Still I say, there's a way for us [pv Léo :3]

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es journées entières d'angoisse avaient été un véritable supplice pour elle. Pendant plusieurs semaines, c'était à peine si elle avait daigné vivre ou respirer. Vivre ou respirer semblaient avoir une importance moindre s'il n'était pas là. Léo avait tout simplement disparu de la surface de la terre. Personne, dans le village, ne l'avait revu. Les rumeurs allaient bon train, dont beaucoup qui étaient parfaitement invraisemblables... malheureusement, Déa avait sa propre opinion sur la question, et cela n'avait rien de franchement enthousiasmant. En tant que sirène, elle était mieux placée que personne pour savoir qu'il y avait mille façon de disparaître sur cette terre de malheur. Parmi ses congénères, elle était presque certaine qu'il n'y avait pas de responsable. Elle avait mené son enquête auprès d'autres, arpenté la forêt en tous sens, s'était aventurée jusqu'aux zones franchissables des montagnes, mais pas la moindre trace de lui. Déa ne s'était pas résignée pour autant. Ce pouvait sembler insensé, mais elle avait la conviction qu'il était toujours vivant, et avait donc décuplé d'énergie afin de le retrouver. Sans succès. Entretemps, elle tentait d'accomplir au mieux son devoir au nom de Léo, elle était régulièrement venue rendre visite à la mère du jeune homme qui, elle le savait, était très fragile psychologiquement depuis la mort de son époux. Malheureusement, ses attentions régulières n'avaient pas suffi. C'était elle qui avait retrouvé le cadavre de sa mère. Un échec de plus. Déa avait bien du mal à demeurer insouciante dernièrement. Elle aurait aimé.

Elle jeta un regard vague à l'eau à la surface de laquelle brillaient les éclats du soleil. Elle était venu là à l'heure où les pêcheurs ne s'y trouvaient pas, certaine que ne faire plus qu'un, même quelques instants, avec l'eau lui ferait du bien. Voilà un moment qu'elle avait délaissé sa queue de sirène et le lac. Ce n'était pas faute d'entendre avec de plus en plus d'insistance l'appel de sa nature, mais jusque là, elle avait su y résister. Elle avait plus important à faire et à penser. Mais pour l'heure, elle ne voulait plus penser à rien, juste s'enfoncer de plus en plus profondément dans l'eau, et nager sans but ni direction, jusqu'à ce que sa tête se vide de toute pensée négative. Elle s'apprêtait à plonger, d'ailleurs. Juste un regard à droite et à gauche, ainsi que derrière elle, afin de s'assurer que personne ne se trouvait dans les environs, que personne ne découvrirait son secret... Un geste salvateur plus qu'elle ne l'aurait supposé, car elle vit alors une silhouette singulière en approche, et cette silhouette, elle ne la reconnaissait trop bien. Les battements du coeur de la jeune femme s'accélérèrent. Était-ce vraiment possible ? N'était-ce pas qu'une hallucination, le fruit de son imagination ? Elle s'avança, et à mesure qu'elle avançait, elle fut plus sûre d'elle. Elle courut presque pour faire les derniers pas qui le séparaient de lui. C'était bel et bien Léo. Elle atterrit purement et simplement dans ses bras, le serrant aussi fort qu'elle le pouvait, comme pour s'assurer encore un peu mieux qu'il était bel et bien là, en chair et en os.

-Me fais plus jamais ça !

Comme s'il y était pour quelque chose.

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ésolé, vraiment ? Comment osait-il seulement être désolé ? Il n'y était pour rien, il n'avait rien fait de mal, c'était évident. Elle ignorait ce qui lui était arrivé, et pour l'heure, elle ne songeait pas même à le lui demander, ne songeant qu'à profiter de lui, de sa présence, et du fait qu'il se trouve bel et bien là, entre ses bras. Mais ce qu'elle savait, c'est que le jeune homme ne serait jamais parti sans donner de ses nouvelles, ou sans prévenir. Si Léo était parti de son propre chef, il avait forcément eu une excellente raison de le faire sans donner de nouvelles ou sans laisser de traces, et si on l'avait obligé à partir, alors... Alors... elle n'avait pas envie d'y penser. Il n'y était pour rien, c'était tout ce qu'elle avait envie et besoin de retenir pour le moment. Elle ne voulait pas songer au pourquoi, ou aux horreurs qu'il avait traversé, juste savourer d'être avec lui, juste savourer de le voir en vie. Rien d'autre n'importait. Et non, vraiment, il n'avait aucune raison de s'excuser. Et c'était vraiment invraisemblable qu'il cherche seulement à le faire. Tout comme il était complètement invraisemblable qu'il lui demande comment elle allait. Ce n'était pas elle qui avait disparu pendant des semaines, ce n'était pas pour elle qu'il fallait s'inquiéter. C'était pour lui. De toute façon, comment pourrait-elle encore aller mal alors qu'elle le serrait contre lui.

