Y a-t-il des conflits que deux frères ne puissent résoudre ? [pv Aaron :3]

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u fond, Andrew n'était pas surpris d'entendre son frère cadet remettre sa parole en question, et le pire, c'est que ce n'était pas tant pour le remettre en question, lui, mais parce qu'il laissait parler, une fois n'est pas coutume, l'immense absence de confiance en lui-même qui le caractérisait beaucoup trop. Andrew ne parlait pas à la légère, il ne s'exprimait pas pour faire plaisir à son frère, il savait de quoi il parlait. Qui des deux était le meilleur chasseur ? Il ne pouvait pas être catégorique sur la question, car il est vrai qu'il avait plus d'expérience (et que Aaron n'avait pas forcément eu l'occasion de réparer ce retard durant son absence puisque lui-même était tombé malade), mais il avait eu l'occasion de voir Aaron à l'oeuvre, il savait ce qu'il valait sur le terrain, et il était digne de leur père : il avait peut-être du progrès à faire, parce qu'on progressait toujours, mais il avait en faveur les connaissances et la capacité de réflexion desquels Andrew ne s'était pas toujours embarrassé pour sa part. Il était le meilleur chasseur possible, ou en tout cas, il avait tout ce qu'il fallait pour rendre leur père fier, et Andrew était sûr qu'il l'était bel et bien, fier. Le problème était malheureusement toujours le même : il y avait entre eux un manque total de communication qui renforçait le malaise de Aaron. Andrew voudrait que, un jour, leur père soit capable de dire au jeune homme combien il était fier de lui et qu'il le trouvait digne de leur famille. A ce moment-là, le jeune homme accepterait sans doute de le croire... mais ce ne semblait pas prêt d'arriver, et en attendant, Andrew savait bien que ses arguments ne valaient pas grand-chose. Ce n'était pas de sa part qu'il avait besoin de l'entendre... et dans les circonstances actuelles, le jeune homme ne pouvait malheureusement pas y faire grand-chose.

-T'es toujours aussi borné, c'est pas possible, observa Andrew avec un léger sourire au coin des lèvres.

Il y avait bien un léger reproche dans sa voix, mais en même temps, il n'avait pas envie de perdre du temps à essayer de convaincre son frère, sachant que c'était peine perdue. Avec un peu de chance, dans le futur, les choses allaient changer, et en bien, qui sait... Il ne fallait pas trop espérer, les choses avaient rarement tendance à se dérouler comme ils le voudraient, mais sait-on jamais, après tout. En attendant, il n'avait pas envie de gâcher le dialogue qu'ils réussissaient à avoir en le braquant, ce qui n'était pas une mince affaire au passage, car le jeune homme se braquait bien régulièrement, pour rien.

-Je me contente de te dire ce que j'en pense, et crois-le ou non, je suis sincère.

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aron affirma savoir que son frère se montrait sincère... Bon, c'était déjà ça, on va dire. Au moins, il ne remettait pas en cause sa parole (ce qu'il aurait de bonnes raisons de faire au vu des mensonges qu'il avait déjà pu prononcer pour se protéger et surtout protéger Penny - et qui ne seraient pas les derniers qu'il formulerait, d'ailleurs... et les suivants seraient plus difficiles à digérer). Mais forcément, il y avait un mais. Il y avait toujours un mais, avec Aaron... ou souvent, en tout cas. En l'occurrence, il était évident que s'il voulait bien croire en sa sincérité, ce n'était pas pour autant qu'il estimait qu'il avait raison... Bon c'était prévisible, effectivement. Car même s'ils avaient fini par trouver un terrain d'entente, leurs points de vue sur certaines choses resteraient constamment opposés... et pour le coup, il était peu probable qu'ils changent d'avis. Andrew ne se vexa pas quand son frère le qualifiait d'utopiste... Il l'était peut-être un peu, mais dans le cas qu'ils évoquaient, il ne le pensait pas.

