Coeur contre coeur le coeur bat plus vite, comme sous l’emprise de la peur. (Perséphone <3333)

P

erséphone ne possédait définitivement pas une estime d'elle-même suffisante pour considérer qu'elle était "merveilleuse", mais elle aimait malgré tout entendre ces mots, qui lui réchauffaient singulièrement le coeur. Dans les yeux d'Owen, elle avait le sentiment d'être une meilleure personne. Elle se sentait belle, forte, intelligente... et oui, sans penser l'être objectivement, elle se contentait très bien d'être merveilleuse au regard du jeune homme qui avait si bien su voler son coeur et lui redonner foi en l'amour après toutes les épreuves (et non des moindres) qu'elle avait traversées. Et c'était réciproque, elle aussi le trouvait merveilleux de son côté : il avait toutes les qualités qu'elle pouvait espéré, tout ce dont elle pouvait avoir besoin, au bout du compte. Il était tendre, intelligent, doux, attentionné... il lui donnait le sentiment d'être... parfait, oui.

Parce qu'il l'était pour elle. Alors si, même s'il était trop humble pour le dire (et ça aussi, c'était une des qualités qui la faisaient totalement craquer), il avait bel et bien raison de le suggérer. Sans savoir si elle méritait le meilleur, il incarnait bel et bien ce qu'elle pouvait espérer de meilleur, et elle l'aimait, profondément. Même ses défauts (qu'elle rechignait à nommer ainsi) devenaient des qualités à travers le prisme de son regard, comme sa maladresse, la façon qu'il avait de bafouiller, de ce corriger, elle trouvait cela adorable en diable. Impossible, tout simplement impossible d'y résister. Et à quoi bon y résister, puisqu'il était tout à elle... et qu'elle était toute à lui.

-C'est ce qu'il y a de mieux pour moi, répondit-elle alors dans un sourire amusé... quelqu'un qui ne me souhaite que le meilleur. Elle sourit doucement et approcha ses lèvres du jeune homme pour l'embrasser. Tu es la meilleure chose qui me soit jamais arrivée... Enfin. Avec Samuel, quand même, précisa-t-elle quand ses lèvres se furent détachées des siennes.

Clairement, en cet instant, elle plaçait Owen au sommet de tout, il lui était tout bonnement impossible de faire autrement. Ceci étant dit, c'était tout de même un fait, même si Samuel était la résultante d'un épisode de sa vie qu'elle voudrait pouvoir jeter aux oubliettes, jamais elle ne regretterait d'être devenue mère, même si jeune, et jamais elle ne regretterait d'avoir mis au monde un enfant aussi charmant que Samuel, qui avait été sa seule lumière avant qu'Owen ne prenne une place telle dans sa vie qu'il l'avait tout à coup enveloppée d'un bonheur auquel elle avait pourtant cru ne plus pouvoir prétendre. Owen, Samuel... Dorénavant, ils étaient toute sa vie, et puisqu'elle les avait, à présent, elle ne se voyait rien désirer de plus... ce n'était pas nécessaire. Owen voulait le meilleur pour elle, eh bien il avait réussi. Ici et maintenant, il lui donnait tout ce à quoi elle pouvait bien aspirer.

code by Mandy

I

l avait vraiment fallu que tout cela lui tombe dessus pour que Perséphone se sente ainsi capable de s'engager si tôt dans une nouvelle relation. Après sa séparation difficile avec Edward, et étant donné... son état, disons, elle n'avait pas supposé une seule seconde qu'elle retrouverait l'amour aussi vite. Ou trouverait l'amour, plutôt, parce que sa relation avec Edward, même si elle l'avait aimé, était certainement trop malsaine pour lui accorder le titre de vraie relation amoureuse. Elle était loin, vraiment loin d'avoir recherché cela. Tout ce qu'elle avait voulu, elle, c'était se prendre en main, réussir à s'autonomiser dans la mesure du possible, et être une bonne mère pour Samuel. Tant que tous ces critères n'avaient pas été remplis, elle ne voyait même pas, à vrai dire, en quoi elle pourrait être capable de réellement donner de l'amour à quelqu'un. Mais voilà, la vie l'avait prise par surprise, et maintenant, Owen en faisait partie intégrante.

