Pas de secrets entre nous. Ou bien... ? [pv Lena]

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ponine ne s'était jamais considérée comme étant quelqu'un de très intéressant. C'était pour cette raison, d'ailleurs, sans doute, qu'elle s'intéressait à ce point aux individus dotés de pouvoirs et qu'elle espérait un jour faire partie de ces créatures-là, avoir leurs pouvoirs... Parce que de son côté, elle n'avait vraiment rien d'exceptionnel. Elle vivait sa vie normale de jeune fille normale, et généralement, sur sa vie, elle n'avait rien à raconter... Généralement. Pas aujourd'hui, et cet état de fait justifiait qu'elle se sente à ce point fébrile. Parce que sa vie avait prit un tournant auquel elle ne s'était absolument pas attendu, mais qui avait eu le don de rendre sa vie plus belle et plus intéressante en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire. Elle peinait encore à croire que c'était vrai, et pourtant, c'était bel et bien le cas, elle sortait avec Aaron Hellsing. C'était proche de l'improbable et de l'incompréhensible mais peu importe, elle aimait le jeune homme, et allez savoir comment, lui aussi, l'aimait. En ce nom, elle se sentait presque prête à oublier ses obsessions, à mettre de côté ce qui l'avait animé si longtemps (mais pas trop longtemps quand même...), elle avait juste le sentiment que sa vie trouvait un peu d'ordre et encore plus de sens. Oserait-elle le dire ? Elle se sentait heureuse, vraiment heureuse, et sur un petit nuage depuis plusieurs jours déjà... Un nuage dont elle pensait impossible qu'on l'en déloge. Et pourtant, on est jamais à l'abri de certaines surprises, pour certaines extrêmement déplaisantes.

Elle avait envie de partager ce qu'elle vivait, et pour cela, elle avait immédiatement pensé à Lena. D'un autre côté, il faut bien reconnaître qu'Eponine n'avait quasiment aucun ami à part elle. Oh, il y avait bien Norah, dont elle était devenue très proche, mais à elle, elle n'avait pas tout dit encore, notamment sa passion pour les créatures. Elle ne voulait pas que cette-dernière la prenne pour une folle alors que, miraculeusement, toutes les deux s'entendaient si bien... Alors il restait Lena, Lena à qui elle n'avait absolument rien caché, jamais. Lena qui était une confidente hors-pair et qui, au passage, était généralement celle qui avait des choses à raconter, quand l'humaine se contentait d'écouter. Eponine admirait Lena en partie pour cela, parce qu'elle menait sa vie d'une main de fer, ne se refusait jamais rien, et profitait de la vie à sa manière, sans trop se mettre de barrières. C'était loin, bien loin d'être le cas d'Eponine. Mais pour une fois, elle était celle qui aurait quelque chose à raconter, et Eponine était plutôt impatiente de découvrir sa réaction, d'autant qu'elle ne lui avait jamais parlé d'un garçon avant ce jour... En même temps, elle n'en avait jamais fréquenté aucun auparavant (ce qui justifiait - en partie - sa maladresse en la matière). Elle lui avait donc donné rendez-vous au port. Ces derniers jours, le temps, bien que frais, était plutôt clément. L'occasion rêvée pour une promenade au bord du lac. Quand elle arriva enfin, Eponine lui adressa un sourire franc, plutôt impatiente de lui apprendre les dernières nouvelles. Elle su tout de même se retenir suffisamment pour employer quelques formules d'usage.

-Salut ! Ça va bien ? Elle lui laissa à peine le temps de répondre. Moi ça va. J'ai un truc à t'apprendre, tu vas pas me croire, je pense.

Elle n'avait pas pu s'en empêcher.

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on, d'accord, ce n'était pas vraiment poli de sa part que de parler immédiatement d'elle plutôt que de même attendre de savoir comment son amie allait et ce qu'il y avait de nouveau dans sa vie... D'ailleurs, ce n'était pas vraiment dans son caractère. En règle générale, elle s'intéressait davantage à ce que les gens avaient à dire sur leurs vies qu'à ce qu'elle pouvait raconter elle-même, puisque ce qu'elle avait à raconter manquait généralement d'intérêt... Mais pour une fois, elle avait quelque chose de véritablement croustillant à dire, alors même si elle ne savait pas trop y mettre les formes, elle avait trop envie de larguer la bombe, et de découvrir la réaction de Léna. Quand cette-dernière papillonnait d'homme en homme, Eponine avait une expérience très restreinte de la chose, et au final, avait le sentiment de tout découvrir depuis quelques jours, elle n'avait jamais éprouvé cela jusqu'alors. Et bon sang que c'était agréable ! Elle avait l'impression de pouvoir soulever des montagnes, et que la vie lui souriait de toute part. Bon, elle était suffisamment lucide pour savoir que le soufflé allait retomber à un moment ou à un autre... mais puisque ce n'était pas encore le moment, elle savourait chaque seconde de cette impression singulière que l'on éprouve quand on aime et qu'on sait ce sentiment partagé. Elle avait envie de crier son bonheur à la terre entière, et à sa meilleure amie pour commencer. Tant pis si elle se montrait un peu rude et abrupte dans sa manière de procéder... elle se rattraperait ensuite, elle se le promettait. Elle s'octroyait juste pour une fois une petite heure de gloire qui lui passerait bien vite avant que l'ordre des choses ne reprennent leur droit et que la vie suive une nouvelle fois son cours.

