Belle-mère, fût-elle de sucre, est amère. (Jane et Natasha <3)

D

es fois, Jane se disait vraiment qu'elle devrait se passer la langue à l'eau bouillante et la découper ensuite en tout petits morceaux avant de parler et de dire des conneries plus grosses qu'elle (bon, elle le regretterait forcément ensuite, mais là, elle regrettait encore davantage sa stupide initiative). Elle ne savait pas ce qui lui avait pris d'inviter sa mère chez eux... Ce qu'elle savait en revanche, c'est qu'elle déplorait déjà le moment où elle avait fait cette suggestion à Natasha. Elle n'y pouvait rien, elle s'était laissée attendrir par cette satanée part d'elle qui tenait absolument à renouer avec ses parents, quand bien même elle prétendait dans le même temps leur en vouloir ad vitam. Elle était au fond attristée de la tournure que prenaient les choses. Quelque part, elle avait obtenu une partie de ce qu'elle voulait. Son père était de retour et ses parents s'étaient remis ensemble (bon, ça arrivait très clairement des années trop tard, mais ça c'était une autre affaire). Et elle, elle, elle était mariée, et même si sa relation n'était pas la plus... épanouissante qu'on puisse imaginer, du moins en ce moment, elle était folle amoureuse de son mari, et elle avait envie que ses parents l'acceptent. Enfin, ses parents... sa mère, surtout. Et elle savait que ce n'était pas gagné du tout.

Déjà, du temps où elle devait épouser Léo, Natasha s'était montrée défiante, surtout parce qu'elle estimait que ça allait trop vite (et pour le coup, elle avait raison), mais clairement Natasha avait toujours eu plus d'affection pour Léo que pour Edward (qui avait su aggraver son cas auprès d'elle dans son dos en plus du reste). Et c'était usant. Elle avait envie que Natasha apprenne à apprécier Edward. Sauf que pour ça, il allait falloir passer au-delà d'une révélation qui ne devrait pas améliorer l'opinion que Natasha avait d'Edward. Elle n'avait pas dit à sa mère que Perséphone était enceinte d'Edward. Elle n'avait... tout simplement pas trouvé d'occasions au cours desquelles ça pourrait véritablement être une bonne idée de balancer l'info. Mais maintenant que Samuel était né et passait du temps chez eux, il fallait bien se jeter à l'eau... Et c'était pour ça, oui, que Jane avait invité sa mère, même si elle regrettait déjà.

Son coeur avait manqué un battement quand elle avait entendu sonner à la porte. Elle avait laissé Edward ouvrir quand elle-même finissait de préparer la table. Elle avait mis les petits plats dans les grands. Ce serait sans doute immangeable, mais au moins elle essayait. Puis elle les rejoignit.

-Salut maman. Tu peux t'installer. Tu vas bien ? Et papa ?

Elle parlait trop vite pour être naturelle. Tant pis. Et au moment où elle prononçait ces derniers mots, Samuel se mit à pleurer. Bon bon bon...

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atasha commença à lui répondre. Apparemment, elle allait bien, et elle le disait en pensant. L'air de rien, Jane devait reconnaître qu'elle n'avait pas vu sa mère comme ça depuis longtemps... qu'elle ne l'avait pas vue comme ça tout court. De toute évidence, le retour de Joachin dans sa vie lui faisait le plus grand bien. Et même si Jane ne l'avouerait pas tel quel, elle était tout de même heureuse pour sa mère. Et curieuse d'en savoir plus.

L'air de rien, ses parents étaient de nouveau ensemble, son père était un vampire, elle se doutait que ça changeait beaucoup de choses dans la vie de sa mère. Jane voulait en savoir plus. Mais Natasha n'eut pas le temps de finir sa phrase... Parce que Samuel n'oubliait pas de rappeler sa présence. Jane serra les dents. Elle savait que les choses se passeraient comme ça. Mais elle avait espéré qu'elle pourrait avancer les choses avec... elle ne savait pas, un minimum de subtilité. Oui, c'était bien un bébé qu'elle venait d'entendre, et Jane n'allait pas avoir d'autre choix que de passer aux aveux.

Jane tourna son regard vers Edward, avec l'espoir qu'il prenne la parole et adresse à sa belle-mère les expications qu'elle agissait implicitement. Sauf que ce dernier décida d'aller chercher Samuel. Bon, d'accord, ils n'allaient pas le laisser brailler dans son lit, comme ça, il fallait bien qu'ils s'en occupent. Mais en cet instant, Jane avait le sentiment que son mari se débinait, et elle elle restait là, toute seule avec sa mère... et elle ne savait même pas par où commencer. Elle songea à rester silencieuse jusqu'au retour de son âme soeur, mais ce serait encore plus gênant que de se taire totalement. Alors bon, soit.