Et quand elle y réfléchissait, l'évidence de leur compatibilité, de l'affection et du soutien qu'ils étaient capables de s'apporter tous les deux, aurait pu lui apparaître dans la seconde où ils s'étaient vraiment parlé pour la première fois tous les deux, en dépit de leurs divergences d'opinion. Mais il y avait Edward, alors, et elle était bêtement aveuglée. Aujourd'hui, elle voulait tout vivre pleinement, sans crainte et sans réserve : elle voulait donner la meilleure chance à son histoire avec Owen, elle voulait être une mère douce et prévenante pour Samuel. Et elle était convaincue de ce qu'elle n'aurait jamais cru il y a peu dorénavant. Elle pouvait être une bonne mère et une bonne petite amie, les deux à la fois. Et plus important encore, elle pouvait être heureuse.

Une fois encore, le fait d'être tombée sur Owen était une chance incroyable. Beaucoup d'hommes n'auraient même pas voulu entendre parler de Samulel ou auraient accepté qu'elle soit mère du moment qu'elle évitait d'en parler à tout bout de champ. Mais Perséphone ne pouvait faire autrement que de parler de son fils. Et elle avait envie de donner d'office à sa relation avec Owen un statut suffisamment sérieux pour ne pas éluder ce qu'elle avait de plus cher. Oui, elle aimait le jeune homme, mais au moment de faire un choix, s'il fallait vraiment qu'elle en fasse un... eh bien, c'était et ce serait toujours Samuel qu'elle choisirait, c'était comme ça.

-Tu as raison, ça vaut mieux, plaisanta Perséphone dans un sourire, heureuse qu'Owen sache si bien faire la part des choses. Je n'essaierai pas non plus de soutenir la comparaison avec ton combat contre le sorcier, observa-t-elle ensuite, plus par boutade qu'autre chose, même s'il était évident que tous les deux, au nom de leur relation, devaient accepter cela de l'autre.

code by Mandy

O

wen n'avait pas tort, bien sûr : il fallait savoir comparer ce qui était comparable... et en revanche, elle avait en effet citer deux choses qui ne se comparaient pas du tout. Leur relation et le combat contre le sorcier, c'était bien videmment deux choses infiniment différentes. Tout comme Owen et Samuel, somme toute. Ce qu'ils avaient en commun, c'est que Perséphone les aimait profondément, mais elle les aimait bien sûr de deux manières différentes, et l'amour qu'elle avait pour l'un n'atténuait pas celui qu'elle avait pour l'autre. Mais le tout était forcément correllé. Parce que ça faisait partie de leur vie. De leurs vies à tous les deux en fait. Non, il n'y avait pas de comparaison à faire... Et elle n'avait pas envie d'en faire. En fait, elle préférait largement se concentrer sur les mots qu'il ajouta ensuite, et qui la touchaient profondément. Ce n'était pas grand-chose.

Mais en parlant de sa vie, il avait dit "notre vie", pas "nos vies", "notre vie"... Leurs vies à tous les deux, liées. Peut-être qu'elle se trompait, peut-être qu'elle suranalysait les propos de son petit ami (quel plaisir qu'il le soit devenu), mais elle aimait ce qu'elle y découvrait de son côté : le sentiment que leurs vies étaient liées pour de bon, et que si le sorcier des grottes finirait par en disparaître avec tout son empire, leur histoire, elle, ne s'évaporerait pas, et elle ferait toujours partie de leurs vies. Elle sourit. elle n'avait pas envie de se prendre la tête avec ça, de s'attarder trop longuement sur la question. Elle avait envie de croire que le combat d'Owen prendrait fin bien vite, mais elle ne voulait rien affirmer et surtout ne rien promettre... Elle ne pouvait pas donner son opinion sur cette question particulière, mais elle pouvait au moins promettre une chose à Owen : elle ne le quitterait jamais. Jamais.

-Toute notre vie...

Elle sourit en répétant ces mots. elle n'avait pas envie de se concentrer sur le reste. Elle ne pouvait pas savoir ce qu'il en serait pour tout ce qu'ils ambitionnaient, mais elle savait que quoi qu'elle doive vivre, peu importe ce qu'il lui faudrait affronter, tout ce qu'elle désirait, et désirerait toujours, c'était avec lui. Leur relation était toute neuve, elle était bien placée pour savoir qu'on n'était jamais à l'abri de déconvenues sentimentales... peut-être qu'elle souffrirait encore, mais elle n'arrivait pas à croire que ce puisse être le cas. Owen lui faisait énormément de bien. Le plus grand bien du monde... Et elle avait envie de penser que ça ne cesserait jamais.

-J'aime bien que tu dises ça... notre vie.