-C'est toi qui me pose la question ? répliqua-t-elle dans un sourire se dégageant juste assez de son étreinte, sans pour autant l'interrompre, pour le regarder dans les yeux. Je serais difficile si je n'allais pas bien maintenant, non ? Et en effet, l'instant d'avant, elle avait eu le coeur lourd de tant de pensées négatives, et à présent, elle se sentait heureuse, juste heureuse. Il y avait encore des ombres au tableau mais elle ne les voyait plus, incapable de les voir. Tu es revenu quand ? Non, elle ne lui demandait toujours pas ce qui lui était arrivé, elle préférait attendre qu'il lui en parle de lui-même. Elle devinait que ça n'avait pas dû être simple, elle devinait que ça avait dû être douloureux, elle ne voulait pas le brusquer. Tu es au courant ... ?

Elle parlait de la mère de Léo, bien sûr, mais elle n'osait pas mettre de mots sur ce qu'elle suggérait. S'il n'était pas au courant, ce serait la pire manière de le lui annoncer. Et s'il l'était... Dans tous les cas, la jeune femme pensait qu'il était important d'aborder le sujet, quand bien même ce serait difficile. C'était elle qui avait fait de son mieux pour veiller sur la mère du jeune homme, c'était elle qui y avait échoué, c'était elle qui avait découvert son cadavre. C'était à elle de le lui annoncer si cela n'avait pas déjà été fait... bien sûr, pour ce qui était de ne rien évoquer de tragique, c'était loupé, mais dans les premiers temps de leurs retrouvailles, ce semblait malheureusement inévitable.

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eux jours !! Deux jours qu'il était rentré, et elle ne le voyait que maintenant ! Si elle avait su, elle se serait épargnée deux jours d'obscurité... mais elle ne pouvait pas lui en vouloir. Quand il lui disait l'avoir cherché, elle le croyait... Mais il n'était pas anormal qu'il ne l'ait pas trouvé chez elle. Ces derniers temps, elle n'y était passé qu'en coup de vent. Elle avait passé davantage de son temps à sillonner la forêt, jusqu'aux bordures des montagnes, dans l'espoir de le trouver, lui, d'obtenir le moindre indice quant à ce qu'il avait pu advenir de sa personne. Et quand elle n'était pas occupée à le chercher, elle s'enfonçait au plus profond du lac et s'abandonnait à l'infini liquide. Elle regrettait, à présent, de ne pas être restée sagement chez elle. Elle aurait pu savourer cet instant bien plus tôt. Mais mieux vaut tard que jamais, après tout. Et la simple idée qu'il puisse l'avoir cherché partout, qu'il ne l'ait pas retrouvé là par hasard, mais parce qu'il avait voulu la revoir, lui réchauffait le coeur.

Elle ne pensait pas qu'il puisse vraiment ressentir pour elle ce qu'elle ressentait pour lui, mais au moins, elle comptait, et elle n'en réclamait pas davantage. Elle n'aurait jamais eu l'audace d'en réclamer davantage. D'autant qu'elle ne s'était pas sentie à la hauteur, malgré tous ses efforts pour le retrouver, malgré sa volonté de l'aider au mieux, quand bien même elle ne savait rien de l'endroit où il pouvait se trouver à présent. Elle avait échoué, d'une certaine manière, notamment vis à vis de Mrs Ridley. Déa esquissa un fin sourire, un peu douloureux, quand Léo lui dit qu'elle n'y était pour rien. Pourtant, elle n'avait rien dit, encore. Et il avait deviné malgré tout. Il devinait toujours. Sauf peut-être le plus important. Peut-être savait-il qu'elle était venu voir sa mère tous les jours, ou peut-être avait-il tout simplement deviné qu'elle culpabiliserait. Dans tous les cas, il avait raison, et ça la rassurait de savoir qu'il ne lui en voulait pas, qu'il ne lui reprochait pas ce qui était arrivé. Les bras résolument fermés autour de lui dans une étreinte qu'elle ne voulait surtout pas interrompre, elle savourait ce contact qu'il ne devait pas imaginer si important pour elle.

