Le silence permet de trouver son destin. (Jane <3)

B

on, ça valait toujours le coup de tenter, oui, mais Edward ne s'était pas laissé prendre à son piège (ô combien grossier), à la place, il resta sur sa lancée, comme elle était décidée à rester sur la sienne. À ce stade, leurs frustrations respectives avaient beau atteindre leur comble, cette affaire pouvait vraiment durer longtemps. Il faut dire que leurs egos respectifs pouvaient tolérer à peu près tout et n'importe quoi du moment qu'on les flattait, du moment qu'ils gagnaient. Aussi Edward, au lieu de réclamer qu'elle achève sa phrase comme il avait déjà pu le faire, affirmant qu'il ne savait rien alors même qu'il savait évidemment tout. C'était aussi ça, d'être des âmes sœurs, ils ne pouvaient rien se cacher l'un à l'autre, et encore même la profondeur de leurs sentiments, même quand ils n'étaient pas exprimés tels quel. Alors non, Edward était loin de ne rien savoir. Bien au contraire, il savait tout, absolument tout. Elle lui était transparente. Et l'air de rien, ça ne lui déplaisait pas. Il ne faisait que croire que ce qu'elle avait dit avant. Bien voyons ! Pour une fois qu'il faisait mine d'accorder crédit à toutes les conneries qu'elle pouvait bien raconter ! Des gens crédules, elle en connaissait une flopée, elle était même sortie avec l'une d'entre elles (il fallait être crédule pour vouloir d'elle, il faut dire), mais Edward n'appartenait absolument pas à cette catégorie. Elle lui adressa un sourire qui signifiait très clairement qu'elle ne se laissait pas attendrir par les propos du jeune homme. Elle ne craquerait pas la première, c'était hors de question. Si ça devait durer des jours et des jours, alors tant pis. Elle n'en avait pas envie, hein, mais tant pis. Au pire, ce serait Edward qui subirait l'absence du moindre mot tendre, pas elle... Il allait bien finir par se lasser, non ? Bon... peut-être pas... En même temps, elle, finirait par se lasser, peut-être.

-Je ne savais pas que tu étais aussi crédule, répliqua-t-elle. Je pensais que tu étais suffisamment intelligent pour savoir. Elle poussa un soupir déçu, bien trop exagéré pour être véritablement crédible une fois encore. Je t'ai peut-être surestimé. Nouveau soupir. Tant pis.

Tant pis... Tant pis... Elle se sentait sacrément déconcentrée par l'envie tenace qu'elle avait de déposer ses lèvres sur les siennes. Mais le moment n'était techniquement pas approprié. Edward pourrait très bien le prendre pour un aveu de faiblesse, et c'était hors de question. Elle songeait que quand elle cèderait à cet appel-ci, ce n'en serait que plus agréable. En attendant, elle se contenta de détourner les yeux d'Edward, faisant mine d'être déçue de son attitude, songeant qu'il allait peut-être la rembarrer d'autant plus, mais tentant cette stratégie malgré tout. Qui sait, elle porterait peut-être ses fruits tout de même.


   

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J

ane avait beau être à deux doigts de déposer ses armes au pied d'Edward, elle tenait bon. Pour combien de temps, elle ne savait pas, mais elle faisait le nécessaire malgré tout, se focalisant sur ce que la situation avait de plaisante. Elle ne verrait sans doute jamais plus Edward se rabaisser autant uniquement pour avoir le dernier mot. Elle n'avait pas le moindre doute quant au fait que l'orgueil du jeune homme était en train d'en prendre un sacré coup. Ça pouvait être difficile à accepter pour n'importe qui, mais ça ne pouvait l'être que davantage quand, comme son âme sœur (et elle-même à vrai dire, on disposait d'une fierté si grande qu'elle pourrait sembler légendaire), c'était plaisant de l'entendre se rabaisser ainsi pour la placer sur un piédestal, même si ce n'était pas aussi amusant qu'elle l'aurait cru... d'autan moins qu'elle savait pertinemment que le moindre mot qu'il prononçait n'était pas sincère. Il était à sa hauteur, contrairement à ce qu'il pouvait bien affirmer, bien évidemment, qu'il l'était, ils étaient, quoi qu'ils puissent dire et quoi qu'ils aient pu en penser, parfaitement égaux l'un et l'autre. Sur certains aspects, bien sûr, Jane pensait qu'Edward la devançait de très loin (même si elle ne le dirait jamais à voix haute), sur d'autres, elle osait penser qu'elle avait l'ascendant. Au final, cela s'équilibrait, tout simplement. Ils étaient sur un pied d'égalité, oui, dans leurs meilleurs comme leurs pires travers. Et Edward n'avait rien à faire pour la mériter. Elle ne voulait rien d'autre que lui et à jamais lui. Mais l'affirmer, et rassurer par la même ses prétendues inquiétudes, c'était un constat d'échec, c'était céder la première. Si cela devait y arriver, elle n'y était pas encore prête, alors qu'importe. Elle haussa donc les épaules, participant à son mensonge sans y croire une seule seconde.

