Nos mentors sont les pommes dont nous sommes le jus | Dean & Cordelia

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ean ne s'imaginait pas vraiment avoir heurté les sentiments de son interlocutrice, et pour cause, il estimait ne jamais vraiment avoir entretenu ses espoirs à son sujet. Ce qu'il aimait chez les autres, c'était ce qu'il était à même d'estimer, en somme leurs talents et leurs compétences, ni plus ni moins, le reste ne relevait pas, ne relevait plus de son domaine de compétences. Et il pensait que Cordelia était suffisamment intelligente pour en avoir plus que conscience. Elle était excessivement brillante, impossible qu'il en soit autrement.

Par ailleurs, ce qu'elle prenait peut-être pour de la flatterie n'en était pas. Certes, il était effectivement vrai qu'il caressait la jeune femme dans le sens du poil, mais ce n'était pas dans le but de faire oublier ce qu'il avait dit précédemment. Bien au contraire, il considérait qu'il était grand temps que Cordelia en ait pleinement et entièrement conscience. Si elle voulait lui succéder, c'était typiquement le genre de mécanisme émotionnel auquel elle devait se résigner elle-même, c'était beaucoup plus simple de cette manière.

A présent, il fallait espérer que cela ne la freine pas dans son élan et qu'elle ne donne que davantage le meilleur d'elle-même. Dans le cas contraire, cela prouverait bien qu'elle n'avait pas les épaules qu'il lui imaginait pour reprendre son empire, un empire qui définitivement lui tendait les bras. A plus forte raison que Dean se sentait venir à bout de son entreprise. Certes, il poursuivait toujours imperturbablement le même objectif, et jamais il ne céderait du terrain. Mais la vie et le temps, eux, gagnaient de la distance, et même s'il travaillait comme un forcené, il fallait tout de même se montrer pragmatique et surtout réaliste. Dean Appers n'était pas réaliste le moins du monde.

-Ne me remercie jamais de quelque chose dont tu es la responsable. Tu ne dépends et ne dépendras jamais que de toi-même, Cordelia. Et tu n'as pas besoin de moi. Ni de moi ni de qui que ce soit d'autre.

C'était une grande leçon, peut-être dangereuse, car si elle ne dépendait pas de lui, alors elle pouvait tout aussi bien le trahir. Mais il croyait dans sa loyauté, tout comme lui-même lui était tout autant loyal car admiratif. Il soutiendrait toujours son talent.

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eu importe la manière dont Cordelia prendrait son discours, Dean ne pensait rien lui dire qu'elle ne sache déjà, il estimait surtout qu'à l'heure où il envisageait de plus en plus sérieusement de léguer tout ce qu'il avait construit à l'un des sorciers les plus loyaux et expérimentaient qui exerçaient au sein de ses grottes, il était important qu'ils aient cette discussion. Le parti qu'elle choisissait d'en tirer ne dépendait à présent que d'elle. Il hocha la tête avec un sourire satisfait quand Cordelia affirma qu'il avait sans doute raison. Elle devait savoir qu'il avait entièrement raison. Elle était suffisamment brillante et intelligente pour en avoir conscience. Même si l'excès d'ego pouvait parfois avoir des conséquences dommageables.

-J'ai toujours raison, se contenta de confirmer Dean avec un fin sourire.

Ce n'était pas entièrement vrai, et lui-même le savait. Dean n'était pas le dernier à se tenir en haute estime, bien au contraire même. Il avait à son propre égard une estime qui ne devrait pas être appropriée quand il était question de se jauger soi-même, mais au-delà de cette évidente fierté, il admettait tout de même que ce qui faisait un bon scientifique, un excellent sorcier, c'était son aptitude à reconnaître ses torts. A être trop convaincu de tout savoir et de tout réussir, on échouait finalement à tout. Les expériences n'étaient jamais que cela, après tout : une succession d'échecs jusqu'à ce que, finalement, à force d'avoir appris de ces erreurs additionnées, l'on parvienne à un résultat non pas seulement probant mais irréfutable.

-Très bien, reprit-il, sentant bien que la discussion touchait à sa fin et qu'il n'avait rien omis de dire à son interlocutrice. Je crois bien que nous nous sommes tout dit pour le moment, je vais donc te laisser travailler en paix. J'ai grand hâte d'observer l'aboutissement de tes expériences.

Il ne mentait pas, pas plus qu'il ne prononçait ces mots dans l'optique de la flatter. Il était bel et bien impatient de découvrir l'avancement des expériences de Cordelia, qui étaient prometteuses, et il se réjouirait de leur réussite. Mais si certains travaillaient bien équipe, Dean savait que Cordelia faisait des prouesses par elle-même, il était donc plus que temps de la laisser se concentrer. D'autant que lui-même avait fort à faire de son côté, d'autant que son temps de plus en plus limité réduisait largement la marge d'erreur qu'il était en droit de s'octroyer.

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