Un problème a souvent deux solutions | Perséphone & Vincent

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endant une période relativement longue, Persy n'était plus sortie de chez elle (si on pouvait appeler cela "chez elle", qu'elle ait été chez Julian ou chez Penny, ce n'était pas exactement chez elle, même si elle avait eu de la chance d'avoir un pied à terre surtout dans la période de sa grossesse). Après avoir décidé de ne plus retourner du côté des grottes (sauf dans le cas très exceptionnelle de l'évasion de Jane et Edward, qui aurait pu lui coûter au passage terriblement cher), elle avait su qu'elle devait à tout prix échapper à la vigilance d'Appers, du moins tant que son état avait de quoi susciter l'intérêt du sorcier. Maintenant qu'elle avait accouché, la situation était différente. Perséphone appréhendait toujours quant à ce qui pourrait éventuellement arriver à Samuel, mais il n'était plus dans ses intentions de se cloitrer. Que ce soit des chasseurs ou de Appers, elle avait suffisamment donné, et sa récente relation avec Owen, comme une piqûre de rappel, avait achevé de lui laisser comprendre qu'il fallait qu'elle apprenne à vivre pour elle-même, pour elle-même et pour son fils.

Elle ne pouvait pas se permettre de rester seulement cloitrée chez elle. Elle avait appris tous les sortilèges de protection possible, et elle avait appris à se créer sa petite routine. Qui n'avait rien de déplaisante au passage. Certainement trop singulière pour une adolescente de son âge, mais peu importe. Elle avait le sentiment d'avoir dix ans de plus que l'âge qu'elle affichait tant les récents événements lui avaient imposé des responsabilités, forgé un caractère. Bien sûr, elle restait tout de même encore bien trop naïve, mais elle était à même de marcher dans les rues du village sans baisser les yeux dès qu'elle rencontrait quelqu'un. Comme c'était le cas maintenant.

Elle se promenait sans intention réellement précise si ce n'est celle de profiter un peu du soleil. Samuel était avec son père, Owen travaillait et elle ne le rejoindrait que le soir même, elle avait donc le temps de... ne rien faire, et de simplement flâner. Et l'air de rien, c'était quelque chose de particulièrement agréable, et qu'elle avait un peu trop négligé.

Tandis qu'elle marchait du côté du lac, elle reconnut une silhouette familière, et ne put résister à l'envie d'aller lui parler.

-Bonjour Vincent, comment vas-tu ?
La question pouvait sembler anodine. Elle ne l'était pas. Perséphone savait, dans les grandes lignes du moins, quel était le calvaire de Vincent. Et elle s'inquiétait pour lui.

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a réponse de Vincent était à la mesure de ce à quoi Perséphone s'était malheureusement attendue. Elle se doutait que, dans la vie de Vincent Meyer, il y avait parfois des moments d'accalmie, mais jamais de paix. Il souffrait d'un calvaire puissant et constant que l'on ne pourrait souhaiter à aucun homme, et forcément, Perséphone ne pouvait rester insensible à cela.

Elle était quelqu'un de naturellement empathique, ce qui parfois la mettait dans des situations impossibles et faisait d'elle quelqu'un d'un peu trop naïf, elle le savait bien, et elle faisait de son mieux pour mettre un peu de sa naïveté de côté quand elle le pouvait... En ce qui concernait Vincent, elle ne pensait pas avoir tort de vouloir lui adresser une main secourable. Il le méritait... tout comme il n'avait en revanche absolument pas mérité de vivre comme il le faisait, victimes de pouvoirs qui dépassaient de très loin la plupart des horreurs imaginables.

En présence de Vincent, Perséphone serait bien incapable d'envisager de se plaindre sans se sentir sacrément ingrate. Sa vie n'était pas toujours simple, c'est vrai, mais elle n'avait rien d'horrible... Elle n'avait plus rien d'horrible maintenant qu'elle avait Owen, qu'elle avait Samuel, qu'elle était parvenue à tourner la page sur tout ce qui l'avait tourmentée jusqu'alors. Alors que pourrait-elle répondre d'autre, au fond ? Oui, elle allait bien. Et elle voudrait que son interlocuteur, de son côté, puisse également en dire autant.