-J'aurais voulu en faire plus, tellement plus... Bordel, Léo tu m'as tellement manqué !

Et ça venait du coeur. Elle avait eu comme un trou dans le coeur en son absence, elle n'était pas certaine qu'elle aurait tenu longtemps sans lui. S'il n'était jamais revenu, allez savoir ce qui se serait passé. Allez savoir ce qu'elle aurait fait. En son absence, ce dont elle avait pris conscience était devenu une certitude : elle l'aimait. Elle avait songé au fait qu'elle n'aurait jamais pu le lui dire, s'il ne revenait pas... C'était peut-être l'occasion... Mais elle n'osait pas encore. De crainte que l'étreinte se brise, et de le perdre de nouveau à peine l'avait-elle retrouvé.

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a pourrait durer des minutes, des heures, des semaines... toute une éternité... Elle ne se lasserait jamais d'une telle étreinte. Elle aurait voulu demeurer là, blottie entre ses bras, où elle se sentait heureuse, parfaitement en sécurité, sereine... Il lui disait qu'elle aussi lui avait manqué, et elle voulait le croire. Oui, vraiment, là, alors qu'elle l'avait tout contre lui, elle se promettait, du plus profond de son être, de ne plus jamais le lâcher d'une semelle. Le seul fait de le serrer de le sentir contre elle, l'apaisait incroyablement, elle ne supporterait plus jamais d'être séparée de lui, de s'inquiéter à ce point pour le jeune homme.... Elle sentait lui venir cet élan, cette envie de tout lui dire, de lui avouer ce qu'elle avait sur le coeur, un coeur qui lui appartenait... Mais cet élan fut brisé. Et de façon féroce et extrêmement violente, qui plus est. Déa sentit son coeur s'arrêter de façon si brutale qu'il lui sembla l'entendre se briser sous la même impulsion, et des morceaux d'une coeur meurtri lui lacéraient à présent l'intérieur du corps. Il avait demandé Jane Hardwick en mariage ? Il avait vraiment fait cela ? Et il le lui annonçait alors qu'il la serrait encore contre lui ! Déa pâlit à vue d'oeil, et ce fut assez abruptement qu'elle s'écarta de lui, brisant pour de bon leur étreinte. Il lui fallut plusieurs secondes pour rassembler ses esprits, plusieurs secondes au cours desquelles elle se contenta de le regarder, les yeux chargés à la fois de douleur, de déception, et de colère. Léo ? Demander Hardwick en mariage ? Et puis quoi encore ?

-J'espère que tu te fous de moi ! Après tout ce qu'elle t'as fait subir !

Ça avait été désagréable, pour Déa, que de voir ainsi son meilleur ami (qui était plus que cela pour elle) s'enticher de cette fille, mais à l'époque, elle avait serré les dents, et décidé de faire avec. Parce qu'elle ne l'avait alors jamais connu aussi heureux et apaisé depuis la mort de son père. Mais cette fille n'était pas faite pour lui. Elle ne connaissait certes pas les détails de leurs relations, et les motifs de leur rupture, mais elle savait qu'elle lui avait en tous cas fait énormément de mal. C'était elle qui avait ramassé le jeune homme à la petite cuillère, quand elle l'avait retrouvé en miettes, complètement effondré. Et tout ça, c'était de la faute de cette fille. Non, il ne pouvait pas se remettre avec elle, c'était impossible. Expérience traumatisante ou pas, prise de conscience ou non, il ne pouvait pas. Et encore moins l'épouser ! Elle ne le supportait pas ! Et quand bien même une très grande part de jalousie influait son jugement, elle pensait son opinion légitime quand elle affirmait que jamais cette fille ne le rendrait heureux. Déa croisa les bras, ne lâchant pas Léo des yeux. La colère et la déception avaient laissé place à de la tristesse et de l'amertume.

-Et elle t'as dit oui, c'est ça ?