-C'est le fils d'Edward..., dit Jane d'une voix qu'elle découvrit blanche.

Elle levait au moins un doute éventuel : ce n'était pas son bébé à elle. En même temps, même si elles se voyaient très peu, Natasha l'aurait quand même remarqué si elle avait été enceinte. Oui, c'était le fils d'Edward, et donc, forcément, cela incluait qu'il l'ait eu avec quelqu'un d'autre. Elle pouvait arguer que ça avait eu lieu avant qu'ils ne se remettent ensemble, ce qui était plus ou moins vrai, mais honnêtement, elle se sentait incapable de ressasser cette histoire. Elle avait envie de faire marche arrière, de laisser sa mère dans l'ignorance, de parler d'elle et de son père comme si de rien n'était. Mais ce n'était définitivement pas gagné. Elle baissa les yeux, elle avait peur de la réaction de sa génitrice. Elle avait beau dire qu'elle n'en avait rien à faire, ce n'était pas lel cas, et elle n'avait pas la moindre envie de la décevoir. Une fois encore.

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on, c'était inévitable, mais Jane avait vraiment le sentiment qu'ils allaient passer un très, très mauvais moment. Elle n'était plus une enfant, du moins elle estimait ne plus l'être, elle n'avait pas à se justifier de ses actes et de ses choix de vie auprès de sa mère (et elle n'avait jamais considéré le devoir au passage), elle faisait ce qu'elle voulait. Mais, bien malgré elle, une part de ce qu'elle voulait restait de rendre sa mère aussi fière que possible, et de toute évidence, ce n'était pas gagné. Déjà qu'elles avaient du mal à s'entendre et se comprendre en temps normal et qu'il n'y avait besoin de presque rien pour mettre le feu aux poudres, autant dire que l'existence de Samuel avait de quoi la faire sensiblement sortir de ses gonds.

La jeune femme prenait sur elle, malgré tout, pour rester calme. Même si ce n'était pas gagné d'avance, elle comptait faire ce qu'il fallait pour que Natasha accepte la vie de sa vie telle qu'elle était, et n'en veuille pas à Edward. Jane était la seule à avoir droit de lui en vouloir pour cette situation, elle l'avait décidé, et elle faisait définitivement tout ce qui était en son pouvoir pour pardonner, pour laisser ça derrière eux, pour vivre cette situation le plus sereinement possible.

Pour défendre ses intérêts et ceux d'Edward, il était sans doute de bon ton qu'elle réponde d'office à sa mère, mais elle ne savait pas de quelle façon exprimer les choses, et dans le fond, oui, elle préférait que ce soit Edward qui prenne la parole, même si c'était prendre le risque que Natasha le déteste encore plus.

C'est ce qu'il fit, il prit la parole. Et il utilisa, à vrai dire, les bons mots. Les meilleurs mots possibles, même. Quand il exposait les choses de la sorte, eh bien.. on avait le sentiment que leur histoire était presque banale. Rien de chaotique, rien de catastrophique. Pas de mensonges ou de trahison, juste un mauvais timing, deux relations qui s'étaient enchaînées très vite, sans suggérer qu'elles aient pu, en réalité, se chevaucher. Et un enfant qui était né dans tout ce fatras.

-C'est en partie pour ça que je voulais que tu viennes, enchaîna Jane, qui voulait occulter d'office certaines questions qu'elle était sûre que sa mère lui poserait, de type : pourquoi tu m'en as pas parlé avant ? Bon, elle aurait pu le faire, elle aurait pu le faire dès l'instant où elle avait appris que Perséphone était enceinte. Mais ça aurait été trop lui demander. Elle n'était pas différente de son âme soeur pour ça aussi. Elle avait tendance à retarder l'échéance, jusqu'à placer l'autre devant le fait accompli. Pour que tu fasses sa connaissance. Il sera souvent à la maison, donc...

Donc, elle allait devoir apprendre à la considérer comme un membre de sa famille. Tout comme Jane, en fait.