-Je vais bien, répondit-elle avec sa douceur de timbre habituelle. Inutile de s'apesantir sur son propre sujet quoi qu'il en soit. Ce n'était pas d'elle qu'elle voulait parler. Et d'ailleurs, il n'y avait pas grand-chose à dire à son propre sujet, au fond. Tu veux... en parler ? demanda Perséphone, un brin d'hésitation dans la voix.

Peut-être que c'était la dernière chose que Vincent voulait, parler, s'épancher sur ses problèmes. Et dans le fond, elle était capable de le comprendre. Mais elle avait à coeur de l'aider, et pour cela, elle avait besoin qu'il s'exprime, qu'il lui livre ce qu'il n'acceptait peut-être pas de livrer à quoi que ce soit. Ce serait peut-être un coup dans l'eau, il était bien possible que ça ne mène nulle part. Mais elle avait besoin d'essayer malgré tout. De tenter quoi qu'il en soit.

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erséphone se doutait bien qu'il n'était pas si simple pour Vincent de se confier, de parler de ce qui le tourmentait. Il y avait ce que la jeune sorcière savait déjà, et elle ne voulait pas l'obliger à se répéter une fois encore, et il y avait le reste, plus personnel, plus émotionnel, ce qui appartenait au champ de ses sensations, de ses sentiments, de son appréhension d'une vie à laquelle il ne pouvait pour l'heure rien changer. C'était de cela qu'elle l'invitait à parler, parce qu'elle savait d'expérience que parler faisait toujours le plus grand bien, du moins quand on le faisait avec le coeur et en présence de la bonne personne. Ceci dit, la jeune sorcière ne saurait avoir la prétention d'affirmer qu'elle était cette bonne personne à laquelle Vincent pouvait se sentir libre de se confier. Après tout, même si elle l'appréciait vraiment, même si elle se souciait réellement de son sort, ils n'étaient pas non plus les personnes les plus proches du monde.

-Je te promets que tu ne m'ennuies pas, assura-t-elle avec sincérité.

Perséphone connaissait ce sentiment, celui de ne pas vouloir accabler les autres avec ses propres problèmes, celui d'estimer ne pas avoir la légitimité de se plaindre parce que, après tout, tout le monde avait ses problèmes. Et c'était vrai, bien sûr, tout le monde avait ses problèmes. Mais ça ne voulait pas dire pour autant que chacun devait les garder pour soi sans les partager sous prétexte de considération. C'était justement en échangeant, en partageant, que ces problèmes pouvaient être résolus.

Bien sûr, dans le cas de Vincent, Perséphone savait pertinemment que parler n'était pas ce qui allait résoudre le coeur de son problème, mais ça pourrait peut-être, qui sait, l'apaiser, le rassurer. Elle n'aimait pas voir des personnes en souffrance. Elle apprécierait de voir le jeune fé sourire plus souvent et plus sincèrement, elle apprécierait de le voir trouver à la vie des aspects qui en vaillent véritablement la peine.

-Je ne vais pas t'obliger à te parler si tu ne le veux pas, mais ça peut faire du bien, parfois... et on peut même parler de complètement autre chose, si tu veux.

Elle ne voulait pas s'imposer, peut-être Vincent avait-il besoin d'être seul. Mais peut-être aussi avait-il besoin de compagnie sans oser l'admettre ?

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erséphone était heureuse que Vincent accepte de se confier à elle, même si, malheureusement, c'était pour lui adresser un discours assez dépressif et démoralisant, auquel elle s'était évidemment attendue. Le fé était en souffrance, il n'était aucun besoin d'être fin psychologue pour s'en rendre compte. L'adolescent vivait une situation si difficile que la jeune sorcière serait bien incapable de prétendre le comprendre vraiment. Elle le voulait, parce qu'elle ressenait la sincère envie de l'aider, mais personne, sans doute, ne pouvait véritablement se mettre à la place de ce garçon ou comprendre précisément ce qu'il ressentait.

Le défaitisme de Vincent, si terrible soit-il, était compréhensible. Il serait difficile de lui reprocher de se sentir découragé alors qu'il traversait des épreuves sans nom qui auraient le don de mettre n'importe qui au trente-sixième dessous. Et toutes les initiatives mises en oeuvre pour voir sa situation évoluer n'avaient jusqu'ici pas porté leurs fruits. Ce n'était pas nouveau. Vincent vivait depuis toujours avec ce mal qui le rongeait profondément sans réussir pour autant à s'en débarrasser... Logique qu'il le vive plutôt mal... Et "plutôt mal", c'était bien sûr un doux euphémisme que de l'exprimer en ces termes.

