La vieillesse a ses charmes. (Coraline <3)

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oraline devait bien l'admettre, elle aimait de plus en plus l'idée que Scott ait été transformé. Et il fallait peut-être qu'elle le reconnaisse à présent, elle l'avait espéré bien plus qu'elle n'avait voulu se l'avouer. Bien sûr, jamais elle n'avait voulu condamner l'homme qu'elle aimait à la damnation dont elle souffrait depuis maintenant beaucoup trop longtemps, et c'était pour cette raison qu'elle n'avait pas voulu le transformer. Bien sûr, elle aurait tout de même voulu que cela se passe dans des circonstances différentes, que son père n'ait pas à en subir les frais, tout comme elle voudrait que Scott n'ait pas à supprimer des vies pour préserver la sienne. Mais à côté de cela, c'était un soulagement, réellement, de savoir que Scott serait toujours à ses côtés. Elle avait eu peur de devoir assumer le reste d'une éternité à porter le deuil de l'homme de sa vie... Elle y aurait sans doute mis un terme pour l'empêcher, à vrai dire... Mais il était là, il n'allait nulle part, et il lui avait adressé la preuve d'amour la plus belle que l'on puisse imaginer : il s'était sacrifié pour elle, et elle voulait se montrer à la hauteur de ce sacrifice. Raison pour laquelle elle se montrait aussi prévenante et attentive aux besoins de Scott que possible. Elle ne voulait pas l'étouffer, bien sûr (quand bien même elle aimait l'idée de pouvoir passer beaucoup plus de temps avec lui qu'avant), mais elle voulait bien qu'il comprenne qu'il n'était pas seul à affronter cette épreuve. Elle serait toujours présente pour lui, et c'était pour cette raison, une fois n'est pas coutume, qu'elle l'attendait.

Mais alors qu'elle patientait tranquillement, elle sentit un changement l'envahir. Elle grandit tout à coup, comme à chaque fois qu'elle utilisait la potion dont il ne lui restait plus une goutte (et elle n'était pas pressée d'aller en redemander à Julian, surtout si c'était pour s'entendre dire qu'il n'avait aucun antidote à lui fournir - outre le fait qu'elle exécrait sa compagnie)... Comment était-ce possible ? Pas la moindre idée. Mais c'était là. Et elle se sentait parfaitement enthousiaste. Elle eut le temps de se changer et de mettre des vêtements adaptés à sa nouvelle taille, impatiente de pouvoir faire une telle surprise à Scott, qui n'avait aucune raison de s'y attendre puisqu'elle ne s'y attendait pas elle-même. Sa question fut logique.

-Je n'ai plus de potion, dit-elle, parfaitement rayonnante. Elle s'approcha de Scott pour déposer ses lèvres sur les siennes comme ça arrivait beaucoup trop rarement. C'est arrivé comme ça, d'un coup.

C'était incompréhensible, mais ça ne l'empêchait pas d'adorer ça. Et elle comptait bien en profiter au maximum.

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ans surprise, Scott se posait de nombreuses questions et ne se privait pas de le montrer. La jeune femme ne le lui reprocherait pas, elle s'en posaity énormément également. Elle ne le montrait pas forcément, mais c'était pourtant bel et bien le cas. Elle savait que se réjouir de cette situation était certainement faire preuve d'inconscience et de naïveté, car cela pourrait tout à fait lui retomber dessus, et dans les grandes largeurs. Elle n'avait aucune envie que ça arrive, vraiment pas. Mais en même temps... Jouer les autruches était évidemment particulièrement tentant, et pour cause. Tant que personne ne venait lui dire ce qui lui arrivait et la mettre en garde contre sa condition, elle pouvait s'imaginer tout et n'importe quoi, elle n'avait pas la nécessité de s'inquiéter, elle pouvait se contenter de s'enthousiasmer d'une situation dont elle rêvait depuis qu'elle était devenue vampire, et plus encore depuis que son chemin avait retrouvé celui de l'homme qu'elle aimait. Tant qu'elle ne savait pas ce qui lui arrivait, elle avait le droit d'en profiter, voilà comment elle raisonnait... Et de toute manière, même si tout ceci était beaucoup trop bizarre, ce n'était pas vraiment comme si elle avait la possibilité d'en comprendre plus par ses propres moyens... Il n'y avait pas d'explication rationnelle à ce qui lui arrivait... mais ce qu'elle savait en revanche, c'est qu'elle se sentait parfaitement bien. Bien dans sa peau, dans son corps... Et elle n'avait pas à souffrir les effets secondaires d'une potion qui la consumait à petit feu. Elle ne put, de fait, s'empêcher de sourire en voyant Scott suivre le même cheminement de pensée qu'elle. Oui, c'était bizarre, mais en même temps... c'était parfait, non ?