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omme si supporter la douleur que cela lui faisait de sentir chaque fragment de son coeur briser lacérer lentement l'intérieur de son être ne suffisait pas, voilà encore que Léo en rajoutait une couche, appuyant violemment et sans s'en rendre compte sur ses plaies neuves et béantes. Intérieurement, la sirène souffrait le martyre, extérieurement, elle gardait contenance comme cela se peut, en laissant seule transparaître sa colère et en gardant pour elle sa douleur et sa tristesse. Il osait lui demander d'où lui venait sa réaction ? Et lui, alors, d'où lui venait sa demande, comme ça, sur un coup de tête ! Qui était le plus à blâmer des deux, celle qui s'offusquait d'un mariage sans avenir où celui qui s'y précipitait à corps perdu au point d'abandonner tout sens commun ! Elle le décevait, elle pouvait le lire dans son regard, mais qu'importe. Elle ne pouvait pas se contenter de sourire bêtement et faire semblant de s'enthousiasmer quand cette nouvelle la catastrophait totalement. Il y avait des sentiments qu'elle s'était plutôt bien arrangée pour lui dissimuler, mais pas ceux-là. Ceux-là, elle se refusait à les contenir. Bon d'accord, sa réaction était peut-être trop vive... parce qu'elle-même était bien trop passionnée et se sentait finalement plus impliquée qu'elle ne l'aurait dit. Mais ses sentiments mis à part, elle disait ce qu'elle pensait, et elle le disait pour son bien. Qu'il ne tienne aucun compte de son opinion, que même, il se montre à ce point désagréable vis à vis d'elle, tout ça pour les beaux yeux d'une myrihande stupide, c'était trop ! Elle et Léo avaient toujours été comme les deux doigts de la main, elle ne se souvenait pas de s'être une seule fois disputée avec lui... Pourquoi fallait-il que cela arrive enfin ? Et dans un tel contexte.

-Excuse-moi d'être honnête ! Je pensais que les amis étaient là pour tout se dire... je savais pas qu'il y avait une close dans notre amitié qui stipulait que je devais sourire bêtement à tes conneries. Elle y allait fort, mais étant donné sa réaction, elle ne se voyait clairement pas prendre de gants. Et puis, la situation était grave. D'accord, elle n'était pas forcément très juste dans son propos, au sens où, si elle voulait véritablement se faire le porte-parole d'une relation fondée sur une parfaite honnêteté... cela faisait plusieurs mois qu'elle mentait à Léo. Mais peu importe ! Et comment tu peux oser me dire ça ? C'est justement parce que je t... elle poussa un large soupir, il fallait qu'elle se calme. Il fallait qu'elle se remette les idées en place. Parce que je tiens à toi que je me permet de te dire ce que je pense... Non mais écoute-toi parler... qui dit de la femme qu'il va épouser qu'elle a de "l'affection" pour soi ?

Avouez tout de même que la formulation était étrange... Ou alors elle avait trop envie d'extrapoler... Va savoir, à leur actuelle, elle était partagée entre bien trop de sentiments désagréables pour réfléchir au mal qu'elle pouvait faire ou se faire. Elle, elle devait déjà géré son lot de douleur. Léo avait demandé Hardwick en mariage, et elle avait dit oui.

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e l'aime"... Des mots aussi tranchants que des lames de rasoir. Chacun d'entre eux lui tailladait les chairs, et malheureusement, elle savait que ces mots venaient du coeur. Elle l'avait su à l'instant où elle l'avait vu, après que son chemin ait croisé celui d'Hardwick pour la première fois. Elle avait bien remarqué que quelque chose avait changé en lui. Et ça s'était confirmé par la suite. Il était fou amoureux d'elle, au grand désespoir de Déa... Même après qu'ils se soient séparés, elle voyait bien, à son état pitoyable, qu'il était encore fou d'eux. Elle espérait que, au fil des jours et des semaines, il allait se remettre et l'oublier pour de bon, elle avait même cru qu'il y parviendrait... Égoïste ? Oui, c'est certain, elle ne supportait pas de voir son meilleur ami avec une autre, mais Jane, en plus, ne lui inspirait vraiment aucune confiance. Elle en était convaincue, Léo aimait cent fois plus Jane que l'inverse, elle ne méritait pas l'affection qu'il lui accordait. Elle ne doutait pas des paroles du jeune homme, même si elle aurait très largement préféré qu'il mente, mais ça ne rendait pas les conséquences de sa décision moins grave. Dans tous les cas, et même s'il pensait y avoir réfléchi, Léo allait souffrir, c'était évident. Ce mariage ne pouvait mener à rien de bon.