-Moi aussi... C'est vraiment dommage. Elle poussa un profond soupir. Je suppose que je n'ai plus qu'à trouver la perle rare qui me correspondra vraiment, dans ce cas. Elle se redressa, sur d'elle, décidée à user d'une stratégie plus incisive, quitte à prendre quelques risques inutiles. Le jeu était plaisant, mais se traînait en longueur. Alors il était peut-être temps de se montrer plus... direct, disons.

D'un geste rapide et assuré, elle se leva, se rhabilla complètement (définitivement, cette fois) et se redressa, un air décidé fiché sur son visage.

-Oui, c'est dommage, répéta-t-elle, tournant son regard vers lui, un à peine perceptible sourire étirant ses lèvres. Je suis convaincue qu'il t'aurais seulement suffi de faire quelques efforts pour que les choses se passent différemment. Mais apparemment, tu n'en es pas capable.

Bien sûr, qu'elle n'en pensait pas un mot, mais si elle devait vraiment sortir, juste pour gagner son pari stupide et flatter son ego, il était for à parier qu'elle le ferait.


   

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J

ane fit mine d'être complètement indifférente aux propos de son interlocuteur. Le fait est, en vérité, que plus les minutes défilaient, plus elle avait envie de mettre fil à leur petit pari, il l'avait certes amusé au début, et il lui apportait quelques avantages des plus profitables, mais elle commençait à s'en lasser, d'autant plus qu'elle éprouvait une frustration de plus en plus grande, qui ne collait absolument pas avec ce qu'elle ressentait, avec l'envie de plus en plus grande qu'elle éprouvait de se serrer dans ses bras et de l'abreuver de mièvrerie, pas parce que c'était sa nature mais parce qu'elle en mourrait d'envie, parce qu'ils avait des jours et des jours d'isolement forcé à rattraper, parce qu'elle aimait les challenges, mais qu'elle n'était pour autant pas patiente. Ceci dit, si elle avait envie que tout s'arrête, elle n'avait toujours pas envie que ce soit de son fait pour autant. L'agacement qu'elle se créait augmentant, elle n'en était que plus farouchement décidé à aller jusqu'au bout de son raisonnement, quitte à se nier elle-même dans les grandes largeurs. Quand Edward affirma qu'il avait fait des efforts qu'elle avait tout simplement été incapable de voir, elle garda donc une mine aussi impassible que possible, même si elle ne pouvait que considérer que les efforts qu'il avait pu faire pour elle, elle les avait vus et appréciés. Quant au fait qu'elle puisse trouver mieux que lui ailleurs... bien évidemment, que c'était faux. Si elle avait pu croire en une chose aussi absurde à un moment donné, elle avait bien vite remis les pieds sur terre, et elle savait pertinemment ce qu'il en était à présent. Il n'y avait que lui, il n'y aurait toujours que lui, et rien de ces affirmations auxquelles ils ne pouvaient absolument pas croire n'y changerait quoi que ce soit. Ils s'appartenaient bien au-delà de ce qui est communément acceptable, au-delà de ce qui était compréhensible pour le commun des mortels. Quand Edward lui ouvrit grand la porte, Jane se sentit bouillonner intérieurement. Non, elle n'avait aucune envie d'aller aussi loin que ça. Mais s'il poussait à ce point le vice, elle avait la ferme intention d'en faire de même, même si elle finirait pas le regretter.

-Merci de ta compréhension, affirma-t-elle d'un ton ferme et décidé, comme si elle pouvait véritablement y croire.

Elle s'approcha au plus près de lui. La chaleur qui s'emparait d'elle était proche de l'insurmontable, l'attraction si forte qu'il était pénible de chercher à y résister. En même temps, pourquoi y résister ? Il n'y a pas grand chose de niais dans un baiser, ce n'était qu'un geste, et en l'occurrence, un geste qu'on aurait pu interpréter comme un adieu si l'on accordait une quelconque crédibilité. Ce ne pourrait pas être le cas d'Edward, elle en était sûr, elle ne l'embrassait que pour le frustrer un peu plus, dans l'espoir de gagner du terrain (même si elle se donnait le sentiment de se frustrer elle-même et d'en perdre de son côté par la même). Elle l'embrassa donc sans retenue, puis finalement, elle traversa la porte. À pas lents, tout de même, pour laisser à Edward le loisir de la rattraper s'il le souhaitait. Avec l'espoir qu'il la rattraperait bel et bien, car l'inverse ne lui ferait vraiment pas de bien. Et pas seulement à l'ego.


