Tu vas me détruire [pv Edward <3 ]

E

lle n'en revenait pas elle-même alors que, une bière à la main, et après s'être agitée toute la matinée, elle prenait le temps de se poser enfin un peu, s'affalant sur le canapé. Elle avait passé la matinée à faire le ménage, elle ! Et sa maison était tout bonnement impeccable, plus propre qu'elle ne l'avait jamais été (enfin, ceci dit, vu le bordel ambiant qui y régnait jusque là, ce n'était pas difficile de faire un peu plus propre). À croire que la vie à deux la changeait radicalement. À présent qu'elle ne vivait plus seule (Léo n'était pas encore entièrement installé chez elle, il amenait ses affaires les plus importantes au fur et à mesure), elle faisait l'effort de ne pas faire de sa demeure un dépotoir. Bon, il ne fallait pas trop lui en demander non plus, elle n'allait pas se transformer en fée du logis du jour au lendemain, mais elle s'était promis de faire des efforts pour remettre sa vie sur les bons rails, et c'est exactement ce qu'elle faisait. Elle avait fait sa bonne action de la matinée, la maison serait aussi propre que Jane avait pu la rendre étant donné ses compétences dans ce domaine, et quand Léo reviendrait de sa recherche d'emploi (elle l'espérait fructueuse), il serait bien accueilli (en théorie). Elle but une large gorgée de bière, poussant un soupir de contentement. Cette vie, ce n'était pas le moins du monde ce qu'elle s'imaginait, et elle n'était pas certaine de pouvoir y trouver de véritable satisfaction... Mais c'était mieux qu de se lamenter seule dans son coin en buvant comme un trou et en s'enfonçant plus profondément dans un gouffre sans fond... Bon, d'accord, elle avait encore des efforts à faire pour ce qui était d'arrêter de boire comme un trou... mais pour le reste, il lui semblait être sur une pente ascendante. Alors qu'elle avait presque fini sa bouteille, on toqua à sa porte.

-T'as pas pris le double des clés ? Je croyais que t'étais.... avait commencé Jane tout en ouvrant la porte, convaincue qu'elle trouverait Léo de l'autre côté.

Mais ce n'était pas sur lui que ses yeux tombèrent quand elle se trouva dans l'entrée, et aussitôt qu son regard croisa celui de son visiteur, elle sentit son coeur manquer un battement, et un frisson lui traverser l'échine. Aussitôt, elle éprouva ce qu'elle éprouvait à chaque fois... le magnétisme poursuivait son oeuvre... Sauf que Jane avait tout fait pour y échapper, elle avait au possible évité de croiser le chemin d'Edward Baker... Le voir à sa porte, elle ne s'y était pas attendue. Et une part d'elle, elle était contrainte de le reconnaître, était heureuse et soulagée de le voir là, comme si elle avait attendue de le retrouver trop longtemps. Il lui fallut ménager tous les efforts possibles pour croiser les bras, et lui adresser un regard sévère et agacé.

-Qu'est-ce que tu fous là ?

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J

ane ne fit aucune remarque quand son âme soeur s'autorisa à remarquer qu'elle avait fait du ménage. Oui, effectivement, elle avait fait du ménage, et ça ne le regardait pas du tout. Dans l'idéal, rien de ce qu'elle faisait, disait, ou pensait ne le concernait... Mais si tout se passait comme dans l'idéal, il était plus qu'évident qu'elle n'éprouverait pas ce trouble intense en la présence du jeune homme... et c'était pourtant le cas, à un degré si élevé que savoir garder contenance était un effort de tous les instants. Il s'autorisa à entrer sans que, à un seul instant, elle ne le lui ait permis (ça va de soi)... Elle songea, bien sûr, à le foutre dehors immédiatement. Ça aurait été la réaction la plus sensée et la plus raisonnable... Mais n'allez pas lui demander d'être raisonnable quand elle se trouvait en face d'Edward Baker... c'est comme si ce mot disparaissait tout à coup de son vocabulaire. Alors, oui, au lieu de le foutre à la porte, elle l'avait laissé rentrer, pis encore, elle avait, l'air de rien, fermé à clé la porte derrière elle, et laissé la clé sur la serrure. On va dire que c'était une simple question de précaution... Si Léo en venait à rentrer plutôt que prévu, elle préférait qu'il ne trouve pas Edward chez lui... Bon, d'accord, il suffirait qu'elle lui dise bon vent, et la question ne se poserait pas mais elle en était juste... incapable. À ce stade, elle ne voulait même plus croire que c'était une question de volonté. En présence d'Edward, l'influence de ce dernier sur son être prenait une importance telle qu'elle ne pouvait tout simplement pas lutter contre. Ou alors elle se cherchait de fausses excuses.

