était vraiment pas surprise, elle était la pureté incarnée, de ce que Déa savait d'elle, elle serait bien incapable de pardonner n'importe quelle atrocité par foi en la nature humaine. Elle avait eu peur de perdre un homme qu'elle avait aimé (et aimait peut-être toujours), le père de son enfant, qui plus est. C'était aussi simple que cela, et il était normal qu'elle soit venu trouver Léo, étant donné ce qu'ils avaient de commun à ce sujet. Elle avait sans doute espéré que Léo se range de son côté. Mais à la place, il avait dû mentir, il avait dû cacher à celle qu'il considérait comme une soeur qu'il était à l'origine des maux qu'elle ressentait. C'est sûr, ça avait dû être une réelle épreuve. Non des moindres. Il aurait voulu être soulagé, se dire que sa vie était préservée, et était-ce si grave si c'était au mépris d'individus si cruels que leur seule existence l'avait poussé au suicide ? Ce n'était pas le cas. Déa, avant de répondre quoi que ce soit, se contenta de serrer Léo dans ses bras, aussi fort que possible, afin de bien lui faire comprendre qu'il pouvait se reposer sur elle quoi qu'il puisse advenir. Elle ne lui assénerait pas un "Je te l'avais dit" ô combien malvenu, elle était juste malheureuse de le savoir malheureuse, et d'avoir si peu de solutions à sa disposition.

-Est-ce qu'il y a quelque chose qui pourrait... te soulager ?

Il savait sans doute mieux qu'elle ce qui était susceptible d'apaiser sa culpabilité, mais il n'existait sans doute aucun remède à cela.

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éa se permit d'afficher une esquisse de sourire quand son petit ami affirma que ce qu'elle pourrait faire pour lui, ce serait remonter le temps afin qu'il écoute ses (précieux) conseils. La situation ne prêtait clairement pas à rire, des vies humaines (même si elles ne valaient pas grand-chose aux yeux de Déa) étaient en jeu, et la culpabilité pourrait bien avoir raison de la raison et de la bonne humeur de Léo, mais ça faisait quand même du bien de dédramatiser un peu, surtout que concrètement, pour le moment, et la réponse du jeune homme le confirmait malheureusement, ils ne pouvaient pas y faire grand-chose. Au mieux, ils parviendraient à dépasser cette situation, au pire elle les hanterait, mais dans tous les cas, même dans un monde où la magie faisait loi, elle ne connaissait personne qui dispose de la capacité de remonter le temps. Ce qui était fait était fait, gravé dans la roche, et soit on attendait l'érosion lente de la pierre pour effacer le passé douloureux, soit on brisait la pierre, on conjurait la situation, on regardait vers l'avenir... et Déa était heureuse de constater que c'était vers cette seconde option que l'homme qu'elle aimait avait l'air de vouloir se tourner. Elle ne s'attendait pas aux propos qu'il prononça alors, mais elle se sentit soulagée de l'entendre les prononcer enfin. Elle hocha vivement la tête. Oui, c'était ce qu'elle croyait aussi, et il le savait, ce n'était pas pour rien qu'elle avait rejoint un groupe qui s'était donné pour ambition de renverser Dean Appers de son piédestal, afin qu'il ne nuise plus jamais à quiconque... C'était une démarche dans laquelle elle s'était engagée à cent pour cent, en partie pour protéger Léo, ce que ce dernier n'avait pas forcément voulu comprendre, et elle appréciait qu'il sache à présent où elle voulait en venir, pourquoi elle considérait que c'était si important, pour quelle raison elle ne comptait pas faire autre chose.

-Il faut l'arrêter, confirma-t-elle alors, qui elle ne voulait pas se contenter de croire, évidemment, mais avait la ferme intention d'agir, ce que son petit ami acceptait finalement... Elle était rassurée, elle s'en voulait de mener ce combat tout en sachant qu'il le lui reprochait. Certes, elle était maîtresse de ses choix, et elle les assumait, ce n'est pas pour autant que c'était toujours simple malgré tout. Qui sait, on y arrivera peut-être à temps pour les sauver ?

Elle, elle n'avait pas forcément envie de sauver les myrihandes du feu, en réalité, mais ce n'était pas une question de considérations personnelles. Elle se disait surtout que si les deux ne devaient vraiment jamais revenir, Léo ne parviendrait plus jamais à se regarder en classe, et pourtant, quoi qu'il ait fait, il restait quelqu'un de bien, elle ne voulait pas qu'il l'oublie.