Quand il était question de leur père, Andrew considérait être le plus lucide des deux. Bon, peut-être qu'Andrew sous-estimait un peu le favoritisme que lui avait adressé leur père depuis la naissance de Aaron, qui existait forcément, son cadet ne l'avait pas inventé, mais Andrew pensait quand même que, de son côté, Aaron sous-estimait l'amour que lui portait William. C'est vrai, ce dernier n'avait peut-être pas toujours été très... expansif et avait sans doute été maladroit avec Aaron. Peut-être aussi n'avait-il pas su s'empêcher d'associer la naissance de son dernier fils au décès de sa femme... mais ça ne changeait rien. Pour Andrew, c'était tout de même évident que le père était fier de son fils, et quand il saurait les choix de vie de son aîné (ce qui arriverait forcément, Andrew ne se leurrait pas), il le porterait aux nues... Et puis, il serait sûrement ravi d'accueillir Ponine, également. Elle était sans doute la belle-fille idéale pour lui. Ne serait-ce que parce qu'elle était humaine. Andrew pouvait comprendre les angoisses de son frère, bien sûr, mais il ne les partageait pas pour autant.

-C'est toi qui est trop pessimiste, répliqua Andrew de but en blanc, un sourire aux lèvres. Là-dessus, ils pourraient bien se charier longtemps. La vérité, c'est que Andrew gagnerait à emprunter un peu de pessimisme à son frère, et Aaron un peu d'optimisme. Encore qu'en termes de pessimisme... Andrew pouvait êtrez assez doué aussi, quand il s'y mettait. Ce n'était pas pour rien s'il se faisait du souci constamment. Parles-en à papa, déjà, tu verras que j'ai raison. Il marqua une légère pause. Quand tu retourneras là-bas, tu pourras... prendre des nouvelles ?

C'était bête, il pouvait bien revenir de lui-même, mais il n'y arrivait pas. Mentir en face à face aux siens, il ne s'en sentait pas capable.

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ndrew afficha un léger sourire empreint d'une réelle gratitude quand Aaron consentit à lui rendre le service qu'il lui demandait. Il savait très bien que, ce faisant, il mettait Aaron dans une position délicate, et il n'aimait vraiment pas cela... mais en même temps, sa famille lui manquait, terriblement... Pas seulement son père mais sa tante et ses cousines, aussi... mais il était arrivé à un point de non-retour où revenir au foyer ne faisait plus le moindre sens... et surtout où il ne saurait vraiment justifier ce qu'il faisait de sa vie à présent. Il savait bien que jouer les autruches ne pourrait durer qu'un temps, et qu'il ne pouvait pas fuir sa famille trop longuement... mais il le faisait tant qu'il le pouvait, et dans tous les cas, et en attendant, il avait besoin de s'assurer que tout le monde allait bien. Il pourrait se contenter de la parole de son frère, mais il savait que ce dernier ne se montrait pas forcément très attentif à ce qui se tramait dans la vie du reste de la famille... il était en conflit avec les trois-quart d'entre eux... Et il n'était pas beaucoup plus présent que son aîné au sein du foyer familial ces derniers temps, puisqu'il passait le plus clair de son temps chez Eponine. Alors oui, il allait sans doute devoir s'armer d'une attitude assez suspecte pour répondre aux attentes d'Andrew. Mais il acceptait de le faire malgré tout, et aux yeux du jeune homme, cela signifiait vraiment beaucoup de choses. Il pourrait tenter de rassurer Aaron en lui disant que non, personne ne le trouverait bizarre, ou lui dire que si ça le dérangeait, il n'avait pas besoin de faire quoi que ce soit... seulement, ce serait faux, il avait vraiment besoin de la présence et du soutien de son frère, et ce fondamental avait vraiment de l'importance à ses yeux.

-Pas plus bizarre que d'habitude, répondit-il en haussant les épaules, en espérant que son frère ne lui tiendrait pas rigueur de cette remarque, qui devait juste servir à détendre l'atmosphère, pas à le rendre désobligeant... C'est vrai que Aaron avait un caractère... particulier, mais par bien des aspects, Andrew l'admirait, et il se disait parfois qu'il y aurait gagné à être davantage comme lui. Merci beaucoup, ça compte vraiment beaucoup pour moi...

Il n'avait sans doute pas besoin de le préciser, et tous les deux en avaient parfaitement conscience, dans tous les cas. Même s'ils étaient très différents et avaient emprunté des chemins quasiment opposés, l'un comme l'autre, ils accordaient à la famille la même importance. C'était la force et la faiblesse de la famille Hellsing : elle vous emprisonnait, affectivement et moralement, et quelque part, renoncer à cet emprisonnement était tout simplement impossible.