-Je sors avec quelqu'un. répondit-elle sans faire durer plus longtemps le suspense, un grand sourire s'étirant immédiatement sur son visage, se répandant d'une oreille à l'autre, elle qui pourtant ne souriait pas si souvent que cela.

Elle devait ressembler à une pauvre gamine qui vivait sa première bluette... En fait, c'était un peu le cas, mais au fond elle se fichait de l'image qu'elle donnait d'elle-même. Elle sortait avec quelqu'un, c'était quelque chose d'inédit et de savoureux, et surtout, elle avait l'impression que ça voulait vraiment dire quelque chose, elle avait vraiment le sentiment que c'était quelque chose d'important. C'est pour cette raison qu'elle n'hésitait pas à en parler à Léna alors que cette histoire était encore récente, et qu'elle pourrait très bien trouver son terme beaucoup trop vite, parce qu'elle avait envie que ça ait du sens, et pour cela, elle ne pouvait que vouloir le partager avec les personnes qui lui étaient chères... et qui se comptaient sur les doigts de la main, au demeurant. Éponine ne lâchait pas son amie du regard, guettant la moindre de ses réactions, se demandant quelle attitude elle allait adopter, se disant que la jeune femme allait certainement l'assaillir de questions au sujet de celui qui avait su faire battre son coeur.

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a réaction de Lena, à l'idée de savoir qu'Eponine avait trouvé chaussure à son pied alors même qu'on l'imaginait certainement rester célibataire toute sa vie, aurait pu la blesser. Après tout, il est vrai qu'une telle réaction de surprise pouvait laisser supposer que personne ne la pensait capable de véritablement s'engager dans une relation humaine... Mais elle ne pouvait clairement pas blâmer sa meilleure amie pour cela. Non mais c'est vrai, Eponine elle-même pensait qu'elle n'aurait jamais d'homme dans sa vie. Les quelques rares amitiés qu'elle avait su se forger représentait déjà un investissement émotionnel qu'elle savait à peine assumer et gérer convenablement. Non, elle n'en voulait pas à Lena que d'être quelque peu choquée par la nouvelle, parce que même en reconsidérant la situation, l'humaine elle-même avait tendance à ne pas y croire complètement. Et pourtant, c'était le cas, et non seulement elle avait su nourrir des sentiments forts à l'adresse d'Aaron, mais en plus, puisqu'ils étaient réciproques, elle appréciait cette expérience toute neuve qu'était le fait d'être en couple (quoi qu'ils n'appréciaient certainement pas leur vie de couple comme pouvait le faire le commun des mortels), et elle était contente de partager cette nouvelle avec son amie la plus proche et aussi de constater que la nouvelle faisait son petit effet. Elle n'en était pas peu fière.

Évidemment, et comme c'était à prévoir, sitôt que Lena eut la certitude que son interlocutrice ne lui montait pas un racontar, la salve de questions fit son apparition. Un nouveau sourire se dessina au coin des lèvres d'Eponine. Elle ne pouvait pas dire qu'elle n'avait pas attendu toutes ces questions. Ce n'était pas forcément un plaisir pour elle que d'être au centre de toutes les attentions, mais pour une fois qu'il lui arrivait quelque chose de véritablement intéressant et important, elle voulait bien s'attarder plus longuement sur le sujet.

-Il s'appelle Aaron Hellsing. Disons qu'on s'est rapprochés à cause de nos centres d'intérêt commun. Je ne connais personne qui sache autant de choses sur les créatures ! Elle rechignait un peu à préciser que c'était parce que lui et le reste de sa famille voulaient détruire ces créatures en question - mais elle ne savait pas alors que Lena savait pertinemment cela. Il est... Elle ne savait pas quel adjectif utiliser exactement. Il n'était pas comme tout le monde. Et c'est pour cela qu'il lui plaisait tant... un peu comme moi, je dirais, pas forcément doué avec les autres... mais il est brillant, intelligent. Elle se surprit à sourire un peu bêtement et se reprit bien vite en tentant de retrouver une expression faciale un peu plus neutre....et très mignon.

Ce n'était certes pas là un critère digne d'elle, et un critère subjectif, qui plus est, mais c'était un fait, en plus de ses nombreuses autres qualités, Eponine trouvait vraiment son petit ami attirant. Enfin, elle serait bien incapable de lui trouver des défauts, de toute façon... Même les plus manifestes d'entre eux : son asociabilité, son caractère borné, sa trop grande susceptibilité... avaient le don de se muer en qualités quand elle y repensait.

