Une même nature traitée autrement est différent. (Dina)

Une même nature traitée autrement est différent

Même si leur mariage n’était pas parfait, et plus que bancal, Dina devait tout de même effectuer les tâches qui lui incombaient en tant qu’épouse. Cela ne la dérangeait pas plus que ça, elle y était habituée, et puis au moins, cela l’occupait. Pas forcément très longtemps, mais c’était tout de même ça de pris. Elle ne cherchait pas la reconnaissance de Baptiste, ou même son attention en faisant tout cela, en s’efforçant d’être une épouse parfaite, elle avait abandonné cette idée, mais c’était juste qu’il était dans sa nature qu’elle s’occupe de tout, et qu’il n’était de toute façon pas la peine qu’elle compte sur Baptiste pour quoique ce soit, ce serait une perte de temps, et elle n’aurait rien du tout dans tous les cas. Cela l’attristait toujours, même si elle se faisait une raison, un peu plus à chaque jour qui passait, mais constater l’échec total de son mariage, ce n’était jamais très plaisant. Surtout que Dina avait vraiment tout fait pour que cela marche, elle s’était investie, et elle y avait mis toute sa volonté, son cœur et son énergie.

Au fond d’elle, il restait un petit espoir, infime et presque inexistant, que Baptiste change du jour au lendemain. Cela ne se produirait jamais, elle le savait pertinemment, mais elle gardait tout de même une dose de naïveté, parce que c’était tout ce qu’il lui restait. Elle aurait aimé qu’il en soit autrement, qu’elle puisse tout de même avoir quelques plaisirs dans la vie, des passe-temps, n’importe quoi, mais ce n’était pas vraiment le cas. Oh bien sûr, il y avait des personnes qu’elle appréciait vraiment, et qui savaient lui redonner le sourire, mais elle ne pouvait pas passer tout son temps avec eux non plus, ils avaient leurs vies respectives.

Quoiqu’il en soit, elle ne se laissait pas abattre, et elle était maintenant habituée à sa cette vie qui était la sienne, même si elle ne ressemblait pas à ce qu’elle avait espéré, elle devait s’en accoutumer, elle n’avait pas le choix de toute manière. Elle s’était donc rendue sur la place du marché, parce qu’elle avait quelques choses dont elle avait besoin de se procurer. Et cela pouvait également lui faire une promenade en plus de cela. Elle ne comptait pas rester très longtemps dehors, le temps qu’il lui fallait, mais elle pouvait en profiter un peu.

« Oh Dina.  »

Dina venait d’être bousculée, rien de grave, mais assez pour qu’elle le remarque. Et tout cela par Lena. Bon, au moins, ce n’était pas une maîtresse de son mari… enfin elle n’était pas au courant si c’était le cas. Elle ne savait même plus maintenant quand elle croisait des femmes. Quoiqu’il en soit, Lena n’était pas vraiment une amie à elle. Non pas qu’elles se détestent, mais elles n’avaient pas la même façon de voir leur condition de sirène.

« Tu fais des emplettes pour ton cher et tendre ? »

Dina ne répondit pas à son sourire. Elle ne savait pas si c’était une vraie question, ou si Lena se payait sa tête mais elle pencherait davantage pour la seconde option, connaissant un peu la jeune femme. Elle devait probablement la voir comme une femme faible et stupide, mais cela n’atteignait pas vraiment Dina, dans tous les cas.

« Bonjour Lena. Pas spécialement pour lui non, c’est plus pour nous deux. »

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Dina restait sur la défensive, parce qu’elle ne savait jamais à quoi s’attendre de Lena. Elle ne pouvait pas dire qu’elles s’entendaient bien, et qu’elles étaient amies. Elles n’étaient pas non plus ennemies, et Lena avait tendance à vouloir un peu trop se mêler de sa vie, surtout pour lui faire des reproches. Comme par exemple le fait qu’elle dénaturait son statut de sirène par son comportement et autres bêtises. Elles étaient très loin d’avoir le même point de vue toutes les deux, c’était très clair, mais ce n’est pas pour autant que Dina se laissait faire ou se sentait atteinte par les propos de la jeune femme d’une manière générale. Parce que ce n’était pas le cas.