   

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J

ane ne put s'empêcher d'afficher un sourire en coin quand Edward lui affirma qu'il adorait la voir sous cet angle, un sourire qui lui était dissimulé, certes, mais ce n'en était que plus plaisant, car Edward ne pouvait qu'avoir le loisir de l'imaginer sans pour autant avoir l'occasion de l'observer. Il est certain qu'après une remarque pareille, elle ne pouvait pas avoir la moindre envie de s'en aller, sa démarche diablement lente en était la preuve avérée... Après cette remarque, et après le baiser qu'ils venaient d'échanger, aussi. Leurs lèvres avaient beau tout savoir l'une de l'autre, elle ne se lassait jamais de leur contact, bien au contraire. C'était si fort, si intense, si naturel, si évident... Elle ne saurait jamais s'en passer, et en avait encore moins envie pour l'heure. Elle était loin d'avoir eu entièrement sa dose de lui, si cela était réellement possible. Leurs pouvoirs étant de retour, elle avait tout bonnement envie de se livrer toute entière à lui, corps, âme, esprit, le tout sans discontinuer... Mais elle ne faisait pas marche arrière pour autant. Le jeu avait assez duré, elle était bien d'accord avec ça, mais elle n'avait pas envie de lâcher prise, bien au contraire. Elle avait tenu bon jusque-là, ça pouvait bien durer quelques instants de plus... Quelques instants, oui, mais pas trop longtemps... Et à ce sujet... La jeune femme retint d'afficher un sourire à la fois satisfait et triomphant quand il lui demanda si elle avait véritablement l'intention de partir. À la place, quand elle se retourna vers lui et que son regard soutint le sien, elle garda ne mine aussi impassible que possible... ce qui n'était pas forcément gagné, d'autant moins qu'Edward était très bien placé pour savoir ce qui se tramait pour l'heure dans son esprit.

-Si tu ne me retiens pas, oui, affirma-t-elle en soutenant son regard.

Et si la jeune femme avait réussi à employer un ton ferme et parfaitement catégorique, son regard, lui, était réellement une invitation à ce qu'il la retienne. Au fond, elle se ficherait presque de gagner (se fichant un peu moins de perdre si ça devait arriver, par contre), elle s'en ficherait totalement, du moment qu'ils baissaient les armes l'un comme l'autre et revenait à un moment de pleine et entière complicité. Et ce qu'elle pouvait en crever d'envie pour sa part ! Rien ne lui ferait plus plaisir que de mettre fin à cette petite mascarade. Elle savait bien qu'ils trouveraient d'autres manières encore de se mettre des bâtons dans les roues, parce que c'était toujours comme ça qu'ils fonctionnaient, mais ce n'était pas pour tout de suite. Alors non, Jane n'avait envie d'aller nulle part, même s'il le faudrait peut-être. Après tout, rester comme ils le faisaient était sans doute égoïste. Ils devraient profiter de leurs pouvoirs retrouvés, elle pour aller retrouver sa mère, lui pour se rendre au chevet de sa sœur. Mais ça, hein... Elle n'était pas vraiment impatiente de se confronter à ce retour brutal à la réalité.



   

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P

endant un temps qui parut infiniment long à Jane, Edward se contenta de l'observer sans rien dire, laissant place à toutes les interprétations possibles. Qu'allait-il se passer, donc ? Est-ce qu'elle allait être contrainte de poirauter derrière la porte jusqu'à ce qu'il la rappelle à l'ordre, ou pire de s'en aller pour de bon parce qu'elle n'aurait pas été capable de mettre son orgueil de côté et de s'avouer vaincu ? Elle n'en savait trop rien, elle attendait, tout simplement, suspendue au jugement d'Edward, patiente et impatiente en même temps, attendant de connaître le verdict, de savoir ce qu'allait être son prochain mouvement. Finalement, après un temps qui lui sembla diablement long, définitivement trop long, Edward reprit la parole, et ses mots la libérèrent d'un certain poids, celui de devoir prendre la décision de s'en aller alors même qu'elle n'en avait pas la moindre envie, pas même le début de commencement de l'ombre d'une envie. Elle plongea son regard dans le sien, et un sourire satisfait ne st que trôner sur ses lèvres. Elle laissa planer quelques secondes, non pas parce qu'elle hésitait, mais parce qu'elle voulait faire semblant que c'était le cas, sans penser pour autant, même une seule seconde, que son interlocuteur, amant et âme sœur pourrait être dupe la moindre seconde. Finalement, elle fut cesser le supplice, pour elle comme pour lui, et s'avança définitivement d'Edward, s'éloignant par conséquent de la porte. Son regard toujours plongé dans le sien, une distance plus qu'infime la séparait à présent du jeune homme, qui avait certes fait le premier pas vers une vraie réconciliation, mais n'avait pas pour autant perdu son pari encore, puisqu'après tout, il ne la sommait pas d'abuser avec lui de niaiseries en tout genre. Il lui demandait simplement de rester. Et comme elle avait assuré qu'elle resterait s'il lui demandait de le faire, elle s'exécutait. Mais surtout parce qu'elle en avait envie, tout de même, à vrai dire.