Bien évidemment, elle s'en était doutée, il venait lui parler de son mariage à venir. Elle ne put s'empêcher de sourire en l'entendant évoquer le sujet. Parce qu'elle était convaincue qu'il était jaloux, et quand bien même il ne faudrait pas, elle adorait cette perspective... Pourquoi était-elle à ce point sûre de son hypothèse ? Oh, pour une raison simple, si elle-même avait appris les noces d'Edward avec cette idiote finie de Perséphone Enjolras, il est évident qu'elle serait aussi venue le voir, et qu'elle en aurait crevé de jalousie. Ma foi, tant que cela se passait dans son sens à elle, elle avait au moins le mérite de pouvoir s'en amuser. Tant qu'elle gardait un minimum de contrôle sur la situation... ce qui, elle ne se leurrait pas, pourrait bien ne pas durer longtemps.

-Ah oui, tu es au courant ? fit-elle l'air de rien, et d'un ton qu'elle voulait négligent. En bref, du ton de celle qui ne voyait pas où est le problème (et à la vérité, il n'y avait techniquement pas de problèmes, mais ça...). Désolée de ne pas t'avoir invité, mais je n'avais absolument aucune envie de supporter ta présence le plus beau jour de ma vie. Oui, tant qu'à faire, autant en rajouter.

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C

omme souvent, quand il semblait à Jane avoir l'avantage sur son ennemi, ce dernier trouvait une riposte violente et inattendue qui remettait tout en cause et venait perturber ses belles convictions, et ses certitudes d'avoir le dessus. En l'occurrence, on pouvait dire que le jeune homme n'aurait clairement pas pu s'y prendre mieux pour déstabiliser son âme soeur. Quand il avait commencé par dire qu'il ne serait de toute façon plus là, elle su feindre une indifférence qu'elle n'éprouvait pas forcément mais qu'elle n'avait guère trop de mal à afficher, convaincu qu'il bluffait forcément. Où pouvait-il aller, de toute manière, il n'y avait pas beaucoup d'endroits où s'en aller en leurs terres... à moins d'évoquer l'au-delà, mais Jane avait la conviction qu'Edward Baker ne se donnerait jamais la mort, quand bien même l'envie pourrait peut-être lui en prendre à un moment ou à un autre... Ce fut quand il clarifia son propos, quand il parla de sa décision de s'enfuir au-delà des montagnes avec Perséphone qu'elle eut du mal à ne pas afficher le mélange d'agacement... pas même de l'agacement, de l'angoisse, et de surprise qu'elle éprouvait. Était-il possible que cela soit vrai ? Se pouvait-il qu'Edward et sa stupide petite amie aient décidé de s'enfuir par-delà les montagnes, pour lui échapper, peut-être ? Elle ne savait ce qui devait le plus l'horrifier : qu'Edward puisse, par amour pour cette greluche, renoncer à tout ce qu'il possédait pour une vie complètement incertaine avec elle, ou qu'il s'en aille vraiment, qu'elle ne le voit plus jamais, que leur lien s'étiole. Elle avait tant de fois affirmé que le jour où Edward Baker disparaîtrait de sa vie, ce serait le plus beau jour de sa vie... mais là, la perspective que cela puisse arriver réduisait son coeur en miette. Elle tentait de garder un air digne et indifférent, mais s'il ressentait tout ce qu'elle ressentait, n'éprouvait-il pas à cet instant ce déchirement du coeur ? Croisant les bras ) son tour, elle le jaugea à nouveau du regard, et ce fut quand il lui sembla avoir retrouvé toute sa contenance qu'elle reprit la parole.

-J'aurais dû me douter que tu prendrais la fuite, t'es lâche en plus d'être con. Elle marqua une pause. T'arrivera jamais à passer la barrière des montagnes, sombre crétin. Personne ne le peut. Et même, mettons que toi et ta... elle se retint de justesse d'employer le mot greluche... chère et tendre parveniez à un miracle, il se passe quoi une fois de l'autre côté ? Tout le monde sait qu'il n'y a rien au-delà des montagnes. Vous allez crever, d'une manière ou d'une autre. En temps normal j'aurais rien contre, je serais même tentée de faire le trajet pour assister à ça, mais si tu meurs, mon pauvre atrophié du cerveau, je meurs aussi, et si tu crois que je vais te laisser disposer de ma vie si facilement, tu te fourres le doigt dans l'oeil jusqu'à la rotule. Sauf qu'en vérité, il disposait déjà de sa vie plus que n'importe qui. Son propos était certes juste en soi, et elle donnait seulement l'impression qu'elle était pragmatique, il pouvait pourtant se résumer en un mot : "reste". Elle se ficherait bien de crever, en vérité, si il n'était plus là. J'ai enfin l'opportunité d'être heureuse. Sous-entendu en en épousant un autre, comme si se marier avait un jour été la condition à son bonheur. Je te laisserai pas tout gâcher.