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ui, définitivement, tout cela avait une réelle importance pour Andrew. Le jeune homme avait toujours été très proche de sa famille, même si cela ne se voyait pas du tout ces derniers temps... Il vouait une admiration sans borne à chacun d'entre eux, et son père et Aaron en particulier. Son père, évidemment, parce qu'il était un exemple d'intégrité, d'autorité... il était tout ce qu'il avait longtemps espéré devenir avant de totalement dévier de sa trajectoire. Et Aaron, parce qu'il était un peu tout ce qu'il n'était pas. Leurs qualités combinées feraient sans doute d'eux le fils que William Hellsing méritait vraiment, malheureusement, ce n'était pas prêt d'arriver.

Mais quoi qu'il en soit, même si Andrew n'était pas celui qu'il avait toujours voulu devenir et serait forcément une déception pour tous les autres membres de sa famille... il les aimerait toujours. Il avait besoin de savoir comment ils allaient et ce qui leur arrivait. Il était soulagé que Aaron accepte de tenir ce rôle pour lui, même s'il savait que c'était en demander beaucoup à son frère. Qu'il soit capable de faire cet effort de plus pour lui le touchait infiniment, d'ailleurs. Ils réussissaient même à se champbrer mutuellement en dépit des circonstances. A ses yeux, c'était tout de même un excellent signe, vraiment.

Avant tout cela, ils avaient réussi à gagner un semblant de complicité, tous les deux. Il n'avait pas été simple pour eux d'atteindre ce seuil de fraternité, et Andrew avait peur que les circonstances ne viennent tout gâcher. Alors, au bout du compte, il était rassuré, sincèrement rassuré. C'est sûr, il savait que Aaron lui en voulait forcément au moins un peu de lui faire subir ça. Mais malgré tout, la complicité était toujours présente. Tant mieux, il avait plus que jamais eu besoin de son frère.

-Faut croire, ouais, répliqua Andrew, qui choisissait de ne pas prendre ombrage un seul instant de la remarque de son frère.

Est-ce qu'il était véritablement un grand sensible. Franchement, il ne l'aurait pas pensé. Mais ces derniers temps, les circonstances laissaient tout de même penser que oui. Toutes ces histoires lui avaient fait se découvrir une sensibilité qu'il n'aurait pas soupçonné, et qui en valait tout de même très largement la peine.

-Il fallait bien que l'un de nous deux le soit pour combler l'insensibilité de l'autre.

Sauf qu'en vérité, Aaron n'avait absolument rien d'un insensible, loin s'en faut. Au contraire. Aaron était plus sensible, lui aussi, que Andrew ne l'aurait soupçonné, et c'était certainement pour cette raison qu'ils réussissaient à trouver un terrain d'entente tous les deux. Dans le cas contraire, ils ne s'adresseraient sûrement plus la parole à l'heure qu'il est. Pis encore, ils n'éprouveraient aucun regret à ce sujet.

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ndrew ne daignait qualifier son frère d'insensible que parce qu'il savait pertinemment que ce n'était pas le cas. Oh, quelque part, il donnait bien souvent le sentiment de l'être bien plus que la moyenne, mais l'aîné pensait connaître son cadet depuis suffisamment longtemps pour savoir de quoi il était question précisément. Le jeune homme avait du mal à exprimer ce qu'il ressentait... ce qui ne signifiait pas pour autant qu'il ne ressentait rien. C'était même tout l'inverse, au bout du compte. Le jeune homme prenait nombre de situations très à coeur, et ce n'était pas sans raison si toute cette situation pouvait se révéler difficile parfois. C'était justement parce qu'il était rongé par toutes ces histoires, parce qu'il était sensible à toutes ces histoires, qu'il agissait comme il agissait, qu'il se comportait comme il se comportait. Non, Aaron n'était pas quelqu'un de véritablement insensible, ni ne l'avait jamais été. Il prétendait l'être seulement, et si cette situation devait bien prouver quelque chose, c'est que Aaron était peut-être même plus humain que tous les membres de sa famille réunis.

Alors non, le jeune homme ne devenait pas trop sensible (et d'ailleurs, il n'estimait pas que l'on puisse être "trop" sensible, contrairement à ce qu'il était de notoriété commune d'admettre... surtout au sein de leur famille où laisser primer ses émotions personnelles était considéré comme un défaut et une tare), il s'acceptait juste comme il était, un peu plus. Et les paroles que le jeune homme prononça à son adresse lui mirent du baume au coeur.