-Et qu'est-ce que tu veux d'autres ? demanda-t-elle d'un ton égal, le dévorant des yeux.

Tout en prononçant ces mots, elle réduisait autant que possible l'espace entre eux en apposant ses mains sur son torse, dans l'espoir que ce geste le rendrait expansif, il est vrai, mais aussi parce qu'elle en éprouvait l'envie et le besoin, tout simplement. La chaleur qui émanait d'un contact tel que celui-ci, elle ne l'échangerait contre rien au monde, pas même au nom d'un pari puéril comme celui dans lequel ils s'étaient jetés à corps perdus, entre autres provocations qu'ils avaient pour habitude de s'adresser, et qu'ils n'avaient que trop tendance à prendre au pied de la lettre. Elle espérait bien qu'il répondrait à sa question dans le sens qui l'arrangeait, mais elle savait qu'elle ne devait pas sous-estimer sa capacité à ne pas lâcher l'affaire, comme la sienne pouvait également être d'une probité totale.



   

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E

dward ne répondit pas directement à la question de Jane (qui n'en fut pas véritablement surprise, au demeurant), elle fut bien incapable de le lui reprocher, bien au contraire, puisque si le silence régna un instant entre eux, ce n'était que pour le combler d'un baiser passionné, de ceux qui emballaient le cœur de Jane plus que de raison, de ceux qui lui donnaient le sentiment que tout était possible du moment qu'on s'en donnait les moyens, de ceux qui lui faisaient oublier tout le reste autour, y compris les paris débiles qu'elle pouvait lancer à son âme sœur. Son être entier n'avait que faire de son ego démesuré quand leurs lèvres se joignaient comme maintenant, car il avait conscience que cet ego n'existait même pas. Ils étaient un, leur égo, c'était le tout qu'ils formaient ensemble et c'était tout. Le reste était superficiel, le reste était totalement accessoire. Alors oui, le temps d'un baiser, elle s'abandonna complètement et oublia tout le reste. Mais il suffit que leurs lèvres se séparent légèrement (restant tout de même à une distance suffisamment minime pour pouvoir se rejoindre très rapidement) pour que leur petit défi lui revienne totalement en tête, même si elle se sentait moins hargneuse à l'idée de le remporter. Ceci dit, cela ne voulait pas signifier qu'elle abandonnait l'idée de le gagner, ce serait mal la connaître. Elle retrouva son sourire, le considérant un instant du regard avant de reprendre la parole, pesant ses mots pour demeurer certaine qu'elle ne cédait pas plus de terrain qu'elle ne l'avait déjà fait à son époux. Après tout, ils pouvaient très bien passer un très bon moment ensemble sans se passer de mièvrerie... mais elle ne pouvait pas s'empêcher d'en désirer un peu, c'est vrai. l faut croire qu'elle était indigne, il faut croire qu'elle était devenue ce qu'elle exécrait. Mais au pire.. ce n'était pas désagréable du tout, loin s'en faut.

-Je ne sais pas si ce que j'ai à t'offrir va te suffire... Tu sais, vu que je manque affreusement de romantisme, tout ça... ses yeux se firent aussi amusés que son sourire. Tu risques de t'en lasser très rapidement, je pense, affirma-t-elle sans le penser, mais pour le plaisir de le provoquer ne serait-ce qu'un tant soit peu.