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eut-être oui, mais peut-être pas. Déa essayait de rassurer Léo en affirmant qu'avec un peu de chance, ils parviendraient à tirer les myrihandes du feu des griffes du sorcier avant qu'il ne soit trop tard... Mais elle était loin d'en être sûre. Les cobayes de Dean Appers faisaient rarement long feu, tout au contraire, même... Il était possible que Jane et Edward Baker soient déjà morts... Déa osait penser qu'en soi, ce ne serait pas une si grande perte. Sans être cruelle, elle n'irait pas pleurer sur leur tombe non plus, mais les conséquences en seraient si graves pour Léo qu'elle ne pouvait vraiment pas souhaiter une chose pareille, vraiment pas... Mais bon, ça ne dépendrait pas d'eux. Eux, tout ce qu'ils pouvaient faire, c'était empêcher au mal de se répandre. Que Léo comprenne l'importance et l'intérêt de sa cause, c'était déjà un grand pas, malheureusement, ça ne pouvait pas apaiser toutes ses angoisses. D'autant que le jeune homme n'avait pas tort, s'ils arrivaient suffisamment tôt pour sauver les myrihandes du feu, ces derniers lui feraient sans doute payer chèrement ce qu'il avait fait. Qu'il ait subi une menace terrible, qu'il ait voulu se protéger, ça, ils ne seraient pas capable de l'entendre. Mais Déa n'avait pas peur du couple de myrihandes du feu, de toutes les menaces qui pourraient bien lui tomber dessus, celle-ci était moindre à ses yeux.

-Qu'ils essayent seulement, répondit-elle dans un fin sourire. La situation n'était pas franchement amusante, mais au stade où ils en étaient, la jeune préférait essayer du mieux possible d'apaiser son petit ami, de le rassurer. Dans tous les cas, elle voulait qu'il comprenne qu'elle était présente pour lui, qu'elle serait toujours là pour l'aider, le chérir, le protéger... Il était son tout, sa raison d'être, et le sentir si mal lui faisait du mal à elle aussi. Je laisserai jamais rien t'arriver.

C'était une promesse, c'était quelque chose de vrai et de sincère. Bien sûr, elle ne pouvait pas être sûre qu'elle serait capable de bel et bien tenir cette promesse car les dangers étaient toujours bien présents, et si nombreux qu'il était difficile de savoir s'ils se sortiraient de toutes les épreuves. Mais elle avait la ferme intention de tout faire pour l'aider, le sauver et le soutenir... Elle l'aimait, elle avait trop souvent cru le perdre.. il était hors de question que ses angoisses se concrétisent, elle était prête à tout pour lui, à absolument tout. Elle pensait le lui avoir bien suffisamment prouvé pour qu'elle le sache mais elle n'hésiterait jamais à le lui rappeler si cela pouvait le remettre d'aplomb, l'aidait à se sentir mieux. Il n'y avait rien qu'elle ne serait pas capable de faire pour lui.

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éa esquissa un fin sourire. Elle pourrait bien répliquer à Léo qu'il était parfaitement capable de se débrouiller sans elle. Et c'était sans doute le cas, mais le fait est qu'elle aimait penser qu'il avait besoin d'elle, à plus forte raison que elle, de son côté, avait terriblement besoin de lui. Ce n'était pas pour rien qu'elle se battait à ce point pour lui, qu'elle n'avait de cesse que de le protéger, parce qu'elle ne pouvait pas se résoudre à le perdre, à ne plus l'avoir dans sa vie, tout simplement. Et quand il s'emparait de ses lèvres comme il venait de le faire, elle était plus que jamais certaine de la nécessité de prendre soin de son petit ami. Ils avaient de nouveaux obstacles à affronter, il allait peut-être falloir qu'ils se fassent à l'idée qu'il y en aurait toujours... mais ils feraient front, courageusement, parce qu'ils étaient ensemble, et parce qu'ils n'avaient pas leur pareil pour se tirer vers le haut tous les deux. Le monde entier semblait vouloir leur mettre des bâtons dans les roues, c'est certain, mais ils feraient front main dans la main, et ils s'en sortiraient. Déa se sentait soulagée, en tout cas, d'avoir su faire naitre chez lui une motivation nouvelle, une envie de lutter du mieux possible contre les démons dont la présence obstruait leur horizon. Elle fut tentée de lui répondre qu'il n'avait rien besoin de faire, qu'elle s'en occupait, et qu'il fallait qu'il reste en dehors de cela, mais elle ne devinait que trop bien où cela les mènerait au bout du compte. Elle savait qu'il insisterait, qu'il ne voudrait jamais la laisser prendre tous les risques pendant qu'il resterait les bras croisés... Et elle était d'autant mieux placée pour le savoir, d'autant plus que si la situation était inversée, il en serait de même pour elle.