Elle sourit avec douceur... Dans son regard, tout l'amour qu'elle lui portait... et c'était énormément d'amour, plus qu'elle se pensait capable d'en ressentir encore, plus qu'elle en avait jamais ressenti.

code by Mandy

P

erséphone savait bien - on le lui avait beaucoup trop répété pour qu'elle n'en ait pas conscience - qu'elle était beaucoup trop romantique et naïve pour ce monde. Elle faisait des efforts pour se blinder, pour ne pas se faire avoir, pour rester défiante quand la situation l'exigeait, mais personne ne pourrait ni ne saurait l'empêcher d'agir avec le coeur, pour toutes les décisions qu'elle choisissait de prendre dans la vie. C'était dans sa nature, elle n'y pouvait rien. Elle faisait tout éperduement, et c'était pour ça que, très souvent, elle était déçue, très souvent, la chute était brutale, parce qu'elle lisait chez les autres ce qu'elle finissait par croire être la seule à posséder. Du moins y croyait-elle jusqu'à croiser la route d'Owen et se rapprocher de lui.

Bien sûr, elle pouvait se faire avoir, comme ça n'avait pas manqué d'être le cas par le passé... Mais elle avait envie d'y croire, et elle y réusissait d'autant plus aisément qu'à chaque instant, Owen lui prouvait la pureté de ses intentions. Oui, Owen n'était pas le premier, et elle avait déjà pensé à conjuguer sa vie au pluriel avec celle de quelqu'un d'autre. Avec Edward, avant de tomber de son petit nuage et de faire une chute au-delà de vertigineuse, Perséphone avait été convaincue qu'elle vivrait toute sa vie, qu'ils évolueraient ensemble, et que rien ne les séparerait jamais. Elle restait convaincue néanmoins que là, ce n'était pas pareil. Sa jeunesse et son impérieux besoin d'y croire n'aidaient pas franchement, cela va sans dire, mais dans le ton de sa voix, dans les mots qu'il employait, dans les regards qu'il lui adressait... elle sentait qu'Owen et lui étaient exactement sur la même longueur d'onde. Ils partageaient les mêmes aspirations, les mêmes désirs, les mêmes émotions... Et quand il disait qu'il ne s'imaginait plus vivre un seul instant de sa vie sans elle, elle ne se voyait faire autrement que de le croire, et de laisser son coeur fondre à l'écoute d'une si douce déclaration. Il pourrait difficilement la rendre plusheureuse qu'en lui promettant ainsi tout ce qu'il lui garantissait. De l'aimer et de prendre soin d'elle, de ne jamais se détourner, de l'accepter pour tout ce qu'elle était.

Emue, attendrie, Perséphone ne sut exprimer autrement, dans un premier temps, le vif sentiment qu'Owen lui inspirait qu'en déposant une nouvelle fois ses lèvres sur les sienne, l'embrassant longuement et tendrement. Si c'est vrai que tout le monde, à l'instar des myrihandes, avait une âme soeur, alors Perséphone avait trouvé la sienne, et elle n'avait vraiment pas envie que qui que ce soit ou quoi que ce soit les retienne de s'aimer.

-Moi non plus, souffla-t-elle, une fois ses lèvres séparées des siennes. Même une minute, j'ai l'impression que c'est déjà beaucoup trop.

code by Mandy

P

erséphone, à l'origine, ne se serait jamais considérée comme quelqu'un d'impulsif ou du genre à aller plus vite que la musique. Bien au contraire, tout semblait plutôt l'inviter à l'extrême inverse... Après tout, ses parents l'avaient élevée dans la crainte de tout ce qui pourrait lui nuire (en brassant large), l'avaient invitée à la patience, à la prudence... pas le terreau le plus fertile pour le caractère qu'elle se découvrait aujourd'hui, mais quelque part, c'était peut-être lié tout de même. La jeune femme avait peut-être été poussée dans ses retranchements par un esprit de contradiction, le besoin de rejeter tous lesp réceptes inculqués par ses parents, ce qui justifierait notamment son comportement à l'adresse de ces derniers, avec lesquels elle avait rompu tout contact, leur préférant son cousin à la réputation plus que contestable. Sans regret.