La jeune femme n'attendit pas la réponse de son interlocuteur pour déposer à nouveau ses lèvres sur les siennes, pour le seul plaisir de l'embrasser encore et encore, encore et toujours. Il saurait répliquer bien assez tôt, elle avait parfaitement conscience du fait qu'il saurait lui donner la réplique bien assez tôt. Edward avait du répondant, leurs joutes verbales pouvaient être infinies, et c'était une chose qui plaisait décidément à Jane, qu'importe l'état de leur relation. Qu'importe qu'ils se chamaillent ou qu'ils parlent à cœur ouvert, ce qui, parfois, basiquement, revenait totalement au même, il faut bien le dire.



   

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L

e sourire de Jane ne put que s'agrandir aux propos de son âme sœur, un large sourire qui lui dévorait la moitié du visage et qui en disait long sur ce qu'elle éprouvait à cet instant, et sur ce qu'elle pensait des mots qu'il venait de lui adresser. Tout ce qu'elle pouvait lui offrir, lui accorder, représentait tout ce dont il avait infiniment et impérativement besoin. Elle avait beau le savoir honnête, capable qu'elle était de lire le fond de ses pensées, elle appréciait de l'entendre, elle ne savait que s'en convaincre lorsqu'il le lui disait. Alors que la réciproque, de son côté, ne savait être plus grande et totale. Il incarnait clairement tout ce qu'elle pouvait désirer, vouloir et espérer. Le reste n'avait qu'une infime importance pour elle. Elle l'aimait par-dessus tout pour cette raisons entre autres beaucoup d'autres : parce qu'il rendait son univers plus sûr, parce qu'il lui faisait gagner des certitudes là où, longtemps, il n'y avait réellement eu que des doutes. Parce qu'elle savait exactement quelle voie elle devait suivre, puisqu'elle s'incarnait en lui. Tout ça, elle l'exprimait en un sourire, tout simplement. Jane aurait bien pu se contenter de ça et finalement lui rendre le compliment, donnant un coup de semonce à sa fierté en acceptant sa défaite, mais ce fut finalement Edward qui céda le premier. Le sourire de Jane changea, se fit plus mutin quand il affirma qu'elle avait gagné, qu'il n'aimait pas la voir jouer les insensibles. Même si la jeune femme était convaincue de les jouer très mal, elle appréciait nettement. Et elle était contente de pouvoir cette fois et pour de bon mettre un terme à ce petit jeu qui trainait en longueur. C'était sa, satisfaction, plus encore que celle d'avoir gagné.

-T'es coriace, tu le sais, ça ? répliqua-t-elle d'un ton amusé avant de l'embrasser de nouveau. C'est pour ça que je t'aime... Et ça, c'était gratuit. Apparemment, elle était de nouveau en droit de redevenir la pauvre gourde romantique qu'il révélait en elle. Et puisque ça lui avait manqué les quelques minutes au cours desquelles elle avait fait de son mieux pour ne pas l'être, qu'est-ce que ça allait devenir avec le temps ? Autant ne pas le savoir, au fond. Ça ne faisait pas partie du jeu, après tout. Alors, demanda-t-elle ensuite, entre deux baisers, son regard plongé dans celui de son interlocuteur... Ça veut dire que j'ai le droit à ma récompense ? demanda-t-elle, parfaitement satisfaite du tournant que prenait la situation.

Et ce n'était pas parce qu'elle avait la satisfaction de voir Edward perdre. De ça, elle se fichait complètement. Elle avait beau avoir tenu bon tout ce temps par orgueil, le fait est qu'elle devait bien concéder que l'identité du gagnant n'avait qu'une importance des plus minimes.



   

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L

e sourire qui s'était affiché sur les lèvres d'Edward se joignait au sien, et Jane devait bien admettre qu'elle préférait ça. Gagner, perdre, ce n'était que des concepts, au final, tant qu'ils étaient ensemble, ils étaient toujours gagnants, et c'était ce qui importait. C'était peut-être accorder une légère victoire à son âme sœur que de lui dire "Je t'aime" directement, plutôt que de patienter un peu pour le faire mariner un minimum, mais le voir apprécier autant ces mots lui faisait oublier toute considération de la sorte. Ça n'avait au final pas d'importance, non, l'essentiel, c'était ce qu'ils éprouvaient, et pouvoir l'éprouver ensemble, surtout, être en parfait accord l'un avec l'autre, en communion totale, même, pourrait-on dire. Et ça, ils l'étaient quoi qu'ils fassent, du fait de leurs pouvoirs bien sûr, mais d'autre chose encore, Jane en était certaine, quelque chose qui transcendait tout et qui se dispensait bien de savoir qu'ils étaient ou non des myrihandes. Edward fit mine de la faire mariner, mais Jane n'y crut pas réellement. Elle savait qu'elle aurait droit à sa récompense, elle en était convaincue, et elle n'attendait que de l'obtenir enfin. Quoique pour y goûter pleinement, peut-être valait-il mieux qu'elle n'exprime pas directement la multitude d'idées qui lui venaient à l'esprit et qu'elle se laisse le temps d'y réfléchir. Elle savait bien qu'elle avait une chance à saisir, là, il serait dommage de la griller trop rapidement et de ne pas en profiter autant que possible. Bien trop dommage. Finalement, elle formula donc sa réponse en conséquence.