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J

ane ne releva même pas les remarques désobligeantes qu'Edward lui fit quand ce dernier lui affirma pouvoir s'en sortir seule, et la traita d'empotée au passage, et quand il affirma se ficher d'elle et de son bonheur... Parce qu'elle savait bien qu'il ne le pensait pas. Ou tout du moins, elle voulait véritablement le croire. Elle se serait contentée de riposter par d'autres remarques acerbes, et ça aurait été son tour de ne pas véritablement pensé ce qu'elle disait. Mais les propos que son âme soeur ajouta ensuite réduisirent à néant tous les contre-arguments qu'elle avait voulu lui balancer à la gueule. Comment ça, ce soucis allait être réglé... Et de quoi parlait-il ? De leur statut de myrihande ? C'est comme ça qu'il osait le qualifier ? De soucis ? Elle devrait s'en foutre. Même, elle devrait rejoindre cette opinion... Mais ce n'était pas le cas... Bien sûr, cette incendie avait provoqué quantité de troubles, et souvent, Jane se disait que ce serait plus simple si cette histoire ne leur était pas arrivé à tous les deux... Mais dans ses moments de plus grande lucidité, elle réalisait bien qu'Edward étaient liées et l'avaient toujours été, myrihandes du feu ou non. Ils avaient été des âmes soeurs avant que de devenir des créatures. Ce qu'ils étaient devenu, c'était un bon prétexte pour se dédouaner de tout ce qu'ils avaient toujours ressenti, une façon d'affirmer que ce n'était pas de leur faute, mais cell de ce lien qu'ils ne contrôlaient pas... Elle ne voulait pas perdre ça... Et pourtant, c'était bien là ce dont il était visiblement question... Sa bécasse de petite amie voulait mettre au point un sort pour les séparer... Elle aurait bien aimé penser que Baker bluffait, ce ne serait pas la première fois, mais malheureusement, elle le connaissait suffisamment bien pour discerner ses moments de sincérités et ceux où il mentait, en tous cas le pensait-elle. Alors oui, il parlait bien de se débarrasser concrètement de ce qui les liait l'un à l'autre. Elle ne savait pas ce qui était le pire, ce qui était le plus douloureux. Qu'Edward envisage bel et bien de se débarrasser de ce qui les liait, comme si ça n'avait pas la moindre importance (en fait oui, c'était sûrement ça, le pire), comme si ça n'avait pas la moindre valeur, ou que Léo ait été au courant de tout cela et ne lui ait rien dit. Est-ce qu'elle n'était pas la principale concernée, pourtant ? Elle se sentait... trahie, de tous les côtés, et elle avait du mal à ne pas l'afficher. Elle tentait de conserver toute sa contenance, mais les quelques secondes de silence qui s'étaient écoulées le temps pour elle d'encaisser la nouvelle en disait long sur ce qu'elle éprouvait. Ça ne l'empêcha pas de mentir effrontément, bien sûr, au moment de répliquer.

-Il ne me cache jamais rien. dit-elle, soutenant le regard de son ennemi. Elle ne voulait pas lui accorder un prétexte à croire que son couple n'avait pas de valeur... Même si elle-même l'avait vraiment mauvaise, en l'occurrence, il allait falloir qu'elle ait une sérieuse conversation avec son futur mari. Et pour une fois, j'avoue que ta dulcinée a eu une bonne idée. Elle ne lâchait pas Edward des yeux, bien sûr, elle n'en pensait rien, mais elle parvenait à adopter un attitude convaincante... enfin, elle espérait qu'elle soit convaincante. Tout ça sera enfin derrière nous. Elle se rapprocha d'un pas. Éprouver ce que l'autre éprouve, cette sensations quand nos peaux se touchent...

Sa main vint caresser doucement le visage du jeune homme, aussitôt, elle se sentit envahie d'électricité, comme à chaque fois. Il ne pouvait pas vouloir renoncer à cela. Elle, elle ne le voulait pas...