-Je serai toujours là pour toi, Léo, et je ne demande qu'à te soutenir mais... Elle tentait de se contenir malgré sa colère, elle ne voulait pas que cette conversation qui pouvait bien virer à la dispute mette un terme à ce qu'ils avaient ou tout du moins à ce qu'il leur restait... Je ne peux pas me taire quand je pense que tu es dans l'erreur. Tu l'aimes, j'en suis sûre, mais elle, hein ? Où elle était, pendant ta disparition ? Est-ce qu'elle a arpenté la forêt de fond en comble dans l'espoir de t'y retrouver ? Est-ce qu'elle a été là pour veiller sur ta mère en son absence ? (bon, d'accord, elle avait échoué) Si elle t'aimait vraiment, elle... Elle aurait fait exactement ce que Déa, elle, avait fait... par amour pour lui.  Ses propos ressemblaient presque à un aveu, si on y regardait de près, mais une fois de plus, elle n'alla pas jusqu'au bout. À quoi bon, maintenant qu'elle avait la conviction qu'il ne serait jamais à elle ? Je ne crois pas qu'elle t'aime vraiment, c'est tout. Elle marqua un pause. Si c'est vraiment ta décision, si tu ne comptes pas revenir dessus alors... je resterais auprès de toi dans tous les cas. De toute manière, elle était totalement incapable de s'éloigner de lui. Et le perdre pour de bon, tout ça à cause de cette garce, en plus, c'était tout à fait hors de question. Alors quoi ? Serrer les dents, le regarder commettre cette erreur et espérer qu'il finisse par s'en rendre compte ? Malheureusement, elle n'envisageait pas d'autre option dans tous les sens. Mais approuver ce que tu t'apprêtes à faire je... je peux juste pas.

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on, il ne pouvait pas la forcer, non. D'ailleurs, elle lui en voudrait terriblement que de le faire. C'était ainsi, elle ne pouvait pas apprécier Jane Hardwick, elle ne pouvait admettre le fait qu'il puisse être heureux sur le long terme avec elle. Pas seulement parce que son pauvre coeur ne s'en remettrait pas, mais parce qu'elle pensait être objective en disant que cette fille était fausse, et qu'il méritait mieux. Ça aurait été une autre fille, elle aurait souffert aussi, mais elle voulait croire qu'elle aurait accepté et se serait tue, parce qu'elle l'aurait trouvée digne de ce meilleur ami qui était malheureusement plus que cela pour elle... Elle ne lui mentirait jamais parce que c'était à ses yeux la moindre des choses que d'être honnête avec lui. La moindre des choses... sauf que dissimuler, c'était aussi mentir, quelque part, et elle ne pouvait pas s'attendre à ce que Léo la comprenne si elle ne lui avouait pas ce qui était, qu'elle était folle de lui, purement et simplement, et que si elle s'était résignée au fait qu'il ne l'aimerait jamais, le voir à ce point épris d'une autre était un supplice. Quand il lui demanda de parler si elle avait quelque chose à lui dire, elle devinait qu'il avait compris.... Ou le supposait un peu trop pour qu'elle puisse nier. Il faut dire qu'elle s'était sérieusement emballée, plus tôt, au point de laisser quelques indices un peu trop flagrant au sujet de ses sentiments. C'était souvent comme cela, quand elle se laissait envahir par ce qu'elle éprouvait, elle parlait sans réfléchir, et se laissait trahir par sa spontanéité naturelle. Son teint blanchit légèrement, alors que les pensées défilaient à toute vitesse dans son cerveau...

-À quoi ça servirait que je te le dise... Elle évitait soigneusement de le regarder dans les yeux. Ça changerait quoi, hein ? Est-ce que tu vas rompre avec elle ? Renoncer à te marier ? Non. Tout ce que j'y gagnerais, c'est qu'au pire, tu choisiras de m'ignorer, au mieux tu prendras des gants, avec moi. Tu ne me regarderas avec pitié ou... je sais pas... Si, ça changera tout, en fait, et ce sera encore pire. Il lui fallut bien de efforts pour regarder son meileur am dans les yeux. Elle savait bien qu'elle devrait passer aux aveux un jour, mais ça ne rendait pas les choses plus simples, loin de là... et elle savait que la suite ne serait pas plus simple. Ce serait sans doute pire, même. Je t'aime, t'es content ?

