Tu es mon frère de coeur, mais il est de mon sang [pv Léo :3]

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erséphone éprouvait un certain mélange d'angoisse et d'appréhension, et cela l'agaçait quelque peu de ressentir une chose pareille, alors qu'il ne le faudrait sans doute pas. Depuis leur dernière conversation, Perséphone et Léo s'étaient promis de s'accorder mutuellement plus de temps, d'être plus présents l'un pour l'autre, qu'importe ce que pourraient en dire leurs compagnons respectifs, et elle en avait éprouvé un sincère élan d'optimisme. Mais le mot qu'il avait glissé dans sa boîte aux lettres à son adresse ne lui laissait pas vraiment présager que leur conversation allait être simplement légère et amicale. Elle avait cru déceler un elle ne savait quoi de froideur dans son écriture qui l'avait perturbé et inquiéter, et elle ne savait toujours pas si elle se l'imaginait parce qu'elle était un peu à cran et tendue dernièrement, ou s'il y avait quelque chose de différent derrière le rendez-vous qu'il lui avait fixé. Outre le fait qu'il se montrait particulièrement laconique dans son propos (mais après tout, ce n'était qu'une lettre, tout ne passe pas toujours dans une lettre), elle était un peu étonné du lieu qu'il lui avait fixé pour la retrouver. Ce n'était pas un endroit que l'on fréquentait généralement, cet endroit sombre et peu engageant, pour de simples retrouvailles entre amis. Mais puisqu'ils ne pouvaient pas vraiment être tranquilles chez les Enjolras, que la sorcière n'avait aucune envie de croiser Jane chez Léo, et qu'elle ne s'imaginait pas le conduire dans son "laboratoire", puisqu'il lui avait était offert par son petit ami, qui n'approuverait pas qu'elle l'y mène, c'était peut-être juste une alternative comme une autre, il n'y avait pas à chercher plus loin. De toute façon, elle n'en saurait rien tant qu'ils ne se seraient pas parlé, tous les deux. Alors autant se rendre sur le lieu du rendez-vous en question, et attendre de voir de quoi il pouvait bien être question. Elle se rendit donc sur leur lieu de rendez-vous. Et quand elle arriva sur place, Léo s'y trouvait déjà.

Ni une ni deux, Perséphone se serra dans ses bras dans une étreinte fraternelle, heureuse quoi qu'il en soit de retrouver Léo et de pouvoir passer du temps en sa compagnie. Elle avait sûrement laissé filer trop loin son imagination en supposant qu'il y avait quelque chose de désagréable et d'autre sous-tendu par ce rendez-vous, il fallait qu'elle se détende et qu'elle profite plutôt de ce temps qu'ils s'accordaient tous les deux, et qui ne pourrait leur être que bénéfique.

-Je suis contente de te voir, Léo. Comment tu vas ?

Elle était plus que tentée de lui poser la fatidique question : pourquoi tu m'as donné rendez vous ici ? Ou d'autres. Du genre : Est-ce que tu as quelque chose à me dire, est-ce que quelque chose ne va pas ? Mais elle ne le pouvait pas. S'il n'y avait rien, elle passerait pour une paranoïaque. Et oui, c'était quand même un peu (beaucoup) le cas. Mais pas la peine de lui transmettre une telle image d'elle-même.