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e contact de sa main contre son bras était à nul autre pareil, et Jane en éprouvait un sentiment contradictoire, l'envie de se serrer dans ses bras, de l'embrasser, et celle de s'écarter, de s'éloigner, et de briser ce fichu magnétisme qui la rendait absolument dingue. Un fin sourire s'afficha sur ses lèvres quand Edward évoqua ses ébats avec Léopold. Il ne sortait pas cette information de nulle part, et Jane ne devinait que trop bien la manière dont il avait su... Il ressentait tout ce qu'elle ressentait, alors forcément... Heureusement qu'elle n'y avait pas songé sur le moment, ça aurait pu l'arrêter net... et ça n'allait pas arranger ses prochaines fois avec son futur époux, d'ailleurs... Ceci dit, sa remarque ne la déstabilisait pas vraiment... Il était évident, après tout, qu'aucun autre amant, pour l'un comme pour l'autre, saurait lui prodiguer le même plaisir, savourer la même intensité. C'était un fait. Elle préférait imaginer l'agacement qu'il avait dû ressentir à l'idée de la savoir coucher avec un autre que de lui reconnaître que leurs ébats ne pourraient jamais soutenir la comparaison avec d'autres. Oui, rien n'était comparable à ce qu'ils vivaient ensemble, et Jane adorait entendre Edward le reconnaître, comme elle aimait sentir ses lèvres si proches des siennes. Elle crevait d'envie de réduire la distance entre elle et de l'embrasser. Malheureusement, il rompit le contact, et s'écarta. Jane se sentit traversée d'une désagréable vague de frustration. Et elle su la calmer un peu seulement parce que les mots qu'il prononça alors ne pouvaient que lui plaire. Si ça, ce n'était pas de la jalousie, elle ne s'y connaissait pas (et croyez bien qu'elle commençait à en savoir un rayon sur la jalousie, bien malgré elle). Et qu'en était-il de Perséphone Enjolras, dans cette affaire ? Bizarrement, il ne l'évoquait pas un seul instant.

-Ah bon, parce que tu avais l'espoir de devenir autre chose ? demanda-t-elle en soutenant son regard. Propos ambigu s'il en est. Admettait-elle qu'elle le voulait pour amant ? Dans tous les cas, n'était-ce pas ce qui devait fatalement arriver ? Elle s'avança de nouveau, quand bien même il s'était écarté l'instant d'avant. Tu ne sera pas le mari, tu ne sera pas l'amant, tu ne sera rien du tout. Tu te contentera de ta vie moyenne, avec ta copine moyenne qui, manifestement, n'a pas envie que tu la touches. Après tout, c'est ce que tu veux, non ?

Il y avait les accents de sa frustration dans cette phrase, il ne pouvait pas vouloir cela, bien sûr. Il ne pouvait pas trouver de plaisir et d'intérêt dans cette escapade stupide à l'autre bout de la montagne avec cette fille sans intérêt. Il savait aussi bien qu'elle qu'ils seraient incapables de vivre l'un sans l'autre. Elle espérait seulement l'entendre le lui dire. Quand bien même elle-même était toujours aussi résignée à épouser Léo... Rien ne pouvait démêler vraiment cette situation en fait... Et la pire des solutions aurait sûrement été la plus simple. Il aurait fallu qu'elle libère Léo, qu'il libère Perséphone, et qu'ils s'assument pour ce qu'ils étaient : des âmes soeurs.

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on, ce n'était pas ce qu'il voulait, ce ne pouvait pas l'être... et ce n'était pas ce qu'elle voulait non plus. L'un comme l'autre n'étaient pas fait pour ces vies bien rangées auxquelles ils prétendaient vouloir accéder par acquis de conscience. Si elle devait uniquement se contenter d'une petite vie douce et proprette en compagnie de Léo, son futur époux, elle ne serait pas malheureuse, non, mais elle se sentirait terriblement incomplète, elle aurait constamment le sentiment qu'il lui manque quelque chose, elle s'ennuierait, et en définitive, elle serait détestable et ferait tout foirer. Tous les deux étaient de même nature, ils pouvaient se leurrer et affirmer que cette vie à laquelle ils faisaient mine de vouloir aspirer étaient faites pour eux, mais dans le fond, ils avaient bien conscience l'un comme l'autre que ça ne fonctionnerait pas, tout comme ne pouvait pas fonctionner l'autre alternative, celle où ils s'abandonnaient à cette pure passion qui ne pouvait que les consumer plus que de raison, les détruire pour de bon. Ils étaient résignés, frustrés, insatisfaits, et cette frustration atteignait son summum à cet instant précis... Peut-être parce qu'ils en éprouvaient l'un comme l'autre à ce moment même, et qu'ils se nourrissaient mutuellement de la frustration de l'autre... Le fait est qu'elle n'y tenait plus... Elle avait envie de le frapper, parce qu'elle ne supportait pas l'entendre vouloir une vie bien rangée, elle avait envie de renouer le contact physique, parce qu'elle en ressentait un besoin presque intenable. C'était insupportable. Et ce devint pire encore par la suite.