-Je ne sais pas, je crois qu'il faut que j'y réfléchisse, répondit-elle, toujours le même sourire mutin aux lèvres. Puisque je peux tout te demander, je ne veux pas manquer ma chance, je veux m'assurer que ce soit vraiment exceptionnel, affirma-t-elle en ne le lâchant pas des yeux. Et puis, peut-être qu'il vaut mieux qu'on soit au summum de notre forme pour que j'en profite pleinement. Là, pour l'instant... tu m'as épuisée. Et ça, c'était peu de le dire. La jeune femme avait beau adoré les moments les plus intimes de leur relation, elle devait reconnaître que, présentement, elle avait un peu abusé. Tout ce dont j'ai envie pour le moment, c'est d'un bon massage. Ou d'un bon bain. Ou les deux...

Massage plus bain, c'était peut-être la dégringolade assurée vers autre chose, mais ce n'était pas pour autant quelque chose qu'elle recherchait particulièrement. Tout ce qu'elle voulait, c'était la présence de son âme sœur, savourer son contact, sa chaleur, et se détendre. Mais elle ne pensait pas que ce puisse avoir une valeur de récompense. Non, pour cela, elle avait mieux en tête, et elle trouverait mieux encore. Plus tard, le temps d'y penser sérieusement.


   

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E

xigeante, oui, elle l'était et se permettait de l'être. D'un autre côté, elle ne voyait pas de mal à se montrer effectivement exigeante, puisque de manière générale, cela avait tendance à profiter également à son interlocuteur. Elle se contenta donc d'un léger haussement d'épaules à cette remarque. En même temps, c'est vrai qu'il avait raison, Jane était très exigeante en règle générale, ça faisait partie de son caractère. Quand elle voulait quelque chose, même ce dont elle n'avait pas besoin (voire surtout ce dont elle n'avait pas besoin), elle était capable d'insister vraiment beaucoup, et ne tolérait pas que ce qu'elle finissait par obtenir soit en-deçà des fameuses exigences qu'elle avait pu se fixer. Elle n'avait pas à répondre par la positive ou la négative dans tous les cas, elle le savait très bien. À la place, donc, elle se contenta d'attendre qu'il reprenne la parole s'amusant de sa remarque qui lui décocha un véritable sourire. Elle savait bien qu'elle obtiendrait ce qu'elle voudrait dans tous les cas, parce que sa suggestions pouvait lui être bénéfique à lui aussi, à la vérité. D'une part, de son plaisir découlait forcément le sien, et d'autre part, elle était incapable de ne pas se montrer généreuse quand son âme sœur l'était envers elle. Il lui attendrissait l'âme, il fallait coire, exploit que personne d'autre n'avait réussi avant lui. Aussi ne se démonta-t-elle pas une seule seconde quand, croisant les bras, elle répondit à son interlocuteur.

-Pas sous le prétexte que j'ai gagné notre pari, non, je t'ai dis que je réservais ma récompense pour plus tard, répondit-elle avec une pointe de malice au creux de la voix. Juste sous le prétexte que tu m'aimes et que tu ne veux que mon bien-être, ajouta-t-elle comme si ce seul "prétexte" suffisait en temps normal. Et puis..., ajouta-t-elle, son regard plongé dans le sien, ses bras se décroisant afin que ses mains viennent se glisser dans le dos de son époux. J'ai jamais dit que t'obtiendrais rien en retour...

Et il est évident que ce serait bel et bien le cas. Si c'était la condition pour qu'ils passent des paroles aux actes, de toute façon... parce que plus ils en parlaient, plus elle en avait envie, pour tout dire. Elle en avait rêvé, de ce bon bain chaud, quand elle frissonnait de fièvre emmitouflée dans sa couette dans la chambre d'Ambre, ça arrivait en troisième position avec la présence d'Edward et la reconquête de leurs pouvoirs. Alors si elle pouvait combiner le tout ensemble, pour elle, cela confinait à la perfection. Et en ce qui la concernait, Jane considérait qu'elle l'avait bien mérité. Et pas uniquement parce qu'elle avait gagné leur petit pari à elle et à Edward, ce qu'elle ne manquerait pas de le lui rappeler en temps et en heure.


