Pas de secrets entre nous. Ou bien... ? [pv Lena]

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ême si la parole de Lena était d’or (du moins à son adresse, car la sirène ne devait pas être aussi sincère et honnête avec tous – quoi que la situation précédente avait prouvé à Éponine qu’elle ne l’avait pas été entièrement avec elle non plus), Ponine n’arrivait pas à la croire. Il faut dire que voilà bien trop longtemps qu’elle portait sur elle un jugement trop sévère pour changer si simplement d’opinion. Elle ? Magnifique ? De la part d’une femme aussi sublime que Lena, cela ressemblerait presque à de la moquerie. Lena, elle, était sublime. Des courbes à tomber par terre. Et elle savait parfaitement comment mettre ses charmes en valeur. Tous les hommes, sans exception, se retournaient sur son passage, on ne pouvait clairement pas en dire autant de sa part, loin s’en faut. Et elle ne faisait rien pour s’arranger non plus, jamais maquillée, jamais apprêtée. Elle se trouvait insipide. Et encore à cela fallait-il ajouter ce qu’elle ne savait définir autrement que comme un sale caractère comme on n’en fait pas deux. Oui, les compliments étaient agréables à entendre, mais difficile à accepter pour être sincères. C’est sûr, la sirène avait parfaitement raison, Ponine manquait cruellement de confiance en elle, ou tout du moins d’estime d’elle-même. De la confiance, elle pouvait en avoir quand elle poussait sa curiosité jusqu’à ses propres confins, et se montrait alors d’une insolence crasse, au nom de la vérité qu’elle voulait atteindre. Mais ce n’était pas la même chose. Dans ces moments là, elle ne s’appréciait pas davantage. En fait, elle ne s’appréciait jamais.

-C’est plus facile à dire qu’à faire. se contenta-t-elle finalement de grommeler concernant ce sujet précis.

Que dire d’autre, ce n’était pas parce que, du jour au lendemain, elle déciderait de gagner en confiance en elle qu’elle y réussirait. Ça ne fonctionnait manifestement pas de la sorte. En fait, il faudrait sans doute que Lena lui donne quelque cours dans ce domaine. Mais évidemment, la jeune femme était trop fière pour ne serait-ce que laisser la question s’échapper de ses lèvres. Au final, Eponine allait certainement préférer, et de loin, la solution d’appoint que ne manqua pas de lui suggérer sa meilleure amie.

-Lui gueuler dessus, c’est déjà plus dans mes cordes. reconnut-elle dans un léger sourire. Du moment que ça le fait pas fuir…

Parce que oui, c’était une crainte qui accompagnait forcément son manque de confiance en elle. Elle avait peur de perdre Aaron. Quand il ne lui accordait pas assez d’attention, elle craignait que ce soit sa manière de lui signifier qu’il voulait prendre ses distances, quand elle insistait auprès de lui, elle craignait qu’il la trouve trop intrusive et en vienne à la conclusion qu’elle n’en valait pas.

-Je dois vraiment te tanner avec mes histoires de cœur, pas vrai ?

En tous cas, si c’était le cas, Ponine le comprendrait sans le moindre mal. Elle-même n’aimait pas particulièrement écouter celles des autres (pour ceux qui auraient pu avoir la bêtise de se confier à elle). Et voilà qu’elle se permettait d’inverser les rôles.

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É

ponine n'avait rien, à la base, d'une incorrigible romantique. Si Lena n'était la femme d'aucun homme mais celle de tous, réfractaire avertie à la monogamie, Éponine pensait n'être la femme de personne. Tout simplement parce qu'elle pensait qu'elle ne tomberait jamais amoureuse, et elle n'en avait pas davantage eu l'envie. Certaines font une montagne du fait de devenir vieille fille, ce n'était pas le cas de la jeune femme qui, si elle n'avait pas croisé le chemin d'Aaron, aurait trouvé parfaitement acceptable de finir ses jours seules, convaincue qu'elle n'avait besoin que d'elle-même dans la vie, et de personne d'autre. Les faits lui avaient donné tort, et elle devait bien reconnaître à présent que, si elle et son petit ami étaient bien loin d'être constamment l'un sur l'autre (dans tous les sens du terme), elle n'avait pas la moindre envie de retourner à sa vie de célibataire, et se surprenait à même reprocher à Aaron de lui laisser trop de libertés, quand elle tenait normalement tant à ce que personne ne bride cette dernière... Elle s'était complètement faite avoir, c'est un fait. Et le pire, c'est qu'elle en était heureuse, et craignait fort d'être libérée de cette euphorie-là. Elle aurait parfaitement compris que Lena, qui ne goûtait fort heureusement pas à ces niaiseries, s'agace de la voir tourner en boucle au sujet de son chasseur de son petit ami, mais elle lui affirma que ça ne la dérangeait pas. Si Lena lui avait effectivement menti sur un point crucial, c'était un fait avéré, mais elle ne pensait pas qu'elle lui mentirait si ces histoires devaient vraiment l'ennuyer. Non, elle était sincèrement heureuse pour elle, Eponine en était convaincue et heureuse, même si effectivement, sa propre expérience ne l'aidait peut-être pas à lui octroyer les meilleurs conseils dans ce domaine particulier.