Et quand il l'embrassa, ce le fut plus encore. A chaque fois que les lèvres de Scott se posaient sur les siennes (ce qui n'arrivait malheureusement que beaucoup trop rarement), elle se demandait comment elle ferait pour s'en passer, elle éprouvait le besoin vif de rester à ses côtés, d'être avec lui, pour lui, contre lui... Oui, c'était loin d'être désagréable, c'est sûr. C'était même la chose la plus agréable du monde, tout bien considéré. S'il y avaut une réponse à ses questions, ils la trouveraient, sans avoir besoin de courir après. Sauf si, bien sûr, la situation devait se détériorer... mais à l'heure actuelle, elle était juste... parfaite.

-Pas très désagréable, seulement ? répondit-elle, une lueur taquine dans le regard, avant de l'embrasser de nouveau. J'ai juste peur... que ça s'arrête...

Avec la potion, elle contrôlait la durée de son état, elle savait à quoi s'en tenir, là, eh bien... elle savait qu'elle pourrait bien retrouver son apparence honnie au moment le moins oportun. Et forcément, ça compliquait un peu les choses.

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orcément, Coraline ne pouvait que s'inquiéter de la suite, de ce qui arriverait si ou quand elle devait retrouver l'apparence à laquelle le sort l'avait habituée. Elle aimerait bien croire que l'état providentiel dans lequel elle se trouvait en cet instant était permanent, mais elle n'y croyait évidemment pas... Elle avait appris, par la force des choses, que quand une belle chose vous arrivait, elle était presque instantanément contrebalancée par une chose horrible. Scott en était l'exemple vivant, d'ailleurs : il était un vampire, à présent, et elle allait pouvoir vivre à ses côtés pour le restant de ses jours... mais pour la peine, il avait perdu son père. C'était comme ça... Peut-être que c'était un effet à rebours de la potion... va savoir... Elle devait s'en soucier, mais en même temps... quand les lèvres de Scott se posaient sur les siennes... elle n'avait plus vraiment envie de s'en préoccuper... Et elle avait simplement envie de suivre les paroles avisées de son petit ami. Il était très probable que ça ne dure pas, mais pour le moment, ils en étaient là, et il était difficile de ne pas vouloir en profiter.

La jeune femme qui avait en cet instant l'apparence qui lui était due frissonna légèrement quand Scott évoqua son odeur. Quelque part, elle regrettait d'avoir été transformée trop jeune pour que ce genre de différence lui saute aux yeux. Elle avait connu Scott en étant déjà vampire, elle n'avait pas connu ce genre de transition, ou avait oublié l'intensité de ses sensations à force de s'y être habituée. Bien sûr, l'odeur de Scott lui avait toujours été terriblement attirante, mais elle était restée la même pour elle (même si elle avait un peu changé depuis sa transformation). Elle voudrait pouvoir expérimenter cette intensité avec lui. Mais au moins, elle pouvait la lui faire vivre. Mais pour ça, il fallait qu'ils profitent de cet instant, et au plus vite, avant qu'il ne leur échappe.

-Tout..., répéta-t-elle dans un souffle avant de s'emparer à son tour de ses lèvres, passionnément. Si tout était en effet plus intense à présent (ce qu'elle croyait sans problème), certaines choses déjà intenses... le deviendraient encore plus. Tout en continuant de l'embrasser, elle glissa sa main sous son haut, parcouru les lignes de sa musculature du bout des doigts, le couvrant de caresses à chaque fois plus sensuelles avant de venir déposer ses lèvres au creux de son cou avant de les remonter jusqu'à son oreille et d'y murmurer juste quelque mots. Ca aussi ?

Tant pis pour les risques, tant pis pour l'incongruité de cette situation. Le fait est qu'elle se sentait bien, vraiment bien, et elle avait juste envie, besoin même, de le savourer le plus possible, et elle avait cru comprendre que l'avis de son petit ami sur la question ne serait pas bien différent.