   

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P

uisqu'il n'avait pas le choix... Cette remarque fit doucement sourire Jane. À vrai dire, tant que ça les concernerait, elle considérait qu'ils n'auraient jamais que l'illusion de choix... Ils s'appartenaient, à ce sujet, ils n'avaient tout simplement pas de choix réel, ils devaient faire avec, c'était une fatalité, mais une belle fatalité. Ceci dit, Edward aurait très bien pu l'envoyer balader en cet instant, pour le simple plaisir de le faire... mais il aurait été dommage de passer à côté de ce qui les attendait tous les deux : un bon bain bien chaud et l'occasion de se retrouver rien que tous les deux une fois encore, comment vouloir faire l'impasse là-dessus. "C'est bien parce que je t'aime", affirma-t-il. Jane aimait voir ces mots s'ancrer dans leur quotidien. Ça les rendait si réels, au final. Ils ne l'avaient jamais autant été à son oreille que depuis que le jeune homme prenait soin de les lui adresser... Elle se sentait si vivante quand il l'affirmait, même quand c'était au sein d'une phrase anodine, peut-être supposée en réduire l'impact (mais pour elle il n'en était absolument rien) ! Elle se contenta de sourire à cette nouvelle réflexion, sans mot dire. Elle avait bien eu l'une ou l'autre remarque pour lui venir à l'esprit mais elle se retint, elle aurait voulu parler qu'elle ne l'aurait pas pu, de toute manière, ses lèvres avaient déjà récupéré les siennes, qui alors oubliaient jusqu'à la notion de paroles dénuées de sens. Ces baisers-là en disaient bien plus long que quoi que ce soit d'autre, ils étaient bien plus éloquents et bien plus dignes d'intérêt encore pour elle.

Elle se laissa conduire jusqu'à la salle d'eau et regarda Edward remplir la baignoire, grâce à leurs pouvoirs, ils pouvaient disposer d'eau chaude à volonté. Comment est-ce qu'ils faisaient avant, hein ? Elle ne perdit pas son sourire quand Edward affirma qu'elle avait grand besoin d'un bain. Le pire, c'est que c'était vrai, et le fait qu'ils se soient mutuellement fait suer dans les grandes largeurs ces dernières heures lui laissaient penser que lui aussi. Prenant le meilleur partie de cette petite pique prononcée à son adresse, elle répondit tout en retirant un à un ses vêtements (comme quoi, ça ne servait définitivement à rien de les renfiler sans arrêt, si ce n'est peut-être de garder le plaisir de l'effeuillage).

-On est d'accord. Il va falloir nettoyer ça en profondeur. Elle retira ses sous-vêtements, se présentant entièrement nue à son âme sœur. Sans oublier le moindre recoin.

Laissant à son âme sœur tout le loisir d'observer la moindre parcelle de son anatomie, elle attendit quelques secondes avant de finalement se plonger dans l'eau chaude avec un soupir d'aise. Bordel, ce que ça pouvait faire du bien !


   

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B

ordel ! Qu'est-ce que ça faisait du bien, un bon bain chaud ! Elle en rêvait depuis un moment déjà, mais mettre le rêve en application était plus agréable encore. Elle sentait ses muscles se détendre agréablement sous les effets de l'eau pile à la chaleur idéale. Elle se sentait bien, vraiment bien. Pendant quelques secondes, elle ferma les yeux. Si elle s'écoutait, là, elle s'enfoncerait totalement dans l'eau, ne la quitterait plus pendant plusieurs heures, s'endormirait à l'intérieur. Mais non, puisque le jeune homme, son âme sœur, était à côté d'elle, et sa présence achevait de la rendre parfaitement heureuse. Elle rouvrit les yeux et les posa sur lui quand il lui demanda si elle l'était, justement, heureuse. Oh que oui. Elle éprouvait un bonheur sans nom, présentement, tout était parfait, ou presque parfait. On confinait à la perfection, en tout cas. Elle lui adressa un sourire détendu, qui en disait long sur ce qu'elle pensait, sur la satisfaction qu'elle éprouvait à cet instant précis, grâce à lui. L'avoir aux petits soins pour elle était particulièrement plaisant... Mais elle avait bien envie d'être exigeante et d'en demander encore plus. Après tout, elle se sentait clairement en position de force, là (même si physiquement, c'était Edward qui la dominait, d'un point de vue purement pragmatique, il est vrai), elle avait bien envie d'en profiter le plus possible.