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ponine le sentait, dès lors qu'elle avait prononcé le nom de son petit ami, quelque chose avait changé dans l'attitude de sa meilleure amie. Elle qui semblait jusqu'alors tout à fait prête à se réjouir de la voir abandonner son statut de célibataire à vie au profit d'une relation qu'elle envisageait véritablement sérieuse semblait tout à coup moins enthousiaste, et même si elle lui affirma être contente pour elle, l'humaine sentait bien que quelque chose n'allait pas. Elles se connaissaient depuis si longtemps toutes les deux, et s'entendaient par ailleurs si bien, elle pensait être à même de constater les moments où Lena était troublée, ou même lui mentait, car c'était une peu ce qui inquiétait la jeune femme : qu'elle mente en se prétendant ravie pour elle, elle adorait Lena, elle ne comptait pas changer d'opinion concernant Aaron, mais elle aurait préféré pouvoir sentir son amie surprise, certes, mais heureuse, là, quelque chose clochait, et la demoiselle ne devait pas tarder à comprendre de quoi il retournait, car en effet, passée sa première phrase, au sujet de laquelle Eponine aurait bien pu avoir une mauvaise impression sans raison, Lena lui posa une question qui, cette fois, ne prêtait pas à confusion. Lena avait bien un problème, pas tant avec la nouvelle "vie de couple" de sa meilleure amie qu'avec celui qui avait ravi son coeur. Parce qu'il était un Hellsing. Est-ce qu'elle savait ce que faisaient les Hellsing ? Elle devait parler de ce qu'ils faisaient plus précisément aux créatures, et oui, elle le savait, tout comme elle connaissait le point de vue très radicale de son petit ami sur des créatures que Ponine, pour sa part, admirait plus qu'elle ne se sentait effrayée par elles.

-Si tu parles du fait qu'ils sont des... "chasseurs"... Elle ne voyait pas comment les qualifier autrement, même si elle se sentait un peu rebutée à l'idée de devoir employer ce mot, qui réduisaient finalement les créatures au rang de simple bétail, comme s'il ne s'agissait que de simples mots. Oui, je suis au courant de ça, c'est même comme ça qu'on s'est rencontrés, en fait.

Elle ne devrait peut-être pas s'arrêter sur ce genre de détails. Le fait qu'Aaron ait tenté de la tuer ne devait pas particulièrement la rendre sympathique aux yeux de sa meilleure amie, mais avec de la distance, Ponine avait fini par trouver cet événement anecdotique, et même assez amusant (comme quoi, elle n'était pas complètement normale).

-Et toi, comment es-tu au courant de ça ?

Oui, au fait, comment Lena avait fait pour être au courant ? Oh, Eponine savait que Lena connaissait l'existence des créatures, et leur amitié n'aurait su se consolider si Eponine n'avait pas pu lui parler de sa fascination, de son obsession, qui lui accaparait l'esprit presque tout le temps... bien qu'agréablement remplacée dernièrement par la présence d'Aaron. Les chasseurs ne se vantaient pas auprès de tout le monde d'en être, et si les créatures étaient par principe, et par instinct de survie au courant, sans doute, les humains n'étaient généralement pas au fait de cette information.

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ena, tout à coup, semblait mal à l'aise, et Éponine qui s'était sentie, l'instant d'avant, transportée d'euphorie à l'idée de parler de son idylle toute neuve avec l'homme qu'elle aimait, et qui, c'est vrai, avait le malheur de porter le nom de Hellsing (ce qui le rendait pourtant des plus attirant à ses yeux), était désormais un peu refroidie. Bon, elle pouvait comprendre, en même temps. Ponine avait toujours été fascinée par les créatures, jamais elle ne les avait considéré comme une menace ou ne songerait à les considérer en tant que tels, elle avait bien conscience que certaines étaient vraiment dangereuses, et en fréquentant Hélio, par exemple, elle avait conscience de côtoyer le danger de très très près, mais toutes les créatures n'étaient pas comme cela... Mais c'était plus fort qu'elle, elle aimait Aaron, et elle l'aimait tellement qu'elle était capable d'oublier complètement ses codes moraux pour ne plus voir qu'elle. Que Lena n'apprécie pas qu'elle sorte avec un chasseur, pourquoi pas, d'un point de vue éthique, cela pouvait effectivement se comprendre. Mais pourquoi semblait-elle à ce point concernée ? Et surtout, comment avait-elle su qu'il était un chasseur au départ, puisque c'était une information qui n'était quasiment sue que des créatures elle-mêmes, Hellsing mis à part. Elle allait rapidement avoir la réponse à ses questions, et nul doute que cela n'allait pas la laisser de marbre, pas le moins du monde.

Une phrase qui commençait par "faut que je t'avoue quelque chose" avait peu de chances de bien se terminer, et par conséquent, Ponine s'imaginait le pire... le pire, et pourtant pas le plus évident. Elle s'inventait en esprit un passif entre Lena et les Hellsing qui justifierait son ressentiment sans savoir admettre un seul instant qu'elle était une créature, tout simplement. C'est que, au nom de leur amitié et de toute la valeur que l'humaine y accordait, elle n'arrivait pas à croire que Lena ait pu lui cacher une chose pareille. D'autant que, clairement, la demoiselle ne s'était jamais montrée hostile envers les créatures de manière générale, bien au contraire, elles la captivaient. La suite, néanmoins, ne pouvait pas prêter à confusion. "Je ne suis pas humaine". Voilà qui voulait tout dire. Sans même s'en rendre compte, Ponine avait reculé d'un pas, et son visage, déjà peu amène d'ordinaire, s'était encore fermé un peu plus. Donc elle était une créature, c'était bien ce qu'elle était en train de lui dire... Et elle le lui avait caché tout ce temps. Tu parles d'une meilleure amie.