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erséphone n'appréciait pas cela, quand on ne répondait pas à un "comment vas-tu ?". Tout de suite, elle avait tendance à s'imaginer le pire. Elle savait bien que certains "ça va" ne contenaient pas la moindre vérité et étaient tout aussi alarmants, mais l'absence totale de réponse, à ses yeux, était tout aussi alarmante. Est-ce que quelque chose n'allait pas ? Évidemment, la sorcière ne put s'empêcher d'imaginer que cela devait avoir un rapport avec Jane (à part ça elle n'avait rien contre elle et n'était absolument pas jalouse, bien sûr), mais elle se voyait mal aborder frontalement la question, surtout qu'elle ne serait évidemment pas objective une seule seconde. Elle allait quand même insister, essayer de savoir comment il allait, mais elle fut un peu prise de court par ce qu'il lui dit ensuite. Qu'il s'excuse de la faire venir ici, soit, après tout, Perséphone avait accepté, et ça ne la dérangeait pas. Perséphone avait enfilé plusieurs couches de vêtements sous son manteau, elle ne craignait pas le froid, et elle devinait que s'il l'avait mené jusqu'à ce recoin bien rarement fréquenté du village, c'était qu'il avait quelque chose de spécifique et de discret à lui dire. D'important, aussi, selon ses dires... elle s'était à peu près tout imaginé, notamment qu'il puisse s'agir de leurs deux myrihandes de petits amis (ce qui ne l'avait guère rassuré, mais les concernant, elle pensait qu'elle était parée à toutes les éventualités)... Elle ne s'était par contre pas du tout attendu à ce qu'il lui parle de Julian.

D'ailleurs, elle ne put s'empêcher de froncer les sourcils en l'entendant ainsi parler de Julian, et si sévèrement, même, allant jusqu'à lui interdire de le revoir... Ce n'était vraiment pas le genre de Léo que de garder ainsi l'oeil sur ses fréquentations et refuser si catégoriquement qu'elle voit qui que ce soit (après tout, il ne lui interdisait pas de fréquenter Edward, même s'il ne fallait pas être devin pour comprendre que ça ne lui faisait pas outre mesure plaisir)... Il avait dû se passer quelque chose. Et elle s'inquiétait de savoir quoi... Parce que, outre le fait que Julian soit l'un des membres de sa famille auquel elle tenait le plus, sa présence auprès d'elle dernièrement lui était indispensable, pour des raisons qui concernaient également Léo par ailleurs.

-Est-ce que j'ai au moins le droit de savoir pourquoi ? demanda-t-elle d'un ton un peu moins chaleureux que tout à l'heure.

Oh, elle était certaine que Léo avait de bonnes raisons, mais elle avait besoin de les entendre, et surtout de les comprendre. Il était évident qu'elle n'allait pas seulement se contenter de dire "amen" à ses ordres et ne pas chercher à en savoir plus. On pouvait aisément la tenir pour quelqu'un de naïve et de docile, c'est certain, mais ce n'était pas pour autant qu'elle ne se voulait pas libre de ses décisions, de ses choix, et surtout de ses fréquentations. L'air de rien, le fait de fréquenter son petit ami lui avait forgé le caractère... Ou lui avait au moins appris à assumer pleinement ses inclinations affectives.

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I

l sembla à Perséphone que son coeur avait cessé de battre une fraction de seconde, alors qu'elle entendait Léo lui parler de la vérité qu'il avait découverte concernant son cousin, et qui justifiait qu'il ne veuille plus que sa soeur de coeur le fréquente. Elle s'était préparée à contre-argumenter, pour à peu près n'importe quelles circonstances, mais elle ne s'était pas le moins du monde attendue à ce qu'il lui apprenne une chose pareille. Julian était un assassin... Est-ce que ça la surprenait vraiment ? À dire vrai, elle devait bien admettr que cette révélation la surprenait bien moins qu'il ne faudrait normalement. Elle savait pertinemment que Julian était capable d'extrêmes qui, à ses yeux à elle, semblaient inabordables. Elle savait par exemple qu'il versait dans la magie noire, et avait même exploité cette information à son profit, elle ne pouvait pas le nier. C'était douloureux, malgré tout. Perséphone avait la fâcheuse tendance de vouloir croire qu'il y avait une part de lumière en chacun, c'était d'ailleurs cette certitude qui l'attachait à Edward puisqu'elle se pensait être sa lumière, sans conscience du fait qu'à cette lumière, elle était la première à s'aveugler, inconsciente de ce qui se déroulait sous son nez, mue par un espoir naïf dont elle finirait inévitablement par souffrir. Légèrement tremblante, le coeur ayant retrouvé ses battements, mais à un rythme accéléré, elle bredouilla quelques mots qu'elle savait inutiles avant même de les prononcer.