Mais Dina était une femme polie, alors s’il fallait faire la conversation, elle le ferait, même si Lena n’était pas la personne qu’elle préférait. Elle espérait juste que cette dernière ne la chercherait pas trop, parce que les choses étaient souvent ainsi, et Dina n’avait aucune envie de débattre avec elle, ou de s’énerver, même si c’était rare qu’elle perde son sang-froid. Lena avait sa façon de voir les choses, et Dina avait la sienne. Elle ne voyait pas d’intérêt à entretenir des liaisons avec toutes les personnes qu’elle pouvait croiser. Elle était mariée, et elle s’en tenait à cela.

« C’est beau l’amour et les relations de couple. »

Dina savait pertinemment qu’elle parlait avec sarcasme. Elle se fichait de l’avis de Lena sur sa relation avec Baptiste. Cela ne la regardait pas. Elle ne savait pas si elle faisait partie des nombreuses maîtresses de son mari, et elle ne voulait pas le savoir. Mais elle n’avait pas demandé son avis sur la façon dont elle gérait les choses. Qu’elle ait envie d’être une fille facile qui couchait avec le premier venu c’était son choix, mais elle n’était personne pour lui faire des leçons de morale. Dina n’avait cependant pas envie de réagir, elle ne voulait pas montrer quoique ce soit. Elle ne se sentait pas atteinte par ce qu’elle lui disait, et elle n’avait pas non plus envie d’entrer dans son jeu. Lena était une provocatrice, rien de plus. Et elle n’avait aucune envie de lui faire penser qu’elle avait fait mouche, alors que pas du tout. Elle trouvait tout de même cela déplacé que Lena se permette quelques jugements, alors que concrètement, elle n’avait aucune raison de le faire.

« Vous partagez tout, ça doit être magnifique à vivre. Vous partagez aussi vos conquêtes ? Comment ça se passe ? »

Elle la fixa durant quelques instants. Elle se demandait quel était son but, si elle voulait être méchante ou si simplement elle était stupide. Elle ne savait pas vraiment, mais elle n’appréciait pas ce genre de commentaires en tout cas. Et d’ailleurs, elle se demandait même ce que voulait la sirène. Ce qu’elle cherchait. Mais Dina ne lui donnerait pas la satisfaction de se montrer blessée ou énervée.

« Qu’est-ce que tu veux Lena au juste ? »

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De quoi se mêlait-elle. C’était ce que Dina se demandait. Elle ne se souvenait pas avoir demandé l’avis de Lena. Elle n’avait pas besoin de son avis, cela ne l’intéressait pas. Non pas qu’elle n’appréciait pas Lena, en soit, elle n’avait rien contre elle. Elles avaient deux modes de vie totalement différents, mais elle faisait ce qu’elle voulait, Dina ne s’en mêlait pas. Mais elle si elle ne se permettait pas de la juger, elle apprécierait que Lena en fasse de même. Mais cette dernière avait pour habitude de dire ce qu’elle pensait, quand bien même cela pouvait la blesser, ce n’était pas grave. En cet instant précis, Dina ne se sentait pas blessée par ses propos. Même si elle cherchait à la piquer, Dina n’accordait que peu de crédit à ce qu’elle lui disait. Lena n’était pas quelqu’un de proche, ou de cher à son cœur, alors son avis lui importait peu. Elle se demandait juste, à quel but elle agissait ainsi avec elle. Parce que la raison lui échappait totalement à dire vrai.

Lena n’était pas son amie, elle n’était pas son ennemie non plus. Mais du coup, elle ne voyait pas bien en quoi sa vie pouvait l’intéresser, et pourquoi elle s’en mêlait. Dina n’avait aucune idée de ce qui la motivait. Peut-être qu’elle était une des amantes de Baptiste, et qu’elle cherchait à la narguer, elle n’en savait rien. Elle n’avait pas l’identité de toutes celles avec qui son époux aimait passer du temps. Ce n’était pas toujours simple, mais au moins, elle savait à qui elle pouvait faire confiance. Peut-être pas énormément de monde, mais c’était déjà ça. Mais Lena n’en faisait pas partie. Elle n’était pas une personne de confiance, et elle n’avait aucune raison de s’insinuer dans sa vie, et surtout dans son couple.