Perséphone se mordilla légèrement la lèvre inférieure, comme à chaque fois qu'elle se sentait mal à l'aise ou impuissante (et en l'occurrence, elle faisait face aux deux cas de figure à la fois, ce qui n'avait bien évidemment rien de très agréable). Elle savait que quoi qu'elle puisse dire ou faire, elle ne saurait pas réellement soulager son interlocuteur du mal qu'il ressentait. Elle n'avait jamais su trouver les mots qui consolent, et quand bien même elle les aurait eus, eh bien... elle n'était pas certaine qu'ils auraient eu le moindre effet. La seule façon d'aider Vincent, c'était de le débarrasser de ses pouvoirs, et cela semblait peine perdue.

-Peut-être... que tu ne devrais pas te reposer autant sur Appers, suggéra-t-elle d'une petite voix.

Si elle-même avait officié sous sa vigilance, avec tout ce qu'elle avait vu et compris de ce qui se tramait dans les grottes, elle se sentait incapable de ne pas mettre en garde son interlocuteur contre l'homme en qui il avait choisi d'avoir toute confiance. Elle avait peur pour lui, et à plus d'un titre.
-Peut-être...

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erséphone avait bien conscience de s'engager sur un terrain dangereux (mais en même temps, Vincent était sans doute bien plus en danger qu'elle à l'heure actuelle). C'était évident. La jeune femme était déjà dans le collimateur du sorcier, même si le jeune fé devait décider de répéter ce qu'elle disait à Appers, cela ne changerait peut-être pas grand-chose à la situation..Vincent, quoi qu'il en soit, méritait de savoir... ou au moins de savoir ce que la jeune femme était à même de lui dire. Elle ne pourrait pas vivre avec sa conscience si elle n'agissait pas ainsi. L'adolescent ne semblait pas fermé à ce qu'elle lui disait.

Elle avait eu peur qu'il l'envoie d'office balader ou refuse d'écouter ce qu'elle avait à lui dire, mais il était, au contraire, prêt à s'y montrer attentif. Pour Perséphone, c'était une chose rassurante... c'était peut-être la preuve que le garçon avait commencé à avoir des doutes de son côtés, que les propos de la sorcière ne faisaient que confirmer... Va savoir, en tout cas, à présent que le sujet était engagé, Perséphone ne pouvait pas faire marche arrière. Elle n'avait pas l'intention de faire marche arrière. Même s'il n'était pas simple de savoir comment formuler les choses.

Elle pourrait lui parler d'un bloc de tout ce qu'elle savait, mais elle savait que ce faisant, elle pourrait mettre en danger des personnes qu'elle ne voulait surtout pas mettre en difficulté, à commencer par Julian et Cordelia... Sans oublier Léo, qui se retrouvait lui aussi impliqu dans toutes ces histoires, plus que la jeune femme ne l'en aurait cru capable. Et puis... elle non plus n'était pas blanche comme neige dans tout ça, loin de là.

-J'ai été dans les grottes où il travaille, j'ai vu comment il menait ses expériences... Elle tenait à mesurer ses propos du mieux qu'elle le pouvait, mais en même temps, si elle édulcorait trop les faits, elle ne parviendrait peut-être pas à convaincre Vincent de s'armer de prudence. Or, elle considérait qu'il le devait vraiment. Il pourrait définitivement ne pas sortir indemne de son "marché" avec le Sorcier... il était même assez improbable qu'il s'en tire sans aucune séquelle. Les personnes qu'il utilise pour ses expérimentations ne sont que des entités... jetables, pour lui.

En gros, il allait l'user jusqu'à l'os... et le jeter, plus mort que vivant.