Oui, Andrew savait que son frère tenait beaucoup à lui. Son comportement ne saurait s'expliquer autrement. Tout ce que Aaron consentait à faire dans l'intérêt de son aîné ne pouvait que lui prouver qu'il tenait énormément à lui. Et c'était évidemment réciproque. Il avait fallu cette situation étrange et alambiquée pour que les deux frères se rapprochent réellement. Pour qu'ils prennent conscience de ce qu'ils étaient capables de faire et d'accepter l'un pour l'autre. Oui, Andrew savait quels mots Aaron rechignait à prononcer tout en parvenant à les exprimer malgré tout : il l'aimait. Et évidemment, c'était entièrement réciproque. Il hocha la tête, sourire aux lèvres. Il ne lui demanderait pas d'en dire plus que ce qu'il avait daigné exprimer. Il comprenait bien que pour son frère, c'était déjà beaucoup, que c'était énorme, même. Et il l'appréciait, vraiment.

-Je sais, répondit-il alors pour lui épargner l'embarras de devoir en dire davantage, même si évidemment, c'était uun peu tentant que d'exiger de lui d'aller au bout de son discours (ce qui aurait très certainement le don de le braquer ceci dit). C'est pas une mauvaise chose, tu sais. Au contraire, même.

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a réponse de Aaron lui ressemblait. "Ils verraient bien", se contentait-il de répondre dans un haussement d'épaules, comme s'il n'était pas convaincu, comme s'il ne voulait pas l'être. Mais quelque chose avait changé, et c'était évident. Andrew était la personne qui avait connu la plus nette évolution, parce que ses sentiments incontrôlables pour Penny avaient changé un nombre plus que considérable de choses chez elle. Mais Aaron, en parallèle, avait aussi changé, plus que tout ce qu'Andrew l'aurait imaginé capable de faire. Aaron était peut-être plus sensible qu'avant... Andrew avait surtout envie de penser qu'il l'avait toujours été, mais il n'avait jamais laissé cette sensibilité s'exprimer. Parce qu'on leur apprenait, dès l'enfance, à l'ignorer, à la réprimer... mais au fond d'eux, ils étaient comme n'importe qui d'autre, plus humains que ce qu'ils acceptaient de prétendre : ils avaient besoin... de ces élans d'humanité qu'ils avaient contenu au strict minimum parce qu'on leur avait appris à faire ainsi, tout simplement. Mais ils avaient évolué, ils avaient grandi... plus rien n'était pareil.

Et si quelque chose devait bien le prouver, et dans d'immenses proportions, c'était le comportement de Aaron. Andrew se sentit totalement pris au dépourvu quand son petit frère se rapprocha de lui pour venir le prendre dans ses bras. Dans un premier temps, il fut trop surpris pour réagir, mais finalement, il resserra l'étreinte. Ce geste-là valait bien plus que tous les mots qui pouvaient exister sur cette terre. Il lui importait bien plus, d'ailleurs, et Andrew avait la ferme intention de ne surtout pas oublier ce moment. Il en mesurait l'importance, le pas que cela représentait dans sa relation avec son frère. Et ça, c'était d'une immense importance.

Andrew ne savait même pas quoi dire tant il était troublé et ému par cette situation. Il voulait remercier Aaron, ou bien lui assurer que tout irait bien même s'il savait que ce ne serait sans doute pas le cas. Il voulait lui témoigner une fois de plus sa gratitude, combien il était reconnaissant de tout ce que son frère faisait pour lui. Mais chaque mot, surtout après un geste aussi fort, semblait tout à coup absurde et insignifiant. Alors il ne dit rien, se contenta de cette étreinte fraternelle qu'il brisa après un moment.

-Je ferais bien d'y aller, décréta-t-il finalement.

Ce qui était vrai, il était temps pour lui de partir. Mais s'il choisissait de le faire maintenant - et il espérait que son frère l'interpréterait de la bonne manière -, c'était parce qu'il ne voulait pas gâcher ce moment avec des mots prononcés en trop. Il venait de recevoir la plus belle preuve de soutien au monde, à un moment où il en avait grand besoin, qui plus est. C'était ce qui comptait.

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