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ant pis pour la prudence, qui devrait très clairement être de mise en la circonstance. La buveuse de sang ne pensait qu'à une chose et une seule seulement : elle ne voulait pas que ça s'arrête. Si le mal dont elle souffrait devait être dangereux, elle décidait qu'elle s'en foutait. Elle s'en foutait, oui, parce qu'elle voulait bien sacrifier une éternité entière à un moment de bonheur et de complicité avec l'homme qu'elle aimait. Scott Barnes était toute sa vie, et elle l'adorait au-delà de ce qui peut se décrire. Trop souvent, ils devaient se retenir, trop souvent, ils devaient taire leurs envies... Et vivre une relation purement platonique avec le jeune homme pouvait ne pas la déranger en soi, c'est vrai... Sauf qu'elle savait combien ils étaient compatibles, à quel point ils étaient capables de se désirer, à quel point leur amour fusionnel savait s'exprimer d'un point de vue purement physique... alors elle ne pouvait que le chercher, l'espérer, le désirer... et quand lui venait l'occasion de le posséder, elle ne disait clairement pas non. D'autant plus qu'elle avait le sentiment que cette situation différait de l'ordinaire. Ce n'était pas juste parce que Coraline ne se trouvait pas sous l'effet de la potion, non, oil y avait autre chose... Scott n'était plus tout à fait le même.

Forcément, il ne l'était pas : sa peau était plus froide, son coeur ne battait plus, mais ce n'était pas réellement à cela que la buveuse de sang passait... non, il y avait encore autre chose, un quelque chose que Coraline brûlait de cerner et d'apprivoiser complètement. Scott réagissait différemment à ses baisers, à ses caresses, et elle comprenait bien qu'il en ressentait une intensité nouvelle... et quelle intensité ! Comme si elle était communicative, la jeune femme avait la sensation de redécouvrir ses propres sensations... pourtant, en ce qui la concernait, elles avaient toujours été les mêmes, depuis le début. Ce qui lui convenait parfaitement. Elle n'avait pas besoin de ressentir plus. Sentir la peau de son âme soeur frissonner sous ses doigts lui suffisait bien assez.

Tout en le couvrant de caresses et de baisers sensuels, elle le débarassa tout d'abord de son haut. Elle était partagée entre l'envie de faire durer ce moment éternellement et celui de se précipiter... parce qu'il était difficile de ne pas vouloir aller droit au but quand on se retenait constamment comme eux... sans oublier le fait qu'ils ne savaient pas le moins du moins combien de temps cela allait durer. Dans tous les cas, et peu importe la manière dont ils choisiraient de faire les choses, elle avait la ferme intention d'en profiter un maximum. Les doigts de la jeune femme glissèrent entre les jambes de Scott et caressèrent cette zone avec autant d'application que de langueur.

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i Coraline s'était depuis bien longtemps accoutumée à son statut de vampire et à l'appréhension qu'elle avait de ses sens largement augmentés, force lui était de constater que, dans cette situation, la nouvelle condition de Scott lui profitait également. Il lui avait dit, tout était plus fort, plus intense, pour lui. Et ça se ressentait. A l'expression de son visage, à la façon dont sa peau frissonnait... c'était... incroyablement agréable de le voir ainsi. Les occasion comme celle-ci étaient si rares, alors quand elles advenaient, elle voulait que Scott les trouve exceptionnelles. Et à l'heure actuelle, elle avait réellement le sentiment qu'il se souviendrait de ce moment bien longtemps... Elle espérait de tout coeur ne jamais, surtout jamais, changer d'apparence, il ne le supporterait tout simplement pas.

Coraline savourait autant le plaisir qu'elle pouvait procurer à son amant que celui que ce dernier lui offrait en retour. Et autant dire que ce n'était pas rien du tout, bien au contraire. Scott était doué, ça elle le savait depuis la toute première fois, et ça avait d'ailleurs soulevé en elle des centaines de questions sur les femmes qu'elle avait pu fréquenter auparavant. Ceci dit, sur ce point, elle préférait ne pas en savoir davantage sur la question. Elle aurait bien trop peur de la réponse, elle qui ne connaissait vraiment que lui, n'avait toujours connu que lui, et ne voulait connaître personne d'autre.