Quand il glissa une main dans ses cheveux, elle se sentit frissonner des pieds jusqu'à la tête, et son coeur tambourina dans sa poitrine quand il lui demanda de ne pas épouser Léo. Ce n'était pas tant la requête que la façon dont elle fut prononcée qui la désarma, parce qu'il semblait y avoir mis une véritable sincérité, parce que ce simple "s'il te plaît" en disait long sur la fierté qu'il avait dû mettre de côté, et elle n'arrivait pas à y être indifférente. En fait - elle se détestait de le penser, mais c'était le cas - elle mourrait d'envie d'envoyer tout balader, et de renoncer à ce mariage juste parce qu'Edward le lui aurait demandé, s'agripper à ses lèvres, ne plus les lâcher, se foutre royalement de tout le reste. Clairement, le contact de ses doigts dans sa chevelure ne l'aidait pas à rassembler convenablement ses pensées. Et ses pensées n'étaient bien sûr pas bien clair quand elle approcha ses lèvres de celles d'Edward pour l'embrasser. Enfin. Elle qui en avait crevé d'envie dès la seconde où son âme soeur avait passé le pas de la porte. Un baiser passionné, comme ils devaient toujours l'être quand c'était le jeune homme qu'elle embrassait. Une fois qu'elle daigna, et à contrecoeur, éloigner ses lèvres des siennes, sans trop s'écarter pour autant, son regard incendia le sien.

-Tu penses que c'est aussi simple que ça ? Qu'il suffit que tu l'exiges pour que j'envoie tout balader ? En même temps, il n'avait sans doute pas complètement tort de le penser, mais elle ne pouvait tout de même pas le laisser gagner aussi facilement. Donne moi une seule bonne raison de ne pas l'épouser.

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es raisons pour que Jane n'épouse pas Léo, il y en avait plein, effectivement, et Edward n'avait pas besoin de les énumérer, en vérité. Jane ne devait pas épouser Léo parce qu'elle n'avait jamais cru au mariage et aux valeurs prodiguées par cette institution, parce que le jeune homme méritait mieux qu'elle, parce qu'elle acceptait de se marier avec lui uniquement par crainte de le perdre et pour essayer d'avoir une vie rangée qu'elle était incapable d'avoir, parce qu'elle avait de l'affection pour lui mais qu'elle ne l'aimait pas, parce que ce moment précis, le baiser qu'elle venait d'échanger avec le jeune homme, et la folle envie qu'elle avait... de lui, tout simplement, prouvait bien qu'il y avait un problème. Oui, il y avait mille raison, mais elle voulait croire avoir la force de caractère suffisante pour réfuter en bloc chacun de ses arguments. Si son corps disait résolument "oui" à tout, elle voulait que sa voix sache prononcer "non"... Même si ne pas céder à Edward Baker tenait manifestement de l'impossible. En témoignait encore ce nouveau baiser qu'ils s'échangèrent et qui la fit frissonner, et son coeur de s'emballer comme un train fou, et la chaleur d'envahir tout son corps, un corps qui ne désirait rien d'autre que le sien. Ses caresses, puis les baisers qu'il déposa au creux de son cou la rendaient complètement dingue, dans des moments pareils, elle sentait bien qu'elle pourrait tout lui céder, tout lui sacrifier. Et les mots qu'il prononça ensuite lui donnèrent le coup de grâce. Une fois de plus, elle avait envie de le croire, chaque fibre de son être le voulait. Et pour une raison des plus simple. Elle aurait pu prononcer mot pour mot la même phrase sil les rôles avaient été inversés. Non sans abandonner une grande part de sa fierté, cependant.

-Je ne m'en remettrais pas si tu t'en vas... je ne m'en remettrais pas si on nous prive de nos pouvoirs. répondit-elle d'un ton égal tout en laissant à son tour à sa main venir se balader sous le haut de son interlocuteur.

Elle s'aventurait sur un terrain glissant. Elle savait quelle était la seule réponse concevable, il fallait qu'elle lui dise que ce n'était pas un prétexte suffisant, qu'elle épouserait Léo quoi qu'il advienne, que c'était tant mieux si, lui, ne pouvait pas s'en remettre, mais que ce soit la proximité de leurs deux âmes, son envie grandissante, ou tout simplement l'émotion qu'il savait lui faire ressentir, elle n'avait rien su dire des mots qu'elle aurait dû, à juste titre, prononcer. Doucement, elle s'appliqua à détacher la ceinture de son âme soeur. Son regard soutenait le sien.

