Nul ami tel qu'un frère, nul ennemi comme un frère | Edward et Preston

Nul ami tel qu'un frère, nul ennemi comme un frère

Preston ne savait pas vraiment pourquoi il faisait ça. En plus, c’était probablement une très mauvaise idée, mais bon. Maintenant qu’il était en chemin, il n’allait pas faire demi-tour. Il avait décidé d’aller voir Edward, parce que… parce que rien. Juste comme ça. Au début, il avait cherché un prétexte, puis il s’était dit que cela ne servirait strictement à rien d’agir comme un gosse (ce qu’aurait plutôt tendance à faire Edward) mais juste d’être un adulte. Il ne garantissait pas que ls choses se passent dans le calme et l’harmonie, pas du tout. Il était même probable qu’ils s’engueulent, voire même se battent, mais bon il prenait le risque.

Cela faisait tout de même un moment qu’il n’avait pas vu Edward, et même si leur relation était totalement merdique, il restait son petit frère. Et il se disait que leurs parents n’auraient pas voulu que les choses se passent ainsi. Alors il prenait sur lui pour tenter d’avoir une vraie discussion avec son petit frère. Même si très honnêtement, il ne mettait pas vraiment d’espoir dans la réussite de la chose. Il était sûr à quatre-vingt-dix neufs pourcents qu’ils allaient s’engueuler, mais ce n’est pas grave. Il retiendrait que c’était lui qui avait fait le premier pas, et il y avait de fortes chances pour que ce soit Edward qui lance les hostilités d’entrée de jeu.

Il s’avançait peut-être un peu trop, mais il connaissait Edward. Preston ne cherchait pas du tout la guerre avec son frère, mais il était bien obligé de lui répondre quand ce dernier allait trop loin. Franchement, pour lui, Edward n’avait aucune maturité, c’était juste un adolescent qui aimait faire chier le monde. Le pire, c’est qu’il n’était plus un ado, et qu’il était marié. Il était censé être un adulte, mais cela ne se ressentait pas du tout dans son comportement. Enfin bref, il ne fallait pas qu’il commence d’entrée de jeu à penser comme ça, sinon ils ne s’en sortiraient jamais.

Peut-être qu’Edward ne serait pas là, il n’avait pas prévenu qu’il viendrait. Cela ne se faisait pas trop, mais en même temps, s’il avait fallu prévoir quelque chose, ils auraient pu tourner autour pendant des semaines. Là au moins… ce serait fait. Sauf s’il n’était pas là. Il avait tout de même de ses nouvelles de la part d’Ambre, qui le voyait plus souvent que lui, mais ce n’était pas vraiment la même chose que de le voir de son propre chef. Avec un peu de chances, cela ne finirait pas en cris. Il l’espérait en tout cas. De toute façon, il s’était fixé la règle que si jamais cela commençait un peu trop à partir vers la dispute, il partirait tout simplement. Arrivé devant la maison de son frère, et de Jane, il toqua à la porte et attendit qu’on vienne lui ouvrir. Et c’était bien Edward qui était derrière la porte.

« Bonjour Edward, j’espère que je ne te dérange pas. Je passais juste… voir si tu allais bien. »

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Nul ami tel qu'un frère, nul ennemi comme un frère

Une partie de Preston regrettait déjà d’être allé sonner chez Edward. Parce qu’il savait qu’il y avait une chance sur deux, si ce n’est plus, que cela parte en vrille. Certes, Edward avait fait des efforts dernièrement, Preston essayait d’en faire aussi, mais ce n’est pas pour autant qu’ils s’entendaient comme les deux doigts de la main. C’était plutôt comme deux doigts sur deux mains différentes, n’appartenant pas à la même personne et qui se retrouvaient à l’opposé du village. Mais Edward restait son petit frère, et il était normal qu’ils se voient de temps en temps, même cinq minutes. Même si parfois cinq minutes suffisaient à ce qu’ils s’engueulent. Mais au moins, Preston n’était pas venu avec l’idée de lui faire des reproches, mais ce n’est pas pour autant que cela ne pouvait pas venir.