-Je t'écoute. lui donna-t-elle pour toute réponse en croisant les bras.

À présent, elle attendait de savoir. Quelle sorte de créature elle était, et surtout, si Lena avait une bonne excuse pour l'avoir ainsi maintenue dans l'ignorance tout ce temps. Elle voulait avoir tous les éléments en mains avant de porter un jugement sur la situation. Après tout, il s'agissait de Lena, tout de même ! S'il y avait une personne en notre Terre à qui elle pouvait accorder le bénéfice du doute, c'était bien elle. Et puis, quelque part, la part d'elle fascinée par les créatures voulait en savoir plus, ne serait-ce que pour nourrir sa curiosité.

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ponine s'était attendue à la réponse de Lena avant même qu'elle ne franchisse le seuil de ses lèvres, ou du moins, elle avait compris qu'elle lui avait caché être une créature, même si elle n'avait pas pu deviner quelle était la créature en question, mais l'entendre n'en était pas moins difficile pour elle. Lena, sa meilleure amie, était une créature de l'eau, et elle le lui avait caché tout ce temps. Comment pouvait-elle seulement prétendre être son amie si à côté de ça, elle lui cachait des choses à ce point importantes ? Eponine, elle, lui avait toujours tout dit, ne lui avait jamais rien caché, c'était même la personne qui en savait le plus sur la jeune humaine, elle lui confiait tout. Tout, y compris sa fascination malsaine pour les créatures. Et elle l'avait écouté tout en en étant une elle-même, et sans rien lui dire ?? Eponine se sentait trahie, profondément trahie. Comment avait-elle pu lui faire une chose pareille ? La jeune femme n'avait que peu d'amis, mais les amis qu'elle avait, ils étaient sacrés pour elle, alors elle avait l'impression d'assister à un très sérieux blasphème. Lena avait beau s'excuser, et ces excuses avaient beau sembler sincères, la jeune femme ne pouvait pas s'empêcher de lui en vouloir. Elle avait le sentiment qu'on s'était complètement foutue d'elle, et bien sûr, ça pouvait difficilement lui faire plaisir. Ajoutez à cela que Lena se permettait par-dessus le marché de critiquer son petit ami (bon, à juste titre, mais ça), vous comprendre que Ponine n'était pas franchement de bonne humeur. Oui, elle savait bien que ce que faisait le jeune homme était répréhensible, et elle n'était pas certaine de véritablement approuver ses actions. Mais elle savait sans mal passer outre, parce qu'elle l'aimait, tout simplement, alors elle pouvait tout accepter. Est-ce que Lena ne pourrait pas accepter sa relation par amitié pour elle ? Mais était-elle son amie.

-Lui, il ne m'a jamais menti. Lui, il s'est présenté à moi tel qu'il était. C'est le cas de le dire, mais Ponine allait sans doute omettre d'entrer dans les détails à ce sujet. Il ne me joue pas la comédie. T'es bien placée pour le juger, toi, mais en attendant, de vous deux, celui qui s'est montré le plus digne de confiance, ce n'est pas toi. lâcha-t-elle sèchement, une certaine amertume dans le ton de sa voix. Elle marqua une pause, tentant de reprendre contenance. Elle aimait trop Lena pour vouloir une dispute qui ne saurait pas se résoudre, mais en attendant, elle comptait bien lui témoigner sa colère et sa déception malgré tout. Tout comme elle n'avait pas l'intention quoi qu'il en soit de quitter Aaron. Pourquoi tu m'as rien dit ? T'as pas confiance en moi ou quoi ?

Et si c'était le cas, Ponine n'en serait que plus déçue car elle-même avait eu une confiance aveugle en Lena. Que pensait cette-dernière ? Qu'elle allait trahir son secret à la moindre occasion. Elle était une confidente sûre, même si elle n'était désormais plus certaine de l'être pour qui que ce soit.

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ien sûr, Ponine pouvait comprendre que Lena n'ait pas trouvé simple de dire la vérité à sa meilleure amie. Après tout, apprendre à l'autre qu'on est une sirène, ce n'était pas une chose si simple que cela, et certainement pas une chose que l'on fait quand on rencontre la personne pour la première fois... et une fois qu'une complicité se tisse, le mensonge est déjà là, siégeant au-dessus de votre tête comme une épée de Damoclès. Oui, Éponine pouvait comprendre que Lena ait eu du mal à lui parler... mais malgré cela, elle se sentait blessée. On ne parlait pas d'un secret de pacotille, mais d'une information constitutive de l'identité-même de son interlocutrice. C'était important, c'était même crucial... Et l'humaine, qui avait toujours été transparente auprès de la sirène, lui avouant jusqu'à sa fascination malsaine pour les créatures, avait du mal avec l'idée que cette transparence n'ait pas été réciproque. Pourtant, mieux valait sans doute que cela arrive maintenant plutôt qu'avant... La fameuse fascination d'Éponine était peut-être ce qui avait freiné Lena... Là, elle commençait à savoir prendre de la distance, enfin, dans la mesure du possible. Et le plus ironique dans tout cela, c'est qu'elle en était capable grâce à Aaron, qui était à l'origine de cet aveu et de cette conversation houleuse. Bref, autant le dire tout net, la situation était tout sauf simple. Eponine, les bras croisés, hésitait. Elle avait un tempérament très fier et rancunier, elle ne pardonnait pas si facilement... Et d'un autre côté, la jeune femme était l'amie la plus proche qu'elle ait jamais eu, elle ne voulait pas la perdre, quoi que son attitude puisse pour le moment laisser penser. En plus, pour que Lena s'abaisse à la supplier, chose qu'Eponine ne l'avait jamais vu faire auparavant... Elles ne pouvaient pas partir fâchées... Et en même temps, la demoiselle ne pouvait pas faire comme si de rien n'était.