D'une main, il caressait sa poitrine, et tous ses sens s'emballaient, ce qui n'était rien encore. Car quand il glissa une main entre ses jambes, couvrant son intimité d'irrésistibles caresses, alors que ses lèvres se déposaient au creux de son cou, il lui fit tout bonnement tourner la tête. Et elle s'abandonna sans réserve à ce traitement à la fois sensuel et exceptionnel. De soupirs en gémissements, elle se laissait complètement aller, sans rien dissimuler, un seul instant, de ce qu'il lui faisait éprouver. Elle tenait à tout prix à ce qu'il ait l'entière conscience du désir qui l'animait et du plaisir qui l'habitait. Elle était tout bonnement folle d'elle. Elle-même, dans le même temps, accentuait encore et encore ses caresses.

C'était assez évident, ils avaient tous les deux le même désir, celui de se posséder, celui de ne faire plus qu'un, et en même temps celui de faire durer ce plaisir éternellement... autant de considérations contradictoires, mais qui n'avaient que peu d'importance au fond, puisque l'essentiel, c'était qu'ils soient ensemble, qu'ils s'adressent l'un à l'autre, en actes, l'ampleur des sentiments qui les habitaient. Le reste, tout le reste, importait peu. Elle plongea son regard dans celui de son amant, un regard qui en disait long, et qui lui épargnait de prononcer le moindre mot. Mais dans le fond, il n'était pas compliqué de savoir ce qu'il en était vraiment. Ce regard signifiait, tout simplement : "Je te veux".

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l y avait quelque chose de différent, de différent de toutes les autres fois. Elle le ressentait à chaque frisson que ses caresses inspiraient à son amant, à sa respiration saccadée, à l'intensité de son regard, à tout ce qui était lui, en lui. Pas qu'il boudait son plaisir les autres fois, c'est sûr, mais là, c'était encore autre chose, c'était plus fort, plus intense. La jeune femme restait la même de son côté, mais sentir combien l'homme qu'elle aimait était sensible à toutes ses attentions décuplait forcément ses propres sensations. Elle espérait vraiment que cette situation durerait, que rien n'y changerait. Elle se sentait... tellement bien, ici et maintenant. Elle en oubliait sa culpabilité et ses scrupules.

Pour la première fois, elle se sentait vraiment heureuse du sacrifice que Scott avait fait pour elle, heureuse que le jeune homme ait décidé de se transformer pour elle. Elle entrevoyait la perspective d'une éternité d'amour, de complicité, de sensualité... et elle était heureuse. Elle s'abandonnait totalement à l'instant, et finalement, elle avait le sentiment de n'avoir jamais été à ce point heureuse. Elle se sentait forte, passionnée, accomplie. Elle avait son âme soeur au bout des lèvres... Elle sentait vraiment que sa place était auprès de lui. Elle l'avait toujours su, bien sûr, elle l'avait su dès l'instant où ils s'étaient rencontrés, même s'ils n'étaient que des enfants alors. Elle était tellement bien, avec lui, lui et cet univers de sensations, d'émotions qui prenaient possession d'elle et la faisaient se sentir hors du monde, hors de tout, comme si plus rien n'avait d'importance, comme si plus rien n'avait d'existence. Juste elle, lui, et l'impression que le monde pouvait s'effondrer autour d'eux parce que rien n'avait plus d'importance si ce n'est elle et lui.

Quand ils ne firent plus qu'un, ce sentiment augmenta encore. C'était juste, parfait. Leurs corps aimantés l'un à l'autre entamaient une danse qu'ils maîtrisaient à la perfection, le plaisir qu'elle en ressentait était incomparable. Elle s'était toujours sentie en phase avec Scott, mais là, c'était au-delà de tout, jamais ça n'avait été aussi fort, jamais ça n'avait été aussi intense. Elle était tellement bien qu'elle voudrait que ce moment dure éternellement. Les sensations qu'elle éprouvait en cet instant étaient tout bonnement incomparables, c'était au-delà de ce qu'elle avait jamais ressenti. Le plaisir augmentait toujours un peu plus à chaque coup de reins. Alors que les positions s'enchaînaient, elle ne savait tout simplement pas faire abstraction de ce qu'elle éprouvait, et elle n'oubliait pas de l'exprimer en soupirs et gémissements, tout bonnement abandonnée à l'homme qu'elle aimait. Scott et elle, c'était une évidence, une agréable évidence, et elle aimait penser que le plaisir qu'elles se procuraient l'une à l'autre était à nul autre pareil.