-J'ai jamais eu à me plaindre de tes conseils. affirma-t-elle, dans un sourire.

Et c'était vrai, c'était même ce qui était au fondement même de leur amitié, qui justifiait qu'elle fonctionne si bien, malgré leurs différences. Éponine, c'était la logique, la pondération, la magnanimité, Lena, c'était le grain de folie qui lui manquait à elle cruellement, l'assurance, la confiance en elle. Si Éponine pouvait parfois (pas souvent quand même) inculquer une pointe de raisons et de bon sens à son interlocutrice, celle-ci lui faisait un don bien plus précieux encore, celui d'une assurance qu'Éponine se sentait gagner à son contact. Bon, il y avait encore beaucoup de chemin à faire avant qu'elle ne gagne la même confiance en elle que sa meilleure amie, mais tout de même, la jeune femme n'était déjà pas peu fière du travail accompli.

-J'aimerais avoir ton assurance. ajouta-t-elle dans un léger sourire.

La sienne, pour ce qu'elle en avait, avait toujours tendance à se manifester dans les situations où elle ne le devrait pas. Des situations bien souvent dangereuses et nocives pour elle.

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ena avait beau dire, la jeune femme ne pensait pas qu'il lui manque peu de choses pour acquérir l'assurance sans bornes de sa meilleure amie. Et pour cause, même si elle finissait par se targuer de savoir faire preuve d'un tant soit peu d'assurance (et cela lui arrivait, parfois, en témoignait son aptitude à se foutre elle-même dans le pétrin pour obtenir les réponses à ses questions, ça, ça relevait forcément de l'assurance), il lui resterait les montagnes de notre terre à gravir avant d'arriver ne serait-ce qu'à la cheville de Lena. Pour Eponine, Lena était la personne la plus sûre d'elle qu'elle ait jamais rencontré, et cela se ressentait, son charisme naturel faisait qu'il était impossible qu'elle se trouve quelque part et qu'on ne la remarque pas, et si les hommes (et certaines femmes) se retournaient sur son passage, ce n'était pas parce qu'elle était une sirène qui abuserait de ses pouvoirs de séduction, c'est bel et bien parce que sa prestance était telle qu'il était difficile d'y fermer les yeux. Oh, Ponine n'en demandait pas. Elle ne supporterait pas qu'une telle attention se porte sur elle, quelque part, c'était réconfortant de se sentir invisible aux yeux des autres, mais un rien d'assurance ne ferait pas de mal tout de même, ne serait-ce que pour s'assurer qu'Aaron ne finirait pas par se lasser de la demoiselle insipide qu'elle avait le sentiment d'être parfois. Certes, Aaron était bien loin d'être un coureur, mais l'absence de concurrence n'empêchait en rien le désintérêt progressif... Déjà qu'elle avait le sentiment que les créatures qu'il traquait sans cesse lui faisaient de l'ombre...

Éponine s'échappa de ses pensées quand son interlocutrice lui apprit qu'il était temps pour elle de prendre congé d'elle. En effet, avec tout ça, cette conversation chargée de révélations, elle n'avait pas particulièrement fait attention à l'heure qu'il était, et le temps ava manfesemen filé. Si Éponine n'avait rien sur le feu, elle pouvait très bien comprendre que Lena, elle, ait à s'éclipser. Elle leur proposa, pour pouvoir se voir plus longuement, une journée entre fille. Éponine ne pouvait qu'approuver, même si le concept de "journée entre filles", dans sa simple appellation, avait tout de même de quoi la rebuter un tant soit peu. Ce serait l'occasion de passer plus de temps ensemble, et pour Lena de lui prodiguer ses conseils plus que bienvenus. C'était une excellente chose. Un fin sourire se déposa sur ses lèvres tandis qu'elle acquiesçait... Au début de leur conversation, elle n'avait même pas été certaine que leur amitié tiendrait le coup, il était agréable de constater qu'il en fallait tout de même plus pour défaire un lien aussi solide.

-Bien sûr. Tu sauras me trouver, quand tu auras plus de temps. À la prochaine !

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