-J'sais pas Lena, j'sais vraiment pas... Elle poussa un soupir. Non, elle ne voulait pas perdre Lena, elle comptait trop pour elle, mais elle ne pouvait pas non plus faire l'impasse sur un mensonge aussi important. Je me sens trahie, tu comprends ? Je pensais pas que tu serais capable de me cacher quoi que ce soit... Elle marqua une pause, hésitante. Dans tous les cas, ça changera rien au fait que j'ai pas l'intention de quitter Aaron, tu ne pourras pas me faire changer d'avis. Elle poussa un léger soupir. Si j'accepte de te pardonner... Ce qui signifiait qu'elle était prête à le faire, en vérité, elle avait peut-être juste besoin d'un peu de temps. Il faudra que tu l'acceptes.

Elle voulait tout sans être certaine de pouvoir tout avoir. Elle voulait pouvoir rester amie avec Lena mais lui avoir témoigné suffisamment de rancoeur pour qu'elle sache que ses mensonges lui faisaient mal, elle voulait être avec Aaron parce que personne ne savait faire battre son coeur comme lui, et parce qu'elle n'imaginait plus sa vie sans lui, désormais. Et elle voulait que les deux soient compatibles, que Lena ne lui reproche pas d'aimer un chasseur, qu'Aaron n'apprenne jamais que sa meilleure amie était une sirène.

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ponine se détendit légèrement quand Lena lui affirma qu'elle était prête à accepter sa relation avec Aaron, tout chasseur qu'il était, par amitié pour elle. Cette promesse avait beaucoup d'importance pour l'humaine. La jeune femme pouvait comprendre sans mal les réticences de celle qu'elle avait découvert être une sirène à ce sujet, après tout, Aaron tuait les personnes comme elle, en toute logique, Eponine n'aurait jamais dû tolérer cela, d'autant qu'il avait bien failli la tuer elle. Et pourtant, Lena acceptait de faire cette concession importante. Bien sûr, il faudrait que cette promesse se vérifie sur la durée, mais la jeune femme était heureuse de savoir son interlocutrice prête à cela pour elle. Est-ce que ça rattrapait des années de mensonges ? Pas sûr, mais ça faisait passer, tout du moins, un peu mieux une pilule autrement dure à avaler. Eponine, quoi qu'elle puisse dire sous le coup de la colère et de la déception, tenait à Lena. Elle ne voulait pas tirer un trait sur une amitié plus que précieuse à ses yeux. Elle peinait à se faire des amis, ce n'était pas, toute rancunière qu'elle était, pour tourner le dos à ces même amis dès qu'arrivait le moindre conflit. Elle ne savait trop comment prendre les mensonges de Lena, elle ne savait pas trop ce que ça impliquait pour elles, mais elle ne pouvait renoncer à la complicité qui, autrement, les liait, toutes les deux. Quand son interlocutrice lui disait qu'elle ne lui cachait rien d'autre, qu'elle était à présent parfaitement sincère avec elle, Ponine ne pouvait pas savoir si cela était vrai ou non, mais elle avait dans tous les cas envie, envie et besoin d'y croire. Ce qui ne l'empêchait pas de se refuser à pardonner Lena en un claquement de doigt. Ce serait beaucoup trop simple.

-Je sais pas si je peux te croire. répondit-elle doucement. Il va falloir que tu me prouves que je peux te faire confiance.

Quelque part, elle la mettait au défi, oui. Et elle espérait bien que Lena le relèverait haut la main, c'était un défi qu'elle n'avait aucune envie de voir sa meilleure amie (car, après tout, elle l'était toujours, malgré tout) perdre. Elle ne demandait qu'à regagner sa confiance, mais, pour le moment, elle ne pourrait pas s'empêcher de s'interroger à chaque phrase qu'elle prononcerait, se demandant si elle était honnête, ou si elle la menait en bateau. En attendant, il y avait tout de même une chose positive à ces révélations. Il ne semblait pas à Eponine avoir rencontré de vraie sirènes auparavant. Enfin, même si elle connaissait Lena depuis presque toujours. Après avoir laissé passer une longue minute de silence, elle décida donc de troquer ses airs renfrognés contre son habituelle curiosité.

-Alors, c'est comment de respirer sous l'eau ? Ça fait mal, quand tes jambes se transforment en nageoire ? Tu peux vraiment communiquer sous l'eau ?  

Elle ne savait des sirènes que ce qu'elle avait pu en apprendre en théorie (et en grande partie grâce à Aaron), au delà de sa déception, une part d'elle ne pouvait tout de même s'empêcher de se dire que c'était plutôt classe, d'avoir une sirène pour meilleure amie.