Oui, Perséphone ne pensait pas être quelqu'un d'impulsif ou d'irraisonnable, et pourtant, elle était là... Elle avait à peine dix-huit ans qu'elle était déjà mère, séparée, et promettait à un homme qui n'était pas le père de cet enfant qu'elle passerait toute sa vie avec elle. C'était peut-être la naïveté de l'adolescente qu'elle prétendait ne pas être qui la faisait parler ainsi, ou bien juste... l'amour... mais elle n'avait aucune honte à parler comme elle parlait, à exprimer ce qu'elle avait sur le coeur sans réserve ni pudeur. Elle avait peut-être grandi plus vite que la moyenne, elle avait peut-être été poussée à agir comme elle le faisait sans même s'en rendre compte, par les vicissitudes de la vie. Elle se fichait des faits et des motivations. Elle parlait avec son coeur. La raison devrait lui rappeler qu'écouter ce dernier ne lui avait pas réellement rendu service par le passé, mais elle refusait d'entendre cette raison. En cet instant, elle se sentait bien, elle se sentait heureuse, de vraies perspectives d'avenir s'offraient à elle, et elle n'avait aucune envie de leur tourner le dos sous prétexte de prudence. Non, surtout pas.

Elle était en compagnie d'un garçon qu'elle aimait et qui l'aimait, quelqu'un de bien, elle en était sûre (elle s'était trompée sur Edward, dira-t-on, mais non, ce n'était pas le cas... elle savait pertinemment qui était Edward quand elle avait décidé de sortir avec lui, elle avait simplement cru - bêtement, naïvement - qu'elle serait capable par on ne sait quel miracle de le changer). Owen avait l'air de penser comme elle, ils s'exprimaient tous les deux d'une même voix. Alors, après tout, où était le mal.

-Du coup... tu n'as pas l'intention de repartir tout de suite, pas vrai ?

Elle aimait l'idée de rester le plus de temps possible avec lui, sans pour autant d'arrière-pensée. Elle apprécierait de passer la nuit avec lui et serait pourtant incapable de se donner à lui... l'un n'empêchait pas l'autre, pensait-elle.

code by Mandy

P

erséphone se sentait bien... elle ne se rappelait pas la dernière fois où elle s'était sentie aussi bien, en fait. Bien sûr, quand elle était avec Edward, quand elle pensait encore qu'il l'aimait, elle avait connu des moments doux et agréables. Mais ils étaient toujours ternis par ses angoisses (fondées, pour le coup), par ce petit quelque chose qui était venu à manquer. Avec Owen, il n'y avait rien de tout cela. En sa compagnie, elle se sentait bien, apaisée, sereine... et elle n'avait que des certitudes. Elle était amoureuse, et la vie était douce. Alors forcément, elle n'avait pas la moindre envie que ça s'arrête. Certainement pas. Elle avait, bien au contraire, l'envie que ça continue, encore et encore. Si elle s'écoutait, elle ne le laisserait plus jamais partir. Non, à la place, elle se serrerait dans ses bras si fort qu'il ne pourrait jamais repartir, même avec la meilleure volonté du monde. Alors elle aimait savoir qu'ils avaient tout le temps qu'ils voulaient devant eux. Et elle ferait en sorte qu'ils en aient encore davantage. Même si, forcément, ils devaient accepter de se partager, entre leur histoire et leurs histoires respectives, qui n'étaient pas une mince affaire, loin de là.

-Parce que tu en doutes ? répondit Perséphone avec un fin sourire aux lèvres quand Owen suggéra qu'il resterait, tout du moins si elle voulait encore de lui.

Mais évidemment qu'elle voulait de lui. Personne ne l'avait jamais aussi bien comprise, personne ne l'avait jamais rendue aussi heureuse. Elle était visiblement douée pour créer son propre malheur, on ne va pas se le cacher. Et elle était responsable du moins en substance d'une bonne partie de ce qui lui était arrivé. Il n'empêche malgré tout que cette fois, elle savait ce qu'elle faisait. Dans tous les cas, elle n'était plus la même. Même si elle restait naïve, les récents événements l'avaient fait grandir d'un coup. La ruptue d'avec ses parents, sa rupture avec Edward, la naissance de son fils... elle n'était plus aussi innocente et candide qu'autrefois. Et elle était convaincue du fait qu'Owen serait capable de la rendre encore meilleure qu'elle ne l'était devenue ces derniers temps. En sa compagnie, elle avait le net sentiment de valoir plus qu'elle n'avait jamais valu... et c'était plaisant, ne nous le cachons pas.

