Les problèmes ? on ne les résout guère. Les problèmes, il faut les vivre... (Jane)

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oachin pourrait supplier sa fille de mille manières possibles de ne pas aller au devant du danger pour lui, c'était trop tard. Elle était décidée, dans tous les cas, à jouer les têtes de mules et à faire comme bon lui semblait. Il apprenait encore à la connaître, mais c'était tout de même une chose qu'il avait dû finir par comprendre la concernant. Elle était têtue comme une mule et elle n'acceptait de directive de personne. Même, avec son fichu esprit de contradiction, plus on tentait de la diriger, plus elle se rebellait. Elle avait décidé de protéger son père, et elle le ferait, que cela lui plaise ou non. La question ne se posait pas dans tous les cas. C'était sa vie qui était en jeu, et au-delà du fait qu'elle n'avait pas envie de perdre son père une deuxième fois, elle qui avait si mal vécu la première, elle songeait à sa mère aussi.

Jane survivrait à un nouvel abandon, même si involontaire cette fois. Ce serait douloureux, mais elle le supporterait. Elle ne pensait pas qu'il en serait de même pour sa mère. Et quand bien même elle se garderait toujours de prononcer ces mots à voix haute, hors de question que sa mère accuse les sinistres retombées de tout cela. Au fond, si elle décidait de l'aider, c'était pour eux trois. Et si elle avait de bonnes raisons de se montrer prudente, ce n'était pas pour autant qu'elle allait se contenter d'attendre tranquillement, les mains dans les poches, ce serait très mal lui ressembler.

-Oui, moi pareil, rétorqua Jane. C'est quand la prochaine fois que tu dois aller là-bas ? demanda Jane.

Parce que répéter sans cesse qu'elle serait prudente, le faire jurer qu'il serait prudent, ça ne changeait pas grand-chose au fait que, au bout du compte, ni lui ni elle ne seraient prudents. Il fallait prendre le taureau par les cornes, c'est tout. Et en l'occurrence, l'urgence était surtout de réussir à extirper Joachin des griffes du sorcier. Pour cela, il leur fallait un plan concret. Jane n'en avait pas. Elle n'avait pas franchement eu le temps d'y réfléchir, en même temps (sachant que ce n'était pas forcément probant même quand elle avait plus de temps, au bout du compte), mais en prenant connaissance des détails, il serait déjà plus facile de décider de la suite. Bien sûr, ça ne faisait pas tout, et il en faudrait encore davantage, mais on va dire que c'était déjà un début, et ils devaient impérativement réfléchir et rapidement. S'ils voulaient se montrer prudents, justement, c'était une obligation certaine, et à côté de laquelle ils n'étaient pas du tout en droit de passer tous les deux. Ils devaient en tenir compte et faire avec.

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ans une semaine. Au moins, cela signifiait qu’on ne poussait pas non plus son père à se rendre aux grottes à un rythme trop régulier. Elle avait eu un peu peur que ce soit quelque chose de plus quotidien que cela. Certes, même toutes les semaines ou plus, c’était trop, une journée seulement serait déjà trop, et ça pouvait être une pente glissante vers un rythme beaucoup plus soutenu, mais on trouvait à se rassurer où on pouvait, et avec eux, ce n’était certainement pas gagné. Une semaine, ça lui laissait le temps de s’organiser et de réfléchir et de trouver un moyen d’empêcher Joachin de se rendre au rendez-vous en évitant que cela ait la moindre répercussion sur lui. D’accord, c’était sans doute trop… optimiste que de s’imaginer que les choses pourraient se passer ainsi, mais la jeune femme voulait croire que ce n’était qu’en pensant ainsi qu’ils pourraient vraiment trouver des solutions efficaces et durables. Elle n’avait pas l’intention de lui en parler tout de suite, c’était un coup à ce qu’il réussisse à l’en dissuader. Bien sûr, il la connaissait, il devait pertinemment savoir qu’elle n’allait pas attendre sans agir, qu’elle allait forcément intervenir de son côté, d’une manière ou d’une autre. Mais en attendant, elle avait le temps de mûrir une solution au moins un peu consistante. Il le fallait, il le fallait absolument.

Elle allait répondre quelque chose, de l’ordre de l’approbation discrète, ni plus ni moins, mais elle fut empêchée de dire quoi que ce soit quand il reprit la parole pour lui apprendre que c’était Electre qu’il devait rejoindre aux grottes. A l’évocation de son nom, la jeune femme grimaça. Bon, elle savait qu’Electre travaillait pour Dean Appers, elle ne tombait pas des nues à ce sujet, ce n’est pas pour autant qu’elle éprouvait plus de plaisir à découvrir que son père était soumis aux expériences de la meilleure amie de son époux. Elle n’aimait pas Electre, elle détestait son caractère (pourtant qui trouvait quelques traits communs avec le sien), elle détestait son naturel, son absence de gêne, elle détestait qu’elle soit si belle, sa proximité avec Edward, et bien sûr ses allégeances plus que suspectes. Et elle détestait qu’elle puisse faire du mal à son père.

-Ouais, ouais, je la connais, répondit Jane entre ses dents, bien obligée de confirmer, bien que n’appréciant pas de devoir aborder le sujet. Et je vais avoir une petite conversation avec elle, du coup.

De toute évidence, Electre s’était bien gardée de parler du fait que Joachin était son nouveau cobaye, sans quoi Edward en aurait été informé et lui en aurait parlé à elle aussi. Mais non, elle avait fait les choses dans son coin et sans doute espéré qu’on ne s’apercevrait de rien. Grossière erreur. Et Jane n’avait aucune envie de laisser passer ça. Elle comptait bien lui parler dans le blanc des yeux. Même si elle reconnaissait quand même que ça avait un avantage. Il devrait être possible, via Edward, de faire en sorte qu’Electre ne fasse que mine d’expérimenter sans pour autant atteindre à la vie et à la santé de son père.

