La bienveillance est sur le chemin du devoir | Leopold & Dina

La bienveillance est sur le chemin du devoir

Si Dina donnait l’impression d’être forte, et de maîtriser les choses, ce n’était pas du tout le cas. Cela l’avait-il seulement été à un moment ? Peut-être, au début tout du moins. Quand elle était encore persuadée que Baptiste était l’homme de sa vie, et qu’elle ne pourrait qu’être heureuse à ses côtés. C’était une belle désillusion, mais pour autant, elle n’en voulait pas vraiment à Baptiste, parce qu’il ne lui avait rien promis, ni rien caché. C’est elle qui avait été naïve, en pensant qu’elle pourrait le changer, qu’elle pourrait faire en sorte qu’il lui soit fidèle et qu’il l’aime. Au final, elle n’avait réussi ni l’un ni l’autre, et aujourd’hui, eh bien elle se contentait de lâcher prise, tout simplement.

Elle avait compris, que son mariage ne pouvait pas être sauvé, parce que Baptiste n’avait aucune envie, et aucune intention de faire des efforts. Il n’était même pas amoureux d’elle, pourtant, Dina l’avait aimé, plus que tout. Cet amour aujourd’hui, n’était pas éteint, mais il s’était beaucoup affaibli, d’autant plus que maintenant, il y avait un autre homme qui faisait battre son cœur. Mais ce n’était pas pour autant que Dina comptait aller voir ailleurs, elle ne pourrait jamais se montrer infidèle. Parce qu’elle savait ce que cela faisait d’être trompée, et même si Baptiste s’en ficherait peut-être, elle ne voulait pas lui faire subir cela. Et ensuite, parce que Cael ne méritait pas d’être l’amant de qui que ce soit, il méritait beaucoup plus… et puis, rien ne lui disait qu’il voudrait d’elle, dans tous les cas. Même si elle percevait dans ses yeux, tout ce qu’elle aurait voulu voir dans ceux de Baptiste. De la tendresse, de la bienveillance, de l’amour… ou bien c’était plus un souhait, une envie de sa part de voir tout cela. Elle ne savait pas.

Quoiqu’il en soit, elle était coincée dans sa propre vie, et elle ne voyait aucune porte de sortie possible. Ajouté à cela, le fait qu’elle n’avait plus non plus de maîtrise sur ses propres pouvoirs, lui faisait penser qu’elle avait vraiment tout raté. Elle ne savait pas ce qu’il se passait en ce moment, mais cela ne pourrait définitivement pas être pire… du moins, elle espérait que ça ne pouvait pas l’être.

Pensive, elle ne fit pas vraiment intention à où elle mettait les pieds, et elle bouscula légèrement quelqu’un. Elle releva la tête pour se rendre compte qu’il s’agissait de Leopold. C’était un gentil garçon, qu’elle ne connaissait pas plus que ça, mais à qui elle avait déjà adressé deux trois mots, et il semblait être quelqu’un de bien. Même s’il ne fricottait pas forcément avec les bonnes personnes. Cela ne la regardait pas, évidemment, mais le fait qu’il soit avec Déa n’était pas forcément une bonne chose, vu les tendances de la sirène, Dina avait un peu peur que Léo en souffre mais bon, ce n’était pas du tout ses affaires après tout.

« Oh, excuse moi Leopold, je ne regardais pas où j’allais. »

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La bienveillance est sur le chemin du devoir

Tout le monde se connaissait plus ou moins dans le village. Au moins de vue. Il avait beau être grand, très grand, on en faisait vite le tour. Et à moins de vivre en ermite dans la forêt, on était toujours amené à rencontrer un peu tout le monde, ne serait-ce que par un regard, un sourire, un bonjour… Dina savait donc toujours à peu près devant qui elle se trouvait. Elle sortait assez souvent de chez elle, et il était donc fréquent qu’elle rencontre du monde, même si ce n’était pas toujours pour le mieux, mais en tout cas, elle savait qui était le jeune homme devant elle.

Et pour tout dire, elle n’avait aucun grief contre Leo, c’était même tout l’inverse. Il était un jeune homme tout à fait charmant. Pour ce qu’elle en savait. Après tout, elle ne connaissait pas toute sa vie, ni tout de lui. Elle lui avait parlé, quelques fois, et il lui avait toujours laissé une bonne impression. Elle ne lui souhaitait que du bien, dans tous les cas, et c’est pour cela qu’elle avait été surprise d’apprendre ses fiançailles avec Déa. Si la femme n’avait rien contre Leo, c’était une toute autre affaire concernant Déa. Etant donné que la sirène avait été l’amante de Baptiste, et ce en toute connaissance de cause, Dina ne pouvait qu’en vouloir à cette femme. Que ce soit toujours le cas, ou non, cela ne changeait rien à ce qu’il s’était passé. Aux yeux de Dina, elle était coupable, et aucun pardon n’était possible. Elle ne comprenait pas comment on pouvait agir ainsi, et aucune excuse n’était valable. Dina n’avait pas envie de l’excuser. Elle savait qu’elle n’était pas la seule maîtresse de Baptiste, et Dina les mettait tous dans le même sac, et Baptiste était lui aussi très fautif. Mais il était son mari, alors ce n’était pas la même chose. Même si elle était blessée, humiliée et déçue, il restait son époux. Quoiqu’il arrive. Mais pour en revenir à Leo, et sans vouloir se mêler des histoires des autres, ce qui n’était pas du tout le genre de la sirène, elle trouvait cela dommage que Déa ait réussi à trouver un garçon aussi adorable que Leo, il méritait beaucoup mieux qu’elle.