-Eh bien... Je ne sais pas trop, admit-elle, qui n'avait pas toutes les clés en main pour le guider dans la voie qu'il acceptait d'emprunter avec elle. Ils n'étaient pas les seuls dans ce panier-là, et elle n'était pas la grande décisionnaire de l'affaire. Il faut que je te présente les autres et qu'on voit ça tous ensemble, affirma-t-elle alors. Et elle organiserait ça au plus vite. Elle avait déjà parlé de Léo à Owen, il serait sûrement ravi de le voir se joindre à eux. De toute manière, plus nombreux ils étaient, mieux ce serait ils auraient plus de chances de vaincre l'ennemi rapidement et définitivement. Et c'était ce qu'ils souhaitaient, l'un comme l'autre. Je t'avoue que ça me fait un peu peur de te laisser l'affronter..., admit-elle quand même.

Pas pour lui dire qu'elle l'en empêchait, juste pour lui dire qu'elle espérait qu'il serait prudent.

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Déa afficha un sourire quand Léo lui fit remarquer qu’il était de bonne guerre qu’elle s’inquiète pour lui puisque lui-même s’inquiétait pour elle. En soi, la situation n’avait pas grand-chose d’amusante, car c’était un fait qu’ils risquaient peut-être leurs vies en décidant de s’en prendre aux sorciers. Ils pourraient prendre les choses à la légère, mais ils étaient bien placés (Léo surtout) pour savoir de quoi le sorcier était capable et ne pas s’en amuser une seule seconde, et ils avaient frôlé de trop près la mort déjà (sans compter leurs proches qui n’y avaient pas échappé) pour pouvoir réellement la considérer avec dédain et considérer qu’elle ne les toucherait jamais. Pour autant, se battre était la seule chose à faire, même si c’était angoissant et qu’ils tenaient trop à l’autre pour ne pas craindre que quelque chose leur arrive. Ceci dit, même quand ils ne faisaient rien, quand ils ne demandaient concrètement rien à personne, le destin venait s’en mêler et semblait les vouer au pire des destins. Pour une fois, si quelque chose d’à ce point terrible devait leur arriver, ils auraient au moins été en partie maîtres de leurs destins. Et dans tous les cas, même s’ils prenaient des risques, ils les prenaient à deux, et ça, c’était important, ça n’avait pas de prix. La jeune femme préférerait que le jeune homme ne prenne aucun risque, mais au fond, elle était aussi contente de lui trouver cette détermination nouvelle et se ranger de son côté, et elle savait qu’elle serait dans tous les cas plus forte s’ils étaient ensemble. Léo le résuma très bien, d’ailleurs : ils allaient veiller l’un sur l’autre, et parce qu’ils allaient veiller l’un sur l’autre, tout devrait bien aller. Après tout, s’ils s’étaient tirés de tous les malheurs qui les avaient accablés jusqu’ici, c’était bien, justement, parce qu’ils étaient ensemble, parce qu’ils avaient pu compter l’un sur l’autre. Ce serait naïf et utopique que d’affirmer que leur amour parviendrait à tout transcender, mais c’était une vérité que de reconnaître qu’ils étaient plus forts à deux. Elle hocha donc la tête, sincère, volontaire.

-C’est même sûr, affirma-t-elle alors, déterminée à se montrer optimiste. En même temps, s’ils se lançaient dans ce « combat » sans un minimum d’optimisme, il était assez évident qu’ils n’iraient nulle part. Il fallait qu’ils se soutiennent. C’était important, primordial, même. Et j’arrêterai jamais de veiller sur toi, ajouta-t-elle en venant caresser doucement son visage du bout des doigts. Et elle était convaincue que l’inverse était tout aussi vrai par ailleurs. Ils se l’étaient suffisamment prouvé par le passé pour pouvoir croire en cette pure affirmation. C’est pas que j’en ai envie, hein, ajouta-t-elle d’un ton amusé pour détendre une atmosphère devenue sacrément sérieuse. Certes, la situation méritait bel et bien qu’ils se montrent à ce point sérieux, mais quand même. Mais c’est plus fort que moi, j’arrive pas à m’en empêcher.