« Je cherche… Je cherche à comprendre comment tu fais pour te bloquer à ce point dans une vie qui n’est clairement pas faites pour toi. »

Bah voyons. Comme si Dina allait prendre ses paroles comme évangile. Elle n’attendait pas l’avis de Lena pour faire quoi que ce soit, et elle n’arrivait pas à comprendre en quoi la manière dont elle gérait sa vie pouvait intéresser Lena, encore une fois. Comment cette dernière pouvait se permettre de dire ce qui était fait pour elle ou non. Elles n’étaient pas amies, encore une fois. Elles n’étaient rien l’une pour l’autre, si ce n’est deux connaissances, deux sirènes. Mais il n’y avait rien de plus, et Dina n’avait aucune intention de se laisser toucher par les propos de son interlocutrice.

« Tu as tellement… de chose à faire, à vivre, plutôt que de rester camper dans une relation unique. »

Dina poussa un petit soupire, exaspérée par son attitude. Encore une fois, elle ne lui avait rien demandé, à celle-là. Elle n’avait pas envie de connaitre son avis. Oui, Dina était mariée, et oui elle ne voyait qu’un seul homme. Si par « tellement de choses à faire et à vivre », elle voulait dire s’envoyer en l’air avec la moitié du village, elle n’en avait absolument aucune envie, elle laissait cela à d’autres. Déa et Lena par exemple, et Baptiste aussi mais elle préférait l’exclure de l’équation.

« Alors c’est quoi, une vie faite pour moi au juste ? Que me reste-il à faire et à vivre ? Je t’écoute. »

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Dina en avait vraiment assez, d’être ainsi jugée par Lena. Surtout que très clairement, elle n’avait rien à lui dire. Pas une seule fois, Dina n’avait envié la vie que pouvait avoir la jeune femme. Elle trouvait ça juste triste, vraiment triste. Papillonner ainsi d’homme en homme, et en plus sans qu’ils ne soient forcément d’accord avec cela. Lena faisait partie des sirènes qui aimaient jouer de leurs pouvoirs, alors certaines de ses conquêtes n’auraient peut-être pas lancé un regard dans sa direction sans l’envoutement. Lena était une très belle femme, évidemment, mais ce n’est pas pour autant qu’elle plaisait à tous les hommes. Tous les goûts étaient dans la nature. Mais oui, Dina était agacée par les commentaires de la jeune femme, elle ne lui avait strictement pas demandé son avis, et ses reproches déguisés étaient agaçants. Alors autant qu’elle lui dise franchement ce qu’elle avait à lui dire, qu’elles puissent passer à autre chose. Et que Dina puisse surtout sortir de cette conversation qu’elle n’avait absolument pas cherché.

Elle ignorait si Lena attendait d’en arriver vraiment à quelque chose de concret, mais si c’était le cas, qu’elle le fasse tout de suite, au moins, elle serait débarrassée. Elles n’étaient pas amies toutes les deux, pas du tout. Dina n’irait pas jusqu’à dire que Lena était son ennemie, mais elle avait une fâcheuse tendance à lui taper sur le système, surtout quand elle se permettait de faire une analyse de sa vie ou de sa façon d’être alors que Dina n’avait rien demandé. C’était comme si elle voulait juste se montrer méchante envers elle.

« Tout Dina, tout ! Tu es une sirène, dans un claquement de doigt tu peux avoir le monde à tes pieds, et tu gâches tout ça en te contentant d’être la fidèle épouse d’un homme qui ne te mérite pas. Dis-moi, ça t’est arrivé d’utiliser tes pouvoirs dernièrement ? »

Ça n’intéressait pas Dina, d’avoir le monde à ses pieds. Elle se fichait d’être une sirène. Elle n’avait rien contre sa nature, et elle aimait ce qu’elle était, mais si elle avait été une simple humaine, elle n’en aurait pas été malheureuse. Elle voulait juste une vie heureuse. Sur le plan sentimental, elle n’avait pas tiré le gros lot, mais elle avait toujours tout fait pour que ça marche, et elle continuait d’essayer, incapable de s’avouer vaincue. Pour tout dire, elle n’utilisait jamais ses pouvoirs. Elle allait nager assez régulièrement évidemment, mais elle n’envoutait personne, elle trouvait cela malhonnête, et déplacé. Après tout, elle était mariée, et l’infidélité prenait trop de place dans son mariage pour qu’elle s’y mette.