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L

a question de Natasha n'était pas surprenante en soi c'est vrai, mais elle eut tout de même le don d'agacer Jane... en même temps, tous les éléments étaient rassemblés pour qu'elle soit à fleur de peau. Elle était déjà impossible à chaque fois qu'elle s'adressait à sa mère, même quand il devait être question de quelque chose de parfaitement anodin, mais là, en plus, il était question d'un sujet particulièrement épineux. Alors elle avait bien envie de rétorquer d'office que peu importe le rôle que la mère biologique de Samuel jouait dans toute cette affaire, ça ne la regardait pas, mais Edward opta pour une réponse plus neutre, même s'il n'en pensait certainement pas moins.

Et Jane devait bien admettre que cette réponse valait mieux. Elle n'attendait pas l'approbation de sa génitrice, mais il était inutile de s'attirer ses foudres pour rien non plus, mieux valait montrer que, malgré les circonstances franchement bizarres et difficiles, l'enfant qui vivait sous leur toit n'était pas une pauvre chose dont ils ne sauraient pas s'occuper. D'accord, les trois protagonistes de cette histoire étaient techniquement bien trop jeunes pour gérer convenablement ce genre de choses, d'autant plus que deux d'entre eux en moins, même s'ils étaient techniquement plus âgés, manquaient tout de même singulièrement de maturité. Mais même si les circonstances n'étaient pas idéales, ils prendraient grand soin de cet enfant. Jane ne savait pas comment elle allait réussir à supporter tout ça, mais même en admettant qu'elle ne joue aucun rôle dans la vie de Samuel, ce qui était peu probable, il était entre de bonnes mains. Edward était un père incroyable, c'était fou... et elle ne doutait pas - à son grand agacement - que Perséphone devait prendre très au sérieux son rôle de mère.

-Samuel va grandir auprès de ses deux parents, tout le monde ne peut pas en dire autant, répliqua Jane, qui avait toujours su mieux se protéger de l'hostilité éventuelle des autres en se montrant hostile à son tour.

Même si c'était complètement injuste. Déjà à l'époque, et même si elle l'avait fait durant toute son enfance, il avait été parfaitement injuse que de reprocher à Natasha le départ de son père, et c'était encore moins juste maintenant qu'elle connaissait les raisons de ce départ. N'empêche que le résultat était là tout de même. Jane n'avait eu qu'un parent sur deux une grande majorité de sa vie. Samuel, lui, aurait ses deux parents pour prendre soin de lui, qui savaient rester en entente relative pour son bien. Après tout, même si leur situation était bizarre, ce n'était pas non plus un cas d'école. Il y avait bien des couples séparés, divorcés, qui partageaient la garde de leur enfant dans Notre terre. Ils n'étaient pas les seuls.

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ane avait bien conscience di fait que ses paroles avaient été gratuites, elle voulait bien reconnaître qu'elle était allée trop loin, mais c'était plus fort qu'elle : quand sa mère était dans les parages, ses vieux démons la rattrapaient, et elle redevenait l'adolescente qui menait la vie impossible à sa génitrice et lui reprochait sans cesse de l'avoir élevée seule, comme si elle y était vraiment pour quelque chose. Sa remarque avait été un peu gratuite, mais elle ne velait pas de nulle part non plus. Jane éprouvait une profonde frustration, alors que sa mère ne cessait d'accumuler les remarques désobligeantes, souvent indirectes mais bien réelles, à l'encontre d'Edgar.

Elle avait envie que son mari aime et respecte sa mère. Elle avait envie que sa mère aime et respecte son mari... Ca avait l'air simple, comme souhait, mais il était bien plus difficile à exaucer que ce qu'on pourrait bien soupçonner. Et Jane n'avait pas vraiment la patience de jouer les entremetteuses. A la place, elle préférait choisir son camp d'office, et le camp en question était évidemment celui d'Edward... ce ne pouvait être que celui d'Edward... Il était l'homme qui partageait sa vie, il était la moitié d'elle-même. Quoi qu'il advienne, elle le privilégierait toujours, c'était ainsi, une pure certitude.

Natasha était vexée, elle n'était pas la seule. Les Hardwick n'étaient pas différentes des Baker sur ce point : de vraies têtes de mûles, auxquelles il était bien évidemment plus que difficile de faire entendre raison. Jane ne voulait pas accorder le bénéfice du doute à sa mère, et réciproquement, mais il était sans doute temps de mettre de l'eau dans son vin, ainsi qu'Edward tentait de le faire comprendre en tentant de retenir sa mère. Heureusement qu'il avait pris la parole le premier, d'ailleurs, parce que s'il avait fallu compter sur Jane seulement, elle aurait sans doute envoyer promener sa mère et cette dernière aurait sans doute mis, à juste titre, ses menaces à exécution et aurait pris la poudre d'escampette sans sommation aucune.