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e toute évidence, le discours de Perséphone n'avait pas pris. La jeune femme n'en était que modérément étonnée, malheureusement, parce qu'elle se doutait que ses arguments devaient sonner creux, faute de preuve. Pourtant, de preuves tangibles, elle en avait eu sous les yeux, elle les avait juste laissés disparaître. Bien sûr, elle pourrait demander à Edward de témoigner devant le fé de ce que le sorcier lui avait fait subir, mais bon... le jeune homme n'était pas précisément un exemple d'honnêteté qui convaincrait à coup sûr, et Persy était malheureusement trop bien placée pour le savoir. Elle pourrait bien aussi lui rapporter les témoignages d'Arthur ou d'Owen, qui avaient perdu toute leur famille ou en partie à cause de Dean Appers, mais une fois encore, c'était une parole contre une autre... Et pour le moment, celle d'Appers devait avoir plus de valeur aux yeux de l'adolescent que celle de n'importe qui d'autre.

Il suffisait d'entendre la façon dont il parlait de lui. D'accord, Appers n'avait jamais été ni condescendant, ni antipathique envers lui... mais aux yeux de Persy, Appers n'était condescendant et antipathique avec personne. Ou en tout cas, il ne l'avait pas été avec elle. Ce qui ne le rendait à ses yeux que plus vicieux, à la vérité, et plus dangereux. Parce qu'il cachait bien son jeu. Appers n'était pas condescendant ou antipathique, non, il était malade (dans tous les sens du terme), violent et cruel, et son aveuglement pourrait coûter la vie à Vincent.

-Il a accepté de t'aider sans rien demander en échange ? demanda Persy, avec toujours la volonté d'ouvrir les yeux à son interlocuteur, pas pour le malmener mais parce qu'il se mettait résolument en danger et qu'elle n'acceptait pas d'assister à cela sans rien faire. Appers ne fait jamais rien de façon désintéressée... Elle marqua une pause. Il est puissant, c'est vrai, mais il y a peut-être d'autres solutions. Moi je pourrais t'aider, par exemple.

Oui, comparer son niveau à celui du sorcier des grottes, c'était faire preuve d'un évidente flagornerie. Mais elle ne pouvait peut-être réussir à l'aider malgré tout ? Elle avait bien réussi à séparer deux myrihandes de leurs pouvoirs... certes avec l'aide de Julian, mais donc... elle n'était pas novice non plus.

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erséphone se mordilla légèrement la lèvre inférieure quand Vincent lui appris que Dean Appers lui avait simplement demandé de lui faire confiance. Il attendait la confiance de tout le monde, c'était une chose que la jeune femme n'avait pas tardé à comprendre. Elle n'avait pas souvent eu directement affaire à lui - et vu les circonstances, elle en était aujourd'hui particulièrement contente -, ayant plutôt affaire à des intermédiaires même quand elle faisait ses propres expériences dans les grottes, mais le peu de fois où ça avait été le cas, et peut-être parce qu'on lui avait ouvert les yeux, elle avait eu ce sentiment. Dean se gargarisait de la confiance et de la dévotion totale de ses sbires, quand lui-même n'accordait en réalité sa confiance à absolument personne en ce bas monde.

Elle préféra ne rien répondre quand Vincent ajouta que l'homme avait dû le trouver pathétique. Elle voudrait le contredire, mais elle craignait fort que ça puisse effectivement être le cas. Parce que Dean Appers avait dû voir en lui quelqu'un d'influençable. Et Perséphone ne le jugeait pas ou ne le blâmait absolument pas. Elle-même était pathétique et avait parfaitement conscience que c'était l'image qu'elle renvoyait autour d'elle. C'est vrai, elle essayait de faire du mieux qu'elle le pouvait pour corriger cette image, pas tant pour les autres que pour elle-même, parce qu'elle avait besoin de se prendre en main, surtout maintenant qu'elle avait également la responsabilité d'une autre vie humaine, qui n'autorisait plus tant de fragilité. Mais c'était un autre débat, bien sûr.

Mieux valait se concentrer sur ses derniers propos, en fin de compte. Vincent ne refusait pas d'un bloc son aide, et c'était un bon début, même si Persy se doutait qu'il n'allait pas être si simple à convaincre en fin de compte. Et c'était normal, elle-même pouvait objectivement reconnaître qu'elle connaît nombre de sorciers plus doués qu'elle dans notre terre, mais elle avait par chance bénéficié (et bénéficiait encore) de l'enseignement de sorciers exceptionnels. Alors... pourquoi pas.