-Je voudrais toujours de toi. Ne compte surtout pas sur moi pour arrêter tout ça. Elle l'avait, elle le gardait. Et elle espérait bien que lui, de son côté, l'aimerait toujours et ne se lasserait jamais d'elle. Dans le cas contraire, combien cela lui ferait du mal ! Elle ne voulait pas perdre encore quelqu'un qu'elle aimait. Je t'ai, je te garde.

Et elle comptait bien mettre cette promesse à exécution. C'était la plus belle promesse qu'elle pouvait lui faire et se faire à elle-même.

code by Mandy

P

erséphone ne savait pas expliquer ce qui se passait entre Owen et elle, au-delà même de l'évidence. Ca n'avait aucun rapport avec Edward, et pourtant, elle avait profondément Edward. C'était comme si le bonheur l'enveloppait en un regard, juste parce qu'il était avec elle, juste parce qu'il la couvait des yeux. A ses côtés, elle se sentait adorée, protégée. Elle aimait la promesse qu'il la garde avec elle quoi qu'il arrive. Elle avait besoin de ce genre d'assurance, elle avait besoin de savoir qu'on serait présent pour elle.

Elle avait été blessée, éprouvée, forcément, la personne qui acceptait de "partager sa vie" à présent devait accepter aussi que son rôle devait être de l'aider à se reconstruire, de veiller sur elle, de l'aider, au-delà même de l'aimer. Elle ne voulait pas imposer de telles responsabilités à son petit ami, c'était plus fort qu'elle, mais la jeune sorcière avait le sentiment qu'Owen tenait ce rôle sans même qu'elle ait besoin de le lui demander. Si c'était vraiment possible, cela le rendait encore plus parfait à ses yeux. En sa présence, elle se sentait comme dans un cocon : couvée, aimée, rassurée, protégée... Elle éprouvait une nouvelle façon d'aimer, et c'était si agréable... Non, sous aucun prétexte, elle ne saurait laisser cette histoire s'essouffler. Elle en avait besoin, elle en avait envie, et même si elle ne pouvait rien savoir de l'avenir, elle ne voulait que le construire à ses côtés.

Perséphone ne dit rien tout d'abord, elle se contenta d'embrasser à nouveau Owen, ses lèvres avaient déjà du mal à se passer des siennes. Pourtant, Perséphone n'avait jamais été particulièrement tactile, mais avec lui, ce n'était pas pareil. Chacun de ses baisers étaient comme une bouffée d'oxygène et avaient la douceur précieuse d'une caresse. Elle avait le sentiment que rien au monde ne pouvait l'atteindre. Elle puisait des morceaux de courage, de chance et de bonheur à chaque seconde où ses lèvres s'emparaient des siennes.

-Je t'aime, dit-elle simplement, ne rompant le silence que de cette manière.

De simples mots, mais qui avaient beaucoup de valeur pour elle, une immense valeur, véritablement. Elle l'aimait, et ça faisait du bien de le penser, de le vivre, de l'exprimer, de le ressentir. Elle pourrait le dire cent fois, avec toujours plus de certitude. Elle se sentait réconfortée par la bulle qu'ils s'étaient créés, et dans cette bulle, elle n'avait pas peur de prononcer ces mots trop vite, elle n'avait pas peur qu'ils lui explosent en pleine figure, elle n'avait pas peur d'exprimer ses sentiments, elle n'avait peur de rien. Et rien que ce sentiment était incroyable, car il était si rare... elle qui avait généralement peur de tout se laissait aller et n'appréhendait plus rien.

code by Mandy

P

erséphone aurait tout à fait pu se fermer à toute perspective de relation romantique, décider que ce n'était pas fait pour elle, ne surtout pas vouloir de tout ça... mais il n'en était rien. C'était tout l'inverse, en réalité. Son histoire avec Edward avait été éprouvante, mais elle l'avait aidée, en définitive, à devenir une meilleure version d'elle-même. Aujourd'hui, la jeune sorcière se sentait bien mieux dans sa peau qu'elle ne l'était à l'époque où elle était tombée sous le charme du myrihande. Est-ce que la Perséphone qu'elle était aujourd'hui serait tout de même entrée dans son jeu ? C'était possible, sa naïveté ne s'était pas dissipée non plus, mais elle n'aurait pas tout accepté d'Edward comme elle l'avait fait à l'époque. Elle avait mûri, elle s'était responsabilisée, elle était devenue... adulte. Pourtant, elle était encore toute jeune, mais il fallait bien grandir en accéléré pour pouvoir assumer complètement son rôle de maman, surtout quand ses propres parents lui avaient tourné le dos.