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était parfait. Toujours parfait quand ils étaient ensemble. Elle avait le sentiment que le monde disparaissait, qu'ils n'y avait plus rie d'autre autour d'eux, qu'ils fusionnaient l'un en l'autre dans une gigantesque bulle de plaisir, et c'était... exaltant. Elle avait mis de côté ses angoisses. Elle ne pensait plus au fait que Scott avait choisi de se transformer pour elle et que son père en était mort, elle ne pensait pas à la singularité de son apparence, à ce qui pourrait éventuellement en découler. Elle ne pensait plus à rien. Juste à lui, au fait qu'ils étaient parfaits ensemble. Oui, la vie n'avait pas été tendre avec eux, la mort non plus d'ailleurs, mais malgré tout, ils étaient parvenus à s'entendre. Ils étaient des âmes soeurs, et ils venaient de se le prouver dans des proportions inimaginables. Quand le plaisir les submergea tous deux, elle se sentit plus complète que jamais, et ce sentiment se prolongea encore quand il posa ses lèvres sur les siennes une nouvelle fois.

Un moment, elle ne dit rien, rien n'avait besoin d'être dit, elle se contentait de goûter la saveur des lèvres aimées contre les siennes, elle appréciait autant ce moment que celui qui avait précédé, même s'il était, il est vrai, moins intense. Parce que rien n'avait plus d'importance et d'intérêt dans sa vie que de pouvoir se serrer dans les bras de Scott, sentir son odeur, être contre lui. Elle ne savait pas quand elle se retransformerait, ni si elle se retransformerait... mais tant que c'était là, tant qu'elle était elle-même, elle voulait en profiter un maximum. Ils avaient appris à accepter un amour lointain et platonique. Il n'empêche que quand il ne l'était pas, c'était un véritable feu d'artifice... Toute morte qu'elle était, elle ne s'était jamais sentie à ce point vivante de toute sa vie.

-Peut-être que je vais rester comme ça tout le temps, maintenant, suggéra-t-elle dans un souffle, rompant finalement le silence. J'espère que je vais rester comme ça tout le temps, maintenant...

Qui sait, c'était peut-être un effet secondaire de la potion, même si elle avait un peu freiné sa consommation pour ne pas se rendre plus malade qu'elle ne l'était à présent. Peut-être que la potion n'avait pas juste empoisonné son organisme, peut-être qu'il avait modifié quelque chose chez elle, et de façon définitive ? Elle avait envie de penser que oui, car rien qu'à cette pensée, elle se sentait renaître. C'était tout ce qu'elle avait espéré pendant une éternité, et encore plus depuis qu'elle avait retrouvé Scott. Elle avait depuis longtemps cessé de croire que les rêves pouvaient devenir réalité mais, qui sait, peut-être que ça avait changé ? Peut-être que le vent tournait enfin pour eux, va savoir ?

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espoir était un sentiment vicieux, insidieux, et en règle générale, Coraline s'abstenait autant que possible de l'éprouver. Elle savait que la chute ne pouvait qu'être plus douloureuse au moment de finalement réaliser que l'on s'était accroché à des rêves qui ne pouvaient en aucun cas être susceptibles de se concrétiser. Mais on ne contrôlait pas vraiment ses élans d'espoir. Et en l'occurrence, elle ne réussissait pas à s'empêcher d'en ressentir. Elle savait qu'elle devrait s'alarmer bien davantage de cette situation, s'inquiéter de ce qu'elle signifiait. Est-ce que ça voulait dire qu'elle devait s'attendre à d'horribles effets secondaires. Est-ce qu'elle se précipitait vers sa fin avec le sourire sous le prétexte de pouvoir s'unir physiquement avec l'homme qu'elle aimait ? Oui, vraiment, elle devrait s'inquiéter, réellement, de tout cela. Sauf que ça lui était difficile d'avoir la moindre crainte ou le moindre regret après avoir passé un moment à ce point parfait en compagnie de l'homme qu'elle aimait tant, surtout quand ce dernier lui laissait comprendre qu'il préférerait, lui aussi, qu'elle reste ainsi... ce serait plus pratique...