Rien que de le voir ouvrir la porte avec son… gamin dans les bras l’énervait. Ce n’était qu’une autre démonstration de ses conneries. Une parmi tant d’autres. Evidemment, il avait été énervé en apprenant la paternité d’Edward. Il avait été énervé en apprenant qu’il s’était marié. Edward l’énervait tout le temps, parce qu’il faisait n’importe quoi. C’était une seconde nature chez lui. Ou bien même sa nature première. Quoiqu’il en soit, il trouvait que c’était du grand n’importe quoi. Edward n’avait ni la maturité, ni la responsabilité pour être père. Il n’avait pas choisi de ce qu’il avait compris, ce n’était même pas Jane la mère, mais son ex, Perséphone. Preuve encore qu’Edward était totalement irresponsable. Non, Preston n’avait pas tous les détails de cette affaire, mais il n’en voulait pas. Il se prenait déjà assez la tête pour ça, pour diverses choses, il ne voulait pas rajouter les problèmes d’Edward à tout cela. Dans tous les cas, Preston ne se sentait absolument pas oncle de qui que ce soit. Certes, Samuel n’avait rien demandé, il était juste arrivé, mais Preston n’avait jamais vraiment porté attention à cet enfant. C’était trop étrange, et il n’avait aucune envie d’admettre qu’Edward était père, parce que cela n’allait pas du tout ensemble. Tant pis s’il passait pour un ingrat ou autre, il préférait laisser Edward « sa » famille sans s’en mêler. Libre à Ambre de jouer les nourrices et tantes si cela l’amusait de son côté. Lui n’était pas vraiment chaud pour ça. Mais dans tous les cas, c’était bien la dernière personne à qui Edward demanderait quoique ce soit, il s’en doutait. Mais bon, peu importe. Preston ne voulait pas se disputer avec son frère, mais prendre un peu de ses nouvelles. C’était ce que faisaient les gens dans une famille, même si leur relation n’était pas parfaite, Edward était tout de même son frère, et Preston s’en souciait.

« Preston ? Je vais bien. T’es juste venu voir si j’allais bien ? »

Bon, en un sens, Preston pouvait comprendre que son frère soit un peu sceptique. Il faut dire qu’ils n’avaient pas l’habitude de prendre le thé toutes les semaines ensemble. Mais pourtant, Preston venait effectivement juste voir si son frère allait bien. Histoire d’avoir bonne conscience, et vérifier aussi qu’il ne s’était pas fourré dans une autre situation compliquée. Le jeune homme se contenta de hausser les épaules à l’attention de son frère.

« Il paraît qu’on est frères, alors je viens prendre des nouvelles. Je sais que ce n’est pas habituel, mais ça fait longtemps que je t’ai pas vu, alors je viens voir, c’est tout. »

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En réalité, Preston était déjà en train de regretter d’être venu. Edward était sur la défensive, comme d’habitude, et donc Preston n’allait pas mettre longtemps à s’en agacer, et donc à monter dans les tours. Pourtant, ça ne lui plaisait pas spécialement, de s’embrouiller systématiquement avec son frère. C’était fatiguant, éreintant. Et à choisir, il aimerait que les choses soient différentes. Leur relation n’avait jamais été parfaite, mais quand leurs parents étaient encore en vie, ce n’était pas si mal. Ils n’étaient pas autant ennemis qu’ils ne l’étaient aujourd’hui. Même s’ils avaient changé, ce qui avait été prononcé et ce qui avait été dit ne disparaissait pas comme ça. D’autant plus qu’ils avaient tous les deux leur fierté.