-Ne pars pas, empêche-la d'arriver à ses fins... les caresses de Jane se firent plus orientées alors que ses mains glissaient un peu plus bas, sous le pantalon du jeune homme. Alors, qui sait...

Qui sait, elle annulerait son mariage. Si elle pouvait avoir la garantie de ne pas le perdre, alors oui... elle foutrait en l'air sa seule perspective d'un avenir sain.

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lle frissonnait à chacune de ses caresses. Et plus il se montrait entreprenant et sensuel, plus elle lui rendait la parole, flattant de l'extrêmité de ses doigts la partie la plus sensible de l'anatomie du jeune homme. À ce moment précis, elle était bien incapable de se rappeler à ses résolutions, elle était bien incapable de songer ne serait-ce qu'à être sage. Elle envoyait valdinguer les interdits, ses interdits, et elle s'abandonnait à un corps qui lui appartenait tout entier, qui ne serait jamais qu'à lui... Elle pourrait toujours faire semblant de vouloir le repousser, elle le savait pertinemment, chaque fois qu'ils se trouveraient en présence l'un de l'autre, elle ferait mine de le rejetter pour mieux se précipiter au creux de ses bras, tout contre son corps, et elle ferait les occasions nombreuses, parce que, quand il n'était pas là, elle éprouvait le manque de lui. C'était cruel envers tous ceux qui cherchaient à la ramener à la raison, envers ce fiancé qui lui faisait confiance et qu'elle trahissait allègrement, l'oubliant presque, envers elle-même, car elle savait pertinemment que rien de bon ne pouvait découler de tout cela, parce que ce que son être désirait, son esprit savoir le lui interdire, parce qu'au delà de la passion il y aurait cette propension à la haine, ils s'embrasaient, se consumaient mutuellement, il se détruiraient mutuellement. Sur aucun plan de l'existence, cela ne pouvait fonctionner... Et pourtant, quand il lui sommait d'abandonner un mariage en tous points bon pour elle, elle s'oubliait au profit d'une réponse dangereuse. Elle pouvait bien gâcher sa vie entière pour quelques minutes d'éternité à son contact. Oui, les séparer état une idée folle, et aucun des deux principaux concernés ne pouvait le désirer.

-Je ne veux pas que tu tentes de l'arrêter, je veux que tu l'arrêtes. répliqua-t-elle, déterminée, alors que, désormais à moitié nu (sans qu'elle songe à en éprouver l'ombre de la moindre gêne), son regard cherchait le sien, qui s'attardait sur les courbes de son corps. Et ce qu'elle pouvait aimer sentir son désir grimper en flèche ! Je ne vais pas renoncer à ce mariage au nom d'une simple tentative. Oui, elle songeait concrètement à tout abandonner pour lui, quand bien même elle savait que les conséquences allaient être dures... Mais parce qu'elle consentait à un presque-sacrifice, elle ne modifierait pas ses plans sans garantie. Elle attrapa finalement la main d'Edward et le mena jusqu'au canapé du salon (pourvu que Léo ne rentre pas... Croyez-le ou non, elle n'y songeait pas un seul instant). Elle se débarrassa alors de tous les vêtements qu'il lui restait avant de s'allonger sur le dos, à même le canapé, entraînant le jeune homme au-dessus d'elle pour l'embrasser langoureusement. Je veux la preuve que tu m'appartiens.

Ce n'était que justice, après tout, non ? Si elle refusait de se marier avec Léo, elle renonçait au fait d'appartenir à un autre. Elle voulait la même assurance... Quand bien même tout cela n'avait pas vraiment de sens, quand on y réfléchissait. Ce qui était en train de se passer en était bien la preuve : ils s'appartenaient, et ils s'appartiendraient toujours. Ils étaient des âmes soeurs, après tout.