Quand elle était sous cette apparence, Coraline avait le sentiment qu'il osait lui dire ce qu'il n'aurait jamais voulu admettre en d'autres circonstances... Il ne cessait de lui répéter, quand elle avait sa satanée apparence de pré-adolescente, que ça ne le dérangeait pas, que ce n'était pas grave, qu'il l'aimait malgré tout, qu'il n'avait pas besoin qu'elle ait l'apparence qui aurait dû être la sienne pour que leur relation en vaille la peine. Chaque fois, elle ne le croyait qu'à moitié. Oh, le fait qu'il soit capable d'accepter pleinement sa condition par amour pour elle, quitte à renoncer à la part plus charnelle de leur relation, ça la touchait, ça lui prouvait à quel point il l'aimait et se sentait capable de tout pour elle. Mais elle n'aimait pas cette idée, celle de provoquer en lui une frustration qu'elle ne saurait calmer pour sa part... Elle aurait envie que rien ne change dans la situation qu'ils étaient en train de vivre, tous les deux au mieux de leur apparence physique, tous les deux immortels, destinés à vivre leurs éternités ensemble. Mais les "et si ?" se baladaient dans un coin de sa tête, et il lui était presque impossible de passer outre, de faire comme si de rien n'était.
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-Et si je continuais à vieillir... ?

Elle y pensait seulement. Pour le moment, il n'y avait rien à en dire, c'était plus ou moins parfait, mais peut-être qu'elle avait juste perdu le pouvoir de la jeunesse éternelle... Et alors, ça signifierait peut-être que Scott allait rester jeune quand elle-même vieillirait... alors ils n'auraient rien résolu. A moins que Scott soit touché par le même "mal" qu'elle également ? Peut-être qu'il ne s'en était tout simplement pas rendu compte encore.

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oraline devrait peut-être taire ses inquiétudes une bonne fois pour toutes. Peut-être qu'elle devrait simplement se laisser porter par les événements et attendre de voir comment les choses allaient se passer sans se poser plus de questions, sans se faire une montagne d'un rien. Mais ça, c'était plus facile à dire qu'à faire. Elle était capable de se taire, mais elle n'était pas capable de réduire ses pensées au silence, et elle était inquiète, oui... même si c'était peut-être sans raison. Il était bien possible que tout se passe comme dans un rêve, que l'un et l'autre conservent cette apparence sans plus vieillir, sans jamais mourir, mais il était possible aussi que tout aille de travers, qu'elle aille droit à la mort quand, de son côté, Scott devenait immortel, qu'elle se mette à vieillir quand elle ne vieillissait plus. C'était tout simplement impossible, infernal.

Elle ne parvint même pas à sourire quand Scott affirma que si jamais elle devait se mettre à vieillir, ce serait lui qui prendrait une potion. Elle avait très envie de le défendre de le faire, mais elle n'en avait pas la légitimité, étant donné la manière dont elle-même avait abusé de ce luxe totalement dangereux. Coraline savait quels effets néfastes la potion avait eus pour sa santé. Elle ne voulait surtout pas que Scott s'impose cela à lui-même. Ceci dit, ils n'en étaient pas là du tout. Ils n'en savaient rien, ainsi que le disait Scott. Mais accompagner la phrase "on n'en sait rien" de la remarque "ne t'inquiète pas", c'était tout simplement impossible. C'était justement cette incertitude en particulier qui faisait qu'elle s'inquiétait autant. Et elle s'inquiéterait toujours quoi qu'il advienne, surtout ici et maintenant, mais elle ne voulait pas imposer ses angoisses à Scott, elle savait qu'elle gâchait peut-être leur moment en se comportant ainsi.

-C'est plus facile à dire qu'à faire, observa-t-elle tout de même doucement, dans une très légère esquisse de sourire, incapable de nier totalement que ses craintes restaient bien présentes. En même temps, impossible pour elle de cacher quoi que ce soit à Scott, il avait toujours eu à don de la percer à jour, elle ne pouvait rien lui dissimuler. Et dans le fond, c'était quelque chose qui la rassurant en temps normal, même si elle se doutait que ça ne rassurait pas forcément l'homme qui partageait sa vie - ou plutôt sa mort - de son côté. J'irai voir le sorcier, lui demander ce qu'il en pense, voire s'il peut déterminer ce que j'ai, au moins on saura à quoi s'en tenir.

S'adresser au Sorcier, pour n'importe quel service, c'était dangereux, mais Coraline travaillait pour lui, par conséquent, elle pensait qu'elle courait moins de risques que d'autres. Il avait besoin d'elle.