D’autant plus que Preston avait du mal à croire que son frère ait vraiment changé. Au fond, il devait être le même. Il espérait pour le gamin qu’il s’était tout de même un peu responsabilisé, mais sa simple conception était une preuve que Edward continuait de faire n’importe quoi. Enfin bon, c’était ses problèmes, Preston refusait de s’en mêler, et il ne considérait pas vraiment Samuel comme son neveu non plus. C’était simplement le fils de son frère, et cela s’arrêtait là. Il ne voyait pas pourquoi il devrait s’y intéresser plus que ça, étant donné la relation qu’il entretenait avec Edward.

« Tu viens voir, c’est tout ? Bah tu vois, tout se passe bien. »

Preston avait déjà envie de le rembarrer. C’était devenue physique entre eux, dès qu’ils se voyaient ils se mettaient en position d'attaque. Edward l'énervait avec son ton, ses répliques, tout l’énervait… Surtout que non, Preston ne voyait rien. Il voyait que son frère était en vie, mais cela ne garantissait pas qu’il n’avait pas encore commis quinze mille conneries, puisqu’il ne savait faire que cela. Preston n’accordait aucune confiance à son frère, et non il n’était pas près à croire qu’il pouvait changer. Pourtant, il lui souhaitait. Il n’avait jamais espéré qu’il arrive quoique ce soit de mal à Edward. Jamais. Mais il était tout de même incapable de s’entendre avec lui, et la plupart du temps, les choses finissaient mal entre eux, et cette fois-ci ne ferait pas forcément exception. Avec hésitation, il entra chez lui, mais il ne comptait pas rester dix ans non plus.

« Je pensais pas que tu étais capable de faire une pause dans ton travail. »

Et voilà qu’il recommençait. Preston avait presque envie de lui rétorquer qu’Edward n’était pas près de vraiment savoir ce qu’était le travail. Mais cela n’avancerait à rien. Preston avait décidé de faire quelques efforts, mais il n’allait pas non plus s’écraser devant son frère, et si Edward décidait de continuer comme ça, il valait mieux qu’il parte tout de suite, parce qu’il n’avait aucune raison de s’infliger tout cela. Enfin bon, il ne fallait pas qu’il prenne tout pour lui non plus, mais il connaissait trop bien Edward.

« Très heureux de savoir que tout va bien pour toi. Et je ne vois pas ce qu’il y a de mal à travailler. Mais si ma présence te dérange je peux m’en aller tu sais. Mais tu aurais dû le dire d’entrée de jeu. »

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Preston regrettait sa décision. Il n’aurait jamais dû venir chez son frère. Son imbécile de frère qui lui tapait sur le système. Il ne suffisait que de quelques minutes, pour que Preston ait envie de lui en coller une. Il faut dire aussi, qu’Edward était un expert dans l’art de le faire bouillir. Tout, absolument tout était agaçant chez lui. Son expression, son ton, le choix de ses mots… il fallait toute sa concentration au plus âgé des Baker pour ne pas perdre son sang-froid. S’il faisait tous ces efforts ce n’était pas pour lui, encore moins pour Edward. Mais il voulait faire plaisir à Ambre. Ce n’était pas évident de voir sa seule famille se déchirer, alors il voulait bien tenter d’arrondir les angles, mais avec Edward ce n’était pas gagné. Il avait l’impression de devoir faire l’impossible en cet instant.

Il voyait bien que le fait qu’il soit là emmerdait son petit frère, mais il n’était pas plus ravi que lui. En même temps, ce n’était pas à Edward de demander de mettre de l’eau dans son vin. Il ne voyait que lui, sa petite personne, son couple avec Jane, et le reste n’avait aucune importance, aucune valeur à ses yeux. Mais bon, Preston allait tenter de faire des efforts, un peu, si Edward le poussait trop loin, il réagirait avec son cœur, et son cerveau, bref, toute sa personne qui lui criait de lui rentrer dedans.

Même s’il devait bien avouer qu’il avait déjà vu son frère beaucoup plus agressif envers lui. Là il était… tempéré. C’était déjà un début, mais il continuait à jouer au petit con, alors forcément, Preston restait profondément agacé par son attitude. Edward était vraiment un gamin, et dire qu’il avait un fils… Preston était navré pour cet enfant, Edward n’avait rien pour être père.