Alors oui, elle pensait avoir atteint une certaine forme de mâturité, et cette maturité était également affective. Elle était bien plus capable de donner son coeur aujourd'hui qu'elle ne l'était autrefois. Elle le faisait avec certitude, en son âme et conscience, et avec d'autant plus de conviction qu'elle savait à présent ce que cela faisait que de se donner pleinement, coeur et âme, à une personne susceptible de les broyer. Rien ne lui garantissait qu'elle et Owen s'entendraient sur le long terme, rien ne lui assurait qu'ils ne couraient pas à la catastrophe ou ne finiraient pas par se séparer, mais elle était prête à assumer ce risque, et elle le faisait en son âme et conscience. Ca faisait une grosse différence. Quand elle disait "je t'aime", cela lui venait du plus profond du coeur, ce n'était pas une déclaration anodine, loin de là, c'était une chose sûre, véritable, et qu'elle n'avait aucune hésitation à affirmer.

D'autant plus que ces sentiments étaient partagés, elle le sentait et Owen le lui prouvait alors qu'il lui déclarait à son tour qu'il l'aimait. Pourquoi faudrait-il qu'ils ne disent pas les choses ainsi qu'elles étaient. Ce n'était que la pure vérité après tout. Oui, ils s'aimaient. Et sans pudeur, avec tendresse, ils pouvaient se le déclamer, à l'infini. C'était si bon, si rassurant. Perséphone avait le sentiment de ne plus avoir l'air de rien.

-Si tout se passe bien... Pas tout de suite, hein, je te rassure, mais... Je me dis... Si je dois finir par habiter ailleurs. Est-ce que tu viendras vivre avec moi ?

Oui, elle allait vite en besogne, on l'avait bien compris, mais en cet instant, elle s'en fichait. Elle avait envie d'être irrationnelle, et n'allait pas se priver de l'être.

code by Mandy

P

erséphone se demandait si elle n'allait pas trop vite en besogne. En fait, c'était évident qu'elle allait trop vite en besogne. Ils venaient à peine de se mettre ensemble qu'elle suggérait d'ores et déjà le fait qu'ils vivent ensemble. Elle grillait les étapes alors qu'elle s'était promise d'être prudente. Mais en même temps, elle n'y pouvait rien. Owen lui inspirait une confiance infinie. Vivre une histoire avec lui, c'était forcément se projeter, car elle ne voulait plus vivre une histoire autrement que sérieuse. Certes, elle était bien jeune pour raisonner ainsi, mais sa relation avec Edward lui avait passé l'envie de papillonner - même si elle n'avait jamais vraiment papillonné, en réalité, ni n'en avait jamais eu l'envie. Elle ne ressentait pas le besoin de séduire et de plaire. Elle voulait juste mener une vie douce et simple en compagnie d'une personne qu'elle aimait et qui l'aimait, qui accepterait Samuel dans sa vie et l'accepterait dans sa vie et dans ce coeur. Owen cachait toutes les cases, et Persy n'avait pas envie de laisser ses doutes ou les mauvaises leçons pourtant retenues obstruer son jugement.

L'enthousiasme d'Owen lui faisait du bien. Oui, peut-être qu'elle allait trop vite en besogne, mais elle n'était pas seule, ils étaient deux à vivre cette histoire, et ils la vivaient à l'unisson. En parfaite harmonie, même. La jeune femme savait qu'il faudrait laisser le temps au temps, mais cette étape, vivre avec Owen, lui plaisait tant que si elle n'écoutait pas sa prudence, ne serait-ce qu'un peu, elle plongerait à pieds joints dans l'inconnu, elle qui s'était pourtant juré d'être prudente.

-Oui, quitte à avoir un endroit à nous, autant qu'ils nous plaisent vraiment à tous les deux. Et ça leur laissait le temps d'y réfléchir plus posément. Ils n'avaient pas besoin de se précipiter, juste de jeter un oeil et d'attendre de voir où ça les mènerait. Enfin, il faudrait déjà que j'arrive à joindre les deux bouts, que je trouve un travail. Sans ça, les recherches de maison seraient forcément compliquées, donc ce frein naturel avait au moins le mérite de freiner ne serait-ce qu'un minimum ses ardeurs, ce qui n'était pas un moindre luxe. A quoi elle ressemblerait, la maison de tes rêves ? demanda Persy en se blotissant contre Owen.