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oraline aimerait être complètement détendue par rapport à cette situation, elle n'y arrivait pas. Passé le moment primaire de l'espoir et de l'euphorie, elle avait peur, tout simplement. Ils avaient beau être éternels tous les deux, elle avait le sentiment que leurs vies n'avaient jamais été aussi fragiles. Bien sûr, ils pouvaient compter sur la force de leurs sentiments dans tous les cas, mais ces sentiments seraient-ils assez ? Et s'ils finissaient par se faire du mal ? Oui, elle se posait trop de questions, elle se prenait trop la tête.

Mais elle n'arrivait pas à faire autrement. Comment pouvaient-ils être sûrs qu'ils avaient le monde devant eux ? Et si tout devait s'arrêter d'un coup d'un seul ? Et s'ils auraient dû cesser d'y croire, écouter tous les signaux qui, de façon manifeste, leur exhortait de rebrousser chemin autant que possible ? Parfois, elle se disait que tout indiquait qu'ils devaient insister, à d'autres moments, qu'ils provoquaient leur propre destin, et qu'il ne serait pas forcément heureux, qu'ils allaient se faire du mal...

-Je sais pas si je peux y arriver... A juste me dire qu'il faut que je profite, qu'il n'y a pas besoin de réfléchir aux conséquences, que je ne dois pas me prendre la tête... J'adore que tu penses comme ça, vraiment, et c'est aussi ce que j'ai besoin d'entendre mais... Peut-être qu'on a pas le monde devant nous. Peut-être que ça va nous faire du mal... Elle prit une grande inspiration. Je suis désolée, je sais que je casse l'ambiance, je suis désolée... C'est juste... Tout m'était égal, avant... Mais j'ai peur de te perdre, j'ai peur que quelque chose se passe de travers, j'ai peur que ce soit trop beau pour être vrai. Et je sais pas quoi faire pour juste... laisser tout ça glisser sur moi, sur nous, et ne plus avoir peur de rien.

Elle voudrait ne plus avoir que des certitudes, pas tant pour elle-même que pour Scott. Parce que tant qu'il serait à ses côtés, et elle espérait que ce serait le cas éternellement, elle ressentirait le besoin de faire son bonheur, sa vie, son existence...

Elle se sentait responsable du bonheur de Scott... et il semblait si accessible à présent qu'elle s'attendait à ce qu'on le lui retire d'une minute à l'autre, parce qu'elle n'en était pas digne, parce que Scott méritait mieux que ça, mieux qu'elle et les sacrifices qu'il avait fait pour elle quand elle-même ne devait le fait de pouvoir leur offrir tout le bonheur du monde qu'en laissant faire une nature sur laquelle elle n'avait pas le moindre contrôle. Elle devait lâcher prise, cesser de tout appréhender, oui. Mais en dépit de tout... Elle n'y arrivait pas.

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oraline comprit, en entendant la réponse de Scott, qu'elle lui donnait une terrible et mauvaise impression, celle de le tenir pour responsable de ses angoisses présentes alors que ce n'était pas le cas du tout. La crainte qu'elle éprouvait en cet instant n'avait rien à voir avec la transformation de Scott, et elle déplorait qu'il s'en tienne pour responsable ou s'imagine qu'elle était en train de la blâmer pour la vie qu'il avait choisie. Bien sûr, elle ne pouvait pas non plus le nier, elle lui en avait en partie voulu. Parce qu'il avait choisi de devenir un vampire en dépit de tous ses avertissements, et parce qu'il ne l'avait pas prévenue de son choix. Mais elle ne lui en voulait certainement pas. Une part d'elle ne pouvait nier qu'elle avait voulu ça, et elle se sentait rassurée à l'idée de passer son éternité avec lui - raison pour laquelle elle était d'autant plus anxieuse : s'il avait tout sacrifié pour elle et qu'elle finissait par succomber à un mal qui pour le moment semblait séduisant mais lui serait peut-être fatal ? Son père était mort à cause de lui, il avait largement payé le prix de sa décision, et Coraline ne voulait pas qu'il s'imagine qu'elle allait passer leur éternité à le couvrir de reproches... Ce n'était pas ça l'enjeu, pas du tout.

-Tu ne peux rien faire, soupira Coraline, mal à l'aise. Ce quiproquo avait au moins le mérite de révéler cette instabilité sur laquelle il fallait à tout prix qu'ils travaillent.