Voilà, c'était dit, elle l'avait fait. Les mots qui lui pesaient sur le coeur depuis plusieurs mois avaient enfin franchi la barrière de ses lèvres, mais elle ne parvenait pas à en éprouver le moindre soulagement, elle en craignait trop les répercussions. Elle aurait aimé pouvoir les prononcer dans des circonstances différentes... Elle aurait aimé croire en ses espérances les plus folles... Elle devrait se contenter de circonstances-ci. Et elle savait que l'accueil donné à ces mots ne seraient pas davantage de celui qu'elle avait pu imaginer dans des rêves qui ne se réaliseraient jamais.

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amais elle n'avait eu à ce point l'envie de fuir, de se creuser un trou sous la terre et d'y disparaître, elle hésitait très sérieusement, à cette seconde, à se jeter immédiatement dans l'eau et de plonger dans les profondeurs du lac pour ne plus jamais quitter son univers sous-marin. Cette perspective plus que tentante était peut-être celle qu'elle mettrait à exécution sitôt cette conversation terminée. Elle n'avait qu'à devenir sirène à temps plein, au moins, elle n'aurait plus à supporter les aléas d'une vie terrestre. Et elle finirait peut-être par l'oublier... Parce qu'elle avait eu raison, malheureusement, et elle le lisait déjà dans son regard à cet instant, alors qu'elle le voyait incapable de savoir quoi faire véritablement, tout était déjà en train de changer. Pour lui, elle ne serait désormais plus la meilleure amie et le pilier inébranlable auquel il pourrait tout dire sans craindre quoi que ce soit, elle serait toujours cette pauvre fille bêtement éprise de lui. Il prendrait ses distances pour s'assurer de ne pas lui envoyer de faux signaux, il se montrerait bêtement compatissant et apitoyé parce qu'il s'en voudrait de lui faire vivre tout ça... Il ne pourrait plus agir naturellement, et elle ne voulait pas d'un Léo qui ne soit pas naturel avec elle... Elle esquissa un sourire qui n'avait rien d'heureux quand il s'excusa. Il n'avait pas à le faire, il n'était en rien responsable de ses sentiments à elle. Elle était bêtement tombée sous le charme d'un homme qui ne l'aimerait jamais. Elle avait été stupide, et elle le savait. Car, clairement, il ne serait jamais à elle. Et si, dans un recoin absurde de son imagination, elle avait pu s'imaginer que cette révélation ouvrirait les yeux de Léo, qu'il réaliserait tout à coup que Jane n'était absolument rien pour lui, et se précipiterait dans ses bras, elle avait désormais la confirmation que cela n'arriverait jamais...

-Je pense qu'il vaut mieux... elle prit une grande inspiration. J'ai eu tort de te dire que je serai là pour toi... Ça va juste compliquer inutilement les choses. Elle plongea son regard dans celui de Léo. Et dire qu'il aurait suffi d'une fraction de secondes et de ses pouvoirs surnaturels de séduction pour que Léo retombe irrémédiablement dans ses bras, mais tricher ne lui apporterait rien. Il vaut mieux que je prenne mes distances. Dans un geste qui semblait parfaitement contredire son propos précédent, elle se rapprocha de son "meilleur ami" et déposa doucement ses lèvres sur les siennes, un contact qui ne dura qu'une fraction de secondes. Je pense toujours que tu fais une connerie. Mais essaye de prendre soin de toi quand même.

Prendre ses distances, s'éloigner, au moins un temps, de Léo, cette décision avait véritablement des accents d'absurde. Mais c'était pour le mieux. Elle n'avait pas envie de le perdre, mais elle n'avait pas davantage envie de ce à quoi allait ressembler leur relation désormais. Alors autant prendre le large... Autant qu'on pouvait le faire en ces terres aux allures de prison montagneuse. Elle choisit de tourner les talons. si elle s'était écoutée, elle aurait rejoint immédiatement les flots, mais Léo ne connaissait pas sa véritable nature, et mieux valait qu'il n'en sache rien, d'ailleurs.

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