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ponine savait se montrer particulièrement rancunière envers ceux qui la vexaient ou qui la blessaient, et elle aurait pu faire preuve de bien assez de rancoeur pour laisser Lena en plan et lui faire la tête pour une durée indéterminée. Elle l'aurait sans doute fait avec d'autres, mais Lena était la meilleure amie qu'Éponine ait jamais eue, elle ne s'imaginait pas passer tout ce temps sans lui parler. Elle lui en voulait de ne rien lui avoir dit, c'est vrai, et elle se défierait de ces vérités qui pourraient bien ressembler à des mensonges, dans l'avenir. Mais elle ne pouvait pas ne pas lui parler, c'était impossible, elle tenait trop à elle, et pour le peu d'amis qu'elle avait... Alors la déception et le choc avaient laissé place à la curiosité. C'était la première fois qu'elle discutait avec une vraie sirène, en chair et en... écailles ? Bon, rectification, c'était la première fois qu'elle discutait avec une vraie sirène en ayant conscience qu'elle en était une. Et elle avait tant de questions ! Grâce à Aaron, elle pensait savoir en théorie tout ce que l'on pouvait apprendre sur ces créatures mi-humaines, mi-poisson, mais ce n'était pas pareil d'en discuter avec quelqu'un qui le vivait vraiment. Elle avait mille et une questions, et l'avantage de la situation (il en fallait tout de même un), c'était que Lena ne pouvait que lui répondre honnêtement, à ce stade, c'était la moindre des choses après l'aveu qu'elle venait de lui faire (et qui donc était peut-être un mal pour un bien). Elle lui expliqua donc la situation, la lui décrivit en détails, et Eponine l'écouta, les yeux brillants d'une fascination qu'elle ne parvenait pas à contenir.

-J'adorerais savoir ce que ça fait. avoua-t-elle, avec la plus totale des sincérités.

Devenir comme l'une de ces créatures qui la fascinaient tant, comme Enoch, qui lui avait appris l'existence d'entités qu'elle pensait légende, comme Hélio, qui ne cessait à chacune de leurs rencontres de lui proposer de la transformer en vampire, et comme Lena, donc, aux pouvoirs particulièrement séduisants, il faut bien le dire. Évoluer dans l'eau, ne pas craindre le manque de souffle, communiquer... séduire, aussi, il paraît... c'était extrêmement tentant. Mais c'était une chose qu'elle n'obtiendrait jamais.... ou sans doute moins aisément que le statut de vampire ou de loup-garou (si elle finissait par accéder à l'un d'entre eux... mais elle ne passait jamais du rêve à la réalisation, et depuis qu'elle était avec Aaron, ses anciens projets devenaient de plus en plus fictifs, quoi qu'elle ne les oubliait jamais complètement).

-Tu as déjà séduit des hommes avec ton pouvoir ?

Elle savait que cela faisait également partie des pouvoirs des sirènes, et ce point précis la rendait plutôt curieuse, car si elle savait que les sirènes en avaient l'habilité, elle ne savait pas de quelle manière les sirènes procédaient. Elle ne savait pas ce qu'elle ferait d'un tel pouvoir, pour sa part. Il était simple, pour les sirènes, d'obtenir ce qu'elles voulaient en un battement de cils. Lena utilisait-elle ce pouvoir avec parcimonie ? Ou l'inverse.

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ponine n'était pas vraiment surprise de la réponse de son interlocutrice. Elle était sa meilleure amie, elle la connaissait très bien, mieux que personne, même, alors elle savait exactement qu'elle avait un tempérament séducteur et qu'elle aimait plaire autant les hommes que les femmes. Ceci dit, elle aurait pu préférer n'utiliser ses pouvoirs qu'avec la plus grande des parcimonies. Éponine ne pouvait s'empêcher de se dire que si elle avait de telles cartes en mains, elle se laisserait rapidement griser par un tel pouvoir. Elle était quelqu'un d'invisible, elle n'était personne. C'était son grand problème, dans la vie. Et c'était pour cela, d'ailleurs, qu'elle voulait devenir une créature, pour enfin être quelqu'un d'exceptionnel, alors, en pouvant séduire et être remarquée de n'importe qui, cela lui monterait sans doute rapidement à la tête. Il fallait avoir la confiance en soi de Lena pour ne pas se laisser ainsi avoir. Elle utilisait ses pouvoirs, oui, mais ça restait un jeu, rien de plus, et Eponine voulait bien croire qu'elle n'ait pas besoin de cela pour séduire qui elle désirait. Lena était une jeune femme non seulement confiante mais également très séduisante. Sans être jalouse d'elle, la demoiselle lui enviait, par moments, sa beauté, elle qui se trouvait physiquement quelconque, et qui d'ailleurs n'arrivait pas même à déterminer si son petit ami la trouvait attirante ou non. Leur relation (qui pour l'instant n'était pas physique, d'ailleurs), était avait tout spirituelle, ce qui lui convenait très bien, mais elle aurait aimé, de temps à autres, avoir le charme ravageur de sa meilleur ami.