Ils auraient difficilement les moyens de s'offrir la demeure de leurs rêves, que ce soit maintenant ou plus tard, mais ça ne coûtait rien, après tout, que d'en rêver justement, et cela leur permettait aussi d'en apprendre toujours plus l'un sur l'autre, en partageant leurs attentes et leurs envies, et en espérant, au bout du compte, qu'elles soient communes.

code by Mandy

L

a réponse d'Owen était parfaite par bien des aspects. Elle se doutait qu'Owen n'avait pas des goûts de luxe, pas parce qu'il manquait d'ambition, non, pas du tout, mais simplement parce qu'il savait se contenter de ce qu'il avait : il savait apprécier les choses simples. Il n'avait pas besoin d'en avoir trop, il pouvait se contenter du strict minimum et être heureux, parce que ce qui lui importait, c'était le bien-être des personnes qui l'entouraient. Elle savait que c'était une des choses qu'ils avaient en commun (entre autres nombreuses choses), et elle aimait réaliser qu'elle ne se trompais définitivement pas à son sujet. Surtout quand il ajouta qu'il n'avait que besoin d'avoir de la place pour tous les habitants de cette maison.

Peu importe ce qu'ils décidaient, ce qu'ils planifiaient, Owen n'oubliait ni ne négligeait jamais Samuel, et ça aussi, ça comptait énormément pour la jeune sorcière. Elle ne lui en aurait même pas voulu s'il avait eu tendance à le mettre de côté, elle ne l'aurait pas pris pour du mépris ou de la négligence mais, après tout, Owen n'était pas le père de Samuel, il voulait vivre cette relation en priorité pour elle, et Samuel était, disons, ce plus avec lequel il fallait combiner... mais Owen faisait tout pour toujours le garder dans sa ligne de mire. Il avait compris combien le fils était important pour sa mère, et il n'en devenait lui-même que plus important à ses yeux.

-Tout ce que tu viens de décrire, répondit Perséphone. C'est tout ce que je veux. Toi, Samuel, du calme. Même si un enfant en bas âge et le calme, ce n'était pas forcément très compatible. Un jardin dans lequel il pourrait jouer. Un laboratoire. Bon, d'accord, elle avait quelques exigences matérielles malgré tout, mais le fait est que si c'était pour Owen et si elle n'avait pas la garantie que son fils y serait malheureux, Perséphone accepterait de vivre dans une boîte à chaussures, même. L'essentiel, la condition à son bonheur, c'était qu'elle puisse être auprès des personnes qu'elle aimait, qu'elle aimait plus que tout. C'étaient eux, sa maison. Pas besoin de quatre murs et d'un toit. Juste besoin d'eux. J'aimerais beaucoup t'entendre jouer du piano, ajouta Perséphone avec un soupçon de malice dans la voix mais surtout beaucoup de sincérité.

Qu'Owen soit un artiste, un musicien, avait sans aucun doute joué dans le fait qu'elle l'appréciait autant. Elle avait besoin de cette sensibilité, de ce sens de la beauté... C'étaient des qualités d'une douceur infinie à ses yeux et qui avaient manqué, du moins selon elle, beaucoup trop à sa vie avant cela. Mais il manquait à sa vie de manière générale avant qu'elle ne le rencontre. Elle n'était seulement pas capable d'en avoir conscience.

code by Mandy

P

erséphone hocha la tête avec un air qui signifiait qu'elle ne laisserait pas le choix à Owen dans tous les cas. Pas qu'elle ait le sentiment que cela exigerait beaucoup de la part de son petit ami dans tous les cas. La musique faisait partie de sa vie, il semblait par conséquent logique qu'elle l'entende jouer, et surtout, elle était convaincue qu'il était très doué. Déjà, il ne pouvait que l'être puisqu'il avait fait de la musique son métier, ensuite, elle serait bien incapable de lui trouver le moindre défaut à l'heure actuelle, alors quoi qu'il puisse lui jouer, elle était absolument certaine qu'elle serait forcément conquise, ne serait-ce que sur le principe, elle n'imaginait absolument pas qu'il puisse en être autrement, non définitivement pas.