-Ce que je veux, c'est que ma mère accepte totalement l'homme qui partage ma vie, c'est trop demander ? demanda-t-elle alors, en croisant les bras.

Elle le savait, elle ne pouvait pas forcer sa mère à aimer Edward, mais elle rêverait que ce puisse être aussi simple, malgré tout. Elle l'aimait tant, il était le pont, ce qui pourrait lui permettre de se réconcilier pour de bon avec sa mère, il faudrait pour cela qu'elle accepte, une bonne fois pour toutes, d'abandonner ses vieux a priori, qu'elle accepte de voir à quel point Edward était un homme nouveau. C'était à ça que ce dîner devait servir pour commencer... Même si le coup de Samuel n'avait pas aidé, forcément.

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atasha avait beau dire qu'elle n'attendait que cela, de mieux s'entendre et de respecter l'homme qui partageait sa vie, Jane trouvait tout de même qu'elle n'y mettait pas franchement du sien... Bon, c'était de la mauvaise foi de sa part, car en effet, si elle acceptait d'observer la situation avec plus de distance et sans parti pris, elle pourrait reconnaître qu'en effet, ils ne lui facilitaient pas la tâche. Chaque fois que Natasha aurait pu commencer si ce n'est à s'attacher à Edward, du moins à le percevoir sous un meilleur jour, il arrivait un événement, une situation, qui venait tout remettre en question. Le regard que sa mère posait sur eux était logique et tout naturel, et Jane devrait même en être heureuse, car c'était la preuve qu'elle cherchait à la protéger, mais elle ne réussissait pas à voir les choses ainsi. Elle était incapable de mettre sa rancoeur de côté.

Edward était mal à l'aise, Jane le sentait, et elle n'aimait pas ça. D'accord, il avait des choses à se reprocher, ou du moins il en avait eues, c'est vrai, mais il s'était rattrapé, il lui avait prouvé qu'elle pouvait se reposer sur lui, et elle ne s'inquiétait plus du tout de le voir lui faire du mal. Natasha découvrait tout juste l'existence de Samuel, forcément, elle ne comprenait pas, mais elle n'avait aucune raison de s'inquiéter, et Edward, lui, n'avait aucune raison de se justifier. Elle appréciait en partie qu'il le fasse, car ça lui prouvait les efforts qu'il était capable de faire pour faciliter l'entente avec sa belle-mère, mais elle considérait que ce n'était pas une chose qu'elle devrait faire pour autant.

Alors il admit qu'il avait beaucoup merdé, il avait raison, c'était le cas, mais il n'avait plus à s'en repentir. Elle n'avait pas envie qu'Edward rappelle à sa mère qu'il lui avait fait du mal. Dans tous les cas, sa mère n'avait pas à l'entendre. Et puis, il n'était pas le seul fautif dans cette histoire, Jane n'avait aucune envie de se faire passer pour une victime dans l'affaire. Elle aussi, à son échelle, elle avait fait beaucoup de mal à Edward, c'était une relation malsaine réciproque sur laquelle ils avaient travaillé. Il insista sur le fait qu'il ne voulait que son bonheur, et cette remarque fit sourire Jane. Elle savait que c'était infiniment sincère de sa part.

-Tu n'as pas à te justifier auprès d'elle, Edward, soupira Jane. On s'aime, Edward et moi, ajouta-t-elle en tournant son regard vers sa mère. Et on se rend heureux, t'as rien besoin de savoir de plus, ça devrait te suffire.

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ette conversation avait eu beau être inévitable, elle était un peu plus désagréable à l'oreille de Jane à mesure que le temps passait. Elle ne s'était pas forcément attendue à une discussion agréable et apaisée, il ne s'agirait pas de déconner non plus (et aucune conversation n'était jamais complètement agréable et apaisée quand sa mère entrait dans l'équation - et avec Edward, déjà, c'était une fois sur deux), mais quand faut y aller... Dans ces circonstances, la jeune femme était plus soucieuse de donner tort à sa génitrice et de lui prouver qu'elle et Edward formaient un couple heureux et harmonieux que de se remettre en question, aussi, elle ne prit pas vraiment la peine de réfléchir à la réponse qu'elle donna à sa mère quand, soutenant son regard, elle prit la peine de répondre avec toute la fermeté dont elle était capable :

-Oui, je suis prête, je n'avais vraiment pas besoin de toi pour me poser ce genre de questions, et je suis sûre de moi.