« Bah puisque t’as pris la peine de venir jusque-là, on ne va pas gâcher tous tes efforts. Et vu que tu es là, tu veux porter ton neveu dans tes bras ? »

Preston laissa son regard tomber sur Samuel. Non, il n’avait aucune envie de le prendre. Il ne le considérait même pas comme son neveu. C’était juste, le fils d’Edward. Ce n’était pas contre lui, il n’était qu’un bébé qui n’avait absolument rien demandé à personne, mais cette histoire de paternité, c’était du grand n’importe quoi. Avoir fait un gosse avec Perséphone et être en couple avec Jane c’était vraiment de l’irresponsabilité. Il ne connaissait pas les détails de l’histoire, et il ne les voulait pas. Mais il ne cautionnait pas la situation. Cela dit, il savait ce que le jeune homme tentait de faire. Il cherchait sûrement à le faire craquer, à trouver la moindre erreur pour se faire passer pour le gentil et lui cracher son venin, mais Preston ne le laisserait pas gagner à ce petit jeu. Il afficha à demi-sourire, un peu penaud.

« Oui, pourquoi pas. Je n’ai pas l’occasion de le voir souvent, après tout. »

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Nul ami tel qu'un frère, nul ennemi comme un frère

Preston ne pensait pas être particulièrement à l’aise avec les enfants, et même les bébés. Mais c’était son neveu, alors il pouvait bien faire un effort, quand bien même son enthousiasme n’était pas au plus haut. Mais Edward ne pourrait pas lui reprocher de ne pas faire d’efforts. C’était tout de même malheureux, pour un enfant d’être sans un contexte familial aussi particulier. Il n’avait même pas l’opportunité de comprendre en plus de cela. Ses parents n’étaient plus ensemble et chacun d’entre eux était avec quelqu’un d’autre. Et ce n’était pas simple chez les Baker d’une manière générale. Il ne savait pas comment cela se passait dans la famille de Perséphone, mais il espérait que c’était moins conflictuel.

Quoiqu’il en soit, pour en revenir à Edward, Preston essayait réellement de faire des efforts pour calmer un peu le jeu. Mais son frère l’énervait, et il ne pouvait pas s’empêcher d’être sur la défensive. Parce que cela avait toujours été important pour eux, de pouvoir attaquer l’autre à tout moment, pour pouvoir se défendre. Ils s’en étaient tellement envoyé à la figure qu’il fallait faire attention. Mais il avait conscience que ce genre de comportement devait changer, qu’ils ne devaient plus agir ainsi, s’ils voulaient avoir un semblant de famille normale. Mais il y avait encore du travail à fournir, beaucoup de travail. Ce n’était pas rien de le dire.

« Il ne tient qu’à toi de le voir plus souvent. Profite en pour faire connaissance avec lui, je vais chercher un truc dans la cuisine. »
« Je suis certains que ça te ferait sauter au plafond de me voir plus souvent… »

Bon d’accord, il n’avait pas pu s’en empêcher. Mais il avait encore l’impression qu’Edward l’accusait de tous les maux. Mais il n’aurait pas dû dire ça. Bon, il s’excuserait plus tard. Il récupéra le bébé, le regardant sans vraiment trop savoir ce qu’il était censé en faire. C’était peut-être la première fois qu’il le portait, et il n’avait pas vraiment l’habitude de porter des bébés. Est-ce qu’il devait lui parler ? Il ne voyait pas l’intérêt, si ce n’était avoir un monologue. Il observa le bébé qui lui rendait son regard inquisiteur, se demandant sûrement qui il était.

« Eh bien, enchanté… je suppose. Je suis ton oncle, Preston. Je suis ravi de te connaître, tu es assez mignon pour un bébé. »

Il se trouvait un peu ridicule, à parler ainsi à un nourrisson, mais bon, il faisait l’effort de connaître son neveu, et au fond, il était tout de même content de le faire.

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