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lle réclamait des preuves de ce dont elle avait pourtant déjà l'infinie certitude. Elle avait pertinemment conscience qu'il lui appartenait, tout comme, au fond, elle n'appartiendrait jamais qu'à lui, mais puisqu'elle ne pourrait jamais être entièrement avec lui, sa possessivité la menait à ce genre d'extrêmes, qui lui faisait oublier la moindre de ses résolutions. Il y avait l'ombre au tableau, il y avait Perséphone, et sa volonté de les séparer, de les éloigner à tous prix, et contre elle, elle voulait d'imparables arguments. Elle voulait que rien ne taise jamais cet appétit mutuel qu'ils avaient l'un de l'autre, quand bien même, à force, ils finiraient certainement par s'entredévorer, ou brûler de ce même feu qui leur avait donné naissance, qui avait révélé une évidence. En tous cas, tant qu'elle était en sa présence, il est évident qu'elle ne pouvait pas se résoudre à le perdre ou à envisager sa vie sans lui. Oui, leurs corps s'appelaient l'un l'autre, étaient aimantés l'un à l'autre, et à la moindre de ses caresses, elle s'oubliait et mourait de plaisir, mais ça ne suffisait pas à tout justifier. Affirmer que c'était purement physique, c'était une bonne façon de se dédouaner, de se dire qu'ils n'y pouvaient rien. Mais la vérité était autre... Jane avait bien fini par le comprendre. Elle voulait qu'il lui appartienne corps... et âme. les deux, et qu'il n'offre l'un et l'autre à personne d'autre. Aussi, quand il confirma, entre deux baisers brûlants et passionnés qu'il lui appartenait autant qu'elle lui appartenait (ce qui était très clairement le cas), elle en éprouvait la plus pure et jouissive des satisfactions. Et impossible encore pour elle de penser à Léo, le pauvre Léo, qu'elle n'aurait pas pu tromper avec plus de désinvolture. Elle ne parvenait tout simplement pas à éprouver l'ombre d'un scrupule quand leurs lèvres jointes provoquaient en elle ces torrents de sensations. Et ne parlons même pas du plaisir invoqué par ces caresses à l'endroit le plus sensible de son anatomie, qui la transportaient de désir, les yeux fermés, elle s'abandonna à ses caresses avant de finalement rouvrir les yeux à cette affirmation qui lui emballait le coeur. Quitte à en mourir.

-Je ne nous laisserai pas mourir pour ça. Ça... Son mariage devenait tout à coup une chose insignifiante. Après tout, s'il en mourait, elle en mourait aussi, forcément, naturellement. Mais elle appréhendait bien plus de le perdre que de se perdre. Sa main glissa à son tour vers le lieu le plus intime de l'anatomie d'Edward, qu'elle flatta de nombreuses caresses. Puis, n'y tenant plus, elle l'immisca en elle, au plus proche de lui, l'encerclant de ses bras, sans le lâcher du regard. Enfin elle se sentait complète. Enfin elle se sentait "elle". Parce qu'elle se sentait "eux". C'est toi qu'il faudrait que j'épouse. souffla-t-elle sans même réaliser ce qu'elle disait, transportée seulement par l'instant. Et pourtant, l'idée était venue si spontanément... Parce qu'au final, y'avait-il meilleur moyen de se prouver qu'ils s'appartenaient ? À eux et à eux seuls.

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était certainement là la défense imparable (et pourtant si fragile) qu'elle opposerait à tous (encore fallait-il que quiconque sache, et il est clair qu'elle n'y tenait pas le moins du monde) quant à la suggestion qu'elle venait de faire, et qui il y a peu encore lui aurait semblait de la plus innommable absurdité : quand elle était avec Edward, c'était à peine si elle savait encore répondre de ses actes et de ses pensées, et quand leurs corps s'unissaient, se mêlaient, et faisaient d'eux un être unique, plus rien de ce qu'elle avait pu dire, faire, ou penser n'avait d'importance. Son propos s'exemptait alors de toute forme de conscience et de moral, il n'y avait plus qu'elle qui s'exprimait, sans ces barrières qui la séparaient de ses véritables désirs, sans ces liens qui entravaient ses fantasme. Quand leurs corps s'unissaient, le monde cessait d'exister, et il n'y avait plus qu'eux et eux seuls, le reste perdait en importance, et le plaisir, lui, atteignait des seuils qu'elle ne pouvait pas croire que quiconque d'autre ait su un jour atteindre à part eux, et pourtant, ils n'en étaient pas encore à ce paroxysme qu'elle espérait tout en le retardant, puisqu'elle ne voulait surtout pas que ce moment s'achève, puisqu'elle voulait qu'il dure autant que possible. Elle aurait voulu que sa vie puisse se résumer ainsi, à lui, et que tout ce qui parasitait leur relation impossible n'existe pas... C'est sans le moindre doute pour cela que l'idée de l'épouser lui avait paru tout à coup si peu absurde, parce que, et même si elle le nierait bientôt, si elle devait lier à jamais sa vie à celle de quelqu'un d'autre, il ne pouvait s'agir que de lui. C'était un constat perdu dans cet était second où elle se trouvait, elle n'attendait pas vraiment de réaction de la part de son amant, si ce n'est des réactions physiques, bien sûr. Pourtant, il lui répondit.