« Non Lena, je ne les utilise jamais, pas dans le sens où tu le penses. C’est la partie de nous que j’aime le moins, ces pouvoirs. C’est juste de la manipulation, et un artifice. »

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Une même nature traitée autrement est différent

Dina n’arrivait pas à comprendre ce que cherchait Lena. Elle ne comprenait pas ce qu’elle attendait, ce qu’elle voulait. Si c’était de la provocation, si elle voulait juste la blesser, ou si elle attendait une réaction précise de sa part. Mais Dina commençait à être fatiguée d’être jugée gratuitement, alors qu’elle n’avait strictement rien demandé. Ce n’était pas comme si elle avait attaqué la sirène, ou quelque chose de ce genre, elle s’était juste contentée de la croiser, et même par le passé, elle n’avait jamais causé de tort à Lena. Alors pourquoi est-ce qu’elle devait supporter cela au juste ? Elle avait le sentiment que tout cela était totalement gratuit, et elle n’allait pas en accepter beaucoup plus. Elle pouvait donner l’impression d’être une victime, d’être soumise, mais Dina était capable de s’énerver cependant, quand on la poussait un peu trop.

Elle n’avait pas envie de se disputer avec la jeune femme, parce qu’elle estimait que cela n’en valait pas la peine, et parce qu’elle n’avait pas envie d’avoir Lena sur le dos par la suite, mais elle ne pouvait pas juste laisser les choses se passer ainsi. Parce qu’espérer que Lena se lasse, c’était peut-être un peu trop utopiste, Lena avait toujours quelque chose à dire, quelque chose à critiquer. Aujourd’hui c’était Dina, mais la concernée aimerait qu’il en soit autrement à présent. Car la situation n’avait strictement rien de plaisant.

« Parce que ta vie n’est pas un artifice peut-être même sans tes pouvoirs ? »

De toute évidence, Lena n’en avait pas encore assez fait. Dina ne savait pas s’il fallait qu’elle lui rentre dedans, ou alors qu’elle l’ignore pour qu’elle puisse en être débarrassée. Elle avait envie de lui répondre, mais cela ne ferait que l’encourager sur sa lancée sans doute, et Dina voulait juste que cette conversation s’arrête. Elle en avait assez pris comme ça, Lena n’avait pas de réelle raison de s’acharner sur elle ainsi, c’était simplement totalement gratuit. Dina n’avait même pas envie de réfléchir sur si ce qu’elle disait avait un fond de vérité ou non, elle voulait simplement qu’elle la laisse tranquille.

« Tu es mariée à un homme qui passe son temps à aller voir ailleurs, franchement Dina il n’y a rien qui te retiens à être une parfaite petite femme fidèle. Sans doute que tu l’aimes ton mari, pour te laisser avoir comme ça, mais à mon avis toute votre relation est artificielle. »

Qu’est-ce que cela pouvait-il bien lui faire au juste. Elles n’étaient pas amies, elle n’était pas amie avec Baptiste de ce qu’elle savait. Peut-être qu’elle était une de ses maîtresses, Dina n’en savait rien. Quoiqu’il en soit, elle ne savait pas vraiment ce que Lena recherchait. Si ce n’est se comporter comme la pire des garces. Si c’était cela, elle effectuait vraiment un travail formidable, en cet instant. Mais Dina commençait sérieusement à perdre patience. Lena n’avait rien à voir avec son couple, elle n’avait pas à s’en mêler, et Dina ne lui avait pas demandé de conseils, ou d’avis.

« Je ne vois pas bien en quoi cela te concerne, ni même ce que tu cherches en me disant tout ça. Quel est ton but au juste ? »

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