-Tu... tu es sûr de ce que tu dis ?

Mais il n'avait même pas besoin de lui répondre, au final. Elle savait bien que Léo ne l'informerait pas de cela s'il n'était pas complètement sûr de ce qu'elle avançait, et elle pourrait difficilement trouver des circonstances atténuantes à Julian. Son cousin était un meurtrier, et cette révélation aurait dû lui suffire immédiatement à prendre ses distances avec lui. Elle avait confiance dans Léo. En fait, elle était même plus proche de lui qu'elle ne l'était de celui qui partageait pourtant son sang... Mais quelque chose la retenait. Elle irait sûrement demander des comptes à Julian, parce qu'elle serait bien incapable de garder cela pour elle, mais Julian représentait son meilleur espoir à l'heure actuelle, et pas que le sien, puisque ce qu'elle entreprenait avec lui serait également profitable à Léo, en définitive.

-Je comprends, oui... approuva-t-elle doucement. Mais je ne peux pas arrêter de le voir. Elle marqua une légère pause. J'ai besoin de son aide. On a besoin de son aide.

C'était malheureusement le cas. Grâce à son appui, elle avait le sentiment d'évoluer, déjà, dans ses recherches et ses expériences pour séparer les deux myrihandes du feu. Sans lui, elle piétinerait, elle tatonnerait, sans savoir par où commencer et comment faire. Et puis... fait moins avouable mais véridique, quoique Julian ait pu faire, il n'en était pas moins son cousin, il appartenait à sa famille, et même si elle ne garantissait pas la réciproque, elle tenait beaucoup à lui. Parmi les Enjolras, il était celui qui lui apportait le plus de soutien... Elle se voyait mal renoncer à le voir, même si elle comprenait complètement les appréhensions de Julian.

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erséphone avaient généralement des opinions sur la vie similaire, qui justifiaient par la même qu'ils se sentent si proches et complices l'un et l'autre, comme un frère avec une soeur. Mais tous les frères et soeurs devaient par moments se prendre la tête, pour des raisons plus ou moins légitimes. Dans le cas des deux concernés, quand ils devaient en arriver à des points de discorde, ils n'étaient jamais anodin. Il y avait d'abord eu leur affection mutuelle pour les deux myrihandes, et ils avaient su passer outre, malgré le mépris de chacun pour le conjoint de l'autre, elle pensait que s'ils avaient réussi à garder intacte leur amitié malgré cela, ce pourrait continuer, toujours continuer... Mais non, il y avait encore des obstacles sur leur chemin. Et celui qui se plaçait face à eux semblait devoir créer une douloureuse fracture. Oh, Perséphone comprenait tout à fait le point de vue de Léopold, et dans d'autres circonstances, même si elle aurait toutes les difficultés du monde à rompre contact avec son cousin, elle couperait les ponts, pour ne pas avoir affaire à un assassin... Mais là, les circonstances étaient différentes. Pour obtenir son dû, elle savait qu'elle devait consentir à des sacrifices, et à des procédés qui n'étaient ni légaux, ni moralement acceptables, pour la bonne cause. Utiliser la magie noire en faisait partie. Deviser avec un assassin aussi, visiblement. Elle n'aurait pas pardonné à Julian, si elle n'avait pas à ce point besoin de lui... mais oui, en l'occurrence, sa conscience morale passait après sa volonté d'être heureuse. C'était égoïste ? Oui, sans doute. Mais il n'y avait rien qu'elle refuserait de faire par amour.