-Ça m'étonne pas. reconnut-elle dans un léger sourire, pour confirmer qu'elle considérait effectivement que les pouvoir de séduction de Lena ne devaient être qu'un bel accessoire pour elle, qui n'avaient rien d'une nécessité totale, quoi qu'il y avait sans doute des situations dans lesquelles se servir de ces talents naturels devaient être trop tentants. Dis... demanda Éponine avec une légère hésitation dans la voix. Tu n'as jamais utilisé tes pouvoirs sur moi, n'est-ce pas ?

Cette question la taraudait, il est vrai. D'accord, elle devrait avoir pleinement confiance dans son interlocutrice, c'était sa meilleure amie, après tout, et même l'une de ses seules amies, qui se comptaient sur la moitié des doigts de l'une de ses mains. Mais elle voyait bien qu'elle ne savait finalement pas tout de son interlocutrice. Elle lui avait menti, après tout, alors qu'elle pensait qu'elles se disaient tout, toutes les deux. Et elle avait besoin de se sentir rassurée par rapport à toutes ces années de dissimulation, au nom d'une amitié qui lui était précieuse et qu'elle n'avait aucune envie de perdre. Elle ne pouvait ni ne voulait tenir son interlocutrice pour une jeune femme intéressée, mauvaise, ou mal intentionnée, mais il était compliquée de gérer cette situation inédite, elle qui n'était pas franchement d'un tempérament docile de manière générale.

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ponine avait pensé et espéré savoir la réponse de sa meilleure amie (et qu'elle voulait voir rester comme telle, malgré ses révélations, malgré cette situation singulière), mais, en attendant que Lena reprenne la parole, elle s'était tout de même sentie saisie d'une profonde appréhension. Et si tout cela n'avait été que du vent ? Et si Lena s'était créée une amie factice dans l'unique but d'avoir à ses côtés quelqu'un qui l'admire et la respecte autant qu'Eponine pouvait l'admirer et la respecter ? Eponine avait vraiment peur d'apprendre une chose pareille, elle tenait trop à son amitié avec la jeune femme pour lui tolérer quelque artifice que ce soit. Eponine ne s'ouvrait pas aisément aux autres, elle n'avait pas beaucoup d'amis. Alors forcément, ces quelques rares amitiés, elle leur accordait une importance démesurée. Et elle n'avait pas du tout confiance en elle à ce sujet, craignait sans cesse de perdre ces liens si forts et si importants pour elle. Mais la réponse de Lena fut immédiate et véhémente, et Eponine se sentait soulagée. Là, elle était vraiment certaine que la jeune femme lui disait la vérité, et elle pouvait se sentir pour de bon soulagée. Elle regrettait d'avoir émis de telles hypothèses vis à vis de son interlocutrice, qui ne méritait pas sa défiance. Mais à présent, l'abcès était crevé, il n'y avait plus le moindre mensonge, le moindre secret, entre elles, et c'était tout ce qui comptait à ses yeux. Elle avait besoin de la présence de Lena à ses côtés, ce n'était pas parce qu'elle avait Aaron, à présent, qu'elle comptait négliger son amitié. Au contraire, elle n'était que plus précieuse encore à ses yeux, elle se sentait aimée et entourée, réflexion sans doute égoïste, ça faisait le plus grand bien.

-Je te crois. répondit-elle sincèrement, en regardant la jeune femme dans les yeux. Désolée de t'avoir posé la question, je voulais juste être sûre. C'est un peu... difficile, mais je sais que tu m'aurais jamais fait ça.

Et au fond, oui, bien sûr, qu'elle le savait. Elle le pensait bel et bien. Elle accordait beaucoup d'importance à leur amitié, et au fond, à présent qu'elle se remettait de ces révélations, elle devait bien reconnaître que compter une sirène parmi ses amis, c'était tout de même quelque chose de fascinant. Même si, elle qui se faisait une joie de présenter Aaron à Lena allait pour de bon oublier cette idée, à présent. Elle n'avait clairement pas l'intention de donner au jeune homme l'opportunité de découvrir le secret de sa meilleure amie. Elle allait devoir lui cacher cette information. Mais après tout, ce ne serait pas la première fois qu'elle lui cacherait des autres. Si, à l'avenir, elle serait bien contrainte d'être honnête vis à vis de lui, pour une raison indépendante de sa volonté, pour le moment, elle n'y comptait pas.

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ponine se fichait royalement de son teint mais, évidemment, la remarque de Lena fit sourire la jeune femme, d'autant que ce n'était pas la première fois que sa meilleure amie lui sortait une réplique de cet acabit, et à juste titre, c'est certain. Car en effet, si quelqu'un avait trop tendance à se prendre la tête au quotidien, c'était bien la jeune humaine. À force de s'interroger sur tout et n'importe quoi, à force de tout questionner, elle avait bien du mal à mettre son cerveau en pause et à se laisser aller. C'était un énorme pas pour elle que d'avoir assez lâché prise pour avouer ses sentiments à Aaron (et encore, sans l'aide d'Electre, ils seraient encore en train de se tourner autour sans rien dire), et encore, cela n'ôtait rien à ses prises de têtes constantes. Au contraire, cela semblait les avoir amplifié. Elle était constamment dans le contrôle et dans la curiosité, c'était plus fort qu'elle, vraiment, même si ça pouvait par moments lui poser problème. C'est pour cela qu'elle se complétait si bien avec Lena, parce qu'à l'inverse d'elle, cette dernière ne se prenait jamais la tête, elle croquait la vie à pleine dents et elle ne calculait pas le moindre de ses propos et le moindre de ses gestes, elle était instinctive, et c'était une chose qu'Éponine enviait et admirait sincèrement chez elle. Elle devrait en prendre de la graine, c'est certain. Et c'est bien pour cette raison que, même si elle était blessée par le mensonge, elle ne supporterait jamais de perdre sa meilleure (et l'une de ses seules) amie, même si par moment, cette-dernière se montrait un peu trop intrusive.