-Eh bien... je suis une sorcière, moi aussi, je pourrais trouver un sortilège, une potion... Elle marqua une pause. Tu sais, j'ai déjà aidé des créatures à se débarrasser de leurs pouvoirs. Bon, ça avait été pour elle une mascarade, une perte de temps et le début de la fin, et elle n'avait pas fait ça seule, mais quand même, elle avait réussi. Je pourrais peut-être réussir la même chose avec toi.

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erséphone esquissa un fin sourire en entendant la question que lui posa Vincent, à la fois heureuse et soulagée qu'il tienne compte de sa proposition, et semble même y trouver un semblant d'espoir. Certes, elle savait qu'elle prenait des risques, à tendre la main à Vincent. Elle le voulait, forcément, parce qu'elle l'appréciait, et qu'elle ne supportait pas de demeurer indifférente face à la détresse des autres, surtout quand elle les sentait en danger et qu'elle avait le sentiment, réel, de pouvoir y faire quelque chose.

Elle n'avait pas envie d'entretenir des espoirs qu'elle ne parviendrait peut-être pas à satisfaire, c'est bien le problème, et elle s'inquiétait déjà de cela. Elle refusait d'être défaitiste, mais il lui était impossibe, évidemment, de promettre au jeune fé qu'elle serait bel et bien capable de le débarrasser de ses pouvoirs. Oui, c'était un miracle qu'elle avait déjà réussi (enfin, qu'elle avait réussi en bénéficiant de l'aide de Julian, il fallait tout de même le reconnaître), mais les myrihandes restaient des créatures très différentes des fées, alors il fallait tout de même tout reprendre de zéro, il ne suffirait pas de faire boire au jeune homme la potion qu'elle avait fait boire à Edward et à Jane pour que cela fonctionne sur lui - elle pourrait tester, pour voir, mais les effets risqueraient fort d'être désastreux, jamais elle ne prendrait un tel risque.

Alors oui, elle ne savait pas si elle serait capable, concrètement, de l'aider, et elle était dans l'incapacité totale de lui promettre deréussir. Elle voulait s'en penser capable, surtout si elle parvenait à obtenir l'aide, directe ou indirecte, de Julian et / ou Cordelia (sans aviser l'un de l'implication de l'autre, bien sûr, et sans mentionner l'identité du fé qui ferait l'objet de ses expériences). Elle hésita à prévenir Vincent d'office, du fait que rien n'était sûr, qu'il devrait sans donte vivre avec ses pouvoirs toute sa vie, mais elle ne voulait pas qu'il abandonne, et aussi, elle voulait réussir à le convaincre de se passer de l'"aide" de Dean Appers, qui à ses yeux ne pouvait qu'être malintentionnée. Pour cela, il n'y avait pas mille façons de faire. Alors, au lieu d'émettre des réserves qui pourraient décourager son interlocuteur, elle hocha la tête.

-Oui. Je crois vraiment que je peux y arriver.

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erséphone avait bien conscience de s'engager dans une mission complexe et incertaine. Outre le fait que rien ne lui garantissait qu'elle parviendrait à ses fins et réussirait à débarrasser Vincent de ses pouvoirs, elle prenait le risque de lui donner de l'espoir et de décevoi ce même espoir. Elle devait bien avouer qu'elle se mettait réellement la pression, mais elle pensait que c'était une pression en soi positive. Elle ne comptait rien lâcher, et elle avait la meilleure motivation du monde pour soutenir le jeune homme : elle allait peut-être pouvoir faciliter la vie d'un garçon en souffrance, et qui plus est l'éloigner de l'influence néfaste de Dean Appers... même s'il se pourrait bien qu'il choisisse de jouer sur les deux tableaux, mais elle pourrait au moins éventuellement prévenir les expériences douloureuses que le sorcier des grottes pourrait choisir de lui faire subir.