-Oui, il est dangereux. Mais Léo... Ce que j'essaye de faire, c'est dangereux aussi. Et je peux pas y arriver toute seule, je peux vraiment pas. Il possède des connaissances et des capacités que je n'ai pas. Sans lui, j'arriverais à rien. Et puis, ça elle ne le disait pas mais... elle appréciait sincèrement son cousin, même là, de suite, elle n'arrivait pas à complètement le haïr, elle n'avait pas envie de couper les ponts avec lui. Elle planta son regard dans celui de son interlocuteur. C'est la seule solution. C'est peut-être dangereux mais je m'en fiche. Je ferais n'importe quoi, pour Edward, n'importe quoi. Elle marqua une pause, un peu amère. Si quelqu'un peut me comprendre, c'est bien toi, non ?

Après tout, quels sacrifices n'avait-il pas, lui, fait pour son épouse ? Il s'était séparé d'elle pour des raisons très légitimes. Mais il l'avait reprise. Parce qu'il ne pouvait pas se passer d'elle, ce qu'elle avait du mal à comprendre mais acceptait quand même parce qu'elle ne pouvait pas se passer d'Edward, pour sa part. Il avait toléré qu'elle lui ait menti sur sa nature, il avait accepté qu'elle soit l'assassin de son père. L'assassin de son père ! Et elle, elle devrait laisser tomber Julian en même temps que ses meilleures chances de séparer les deux myrihandes ? Non, c'était hors de question.

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erséphone en avait assez. C'était comme si le moindre des arguments qu'elle pouvait avancer était fait pour être contrarié. Léo faisait mine d'approuver, mais il y avait toujours un fameux "mais", toujours. Et la jeune sorcière en avait assez de passer après les contre-arguments de son frère de coeur. Elle l'aimait énormément, il était vraiment comme un frère pour elle, et elle était véritablement touchée de l'inquiétude que Léo manifestait, mais exaspérée qu'il ne comprenne pas que la force de ses convictions dépassait de très loin tous les dangers qu'elle pourrait bien encourir. Julian était un assassin, soit. Persy était dérangée par cette information, c'est un fait, et elle voulait toujours croire que son cousin avait des circonstances atténuantes, même s'il était difficile de le penser, et qu'il fallait faire preuve de mauvaise foi pour cela. Mais elle ne pensait pas pour autant que Julian soit capable de lui faire du mal à elle. Ils étaient de la même famille, du même sang. Ça comptait, tout de même ! Julian n'avait rien fait pour lui nuire. S'il était peut-être un monstre, il ne l'avait jamais été avec elle... Et si, un jour, il devait lui faire du mal ? Il pourrait le faire indépendamment de leur collaboration... Persy voulait bien souffrir, même, elle voulait bien mourir, pour Edward. Elle se fichait des risques, quels qu'ils soient. Elle acceptait tout. Sans conditions, et même les choses les plus horribles. Elle avait conscience des risques et elle les acceptait. Léo ne pouvait-il pas seulement la laisser faire et avoir confiance en elle ? La prévenir, c'était touchant. Mais ce n'était pas ce qui allait les aider. Ils avaient tous les deux des intérêts communs à faire appel à Julian, que cela leur plaise ou non.

-Eh bien il me fera du mal, dans ce cas. Ça m'est égal. Son ton était plus sévère que ce dont elle était d'ordinaire capable. C'est qu'elle était convaincue comme jamais, parce qu'elle aimait Edward comme personne, et rien ne saurait la faire changer d'avis. Il fallait qu'elle tente le tout pour le tout. Elle n'avait pas le choix. Ils n'avaient pas le choix. Léo, je suis pas une petite chose fragile qu'il faut à tout prix protéger, d'accord ? J'en ai marre que tout le monde me voit comme ça. Je suis parfaitement capable de prendre mes propres décisions, et si tu n'es pas d'accord, c'est ton problème, moi je changerais pas d'avis.