Porter un jugement sur quelqu’un ce n’était pas quelque chose qu’elle faisait en temps normal, mais là, elle ne pouvait juste pas s’en empêcher. Pour elle, Déa n’était pas quelqu’un de bien. Même si elle avait changé ou quoi, elle n’était pas une femme bien. Et elle ne méritait pas quelqu’un comme Leo. Elle méritait de finir sa vie seule. Dina était dure, certes, mais c’était plus fort qu’elle. Pourtant, elle pourrait user de ses pouvoirs pour séduire Leo et rendre la monnaie de sa pièce à Déa, mais elle n’était pas du tout ainsi. Elle n’usait jamais de ses pouvoirs sur les autres personnes, et elle ne tromperait jamais son époux, quelle que soit la raison.

« Pas de soucis, je ne faisais pas attention non plus. Comment tu vas ? »

Comme toujours, Dina ne pouvait répondre de manière sincère à cette question, mais elle était devenue une véritable experte dans l’art de paraître. Elle agissait toujours comme si tout était parfait, alors que cela était très loin d’être le cas, mais au moins, elle arrivait à en persuader quelques-uns que c’était le cas. Pas tous, mais tout de même certains qui ne la connaissaient pas bien, et c’était tant mieux d’ailleurs.

« Je vais bien merci, et toi ? J’ai appris que tu allais te marier, toutes mes félicitations. »

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Dina aimerait pouvoir être sincère en disant qu’elle était heureuse pour lui, pour son mariage. Mais ce n’était pas le cas. A cause du choix de la future épouse. Un jeune homme comme Leo, n’avait à ses yeux, rien à faire avec Déa. Ce n’était pas quelqu’un de bien. Elle ne la jugeait peut-être que sur une action, mais elle était déterminante pour Dina. Et elle ne croyait pas au changement. Déa n’avait eu aucun scrupule à coucher avec un homme marié, alors elle n’en aurait aucun à tromper Leo. Peu importe qu’elle l’aime ou non.

Ce n’était probablement pas ses affaires, et elle n’était pas proche du jeune homme, mais elle s’en souciait tout de même. Dina était une femme altruiste. Mais pas que. Elle n’avait pas envie que Déa puisse être heureuse, alors qu’elle avait contribué à pousser Baptiste vers l’adultère. Elle n’était pas la seule, elle n’était pas la première ni la dernière, mais elle s’en moquait. Elle l’avait quand même fait, alors elle ne voyait pas pourquoi tout devrait être passé sous silence. Et il n’en restait pas moins qu’aux yeux de la sirène, Leo méritait vraiment mieux qu’elle.

« Merci. Je vais très bien, je ne peux pas aller mieux en même temps. J’ai hâte que le grand jour arrive. »

Elle pouvait comprendre qu’il ait hâte. Elle aussi, elle avait eu hâte de se marier, mais les choses ne s’étaient pas passées comme elle l’avait imaginé. Aujourd’hui, c’était un véritable fiasco. Pourtant, elle ne pensait pas non plus que tous les mariages étaient voués à l’échec. C’était juste le sien. Enfin non, il n’y avait pas que Baptiste qui était infidèle, mais certains mariages réussissaient à tenir. Du moins, c’est ce qu’elle pensait. Quand elle prenait le cas d’Iris, son mariage avec Horace était réussi, même si ce dernier était mort prématurément.

Quoiqu’il en soit, Dina n’avait pas perdu foi en l’amour, mais elle savait qu’elle ne pouvait pas faire grand-chose pour sauver son mariage, même si elle était certaine d’avoir tout tenté. Elle ne voyait pas, ce qu’elle pourrait faire de plus, présentement. Elle ne pouvait pas forcer Baptiste, et ce dernier ne faisait que démontré qu’il se fichait d’elle éperdument, et que rien d’autre ne l’intéressait que lui-même, et ses envies. Mais la sirène savait que les choses pouvaient bien finir parfois, et elle aimerait que ce soit le cas pour Leo, mais elle doutait que ça puisse être le cas avec Déa.