Ce qui en soi était vrai, elle devait veiller sur son petit ami, elle n’arrivait pas à faire autrement. Mais en même temps, il serait stupide de lutter contre un tel instinct.

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éa n'avait pas besoin d'entendre Léo lui dire qu'il ne saurait jamais s'empêcher de veiller sur elle, parce qu'elle savait que c'était le cas, et c'était d'ailleurs l'une des choses les plus agréables de leur relation : en dépit de leurs débuts chaotiques, elle n'était faite que de certitude. Ils savaient, aussi bien l'un que l'autre, qu'ils pouvaient compter inconditionnellement l'un sur l'autre, et l'air de rien, ce n'était pas rien du tout. Elle se sentait pleinement en confiance avec lui, elle savait qu'en dépit de toutes les épreuves qu'ils auraient à affronter, ils seraient là pour s'aimer et se protéger, et ça, c'était fort, c'était immense, même. Combien de chanceux pouvaient prétendre à la même chose ? Si peu, sans doute... Et eux, ils étaient là... Les obstacles s'accumulaient, mais ils les dépassaient tous : parce qu'ils s'aimaient, parce qu'ils se tiraient vers le haut, et quand Léo posait ses lèvres sur les siennes, Déa avait tout bonnement le sentiment de revivre. Il était sa respiration, son oxygène, son... Son tout, en réalité. Il était tout ce qu'elle pourrait vivre de beau et d'intense. Elle était son aventure, sa plus belle aventure... et il leur en fallait si peu pour se comprendre, au bout du compte... Elle espérait qu'ils s'aimeraient toujours autant, que leur amour ne faiblirait pas... Mais elle y croyait, elle y croyait vraiment... Et rien ne lui ferait cesser d'y croire.

-J'adorerais pouvoir te montrer comment c'est, là en bas, répondit la jeune femme dans un sourire.

C'est vrai qu'elle regrettait que le jeune homme ne puisse pas connaître cette sensation, celle de ne faire qu'un avec son élément, de s'immerger dans les profondeurs du lac, d'y gagner un second souffle. C'était une chose qu'il était sans doute impossible de comprendre quand on était pas soi-même une sirène. Des fois, elle aimerait pouvoir lui prêter sa queue de poisson, juste pour qu'elle puisse voir ce que ça faisait. Eux deux, dans les profondeurs de l'eau, à ne plus devoir se soucier du monde extérieur : cette pensée vendait du rêve, évidemment, mais c'était impossible. A deux sur la terre ferme, ils n'étaient pas si mal malgré tout, finalement.

-Quelle idée d'être un simple humain, je te jure, ajouta-t-elle avec amusement.

Si les sirènes pouvaient transformer les humains à l'instar des loups-garous et des vampires, la jeune femme n'aurait peut-être pas hésité à le faire... Ceci dit, elle l'aimait, son humain de petit ami, et au fond, si elle ne pouvait qu'être humaine mais avec lui, ses talents de sirène ne lui manqueraient absolument pas. Au contraire, elle n'aurait pas besoin de se réfugier en express à chaque goutte de pluie.

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éa afficha une moue déçue, volontairement exagérée, qui ne pourrait absolument pas convaincre Léo de sa sincérité, quand le jeune homme affirma qu'elle allait devoir se contenter du simple humain qu'elle était. Evidemment, ça n'avait rien d'une épreuve pour elle, loin de là. Se "contenter" de qui il était, ce n'était pas se contenter, c'était toucher du doigt le bonheur, non, pas seulement l'effleurer, l'étreindre et ne plus jamais le lâcher. Léo était tout ce qu'elle aimait, tout ce qu'elle avait si longtemps désirer, tout ce qu'elle pouvait espérer. Elle savait qu'il était l'homme de sa vie, et l'avoir à elle, ce n'était pas se contenter de rien, c'était la chance d'avoir tout.

Alors oui, humain ou sirène, ou même n'importe quoi d'autre, cela ne changeait rien, il était celui pour qui battait son coeur. Et tous les jours, elle saluait sa chance d'avoir finalement su l'avoir à ses côtés. Il était parfait. Oui, il commettait ses erreurs (et certaines n'étaient pas anodines, pour le coup), mais il restait l'homme le plus incroyable qu'elle ait jamais rencontré, et elle pensait qu'une seule vie ne suffirait pas à lui exprimer à quel point elle pouvait l'aimer. Plus que tout. A la folie. Elle afficha un sourire en coin quand il compléta son propos, toujours avec cette légerté qui ne convenait peut-être pas aux circonstances, mais dont ils avaient très clairement le plus grand besoin, aussi bien l'un que l'autre. Ce qui devait être dit l'avait été, et Déa n'avait aucune intention d'accabler son petit ami, surtout qu'elle se doutait qu'il le faisait très bien tout seul dans son coin.