-Très heureuse, affirma-t-elle en tirant sa main de l'eau pour la déposer sur la sienne. Oui, elle était très heureuse, comme elle ne l'avait pas été depuis bien longtemps. Elle avait vraiment le sentiment d'avoir très rarement été mieux au cours de sa vie, c'était presque trop beau. Eux, leurs pouvoirs, sa guérison, le tableau frôlait l'idéal, vraiment. Mais tu sais ce qui me rendrait encore plus heureuse ? demanda-t-elle en se redressant légèrement, laissant un peu plus d'espace dans la baignoire, à dessein. Que tu te joignes à moi.

Elle y comptait, elle y tenait, même. Et elle ne voyait pas de raisons de sa part de le lui refuser, non ? Quand elle avait parlé de prendre un bain, c'était dans l'intention qu'il l'y accompagne. Et même si la baignoire était exiguë, ils sauraient s'y prendre pour se serrer, ils avaient l'habitude. Et puis, elle avait réclamé un massage, aussi, ce serait plus simple pour lui s'il la rejoignait directement, non ? Oui oui, elle se permettait d'avoir ses petits caprices. Et ça lui allait très bien. Elle avait envie de profiter de cet instant à fond, à la fois de l'eau chaude mais aussi de son époux et âme sœur. Elle n'avait pas l'intention de quitter cette baignoire avant un bon moment, ça faisait beaucoup trop longtemps qu'elle n'avait pas pu profiter d'un bain comme celui-là, alors pour qu'il en profite elle aussi, c'était mieux comme ça, non ?



   

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C'

est sûr, cette baignoire n'avait sans doute pas été conçue pour y contenir deux personnes à la fois, mais ça restait malgré tout parfaitement faisable, il suffisait pour cela de faire preuve d'un minimum de flexibilité (et de souplesse dans tous les sens du terme), et de ne pas craindre une trop grande proximité. Autant dire que rien dans tout cela ne pouvait poser problème à nos deux amants et myrihandes qui vivraient de toute façon emboîtés si on leur en laissait le choix. Jane, sans perdre son sourire quand le jeune homme affirma qu'elle prenait trop de place dans la baignoire, se contentant d'apprécier le spectacle qu'il donnait à voir ainsi déshabillé, se contenta de se décaler un peu pour laisser au jeune homme la place de s'installer derrière elle. Même si le niveau de l'eau augmentait de fait, la possibilité de s'y plonger entièrement n'était plus... mais plus nécessaire non plus, ce que Jane aurait pu perdre en chaleur, Edward lui en apportait en abondance. Le contact de leurs corps mêlé à la chaleur du bain formaient un mélange qui était très largement du goût de la jeune femme, qui savourait véritablement pleinement ce cocktail délicieux. Elle ferma à nouveau les yeux tandis que son âme sœur l'enlaçait, déposait ses lèvres au creux de son cou. Elle pourrait bien rester comme cela des heures et des heures durant sans rien exiger de plus. Elle se sentait infiniment bien, en cet instant, envahie de précieuses ondes chaleureuses qui se répandaient dans tout son être. Elle ne pensait pas qu'il puisse exister situation plus confortable, moment plus délicieusement agréable. Elle avait tout. Absolument tout ce qu'elle pouvait désirer. Et bien au-delà de ce qu'elle méritait. Mais Edward ne ménagea pas là ses efforts pour lui faire plaisir. Il déposa ses mains sur ses épaules et entreprit de la masser. Les yeux toujours fermés, Jane se pencha légèrement pour laisser la voix libre à ses mains expertes, et dans un soupir d'aise totale, elle s'abandonna aux doigts qui couraient sur sa peau et savaient si bien la détendre toute entière.

-Trop tard, j'y ai déjà pris goût, répliqua-t-elle, amusée, quand son interlocuteur affirma qu'elle ne devrait pas trop s'habituer à de tels traitements. Elle esquissa un sourire amusé qu'elle espérait qu'il puisse voir, ce même si, lui faisant dos, il n'était normalement pas à même de le distinguer. Mais il la connaissait trop bien, elle était convaincue qu'il pouvait bien deviner. Avoue que t'aimes ça, toi aussi.

Ça, être à ses petits soins. Elle ne parierait pas complètement là-dessus, à vrai dire, mais elle voulait croire que lui faire plaisir lui faisait plaisir à lui aussi par voie de conséquence. Elle se complaisait bien dans cette pensée. Et la réciproque s'avérait vraie après tout. Au-delà de la considération purement pragmatique qui voulait que, de toute façon, il apprécie également ce moment puisque les sensations qu'il lui procurait étaient des sensations qu'il pouvait simultanément ressentir de son côté.


   

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