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ane était remontée. Contre cette situation franchement merdique qui poussait son père à des sacrifices qu'aucune circonstance au monde ne devrait autoriser, contre Electre McAdams, qui s'amusait tranquillement à torturer son père tout en lui adressant de temps à autre les sourires hypocrites de circonstances, en bonne "meilleure amie d'Edward" et contre son père, un peu, aussi, qui acceptait cette situation sans broncher sous le prétexte que c'était la chose à faire. D'accord, d'accord, peut-être bien que ça l'était, ou en partie en tout cas, parce qu'il n'y avait pas beaucoup d'alternative et qu'il avait fallu ça pour secourir sa mère, mais ce n'est pas pour autant qu'elle se voyait accepter cette situation sans broncher, ce serait bien mal la connaître, vraiment. Oh que oui, elle allait avoir une conversation avec Electre, et le moment venu, elle n'avait définitivement pas la moindre intention de mâcher ses mots. Elle allait, bien au contraire, se montrer vindicative. Elle ne comptait pas l'épargner. Cette fille était vicieuse, et ses double jeux, là, ça allait bien cinq minutes, mais il n'était pas question de la laisser garder la main trop longtemps.

-Tu te fous de ma gueule ? "Elle te traite mieux que d'autres personnes" ? Tu crois vraiment que c'est supposé me rassurer ? Putain, papa !

Bon, peut-être que c'était vrai, peut-être qu'il aurait pu tomber sur pire et qu'Electre se montrait moins violente avec Joachin que ne l'aurait fait le sorcier des grottes en personne, par exemple, mais ce n'était certainement pas ça qui allait convaincre et rassurer Jane, il ne faut pas abuser.

-Quoi, elle te chante une berceuse avant de te foutre des produits illicites dans le corps ? Elle te raconte une petite blagounette avant de te charcuter ? Sérieusement, j'en ai rien à battre qu'elle soit éventuellement plus soft que d'autres sorciers. J'accepte pas ce qu'elle te fait subir, j'accepte pas que qui que ce soit te fasse subir quoi que ce soit, et crois-moi, ça va pas se passer comme ça.

Oui, elle parlait trop, quand elle était en rogne, elle parlait toujours trop, mais bien sûr que ça devait durer comme ça. A quoi s'attendre d'autre de sa part ? Là, tout de suite, elle était remontée comme une horloge. Elle ne supportait pas que l'on s'en prenne aux personnes qu'elle aimait, mais le fait est que c'était une chose qui arrivait tout le temps, constamment, et qu'elle ne se sentait plus capable de tolérer le moins du monde, ni maintenant, ni jamais. C'était absurde, c'était horrible, c'était cruel, c'était inconcevable. Et que la chose puisse être pire ne la rendait pas pour autant plus acceptable, bien au contraire, ça la rendait juste plus vicieuse.

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oachin essayait de résoudre sa fille au calme, mais c'était mal connaître Jane, qui était bien incapable, dans de telles circonstances, de ne pas sortir de ses gonds. Cette situation la mettait terriblement en colère, cette situation lui faisait peur. Et le mélange de ces deux émotions était tout sauf bonne conseillère. La jeune femme se sentait à deux doigts de péter un sérieux câble, très clairement. Jane n'avait pas envie de laisser son père faire, peu importe ses arguments, peu importe le prétexte. Il prenait ses bras entre ses mains, l'obligeait à le regarder dans les yeux... ça n'avait pas du tout pour effet de calmer la rage qu'elle sentait sourdre en elle - bien au contraire, même... Il suffisait de contempler le fond de ses prunelles quelques fractions de seconde pour comprendre de quoi il retournait plus exactement. De son côté, Jane n'avait rien envie d'entendre. Bornée comme à son habitude, on aurait clairement beaucoup de mal à la convaincre, c'était même certain.

Elle appréciait d'entendre son père admettre que cette situation ne lui plaisait pas et était particulièrement désagréable pour lui, elle avait tout de même besoin qu'il se montre honnête à ce sujet, car elle n'aurait cru dans aucun de ses mensonges. Ce qu'il vivait était horrible. Et donc, pour cette raison... elle ne tolérerait aucun argument. Son père disait qu'il n'avait pas le choix parce qu'il pensait qu'il n'avait pas le choix, mais elle lui prouverait le contraire. Elle lui prouverait le contraire parce qu'il était hors de question qu'elle fasse les choses autrement.

Elle comprit mieux quand son père affirma qu'il voulait protéger sa mère. Ca, c'était une chose qu'elle était capable de comprendre. On pouvait vraiment faire des trucs de merde, par amour. De nombreux trucs de merde. Mais c'était pas à Jane qu'on allait demander de choisir entre son père et sa mère. C'était pas le genre de choses qu'il fallait lui dire. C'est le genre de choses qu'elle allait leur rappeler à tous les deux. Elle ne les laisserait pas jouer avec leurs vies, même si elle-même n'avait de cesse que de jouer avec la sienne.

"Maman est une humaine, ils n'ont rien à tirer d'elle. C'est du chantage bas de gamme, qu'ils te font... Alors non, c'est clairement pas ça qui va me convaincre. Désolé papa, mais je vais défoncer ces putains de connards un à un, et c'est certainement pas toi, définitivement pas toi qui me fera changer d'avis. T'as décidé que tu pouvais rien faire, c'est ton problème, moi je décide d'agir, et crois moi, quand j'en aurais fini avec cette ribambelle de fils de chien, maman et toi avez intérêt à me dérouler le putain de tapis rouge."

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