-Moi je les trouve particulièrement utiles, tes jambes, dit-elle en le regardant droit dans les yeux. Je trouve même que tu sais très bien les utiliser, précisa-t-elle avant de venir déposer ses lèvres sur les siennes.

Elle ne pensait pas avoir besoin de se montrer plus explicite, le sens de ses mots était plutôt évident. En même temps, si on voulait réellement objectif quant à la situation, il était clairement plus utile d'avoir des jambes, et les sirènes pouvaient d'ailleurs s'estimer chanceuses d'être capables de retrouver "figure humaine" une fois sèches et sorties de l'eau, parce que pour un milliard de moments du quotidien, devoir se contenter de ses nageoires serait au-delà d'handicapant. certes, elle adorait sa condition, elle n'allait pas mentir à ce sujet (même si elle n'avait pas utilisé son pouvoir de séduction depuis si longtemps qu'elle ne savait même pas s'il était toujours fonctionnel - en même temps, elle s'en fichait, elle estimait qu'elle n'en aurait plus jamais besoin, et ça lui convenait tout à fait), mais si vraiment, on lui demandait de faire un choix définitif entre jambes et nageoires, les jambes l'emporteraient haut la main, et sans l'ombre d'un regret.

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éa afficha un sourire qui en disait long quans Léo la complimenta au sujet de ses jambes, les mains posées sur ses hanches, avant de l'embrasser tendrement. S'il était une chose dont Déa n'avait jamais douté (alors qu'elle était capable de remettre en question pas mal de choses sur elle-même quand il était question de sa relation avec Léo tant celle-ci avait été ponctuée d'erreurs et de non-dits), c'était de sa capacité à plaire, physiquement du moins. Bon, le fait qu'elle soit une sirène et puisse séduire les hommes (et les femmes) en un battement de cils aidait forcément, mais il ne s'agissait pas que de ça... Elle savait qu'elle était attirante, et elle avait aimé en jouer à une époque. Cela dit, quand il était question de Léo, ces compliments prenaient une teneur toute différente et la jeune femme les appréciait nettement plus. Parce que c'était lui, et qu'elle avait envie, besoin de lui plaire, elle n'avait jamais envie qu'il se lasse de ses jambes...

Comme de tout ce qui faisait d'ellle... eh bien, elle, tout simplement. Et il savait à chaque instant lui donner le sentiment d'être unique, d'être exceptionnelle et... bref, d'être faite pour lui. Elle ne pensait pas que ça changerait encore, à ce stade, d'ailleurs. Elle aurait pu rester là, à simplement se serrer dans les bras du jeune homme et à l'embrasser, mais il avait évidemment raison. Elle l'aimait, follement, passionnément, et honnêtement, là, tout de suite, elle n'avait que besoin de lui, de rester à ses côtés... d'être avec lui, en somme... Mais il avait raison, ses jambes allaient clairement geler net à ce rythme, même si elle ne ressentait pas encore vraiment le froid. En même temps, il ne faisait pas non plus une température insupportable, mais quand on était jambes nues en proie au vent, c'était quand même une tout autre affaire.

-Je vais rentrer avec toi, répondit-elle alors en joignant le geste à la parole en récupérant ses affaires afin de se changer.

S'il n'avait pas été là, elle aurait certainement décidé de poursuivre sa petite escapade tranquillement, mais là, il n'en était plus question, elle avait quoi qu'il en soit envie d'être avec lui, et dans tous les cas, elle ne se voyait certainement pas le laisser seul en cet instant. Le jeune homme avait besoin d'elle, en tout cas, c'est ce qu'elle avait envie de penser. Si elle avait le sentiment d'avoir réussi à apaiser un peu son trouble, elle se doutait que toute sa situation restait difficile à gérer pour lui, et elle voulait bien qu'il comprenne qu'elle était là, bien présente à ses côtés, et qu'elle resterait là quoi qu'il puisse advenir, sans jamais le laisser une seule seconde. Sa place était à ses côtés, un point c'est tout.

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