Son ton était une fois de plus assez sec, mais c'est un fait, elle en avait assez de n'être aux yeux de tout le monde que l'adolescente naïve et fragile, qui était tout simplement incapable de faire ses choix par elle-même, ou d'agir sans être protégée et couvée de partout. Bon, c'était un fait, elle était bel et bien naïve, c'était même le moins que l'on puisse dire, mais le fait qu'autour d'elle, on ne la prenne jamais que pour telle n'y aidait pas non plus. Elle n'avait pas besoin d'être couvée de toute part. Elle l'avait toujours été dans son enfance, par sa mère ultra-flippée, et qui continuait de l'être, d'ailleurs, elle n'avait pas besoin que le reste de son entourage s'y mette aussi. Elle n'avait aucun ami ou presque à part Léo, et elle aurait aimé que, pour la peine, on la considère en adulte, même si elle ne l'était pas encore.

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u fond, Perséphone savait pertinemment que, si Léo prenait la peine de la prévenir contre son cousin, et voulait à ce point qu'elle s'éloigne de lui, qu'elle rompe contact avec son cousin, ce n'était pas (seulement) parce qu'il n'avait pas foi en elle, mais parce qu'il s'inquiétait pour elle. Sauf que, même si c'était égoïste, sans aucun doute, elle en avait vraiment assez que tout le monde cherche sans arrêt à la préserver. Elle avait besoin de faire ses propres choix, quitte à se tromper, parfois, et elle n'y arriverait pas si on lui maintenait les ailes chaque fois qu'elle essayait de s'envoler. C'était l'histoire de sa vie. Et ce n'était pas maintenant qu'elle arrivait enfin à s'émanciper de ses parents qu'elle voulait que d'autres prennent leur relève. C'était peut-être injuste de traiter comme cela quelqu'un qui l'aimait sincèrement et s'inquiéter légitimement pour elle, mais c'était de cette manière qu'elle éprouvait les choses. La preuve, peut-être, qu'elle était encore beaucoup trop jeune pour tout ce qu'elle cherchait à assumer. Et qu'elle avait, malgré sa douceur naturelle, en elle quelques caprices propres à l'adolescence. Perséphone, malgré tout, ne s'attendait pas à une réaction si virulente de la part de Leopold.

C'est vrai, elle y était allée très fort, mais elle n'avait pas eu l'intention de voir les choses dégénérer non plus. Elle avait exprimé, pour une fois, haut et fort son opinion, mais elle n'avait pas imaginé une telle réaction. Elle songea d'abord à apaiser le dialogue, comme elle avait bien souvent tendance à le faire, mais le jeune homme prononça alors des mots qui trouvèrent un impact direct chez elle, et qui lui firent mal. Comment ça, il ne voyait pas l'intérêt de continuer à la fréquenter ? Alors quand elle décidait de s'exprimer, tout de suite, elle ne correspondait plus à ses critères de fréquentation ? Elle trouvait cela injuste. Est-ce que cela ne tenait qu'à ça ? Il était un frère, pour elle ! Il envisageait vraiment de cesser de lui parler comme ça, à la première divergence d'opinion ? Là, pour le coup, Perséphone se sentait blessée, et elle se sentait d'autant plus affectée qu'il appuya de nouveau où ça fait mal, en lui parlant de sa mère. Elle serra les poings, ses yeux commençaient à devenir humides, si bien qu'elle fut complètement incapable de soutenir encore le regard du jeune homme.

-T'es injuste, avec moi. Tu ne me conseilles rien, tu m'ordonnes ! Si tu claques la porte au nez de tous ceux qui ne se conforment pas à ta volonté, alors je suis pas étonnée que tu perdes tous tes proches ! Là, c'était elle qui était injuste, mais chacun son tour, après tout. Tu n'écoutes que toi, et tu voudrais que tout le monde se plie à ton opinion ! Elle prit une grande inspiration. Sa voix était extrêmement tremblante, elle n'aurait vraiment pas voulu en venir là. Si c'est ce que tu penses, si je ne mérites pas que tu me fréquentes, alors va t'en.