« Oui, je m’en doute. L’excitation d’un mariage, c’est toujours quelque chose de particulier. Vous avez avancé dans les préparatifs ? »

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Dina donnait l’impression de s’intéresser au mariage de Leo et Dina. Ce n’était pas totalement faux, mais elle ne voyait pas cette union d’un bon œil. Logique, étant donné que la future épouse avait librement entretenu une relation avec Baptiste, et ce sans aucun scrupule. Elle n’était pas une femme bien, elle n’était pas pour Leopold. Elle n’était pour personne, pas pour quelqu’un de bien en tout cas. Elle ne méritait pas d’être aimée et respectée, parce qu’elle-même ne respectait personne. Elle était un peu dure, c’est vrai mais Dina avait été vraiment blessée par cette histoire, et toutes les autres. Alors savoir que Dea avait le droit au bonheur, et en plus avec quelqu’un de bien comme Leo, c’était encore plus difficile. Elle n’avait aucun pouvoir sur tout cela, et elle ne voulait pas se mêler de ce qui ne la regardait pas, mais elle avait peur que Leo fasse une erreur. Elle n’était pas a dire que Déa se servait de ses pouvoirs sur lui, mais le doute était tout de même permis. Elle ne voulait pas se montrer médisante, ce n’était pas son genre. Mais ce n’était pas simple pour elle. Elle se félicitait tout de même de rester si calme et stoïque face à tout cela.

Mais puisqu’elle était en face de Leo, elle ne pouvait pas ignorer le fait qu’il allait se marier avec Déa. C’était une grande nouvelle. Ils étaient jeunes, en apparence ils s’aimaient et ils étaient probablement tout excités, le sujet devait occuper leurs esprits absolument tout le temps. Elle se rappelait de cette époque pour elle, quand elle prenait épouse l’homme de sa vie, alors qu’elle avais sa plus grosse erreur à la place. Elle aimait Baptiste, toujours, mais cet amour lui laissait un goût amer.

« On a bien avancé oui. Mais on a encore beaucoup de chose à préparer, heureusement qu’on a encore du temps devant nous. »

Les mariages demandaient toujours beaucoup de préparation et d’organisation. Surtout si on voulait un mariage parfait. Après tout, on partait toujours avec l‘idée qu’on se marierait une seule fois, alors on souhaitait faire les choses bien. Dina avait passé beaucoup de temps et de minutie, à préparer son mariage. Elle l’avait fait seule, parce que Baptiste n’avait pas été intéressé. A l’époque, elle avait pris ça pour une preuve d’amour, pensant qu’il la laissait exprès avoir le mariage de se rêves. Ça ne l’avait pas été. Mais il ne s’agissait pas d’elle, ou de son mariage.

« Je ne doute pas que ce sera un très beau mariage. Vous êtes jeunes tous les deux, mais vous avez sûrement bien réfléchi à cette décision. »

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Dina n’avait pas envie de dissuader Léo de se marier, ce n’était pas du tout son but, et elle n’était pas en droit de faire ça. Surtout qu’elle se doutait bien que ce n’était pas parce qu’elle émettrait des doutes sur Déa que Léo allait l’écouter et subitement se détourner de sa fiancée. Mais il restait tout de même que Dina n’avait pas confiance en Déa, et elle craignait qu’elle ne soit pas sincère envers Léo, et qu’elle finisse par le faire souffrir. Léo était un gentil garçon, et elle n’avait pas envie qu’il regrette ses noces. Evidemment, elle avait tendance à calquer sa situation sur la sienne, mais avec le vécu qu’elle avait, elle ne pouvait que faire le rapprochement. Même si elle espérait tout de même que les deux jeunes gens aient un mariage heureux. Si cela existait vraiment.

« En effet, on y a bien réfléchi. »

Ils y avaient réfléchi probablement, mais elle n’était pas certaine qu’ils l’aient fait avec autre chose que le cœur, ce qui pouvait tout de même nettement brouiller leurs jugements. Elle avait tout de même un doute concernant Léo, est-ce qu’il était réellement lui-même, ou est-ce qu’il était sous l’emprise de Déa ? Elle était peut-être un peu trop sombre pour le coup, mais cela restait tout de même une possibilité, quand bien même Léo semblait tout à fait maître de lui-même. Elle ne savait pas à quel point Léo connaissait bien Déa. Dina ne la connaissait pas intimement bien, mais elle savait quel genre de femme elle était, ou avait été. Mais la nature profonde des gens ne changeait jamais réellement pour elle, si Déa avait su être une garce par le passé, elle n’allait pas devenir une sainte du jour au lendemain, sous prétexte qu’elle avait trouvé un homme. En tout cas, Dina ne croyait pas du tout à sa rédemption.

« Mais on n’est pas si jeune que ça tu sais ? »

Aux yeux de Dina, ils l’étaient. Ils n’avaient même pas trente ans. Certes, ils n’étaient plus des adolescents, et étaient entrés dans l’âge adulte depuis un temps, mais ils restaient tout de même jeunes. Cela ne voulait pas dire que leurs décisions n’étaient pas sérieuses, mais ils pouvaient très bien être emportés par la fougue de leurs sentiments, et ne pas réfléchir à tout. Mais elle ne pouvait pas en vouloir à Léo, c’était compréhensible.

« Tout de même, vous n’avez même pas trente ans. Mais certes, vous n’êtes plus des enfants. Et puis, si vous n’êtes plus si jeunes, que devrai-je dire de moi ? »

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