Oui, il faudrait qu'il lui joue quelque chose, et s'il devait lui venir l'envie d'oublier cette promesse tacite, elle se chargerait bien de la lui rappeler, car à ses yeux, même si ça pouvait n'avoir l'air de rien, c'était important. La musique faisait partie de sa vie de bien des manières, et Perséphone avait envie de se passionner pour tout ce qui le passionnait. De manière générale, elle voulait juste, tout simplement, se sentir plus proche d'Owen de toutes les manières possibles. Ils avaient encore beaucoup de choses à apprendre l'un de l'autre, mais elle était convaincue que ce pourrait vraiment les aider à se sentir plus proches l'un de l'autre.

En effet, elle pourrait venir le voir jouer à la taverne, mais ce n'était pas forcément l'endroit idéal, Perséphone était absolument d'accord avec cela, et elle n'avait pas franchement envie de se retrouver au milieu de la foule ni d'entendre la musique jouée par Owen être troublée par le brouhaha ambiant. Non, cette perspective ne lui plaisait pas du tout, vraiment pas. Elle préférait largement qu'Owen lui fasse un concert privé. Et puis, elle aimerait bien connaître l'endroit où le jeune homme vivait, dans tous les cas. Elle était absolument certaine qu'il y avait beaucoup de choses à en apprendre. Elle était vraiment heureuse et impatiente... même si cela impliquait d'autres choses, comme le fait de voir le père d'Owen, notamment, donc. Elle n'y avait pas pensé sur le moment, mais elle n'allait certainement pas se dérober à cette proposition, qui prouvait bien qu'Owen prenait très au sérieux leur relation pourtant naissante.

-Ca me ferait vraiment plaisir de rencontrer ton père, répondit-elle avec la plus grande honnêteté. J'aimerais pouvoir te promettre de te présenter à mes parents en retour mais... enfin, je doute fort que ça puisse se faire avant très longtemps.

Et ça la touchait. Elle aurait vraiment aimé avoir l'occasion de présenter l'homme qu'elle aimait à ses parents. Et le pire, c'est que dans des circonstances différentes, ils auraient adoré Owen.

code by Mandy

P

erséphone ne voulait pas sembler négative, mais elle n'était pas totalement convaincue du fait que la patience suffirait bel et bien à ce qu'elle soit en position un jour de présenter Owen à ses parents. C'était déjà très compliqué avec eux avant même qu'elle ne tombe enceinte, c'était devenu impossible ensuite, et pour le coup, Perséphone préférait se convaincre du fait qu'elle était mieux sans ses parents que de rechercher encore et encore leur approbation, car si elle devait le faire, elle se rendrait malheureuse... C'était compliqué, ce n'était pas agréable à vivre et à penser, mais c'était mieux comme ça.

La jeune sorcière ne voulait plus ni ne devait plus dépendre de ses parents, et cela voulait dire aussi qu'elle ne devait plus attendre après leur opinion, de quelque manière que ce soit... ce serait forcément faire face à des désillusions. C'était important d'être accepté dans la famille de l'autre s'il s'agissait encore d'une famille à laquelle on se sentait appartenir... mais la famille Enjolras n'était pas de celles où le jeune homme devait s'intégrer autant que possible. Ils pouvaient être heureux à deux. Et si le père d'Owen acceptait de lui réserver un bon accueil, alors c'était ce qui comptait, en fin de compte, et le reste n'avait pas forcément beaucoup d'importance, loin de là, même.

-Tu sais, même si tu ne les rencontres jamais, même s'ils devaient te détester... Je m'en fiche complètement. Je sais, tu vas dire que j'exagère... mais c'est pas le cas du tout. Mes parents m'on déçue, ils ne m'ont jamais soutenue, ils n'ont pas été présents quand j'avais besoin d'eux, alors... Elle poussa un soupir. C'est mieux comme ça. C'est comme tu le dis, tu sais : je n'ai pas besoin d'eux. Et je ne dis pas ça pour me réconforter ou quoi que ce soit, je le dis parce que c'est ce que je pense vraiment. Je n'ai absolument pas besoin d'eux. En revanche, j'ai besoin de toi. Elle approcha ses lèvres des siennes pour l'embrasser avec toute la douceur du monde, toute cette douceur qu'il était capable de lui inspirer. On n'a besoin de personne pour le moment, et on n'aura besoin de personne à moins de le décider. Elle passa une main dans ses cheveux et déposa son front contre le sien. Alors tu n'as pas à t'en faire et aucune pression à te mettre, d'accord ?

Elle insistait beaucoup, mais elle voulait que ce soit très clair. Il n'avait pas besoin de batailler pour être à la hauteur. Il était à la hauteur, et c'était de l'ordre de l'évidence la plus pure à ses yeux.

code by Mandy