Dans cette entreprise, elle se voyait mal disposer de l'aide de Cordelia, à moins de lui mentir - et elle ne serait pas dupe. Mais peut-être celle de Julian ? Par extension d'Electre ? Et celle d'Owen, bien évidemment. En mettant leurs intellects et leurs potentiels en commun, ils pourraient bien réussir à un résultat, quel qu'il soit. Il voulait bien la croire, mieux encore, il lui faisait confiance. Aux yeux de Perséphone, ça signifiait beaucoup. Elle lui adressa un sourire teinté d'empathie, elle espérait de tout coeur parvenir à ses fins. Elle ne connaissait pas tant que ça son interlocuteur, mais elle devinait qu'il était une bonne personne, et elle était sûre et certaine qu'il méritait d'être heureux, et de mettre ses angoisses de côté, les reléguer au passé.

-Je te remercie, je te promets de ne pas trahir cette confiance. Contrairement à Appers donc qui, elle en était certaine, en userait et abuserait plus que nécessaire. J'aurais sans doute besoin... D'un cheveu, d'un ongle... Ce que tu te sens à l'aise de me confier. Si tu préfères assister à mes expériences, histoire de voir comment je procède, il n'y a aucun problème. Je ne t'obligerai pas à faire quoi que ce soit qui doives te déplaire.

Elle était décidée à lui prouver qu'il pouvait avoir entièrement confiance en elle, et qu'elle respecterait ses limites, sans exception. Elle se doutait qu'au vu de ce qu'il affrontait au quotidien, il devait avoir besoin d'entendre ce genre de choses.

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incent se montrait particulièrement concilient envers elle, et Perséphone en était heureuse au sens où il serait bien plus simple d'avancer rapidement dans ses recherches, ainsi. D'un autre côté, elle était un peu inquiète de voir le jeune fé se pliait si facilement à ses demandes alors qu'ils ne se connaissaient pas si bien que ça, tout compte fait. Cela en disait long sur le degré de désespoir qu'il avait atteint. Vincent était prêt à tout, absolument tout, pour pouvoir être enfin débarrassé de ses pouvoirs.

Il donnerait sa confiance et n'importe quoi qui vienne de lui à quiconque lui ferait la promesse de pouvoir se débarrasser du don de naissance qu'il avait acquis de par sa nature, et qu'il avait en horreur. Elle éprouvait une profonde compassion pour lui en cet instant. Et d'autant plus de détermination à ne pas le décevoir. Il fallait impérativement que ses expériences portent leurs fruits, snas quoi elle sentait bien que Vincent serait capable de faire une vraie connerie - si l'on décidait de passer sous silence le fait que choisir d'adresser sa confiance à Dean Appers était sans doute déjà une sérieuse connerie en soi.

-Au contraire, j'aime bien avoir de la compagnie quand je travaille. Je sais qu'il y en a qui ne supportent pas ça et que ça déconcentre, mais généralement, j'arrive à donner le meilleur de moi-même quand je ne suis pas toute seule. Tu pourrais même m'assister, d'ailleurs.

Bon, quand elle était avec Julian ou Cordelia, ça s'expliquait facilement, parce que les deux étaient beaucoup plus doués qu'elle et réussissaient forcément à faire ressortir le meilleur d'elle-même (en termes de compétences, du moins, pour le reste, ce n'était pas dit). Mais c'était le cas aussi quand Edward à l'époque, ou Léo assistaient à ses expériences (elle ne comptait pas Owen, puisque lui aussi était un sorcier, ce qui biaisait forcément les choses)... Cela lui permettait d'articuler ses pensées à voix haute et de raisonner plus rapidement.

-Mais c'est comme tu préfères. C'est vrai que la préparation de potions, c'est pas forcément la chose la plus fascinante du monde à voir de l'extérieur.

Même si de l'intérieur, Perséphone trouvait ça génial. Elle ne voulait pas non plus que toute cette situation devienne une corvée pour Vincent. Ou encore le décourage parce que le résultat tarderait à venir. Elle espérait vraiment que ce ne serait pas aussi long qu'elle l'appréhendait, mais ça....

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erséphone n'était pas certaine non plus de pouvoir donner une utilité grandiose à Vincent si ce dernier devait accepter de l'assister, ne serait-ce que parce que ce n'était pas pour rien si seuls les sorciers étaient capables de créer des potions et personne d'autre. Il fallait que certains ingrédients soient manipulés par des individus de leur nature et seulement par eux, sans quoi, n'importe qui en suivant leurs recettes pourrait se prétendre sorcier. Mais il pourrait bien malgré tout réussir à faire une ou deux choses pour elle. Elle se disait que s'il pouvait participer, même à moindre échelle, à ses expériences, il aurait davantage l'impression qu'il se passait quelque chose de concret, et aussi de prendre une part active dans sa "guérison" (si tant est qu'on le considère comme "malade", mais dans le cas très spécifique de Vincent, Perséphone était tentée de le penser... ses pouvoirs étaient comme des maux qui le rongeaient de l'intérieur et empêchaient sa vie de se dérouler normalement).