Elle n'était pas complètement honnête, en cet instant, pourtant, mais elle ne s'en rendait pas réellement compte. Dans tout son orgueil, dans toute sa fierté, Jane était si déterminée à se donner raison, à leur donner raison à tout prix (sans doute aussi parce que les circonstances n'avaient de cesse que de les contredire et de les rappeler à l'ordre) qu'elle n'était tout bonnement pas capable de se remettre en question. Ce qui ne voulait pas dire que des questions, elle ne s'en posait pas. Ah ça non, elle s'en posait même cent fois trop, en réalité, mais pas ici, pas maintenant, certainement pas en présence de sa mère.

Pourtant, la question méritait d'être posée et la réponse était loin, bien loin d'être aussi évidente qu'il n'y paraissait. Théoriquement, c'était évidemment simple de faire des plans sur la comète, mais le rapport que Jane entretenait avec la paternité d'Edward était loin d'être un acquis, le fait de se voir imposer la cohabitation avec un nouveau-né qui n'était pas le sien (alors qu'elle-même ne pourrait jamais avoir d'enfants qui plus est) non plus. Elle devait combiner avec les circonstances, ce qui ne signifiait pas qu'elle en était capable ou même qu'elle était faite pour ça. Mais voilà, si c'était des questions qu'elle devait se poser, et auxquelles elle devait s'évertuer à trouver des réponses claires, nettes et précises, ce ne serait définitivement pas ni ici, ni maintenant. Pour l'heure, elle était en lutte avec ses propres contradictions, mais en matière de contradiction, ce qui lui importait le plus, c'était justement de contredire sa mère, avant tout et surtout, et le reste passait au second plan. Ce n'était pas une manière de faire très saine, mais en même temps... ben on parlait de Jane, là.

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ien sûr que Natasha avait raison (et ça agaçait profondément Jane, bien sûr, parce qu'elle n'avait pas la moindre envie de donner raison à sa mère, surtout pas), elle avait totalement raison de croire que Jane cherchait l'approbation de sa mère, parce que c'était effectivement la vérité, mais quand elle le formulait comme ça, la jeune femme n'avait plus la moindre envie d'admettre que c'était le cas. En fait, tous les efforts qu'elle s'était sentie prête à faire s'étaient soudainement évaporés. Là, tout de suite, elle avait presque envie que sa mère s'en aille et les laisse tranquille. Presque.

Elle voulait l'aval de sa mère, mais elle voulait surtout que cette dernière accepte ses choix sans la regarder de travers et sans porter de jugement sur ses décisions : sur ce point, elle s'était manifestement beaucoup trop avancée. Apparemment, ce n'était pas prévu au programme, et cette conversation allait être très longue, vraiment très longue. Parce qu'à présent, Jane se braquait, elle se braquait complètement. Et on aurait du mal à la dérider, après ça. Pourtant, elle avait vraiment eu l'intention de faire des efforts. Pour de vrai.

-Et si je t'avais invitée pour recevoir tes encouragements et ta bienveillance plutôt que pour te regarder juger le moindre de mes choix de vie, t'y as pensé, à ça ? suggéra Jane de très, très mauvaise humeur.

Elle n'avait plus la moindre envie de faire quelque effort que ce soit, vraiment pas. Elle avait juste envie que sa mère s'en aille, à présent.

-Parce que tes critiques ou tes conseils, tu peux te les carrer où je pense, et si t'es pas capable de passer du temps avec ta fille et ton beau-fils sans mettre ton grain de sel dans absolument tout, tu peux prendre la porte tout de suite, ce sera beaucoup plus simple comme ça.

Voilà, c'était dit, et elle ne le pensait pas totalement, mais évidemment, quand Jane se sentait prise au dépourvu et placée face à une situation qu'elle n'aimait pas le moins du monde, elle avait tendance à réagir comme ça. Elle n'y pouvait rien, c'était comme ça, et c'était définitivement plus fort qu'elle. Elle tourna ensuite son regard vers Edward et lui adressa son regard le plus sévère. Elle espérait son soutien, dans cette situation, mais cela faisait pluieurs bonnes minutes qu'il ne disait rien et la laissait gérer la dragonne toute seule. Dans le fond, elle pouvait comprendre, mais parce qu'elle était énervée, elle n'avait pas l'intention de lui trouver des circonstances atténuantes.

-Et toi, t'as l'intention de dire quelque chose où tu vas rester là à faire le poisson mort ?

D'accord, ce n'était pas juste du tout, mais tant pis, Jane était sur les nerfs, et c'était trop tard.

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