Tout son être s'enflamma quand elle entendit sa réponse. "Épouse moi". C'était des mots qu'elle ne s'était jamais attendu que l'on prononce à son adresse... ni n'avait vraiment voulu que l'on prononce à son adresse. Et voilà que par deux fois, par deux personnes différentes, et en un temps record, on lui faisait cette demande qu'elle avait d'abord accueilli avec surprise avant que d'accepter par pur confort, et qu'à présent elle accueillait avec une sorte de complétude naïve, parce qu'elle ne voyait que les perspectives, dont celle - là plus importante, d'être pour de bon à lui et lui à elle, et dédaignait les conséquences désastreuses (et pourtant très nombreuses) que sa réponse, qu'elle voulait prononcer avec la plus parfaite évidence, allait engendrer. Elle se retint de répondre tout de suite malgré tout, son bassin ondulant sensuellement au rythme du bassin de son amant. Ce ne fut que lorsqu'elle inversa les rôles et vint se placer au-dessus de lui, et après avoir déposé un baiser brûlant et passionné sur ses lèvres, qu'elle prononça à son oreille, le souffle court :

-Quand tu veux.

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E

lle n'avait aucun regret, pour le moment en tous cas. Elle avait pensé chaque mot, le moindre d'entre eux, et elle était convaincu, à cet instant, ne pas avoir à revenir sur une décision qui lui semblait plus logique que jamais. Après tout, ils étaient faits l'un pour l'autre, et s'ils arrêtaient de se leurrer cinq minutes, ils devaient bien avouer être complètement fous l'un de l'autre. Au point d'en perdre manifestement la raison quand il se trouvaient dans la même pièce, et ne parlons même pas de ce qui se produisaient quand, comme maintenant, leurs corps se mêlaient, leurs peaux attiraient l'une par l'autre, leurs lèvres aimantées l'une à l'autre. Jane n'attendait aucune réponse de la part d'Edward. Elle savait pertinemment qu'il pensait comme elle, que cette évidence s'imposait à son esprit à lui comme elle s'imposait au sien. Elle éprouvait ce qu'il éprouvait, après tout, ils étaient connectées, quelque part, et leurs pensées semblaient l'être tout autant dans ces moments... Quand ils n'avaient vraiment plus besoin de se parler pour se comprendre, quand la communion de leurs deux corps faisait son office mieux que n'importe quoi d'autre. Les positions s'enchaînaient les unes après les autres sans qu'ils aient besoin de se consulter, de prononcer le moindre mot, les seuls sons qu'elle produisait, c'était ces soupirs et ces gémissements qu'elle ne cherchait pas un seul instant à rédure, au point qu'ils témoignaient, à chaque seconde un peu plus, de l'intense plaisir qu'elle éprouvait, comme à chaque fois semblable à nul autre, comme à chaque fois au-delà de ce que les mots pouvaient décrire. C'était au-delà du plaisir, au-delà de l'extase, au-delà de tout... Et elle sentait le paroxysme de la plus extrême des jouissances en approche, quelque coups de bassins encore, de plus en plus rapides, un rythme effréné, quand rien n'était calculé, mais tout destiné à transcender le plaisir. Enfin, dans un ultime gémissement (qui tenait plus du cri que du gémissement, d'ailleurs) elle se plus à se perdre dans l'accomplissement ultime avant de laisser s'apaiser les battements de son cœur, et de calmer ses sens, se laissant reposer tout contre son âme sœur, avec lequel, comme à chaque fois, elle ne voulait pas rompre le contact, surtout pas. Et pourtant... Elle déposa un baiser sur ses lèvres avant que d'essayer de retrouver un rien de ses esprits, un rien de sa raison.

- Il faut que tu t'en ailles, Léo va bientôt rentrer...

Elle n'avait pas la moindre envie qu'il s'en aille, pourtant, et à l'heure actuelle, elle regrettait amèrement d'avoir invité Léo à habiter chez elle, et encore plus amèrement d'avoir répondu « oui » quand il lui avait demandé sa main. À cet instant encore, elle pensait ne pouvoir appartenir qu'à une seule personne... Mais la vie était ce qu'elle était, et elle ne pouvait pas renoncer à tout ce qu'elle avait, ou au peu qu'elle avait en tous cas... pas même pour lui... ou pas de cette manière, en tous cas. Il fallait qu'il s'en aille, oui. Mais pour l'heure, elle avat encore envie de la voir revenir.

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