-Je te trouverai de quoi faire, tu verras, tu ne chômeras pas, promit-elle sans trop savoir si elle serait capable de tenir cet engagement-là. Bon, en réalité, elle n'était pas beaucoup plus certaine de réussir à tenir les autres non plus, mais elle était bien décidée à essayer, en tout cas.

Elle ne savait pas si "sympa" était vraiment l'adjectif qui convenait réellement pour parler de l'engagement qu'elle était en train de prendre auprès du fé en cet instant, mais mieux valait y voir, dans tous les cas, un moment ludique et agréable, même s'il concernait quelque chose de crucial et de fondamental. Elle estimait que c'était réellement préférable, ne serait-ce que pour ne pas user la patience de Vincent, car de toute évidence, si elle devait trouver une solution miracle, ça ne se ferait pas juste comme ça, en un claquement de doigts. Cela allait demander beaucoup de temps, de résignations et de volonté de la part de l'adolescent.

-Tu es disponible samedi prochain, dans l'après-midi ? demanda-t-elle en réfléchissant à ses propres disponibilités, forcément en grande partie régies par les moments où elle avait la garde de son fils. Au plus tôt on s'y mettra, au plus vite on obtiendra un résultat.

Et durant le laps de temps qui s'écoulerait avant leur prochaine conversation, elle aurait eu déjà le temps de réfléchir à certaines pistes afin d'obtenir rapidement un résultat plus probant.

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erséphone afficha un sourire. Elle avait un temps craint que Vincent n'accepte sa main tendue que dans l'espoir qu'elle lui fiche la paix. Il pouvait très bien décider de lui dire oui puis de trouver des prétextes pour se dérober à chaque fois. Après tout, ils ne se connaissaient pas si bien que cela, il pourrait très bien décider de ne pas lui faire confiance, mais il semblait vraiment vouloir tenter le coup, et la jeune sorcière en était heureuse. Elle-même tenait sincèrement à aider le jeune fé, elle n'avait pas la moindre envie de lui faire faux bond, même si elle ne pouvait vraiment pas être sûr d'obtenir pour son interlocuteur ce qu'il espérait tant. Qui sait si ses expériences ne feraient pas qu'entretenir de faux espoirs chez Vincent ? C'était bien possible. Mais en même temps, si elle ne faisait rien, alors rien ne se passerait. La jeune femme tenait vraiment à faire tout son possible pour aider l'adolescent.

-Tu n'as pas besoin de me remercier, ni maintenant, ni plus tard, répondit la jeune femme.

Même si cela faisait du bien. La gratitude était un bien rare et précieux, et elle n'en recevait pas suffisamment pour cracher dessus. Mais plus il la remercierait, plus elle appréhenderait de ne pas être à la hauteur de ses attentes. Par ailleurs, Perséphone n'attendait absolument rien de la part de Vincent, elle ne cherchait pas du tout à obtenir une compensation, quelle qu'elle soit, pour le travail qu'elle fournirait. La seule chose qu'elle désirait, c'était que le jeune homme trouve la joie de vivre. Il y avait toujours une lumière au bout du tunnel, Perséphone était bien placée pour le savoir. Elle voulait offrir à Vincent sa propre lumière.

-Déjà, attendons d'obtenir nos premiers résultats, d'accord ?

Ce n'était pas assez, et elle se doutait que ça risquait de le refroidir, mais en même temps, elle comptait effectivement ne rien lâcher tant que ces premiers résultats n'auraient pas fait surface. La jeune femme avait d'autres objectifs, d'autres projets, mais il y avait une vie en jeu, elle s'en rendait bien compte. Et par conséquent, elle comptait en prendre soin. Puisque Vincent lui faisait confiance, il fallait quelle se montre digne de cette même confiance et lui prouve que son interlocuteur avait de bonnes raisons de croire en elle.

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