Elle n'avait aucune envie qu'il s'en aille, non. Mais pour une fois, elle voulait se montrer forte, ne pas se confondre en excuse pour se préserver, pour les préserver. Car l'un dans l'autre, les faits étaient les faits. Elle voulait vivre heureuse avec Edward. Elle pourrait y parvenir sans Léo, mais pas sans Julian. Même si elle tenait plus au second qu'au premier, son petit ami les devançait de très loin.

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erséphone n'avait jamais imaginé qu'un tel conflit d'opinion les opposeraient un jour, elle et son frère de coeur, elle les avait pensé capables de surmonter tous les obstacles, tous les deux. S'ils avaient pu fermer les yeux sur leurs relations respectives pour ne pas perdre leur amitié si précieuse, qu'est-ce qui pourrait bien ébranler un lien presque fraternel ? Apparemment, il y avait bien quelque chose, et ce lien était en train de se briser, quoique la jeune sorcière n'ait pas la moindre envie de s'éloigner de Léo, à qui elle tenait comme un membre de sa propre famille... Elle savait qu'elle avait été injuste, qu'elle avait prononcé des mots qu'elle regrettait déjà, mais elle ne pensait pas être la première à devoir s'excuser... Mais Léo n'y semblait pas prêt. Elle avait espéré que ses mots le feraient réagir, que, quand elle lui demandait de s'en aller, il lui rétorquerait que non, il avait l'intention de rester. Mais il n'en fit rien. Au contraire, borné (il l'avait toujours été, mais Perséphone ressentait qu'il l'était de plus en plus, comme si sa relation avec Hardwick l'invitait à se cloitrer sur lui-même... chose qu'elle éviterait de lui dire à haute voix au passage, leur situation était déjà bien assez chaotique, comme cela), il se contentait d'affirmer qu'il allait s'en aller, et en entendant ses propos, le coeur de la jeune femme se brisa. Il venait de lui dire à mi-mot qu'elle ne méritait pas de faire partie de ses fréquentations. Forcément, ça faisait mal. Et un mal fou, même, car Perséphone n'accordait pas son coeur et son affection à grand monde (en même temps, il n'y avait pas grand monde pour en vouloir, et ce depuis sa plus tendre enfance), et c'était la première fois qu'elle se voyait perdre quelqu'un qu'elle aimait. Et par sa faute, en plus de ça. Elle savait que Léo ne demandait qu'à la protéger, et en plus, elle savait bien qu'il avait raison, il se pouvait bien que Julian finisse, directement ou indirectement (même si elle voulait penser que les liens du sang avaient de l'importance pour lui), par lui faire du mal. Mais s'il parvenait à lui offrir la vie dont elle rêvait, elle se ficherait complètement des quelques souffrances qu'elle pourrait bien avoir à endurer en contrepartie.

-Je ne viendrais pas me plaindre à toi, ne t'en fais pas pour ça. dit-elle doucement, mais d'une voix qui ne manquait pas d'être tremblante. Elle avait les larmes au bord des yeux, elle avait envie de pleurer, mais elle contenait ses sanglots du mieux qu'elle pouvait. Tu te moques de ce que je peux bien ressentir, de toute façon.

Et dire qu'elle avait espéré passer un moment agréable avec Léo, un moment complice comme ils s'étaient promis de ne pas en perdre, malgré ce que leur dictaient les élans de leurs coeurs, évidemment contradictoire ! Elle était bien loin du compte. Et elle ne se voyait pas faire marche arrière, malgré son envie prégnante de s'excuser et de se serrer dans les bras de son frère de coeur et d'oublier cette conversation, par pure et simple faiblesse, parce qu'elle ne voulait pas le perdre, un point c'est tout.

-Va-t'en maintenant. ajouta-t-elle en détournant le regard, incapable de le soutenir plus longtemps.

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