Avec tout ce qu'il avait fait pour elle, elle lui rendait bien mal son sacrifice. Il méritait qu'elle le rende heureux, et pour cela, il fallait qu'elle rejette ses inquiétudes. La récompense de Scott, en cet instant, c'était de pouvoir la voir comme elle devrait toujours être, de pouvoir la toucher, de pouvoir l'embrasser. Même si ce ne devait pas durer, même s'il devait y avoir des conséquences désastreuses, au moins, elle avait ce cadeau-là à lui offrir, qui valait bien plus que n'importe quel autre. Elle pouvait bien se sacrifier pour lui, et donc sacrifier ses angoisses par la même occasion.

-Je suis désolée, c'est toi qui as raison. Si tu n'as pas peur de me perdre, je n'ai aucune raison d'avoir peur.

C'était faux, cette histoire la travaillait, mais elle l'enterrerait. Elle préférait de loin se ronger les sangs silencieusement et rendre Scott heureux que de mettre à nouveau tout ça sur le tapis et gâcher leur bonheur. Ils n'avaient pas le contrôle, eh bien il fallait qu'ils l'acceptent, un point c'est tout. Et c'est comme ça qu'ils réussiraient à se sentir vraiment bien. Elle enroula ses bras autour du cou et l'embrassa. Au diable la peur et les inquiétudes, au diable les éventuelles conséquences pour elle de ce nouveau coup du sort. Ils étaient ensemble et ils pouvaient s'aimer, et peut-être éternellement. Le reste ne comptait pas.

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l était plutôt rassurant, quelque part, d'entendre que Scott avait tout de même peur. Pas parce qu'elle souhaitait qu'il s'inquiète pour tout et pour rien, certainement pas, mais parce que c'était la peur, aussi qui leur permettrait de surmonter les obstacles, car à se croire invincibles, ils ne s'en sortiraient pas. Oui, elle n'aimait pas l'idée qu'il ait peur, bien sûr, mais elle préférait cela à une totale indifférence qui serait, à l'évidence, plus que nocive. Mais même s'il affirmait avoir ses craintes, elle avait le sentiment qu'il n'avait pas entièrement conscience des enjeux, qu'il ne se rendait pas vraiment compte de tous les risques qu'ils encouraient.

Elle se retrouvait propulsée dans ce corps qui ne devrait pas être le sien - et qui en même temps le devrait - et faire comme si ce n'était rien était de l'ordre de la plus pure impossibilité. C'était une conversation sans fin, elle s'en rendait bien compte. Ils l'auraient sans doute beaucoup, ils auraient même sans doute l'éternité pour ça. Mais elle s'en voulait un peu de ne pas du tout être capable d'être dans le même état d'esprit que lui. Elle voudrait qu'ils soient sur la même longueur d'ondes, constamment. Mais le fait qu'elle soit un vampire depuis beaucoup plus longtemps, peut-être, et qu'elle le soit depuis beaucoup plus jeune, n'aidait très certainement pas.

-Ce n'est pas une question d'être suffisamment forts ou pas, bien sûr que nous sommes plus forts que tout, ça ne fait aucun doute.

Elle voulait tout de même apporter une petite note d'optimisme à son discours. Elle ne voulait pas que son petit ami puisse s'imaginer qu'elle n'était pas capable d'accorder à leur relation la valeur qu'il lui accordait lui-même. Leur histoire valait mieux que tout le reste, il avait survécu au temps et à leurs conditions, alors oui, ils étaient capables d'affronter bien des obstacles, ils pouvaient en affronter beaucoup. Mais ce n'était pas pour autant qu'ils ne pourraient pas être pris de court par les circonstances.

-Mais il y a des obstacles qui sont infranchissables, quoi qu'on fasse, c'est comme ça. Et c'était pour cette raison qu'elle n'avait pas été capable de sauver ses parents, c'était pour cette raison que Scott n'avait pas pu s'empêcher de tuer son père... Il y a des problèmes qui n'ont pas de solutions.

Elle poussa un soupir. A force de l'entendre être si négative, elle craignait fort que Scott ne se lasse, mais c'était ainsi, elle ne pouvait ignorer le pessimiste qui l'habitait, elle ne pouvait pas faire comme si de rien n'était. Elle voulait être honnête avec Scott, et ce quoi qu'il advienne.

-Mais arrêtons d'en parler. Elle lui adressa un sourire. J'aimerais... me détendre, qu'est-ce que tu en penses ?

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