Comment ça se passait avec Aaron ? Éponine ne savait trop quoi répondre à cela et elle se sentit instinctivement rougir à cette question. C'était compliqué que d'évoquer cette relation alors qu'elle savait bien que Lena ne pourrait pas complètement l'approuver. En même temps, cette question, c'était bien la preuve qu'elle voulait faire des efforts pour elle, et cela comptait véritablement à ses yeux. Même si elle ne savait tout de même trop quoi dire. Pas seulement parce qu'elle ne voulait pas cacher des choses à sa meilleure amie... C'est seulement qu'elle n'était pas habituée à ce genre de discussion, et qu'elle avait bien conscience que sa relation avec Aaron ne ressemblait à aucune autre.

-Bien... enfin, très bien, même. répondit-elle, un peu mal à l'aise. En fait, je sais pas trop quoi te dire. Je me sens bien, quand je suis avec lui et j'ai l'impression qu'il me comprend mieux que personne. Misère, que c'était niais, vraiment. Mais c'était ce qu'elle pensait, pourtant. Juste... par moments, j'ai l'impression qu'il est tellement accaparé par ses missions et ses recherches que j'ai l'impression de passer en deuxième position.

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ponine n'était pas franchement à l'aise avec le fait de parler d'elle et de sa "vie de couple" (elle n'était pas davantage à l'aise à l'idée d'employer les termes "vie de couple" d'ailleurs), c'était très nouveau pour elle, elle avait eu quelques "histoires" vite avortées avant Aaron, mais c'était la première fois qu'elle prenait les choses à ce point au sérieux, et par conséquent, c'était difficile pour elle de parler avec détachement d'une situation relativement neuve et surtout inédite pour elle. Déjà qu'elle n'aimait pas particulièrement parler d'elle-même de manière générale... Mais Lena était la seule à qui elle acceptait de faire toutes ces confidences, et elle savait qu'elle pouvait trouver en elle l'amie rêvée, qui l'écouterait sans la juger (ce qu'elle faisait déjà étant donné qu'elle aurait tout simplement pu la blâmer d'être tombée amoureuse d'un chasseur) et qui, du fait de leurs tempéraments très différents, pourrait lui donner des conseils de valeur, auxquels elle-même n'aurait pas pensé. Alors oui, même si Éponine n'était pas très à l'aise, elle n'employait pas sa parade habituelle, qui consistait dans le fait de changer complètement de sujet et de passer à autre chose : elle apprit à sa meilleure amie aussi bien ses joies que ses craintes quant à cette relation encore fraîche, qui connaissait pourtant déjà ses aléas... Normal, au fond. Une relation parfaitement épanouie, ça n'existe pas, ça n'existera jamais. Il y a toujours une ombre à effacer au tableau. Et ce n'est au final pas grand chose quand les sentiments, les vrais, sont là, et Eponine n'avait pas eu un commencement d'embryon d'idée de ce qu'était l'amour avant de croiser le chemin d'Aaron. La suggestion de Lena fit grimacer Eponine, néanmoins.

-Mes charmes ? répéta Éponine, parfaitement incrédule.

Non pas qu'elle ignore ce que "charmes" signifie, mais elle ne s'en trouvait aucun. Si quelqu'un pouvait se vanter d'en avoir, c'était Lena, pas elle, elle, et au-delà de ses pouvoirs de sirène, savait exercer sur autrui un magnétisme total, quand Éponine ne s'en trouvait absolument aucun, ni physique, ni mental, d'ailleurs, étant donné qu'elle était la reine des taciturnes. Qu'est-ce qu'Aaron avait su lui trouver au départ, ce restait le plus grand des mystères, pour elle.

-Tu m'as bien regardée ?

Non, elle n'avait aucun charme, elle n'avait jamais attiré la gente masculine, et ce n'était pas pour rien, elle n'avait rien pour plaire, vraiment rien, et ça l'énervait d'ailleurs. Elle était invisible, et c'était difficile de se sentir capable de garder quelqu'un comme Aaron quand on ne pouvait s'empêcher de se dire qu'il devait vous trouver invisible, lui aussi. Pas de sa faute c'était sa nature. Qu'est-ce qu'elle devrait faire ? Arborer des tenues aguichantes et lui tourner autour comme une sangsue ? Ce n'était pas elle, ça. Elle n'avait pas envie de dénaturer qui elle était pour plaire au plus petit nombre.

-Si je dois compter là-dessus, autant dire que c'est cuit d'avance.

Parce qu'elle était pessimiste, oui, par-dessus le marché. La preuve qu'elle était tout sauf quelqu'un de charmant.

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